- 06 -
Le bruit du moteur de la voiture s'arrêta. Ce fut sans doute cela qui me réveilla. J'ouvris donc les yeux et j'étais toujours assise sur le siège passager, avec Theo comme conducteur. Ma sœur dormait profondément sur la banquette arrière, comme si elle n'avait pas bougé d'un centimètre depuis que nous étions partis. C'était la fin de la nuit, il commençait à peine à faire jour et un trait lumineux doré commençait à apparaître à l'horizon. Le tableau de bord affichait 05:17.
- Désolé, murmura Theo en enlevant les clés de la voiture, je ne voulais pas te réveiller.
- T'inquiète, lui affirmai-je. On est où ?
- Et bien je conduisais quand je me suis rendu compte que je n'avais aucune idée d'où vous habitiez. Et comme vous sembliez bien dormir, je n'ai pas voulu vous réveiller pour vous demander. Étant donné que j'avais faim, je me suis dis que c'était l'heure pour un petit déjeuner.
Je regardai par la vitre et vis un petit dinner, éclairé par un néon. Cependant, je ne reconnaissais pas du tout l'endroit.
- On est à Beacon Hill ? demandai-je.
- À quinze minutes, m'apprit Theo. Tu veux que je vous ramène ? La faim peut attendre.
Je me retournai pour ma sœur qui semblait vraiment avoir besoin de repos. Elle avait retrouvé des couleurs et son visage paraissait assez paisible. Et il était vrai que je n'avais rien avalé depuis mon petit déjeuner de la veille, puisque j'avais passé la journée et une partie de la nuit séquestrée par Tamara.
- Manger, c'est toujours une bonne idée, affirmai-je à Theo.
Nous sortîmes donc de la voiture et prîmes le soin de refermer doucement les portières, pour ne pas réveiller ma sœur. Nous marchâmes donc en direction du dinner.
- Elle ne vas pas paniquer si elle ne nous voit plus dans la voiture ? m'inquiétai-je.
- Et bien, étant donné qu'il y a un dinner juste à côté, je pense qu'elle aura l'idée de nous chercher là bas, répondit nonchalamment Theo.
Effectivement, ma question semblait un peu idiote.
- Tu penses que ma sœur va bien ? demandai-je à Theo en jetant un coup d'œil à la voiture qui se trouvait à présent dans notre dos.
- Elle a l'air épuisé, mais oui. Son cœur bat régulièrement.
- Est-ce que tu sais ça parce que tu es... un loup ? demandai-je, un peu hésitante.
Mes paroles me semblaient absurdes. J'avais encore du mal à réaliser que les loups-garous existaient, et que Theo en était un. Pourtant, j'avais vu son visage se transformer et rugir, alors je ne pouvais pas le nier. Mais cela faisait vraiment bizarre d'en parler, comme si mettre des mots sur ce que j'avais vu rendait cela encore plus réel.
- Exactement, me répondit Theo en ouvrant la porte du dinner. Après toi.
Il me fit signe de passer, et je le remerciai d'un signe de tête. Une jeune serveuse aux cheveux rouges me dit vaguement bonjour, mais son humeur sembla s'améliorer à la vue de Theo. Elle s'empressa de venir nous installer à une table.
- En fait, les loups-garous ont une ouïe très développée, me dit Theo à voix basse pour revenir à notre conversation. Nous sommes aussi très rapides, plus forts, et nous pouvons voir dans le noir. Il faut être mordu par un Alpha pour devenir un loup. Un Alpha, c'est comme le chef de la meute, tout le monde le respecte. Et ses yeux sont rouges. Voilà, tu sais à peu près tout.
J'hochai seulement la tête, ne sachant pas quoi répondre. C'était tout nouveau pour moi et j'avais presque du mal à y croire. Heureusement, la serveuse arriva et me tira de mes pensées :
- Alors, qu'est-ce que vous désireriez manger ?
Elle avait un sourire immense, mais bizarrement elle ne regardait que Theo. En fait elle ne le regardait pas, elle le fixait, et j'aurais juré voir un peu de salive couler de sa bouche. Toutefois, Theo ne semblait pas le moindre du monde dérangé par son attitude :
- Je vais prendre des panacakes au sirop d'érable, avec un café.
- Très bon choix, sourit la serveuse.
- La même chose pour moi, mais avec un jus d'orange à la place, s'il vous plaît, demandai-je.
La serveuse ne répondit rien et partit. Je décidai d'ignorer son comportement assez malpoli et demandai à Theo :
- Scott, c'est un Alpha, c'est ça ?
Il hocha la tête.
- Mais qu'est-ce que c'est un "vrai Alpha" ? voulus-je savoir.
- Je vois que tu te souviens de tout, sourit Theo. Normalement, pour devenir Alpha, il faut voler les pouvoirs d'un autre loup. Or, Scott n'a rien fait de tout cela, il est juste devenu Alpha parce qu'il me méritait, parce qu'il est juste et que sa meute a une totale confiance en lui.
- Tu sembles l'apprécier, murmurai-je. Ou du moins l'envier.
Theo me regarda avec des yeux noirs : avais-je dis quelque chose qu'il ne fallait pas ?
- On a eu quelques différends, lui et moi, m'avoua Theo. Et maintenant... c'est lui qui ne m'apprécie pas trop mais j'essaie de gagner sa confiance.
- Et sinon, c'est quoi le but de Tamara ? demandai-je.
La serveuse arriva et servit Theo avec un grand sourire, ce qui commençait à m'énerver. Quand à moi, elle posa négligemment mon petit déjeuner sur la table et s'en alla. Je goûtais les pancakes : j'avais oublié combien manger était une sensation agréable. Le jus d'orange était bien frais, je me sentais comme comblée de bonheur.
- Tamara s'est mis en tête que tout ce qui était lié au surnaturel était mauvais, m'expliqua Théo pour répondre à ma question. Elle essaie de récolter le plus d'informations possibles, de noms, pour pouvoir tous nous tuer. Le pire, c'est que pas mal de gens la soutiennent. Comme ces petits connards du lycée.
- Nolan et Gabe ? demandai-je.
- Tu les connais ? me répondit hâtivement Theo.
- Oui, je crois que c'est comme ça que Tamara a compris que j'étais... enfin que quelque chose chez moi n'était pas normal.
- Nolan et Gabe t'ont blessée et tu as guéri immédiatement ? voulut savoir Theo, les sourcils froncés.
- Pas exactement... murmurai-je. J'ai guéri, mais plus tard. Ils étaient déjà partis donc ils ont cru que ma blessure ne se refermait pas. Mais le midi, j'ai eu rendez-vous avec Tamara, et elle est devenue bizarre en regardant ma main, celle où la coupure avait disparu. Mais à ce moment là, je ne savais pas qu'ils étaient tous les trois complices... Et juste après, ils ont enlevé ma sœur.
- Et pourtant tu n'es pas un loup-garou, dit Theo pensivement. Est-ce que tu entends des voix parfois ?
- Non, jamais.
- Bon, tu n'es pas une banshee alors. Tu te transformes en chien enflammé ?
Je secouai la tête. Toutes ses questions me semblaient étranges : les loups-garous n'étaient pas les seules êtres surnaturels, je savais qu'il me restait énormément de choses à découvrir.
- Pas un hellhound non plus, affirma Theo. Tu n'es pas non plus un kitsune, sinon j'aurais été capable de détecter ton aura de renard avec ma vision de loup. Tu es un vrai mystère.
Nous continuâmes de manger. Soudain, une question me traversa l'esprit :
- Mais attends, Theo, comment est-ce qu'on va faire pour payer ?
- T'inquiète, me répondit-il avec un clin d'œil.
- Comment ça, "t'inquiète ? Tu as des sous, ou pas ? insistai-je.
- Pas besoin d'argent. Tu vois ce visage ? dit-il en désignant le sien. On peut tout faire avec un physique comme ça.
Il eut un sourire en coin, ce qui le rendait terriblement mignon. Ses yeux pétillaient, ses pommettes ressortaient, ce qui mettait en avant le grain de beauté de sa joue droite.
- Quelle modestie ! m'exclamai-je.
- Bah quoi ? sourit Theo davantage. Tu me trouves repoussant ?
- Je n'ai pas dis ça, affirmai-je.
- Tu ne me trouves pas séduisant ? continua-t-il.
Je ne savais pas quoi répondre, et surtout je sentais que mon cœur commençait à s'accélérer. Me souvenant que Theo pouvait tout entendre, mon cœur se mit à battre encore plus, ce que j'aurais voulu éviter à tout prix.
- Tes questions sont gênantes, lançai-je en finissant mon verre de jus d'orange. On y va ?
- Oh la la, mademoiselle est susceptible, rigola Theo, ce qui m'énerva davantage.
Je ne fis pas attention à sa remarque et quittai le dinner, sans même dire au revoir à la serveuse. Theo n'avait qu'à se démerder pour payer. J'étais énervée, je détestai que l'on me mette dans des situations inconfortables, surtout que je ne savais pas du tout gérer ma gène. Je m'installai dans la voiture où ma sœur n'avait pas bougé d'un centimètre. Cinq minutes plus tard, Theo me rejoignit et démarra l'engin.
- Alors, tu as fait comment pour payer ? demandai-je, curieuse.
- Je lui ai donné mon numéro, sourit-il légèrement.
- Et c'est tout ?
- Oh non. Je lui ai promis une soirée avec moi, ajouta-t-il en souriant de plus belle.
- Sérieux ? répondis-je de manière un peu trop sèche.
- Tu es jalouse ou quoi ? pouffa Theo.
- Rien à voir, c'est juste qu'elle avait l'air idiote, et elle était très désagréable, déclarai-je.
- Pas avec moi, bizarrement, lança Theo sur un ton faussement innocent.
Mon cœur battait encore trop vite et je savais que ça l'amusait beaucoup. Heureusement pour moi, le trajet fut assez court et je fus soulagé en voyant ma maison. Je réveillai doucement ma sœur qui sembla vraiment heureuse de retrouver ma maison. Theo nous accompagna jusqu'à la porte. En chemin, il me tendit quelque chose :
- Tiens. J'ai pensé que ça pourrait t'être utile.
Je pris l'objet : mon téléphone ! Après m'avoir endormie, Tamara m'avait dépossédée de tous mes biens.
- Mon Dieu, merci ! m'exclamai-je. Où l'as-tu trouvé ?
- Dans le tiroir du bureau, me répondit Théo. Je l'ai pris juste avant qu'on parte.
- Et tu n'as pas voulu me le rendre avant ? demandai-je.
- Il était déchargé alors je t'avoue que je n'y ai pas pensé.
Je le remerciai encore une fois et nous arrivâmes devant notre porte d'entrée. Theo avait tenu à nous accompagner parce qu'il voulait être sûr que mes parents allaient nous ouvrir, étant donné qu'il était 6h du matin. J'essayai d'ouvrir la porte mais sans surprise, elle était fermée. Ma sœur sonna donc. Nous attendîmes quelques instants et Theo annonça :
- Vos parents arrivent.
Il avait sans doute pu entendre cela grâce à son ouïe. La porte s'ouvrit donc et je découvris ma mère enveloppée dans une robe de chambre, à moitié endormie. Cependant, son visage s'illumina et elle semblait avoir dormi cinq heures de plus quand elle nous vit. Elle n'eut pas les mots et se mit à pleurer, tout en serrant ma sœur très fort dans ses bras, puis moi. Elle desserra ensuite son étreinte et s'exclama entre deux sanglots :
- Oh, mes chéries, j'étais si inquiète ! J'avais peur de ne jamais vous retrouver !
Mon père aussi nous embrassa et manifesta son immense soulagement.
- C'est Theo qui nous a aidé à nous échapper, annonçai-je en désignant le garçon de la tête.
Ma mère le remercia et l'invita à entrer, mais ce dernier fut, à ma grande surprise, assez gêné et préféra refuser. Il se sentait sûrement de trop au milieu de toutes ces embrassades.
- Je vais vous laisser, du coup, déclara Theo avec un petit sourire.
Nous le remerciâmes tous encore une fois, et il partit avec la voiture que nous avions volé vers Tamara. Ma mère se retourna vers moi et annonça :
- Allons, rentrons. Ma pauvre Adélie, tu dois avoir des milliers de questions. On va tout t'expliquer.
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