Chapitre 4

PDV Anna

Je m'assieds lourdement sur une chaise au fond de l'amphithéâtre pour mon dernier cours de la journée, la philosophie -c'est-à-dire celui que je déteste le plus. Généralement, j'ai tendance à toujours me placer au premier rang, mais pour ce cours il en est hors de question. Je sors mon ordinateur et mes fiches, et soupire lorsque je me rappelle du sujet hyper glauque que nous traitons : Génial.

— Anna !

Je relève les yeux de mes fiches pour voir Élisa arriver vers moi, tout sourire. Comme toujours, elle arbore une magnifique jupe crayon rose pâle, ainsi qu'un chemisier blanc parfaitement repassé. Ses cheveux dorés ondulent et glissent sur ses épaules, et son léger maquillage est juste parfait. Comme vous vous en doutez, le mot qui qualifierait le mieux Élisa serait "perfection". De plus, bien que son style soit légèrement strict pour une jeune femme de notre âge, ce n'est pas pour autant que sa taille de guêpe et son visage à la peau parfaite ne font pas tourner la tête d'une bonne partie des garçons de l'université. C'est facile de nous différencier lorsque nous sommes ensemble :

Elle est magnifique, je suis banale. 

Elle est la lumière, je suis son ombre.

Elle s'installe avec élégance à mes côtés, et sort ses fiches qu'elle aligne au centimètre près devant elle. Elle se tourne ensuite vers moi pour me faire la bise. Nous nous échangeons ensuite quelques banalités, avant qu'elle ne dérive sur un sujet un peu plus précis.

— Si tu savais toutes les rumeurs qui tournent en ce moment sur le campus, tu ferais une syncope ! Ah et aussi ! On m'a appris que tu as un nouveau collègue au café ! Il est sympa ça va ?

Je pince les lèvres, et dessine quelques gribouillis sur ma fiche.

— Hum... ouais ça va, j'ai envie de dire.

— Il s'appelle comment ? me demande-t-elle avec excitation.

— Euh... Dean Gonzalès, je crois.

Soudainement, je la vois pâlir. Elle lâche son stylo qui tombe sur ses fiches, et me dévisage comme si une folle se trouvait à ma place. Hein ?

— Éli-

— Non ce n'est pas vrai ! s'exclame-t-elle. T'es vraiment sérieuse là ?! Dean Gonzalès ?!

Je fronce les sourcils, et la dévisage à mon tour. Pourquoi une telle réaction ?

— Bah oui, pourquoi mentirai-je ?

— Oh punaise ! Mais Anna, est-ce que tu es au moins informée sur qui il est ?!

— Je... bah, non. C'est juste... un garçon ? Un peu particulier, certes, mais-

— Mais non Anna ! Je voulais t'en parler car c'est justement lui qui est au centre des ragots qui tournent ! Je ne pensais pas pour autant qu'il serait ton collègue... 

— Oh mais calme-toi ! Je ne comprends rien moi !

Elle prend une grande inspiration qu'elle rejette ensuite profondément.

— En gros... Il y a énormément de rumeurs qui tournent autour de lui depuis qu'il est arrivé. Il me semble qu'il "étudie" dans le secteur de biologie, mais je dis ça avec de grandes parenthèses, car beaucoup de personnes avouent qu'il sèche presque toujours. Après... il a vraiment une réputation de délinquant Anna. Bagarreur, macho, impoli et très brutal avec les femmes... Un homme plus que méprisable enfaite ! Il paraît même qu'on l'ait vu lever la main sur une femme ! Le choc non ?!

Je reste bouche bée devant ses aveux, alors qu'elle s'approche de moi pour me murmurer :

— Et à ce qu'il paraît, il a même des antécédents de dealer, voire même de drogué-

— Assez ! la coupai-je.

Tous les étudiants, dont le professeur se tournent vers nous. Oups, je crois bien avoir crié un peu trop fort, mais je ne pouvais m'en empêcher. C'est au-dessus de moi, je n'aime pas les ragots et les rumeurs fondées sans aucunes preuves stables. J'en ai été victime durant mes années de primaires, de collège, et de lycée. Et pour être honnête, c'est tout sauf cool.

— Mademoiselle Walker ? me demande le professeur d'un ton hautain. Notre sujet de recherche ne vous intéresse tellement pas que vous vous permettez d'hurler en classe ? Peut-être devrions-nous en toucher deux mots à vos parents ?

Et voilà l'une des raisons pour lesquelles je déteste ce professeur ; il est parfaitement au courant de mes faiblesses -mes parents dont Diane en particulier. C'est donc avec plaisir qu'il les cite à chaque sermon qu'il me fait, pour qu'ainsi je cesse de "déranger" son cours. Et encore, "déranger" est un bien grand mot, puisque je ne fais tout simplement rien. Je n'aime pas cette matière.

— Ah euh... rougissais-je en sentant le regard de tout l'amphithéâtre sur moi. J-je suis désolé monsieur...

— Oui, il y a intérêt.

Et il finit par me tourner le dos pour continuer son cours. Je souffle de soulagement, et me promets intérieurement que je cesserai de parler pour m'éviter les foudres de Diane si elle venait à apprendre par mon professeur que je "dérange" son cours. Cependant, Élisa ne semble pas de cet avis puisqu'elle e, rajoute encore.

— Tu n'es pas sérieuse Anna ? Tu le défends ? Au point de te faire remarquer par le professeur ?

Elle dit ça sur un ton venimeux, comme si elle était déçue par mon attitude. Seigneur, faites qu'elle cesse !

— Je ne le défends pas Élisa, ajoutai-je doucement sans même tourner la tête vers elle. C'est seulement que je ne supporte pas les rumeurs et les ragots. Là, tu ne fais que me raconter des sottises qui deviennent de plus en plus stupides puisqu'elles déforment la "vérité" en passant de bouche en bouche. Tu n'as d'autant plus aucunes preuves ! C'est juste puéril.

Du coin de l'œil, je la vois rouler des yeux.

— Qu'est-ce qui te dit que je n'ai pas de preuves ? me demande-t-elle.

Je me tourne vers elle, et la défie du regard.

— Bah, donne-les moi tes preuves, je n'attends que ça.

Elle semble déconcertée, mais je ne faiblis pas.

— Euh... je...

— Tu vois, ce que t'ont dit ces gens, et ce que tu es en train de me dire ne sont que des mensonges. Purs et durs.

— Anna, à t'entendre parler, tu me donnes l'impression qu'il t'a fait un lavage de cerveau complet à l'aide de ses jeux de regards ! Ce qui est peut-être possible... Tu ne devrais pas le défendre autant, c'est un mauvais garçon ! De plus, si Diane le verrait, elle ferait une syncope ! Non mais tu as vu ses tatouages et ses piercings ?! Beurk !

Je soupire en levant les yeux au ciel. Quelques fois, ça devient désespérant de parler avec des personnes si renfermées d'esprit.

— Je ne le défends absolument pas, et je n'ai pas été victime d'un quelconque lavage de cerveau. Au contraire, je le méprise comme jamais, ne l'apprécie pas, et ses tatouages et piercings me font plus peur qu'autre chose. Pourtant, ce n'est pas pour autant que je vais me mettre à colporter sur son dos des rumeurs dignes des plus grands maternels ! Ça paraît logique punaise... 

Élisa se passe la main dans les cheveux, et soupire elle aussi. Seigneur, elle ne semble pas comprendre mon point de vue. Dans tous les cas, je pourrais mettre ma main à couper qu'elle ne le comprendra jamais.

— Bon sang Anna. Je peux comprendre ton point de vue, mais tout ce que je te dis c'est pour te protéger !

— Mais pour me protéger de quoi ?! Il ne s'agit pas d'un grand méchant loup dont nous parlons ! Juste d'un homme un peu particulier. Et puis, je sais me défendre punaise.

— Non Anna, tu ne sais pas te défendre. Peut-être que physiquement parlant, nous sommes au même niveau. Mais pour te défendre mentalement, de ton côté c'est vraiment... bas. Désolé de te dire ça Anna, mais je suppose que c'est la seule manière de te le faire comprendre donc... tu es faible d'esprit ! Que ce soit avec Diane, ou même avec le professeur ! Le gars t'a à peine grondé que tu t'es mise à perdre tout tes moyens et à bafouiller comme une attardée ! Donc imagine un instant ce que ce manipulateur pourrait te faire si tu restes trop avec lui ?

"Tu es faible d'esprit"

Je garde les yeux écarquillés et la bouche béate pendant plusieurs secondes. Je dois avouer que ce qu'elle vient de me dire a eu le même effet qu'une baffe dans la face pour moi. 

"Tu es faible d'esprit"

Je finis par suivre le cours des plus ennuyeux, en essayant tant bien que mal d'ignorer les ragots que me raconte Élisa.

"Tu es faible d'esprit"

* * *

Mon tablier enfilé et un calepin en main, je suis plus que prête pour travailler. Cette fin de journée a été plus que déplorable, et je compte bien rattraper le tout avec mon boulot.

Alors que je sers un étudiant -un peu geek sur les bords, j'aperçois du coin de l'œil Alex s'installer à une chaise, son ordi et son sac en main. Je me dépêche alors d'aller le voir pour lui prendre sa commande, ainsi que pour le saluer.

— Hey ! m'écriai-je une fois à sa hauteur, ce qui a le don de le faire sursauter.

— Punaise Anna !

Je ricane en passant ma main dans la rapide queue-de-cheval que je me suis faite.

— Roh c'est bon, c'est qu'une petite blague.

— Ouais ouais...

— Enfin bref, souhaites-tu quelque chose ?

— Un cookie et un thé s'il te plaît.

Je hoche la tête en écrivant rapidement sa commande sur mon calepin. Je jette ensuite un coup d'œil aux affaires qu'il dépose sur sa table, et grimace en me rendant compte qu'il est sur le point de réviser.

— À tous vous voir réviser, je vais me mettre à culpabiliser... J'ai l'impression de prendre du retard sur mes études avec ce boulot.

Je baisse la tête. Je sens ensuite la main de mon ami se poser sur mon avant-bras. En relevant la tête vers lui, je le vois sourire.

— Anna tu es bête ou quoi ? Tu es l'une des meilleures élèves de tout le campus, et la place de première au concours de médecine de l'année dernière t'a frôlée le bout du nez ! Tu connais tous tes cours par cœur, et je peux t'assurer que ce n'est pas ton boulot qui te fera avoir du retard. Au contraire, je pense que ce boulot te laisse un peu respirer, et te fait du bien.

J'esquisse un fin sourire et roule des yeux.

— Alexandre Wylde... Que ferai-je sans toi ? rigolai-je.

— Rien du tout. Tu sais comme moi que je suis ta seule raison de vivre Nana'.

Nous éclatons de rire. Une fois calmée, je tourne les talons pour aller lui chercher sa commande. Une fois avec tout pour lui, je lui dépose son cookie et sa boisson sur la table avant de lui donner l'addition.

— Enfaite Anna, c'est qui lui ? me demande-t-il.

Il lance un regard insistant derrière mon épaule, et je tourne la tête pour voir de qui il parle. C'est alors que je constate qu'il s'agit de Dean. Ce dernier est justement entrain de flirter avec une cliente aux cheveux frisés. Une chose que j'ai remarqué avec lui depuis son arrivée au café, c'est que ce lieu est littéralement devenu un aimant à filles. En soit, c'est un atout assez conséquent puisque cela augmente le chiffre d'affaire du café, mais c'est assez fatiguant de les voir le suivre comme des petites groupies. Au début, je trouvais étonnant de le voir réussir autant avec la gent féminine. D'un point de vue extérieur, ses tatouages, piercings, sa réputation et son comportement font plutôt peur, et donne plus envie de le fuir qu'autre chose. Néanmoins, en prenant plus le temps de l'analyser, il faut s'avouer que Dean présente un charme et une beauté fascinante. Ses yeux surtout. Et leur couleur à la fois noisette et dorée. M'enfin, je m'emporte.

— Euh, commençai-je en me tournant vers Alex, c'est mon nouveau collègue-

— Je suis Dean Gonzalès, me coupe soudainement une voix.

Je sursaute lorsque je sens la présence de Dean derrière moi. Je me tourne vers lui pour le fusiller du regard, mais il lève les mains en l'air en affichant un air innocent.

— Bah quoi ? J'ai juste entendu qu'on parlait de moi tigresse, pas besoin de sortir tes griffes.

Et il se marre en faisant volte-face pour rejoindre la fille de tout à l'heure. Je pivote vers mon ami qui me dévisage, alors que je suis rouge comme une pivoine.

— Euh enfaite...

— Dean Gonzalès ? répète-t-il, comme incrédule.

Je fronce les sourcils face à son étonnement.

— Euh oui, Dean Gonzalès...

Je ne comprends pas de suite sa réaction, mais en me rappelant les paroles d'Élisa quelques heures plus tôt, je sens l'agacement monter en moi. Pas toi Alex... 

— Alex... ne me dis pas que tu crois à ses stupides rumeurs.

— Non ! s'exclame-t-il soudainement. Je n'y crois pas, mais ce n'est pas pour autant que je ne me méfie pas. J'ai cru comprendre que tu te mets en rogne dès qu'il est dans les alentours, je ne suis pas stupide. 

Je rougis. Seigneur, ce garçon est beaucoup trop perspicace.

— Heureusement, marmonnai-je. Disons que le speech sans fin d'Élisa sur ces stupides rumeurs m'a bien irrité. Je ne comprends pas vraiment le délire des étudiants en ce moment, et ça m'exaspère. Ok, je dois avouer que Dean est tout sauf agréable et gentil, mais ce n'est pas pour autant que je vais me mettre à profaner d'idiotes rumeurs sur lui ! Surtout que ce qu'on dit sur lui est très grave.

— Pas faux.

— Non mais ! J'ai l'impression d'être la seule contre cette histoire de rumeurs. Lorsque j'essaye de défendre Dean, on me balance que j'ai été victime d'un lavage de cerveau par mon collègue "manipulateur", que je ne suis "pas assez forte pour me défendre" et "faible d'esprit".

Alex fronce les sourcils et je soupire. Je ne suis pas du genre à me morfondre et à me lamenter sur mon sort, mais je n'aime pas tout garder pour moi. Généralement, Alex et moi nous confions sur tout, aussi insignifiants soient les sujets.

— Qui a dit ça ? me demande-t-il, l'air soucieux.

— Élisa.

Il soupire en roulant des yeux.

— L'écoute pas Nana', tu la connais bien. Tu sais tout comme moi qu'elle est très sensible lorsqu'il s'agit de rumeurs ou tout ce qui concerne la réputation. Elle t'a sûrement blessée en te disant ça, mais je pense que tu as remarqué qu'elle ne réfléchit pas beaucoup avant de parler... ok ?

Je hoche lentement la tête, semblant comprendre ce qu'il essaye de me dire.

— Et puis, tu sais tout comme moi que tu es loin d'être faible d'esprit. Tu as vécu des choses que peu de personnes ont vécues, ce qui contredit parfaitement les paroles d'Élisa.

Ok c'est bon, ce gars va réussir ses études de psychologue. J'en mettrais ma main à couper.

— Néanmoins, bien que je ne suis pas très à cheval dans ces histoires de rumeurs... fais attention. Hormis tout ce qui se dit, j'admets qu'il ne m'a pas l'air très net.

— Oui oui papa !

Alex rigole, et me lance quand même un regard préventif lorsque je tourne les talons pour aller servir d'autres clients.

Ma journée se finissant bientôt, je pars de suite vers la salle de repos histoire d'aller voir si je n'ai pas reçu de message de la part de Diane. Je sais pertinemment quel sort elle me réservera si je ne lui réponds pas. Alors que je pousse la porte de la salle de repos, je sens mes yeux me brûler, comme si on me les avait aspergés de javel : Dean est entrain de faire l'affaire de la brune aux cheveux frisés de tout à l'heure. Beurk !

— Dean punaise ! C'est dégueulasse !

Et je referme brutalement la porte, alors que je l'entends ricaner. C'est une blague... J'espère seulement que cette salle, voire même tout le café ne va pas devenir une maison close avec lui !

2859 mots / Non corrigé

* * *

Ok d'accord, je n'aime pas ce chapitre. Je dois avouer avoir un peu galéré à l'écrire puisque mon cerveau ne semblait pas de la partie... Mais j'espère quand bien même qu'il vous aura plu ! 🤷🏽‍♀️

- Dean n'est pas très présent, néanmoins les rumeurs semblent à gogo depuis son arrivé ! Qu'en pensez-vous ?! ^^

- Avez-vous des avis sur Élisa (en passant, la blonde en multimédia la représente hehe) et Alex ?

Je n'ai pas grand chose à dire d'autre, et vous prépare déjà le prochain chapitre, pour m'excuser de ce miteux chapitre ! ^^

Ciaoooooo mes bébés poulpes ! 😭🐙❤️

de HamidaSwan, qui vous kiff. Teehee.

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