Chapitre 27

PDV Anna

— T'es qu'une putain d'idiote de merde de mes grands morts ! hurle Dean.

Nous sommes sous la pluie, marchant à une folle allure. Dean hurle dans tous les sens, s'indignant de mon comportement, bien que sa main ne semble pas vouloir lâcher la mienne. C'est comme s'il s'y tenait comme avec une bouée de sauvetage, même s'il semble plus qu'énervé contre moi. Malgré les circonstances, le fait de me dire qu'il ne veut pas lâcher ma main pour une raison que je ne préfère pas citer me fait rougir.

— Comment diable as-tu eu l'audace de me suivre ?! Comment putain ?! Mais t'es putain de conne !

Finalement, ce flot d'insultes commence à m'agacer, et je finis par répliquer.

— Comment ?! Eh bien je vais te répondre moi ! C'est juste que ton comportement m'a inquiétée ! Oui, il m'a inquiétée et je pensais qu'il serait bien de te suivre afin de t'aider ! C'est si grave que des gens s'inquiètent pour toi ? Hein ?!

Subitement, il se stoppe dans sa marche et m'attire brutalement à lui. Ses mains viennent se poser sur mes épaules, et il se met à me secouer comme un chiffon.

— Cesse de faire ton arrogante putain !

Je me débats comme je le peux, et finis par le repousser brutalement. Ce geste ne semble pas lui plaire, et il relève ses mains sur moi, haineux.

— Je-

Il se stoppe soudainement, et lâche un gémissement tout en se rétractant. Sa main se pose subitement sur son épaule bleutée qu'il  compresse dans son poing à cause de la douleur. Il serre les dents et se détourne de moi afin que je ne puisse le voir souffrir. Merde, il est si blessé que ça ?

— Dean...

— Ta gueule putain !

Hésitante, je pose finalement ma main sur son autre épaule, mais il se dégage rapidement de moi. Bordel.

— Écoute Dean, viens avec moi. Ma voiture est garée pas très loin d'ici. Ce sera plus sûr pour toi. Bien plus sûr. Tu ne vas quand même pas rester ici, seul, blessé et sous la pluie, non ?

Il se tourne finalement vers moi, me fusillant du regard. Mais malheureusement pour lui, son teint pâle me fait rapidement comprendre qu'il n'est vraiment pas en bon état.

— Je t'en supplie Dean...

Finalement il accepte, à mon plus grand soulagement. Je ne suis vraiment pas apte pour une énième dispute, surtout pas maintenant. Nous marchons quelques instants sous la pluie, dans un silence entrecoupé par les injures de Dean à mon égard, ou à cause de la douleur de sa blessure. Enfin, nous trouvons ma voiture. Nous y entrons, et je m'empresse d'allumer le moteur et le chauffage. Il fait vraiment trop froid ! Tandis que Dean peine à attacher sa ceinture, je reste figée devant mon GPS.

Où pouvons aller bordel ?

Chez moi ? Non cette idée est morte et enterrée.

Au café ? Je n'ai pas les clés, et Linda a sûrement dû le fermer.

Puis finalement, en le voyant autant galérer avec sa ceinture à cause de sa blessure, je constate que mon choix est enfaite très simple ; nous devons aller à l'hôpital. Mais Dean me coupe subitement dans mon élan une fois qu'il a fini d'attacher sa ceinture, non sans difficultés :

— On va chez moi, c'est juste à côté, suggère-t-il d'une voix qui ne laisse pas de place à la négociation.

— Mais t'es malade ou quoi ? Tu as besoin de te faire consulter, putain ! Tu as vu comment tu es blessé ?! C'est mort, on va à l'hôpital.

Alors que ma main se pose sur le frein à main, celle de Dean s'abat sur cette dernière afin de me stopper dans mon geste.

— Je vais être très clair avec toi ; l'hôpital, c'est non.

— Comment ça ? m'indignai-je, les sourcils froncés. Tu as besoin de voir un putain de docteur Dean ! Tu as vu ton épaule ? Elle est sûrement cassée !

— Elle n'est pas cassée, juste un peu...

Il hésite.

— Tu as vu ? Toi même tu ne sais pas expliquer ce que tu as. On va à l'hôpital je te dis.

— On n'y va pas PUTAIN !

— Mais pourquoi ?!

— Parce qu'ils vont me questionner bordel ! Ils vont me questionner ! Et tu veux que je leur dise quoi, hein ?! Que j'étais dans des putains de combats illégaux pour qu'ensuite ils m'arrêtent ?! Hein ?!

Le fait qu'il le dise à haute voix me fait déglutir longuement. 

— Tu... tu pourrais mentir, dire que tu es tombé ou...

Il lâche un rire tonitruant, qui se transforme finalement en un gémissement.

— Bordel Anna, je suis un putain d'habitué à l'hôpital et au commissariat. À la seconde même où je passerai les portes de l'hôpital, ils m'arrêteront. C'est plus clair pour toi maintenant ?

Même si des millions de questions tournent dans ma tête, et qui essayent de comprendre la raison pour laquelle il est comme ça, je préfère me taire.

— Maintenant, on va chez moi, conclue-t-il d'une voix ferme.

Il tape de sa main libre son adresse sur mon GPS, et je finis après quelques secondes d'hésitation à démarrer et à suivre le chemin que m'indique la voix féminine. L'habitacle plonge dans un silence pesant, complètement différent de la dernière fois que nous nous trouvions dans une voiture. Puis soudainement, après quelques minutes de silence, la voix du blessé retentit :

— Tu me crois vraiment capable de tuer quelqu'un ? me demande-t-il d'une petite voix.

Cette soudaine question me surprend. Je ne risque pas de tourner la tête vers lui au contraire de ce qu'il fait lorsqu'il conduit, puisque j'aimerai éviter un accident. Il est déjà assez blessé comme ça. Je prends alors quelques secondes avant de répondre à sa question : 

— Je... je ne sais pas Dean. Je ne sais plus. Après ce que je viens de voir ce soir, je ne sais plus à quoi m'attendre.

— Mais faire des combats illégaux et tuer des gens sont deux putains de choses différentes !

Je me stoppe brutalement dans ma conduite, et me gare dans un coin de la route. Je sais que c'est interdit, mais me choper une amende est bien la dernière des choses que j'ai en tête en ce moment.

— Et toi, tu veux bien m'expliquer la raison pour laquelle tu fais ça ?! Je suis perdue Dean ! Complètement perdue ! Je n'arrive pas à te comprendre putain !

Sa mâchoire se crispe, et il se passe la main dans les cheveux avant de gémir étant donné qu'il vient d'utiliser son bras invalide.

— Je vais sortir de là, tu me saoules.

M'étant préparée à ce genre de réaction de sa part, j'enclenche la sécurité-enfant avant même que sa main ne se pose sur la portière. Il tourne son visage vers moi, me fusillant d'un regard effrayant. Mais je ne me laisse pas abattre de sitôt, et croise mes bras sur ma poitrine.

— On peut très bien jouer tous les deux à ce jeu-là.

Sa mâchoire se crispe, tellement que ses dents pourraient se briser.

— Je pourrais casser la vitre et sortir. Ce n'est pas la première fois que je fais ce genre de chose, me menace-t-il en brandissant son point écorché vers la fenêtre.

Un instant, je me demande la raison pour laquelle il a déjà fait ce genre de chose...

Peut-être pour une vandalisation ? songe ma conscience.

Je secoue ma tête afin d'effacer toutes ces sournoises pensées. Finalement, Dean abaisse son poing et regarde devant lui en ignorant totalement mon regard questionneur.

— Je t'en prie Dean...

— Parce que j'ai besoin d'argent, finit-il par dire.

Je reste surprise par ses paroles, ce qui semble l'agacer.

— Eh ouais Annabelle, on est pas tous comme toi, on ne vit pas tous dans un conte de fées où on peut obtenir tout ce que l'on souhaite.

— Mais pourquoi faire des... combats illégaux ? Je veux dire, il y a bien d'autres façons d'obtenir de l'argent ! Tu as déjà ton boulot au café !

— Et tu crois sérieusement que c'est avec ce salaire merdique que je vais pouvoir régler mes problèmes ? ricane-t-il.

— Alors tu demandes des sommes énormes à Linda et fais des combats illégaux ? C'est ça ? lui demandai-je d'une voix venimeuse.

— Parce que c'est la seule putain de chose que je sais faire ! La seule Anna ! Je suis une petite sous-merde, je ne sais rien faire et je n'aurais jamais d'avenir ! C'est pour moi la seule façon d'obtenir de l'argent, pigée ?!

Je déglutis, alors qu'il se remet à sa place en se passant la main sur le visage, agacé.

— Mais bien sûr que tu as un avenir... Tu es en fac de biologie, non ?

Il lâche un ricanement, et ne daigne pas me répondre. C'est comme si j'étais complètement à côté de la réalité, et que cette dernière est l'inverse de ce que je pense. 

— Et puis, qu'est-ce qui t'oblige à avoir autant d'argent ? le questionnai-je, la voix plus douce. Que dois-tu payer ? Ton loyer ?

Je suppose qu'il vit seul étant donné qu'il ne parle jamais de sa famille, comme si ce sujet était tabou.

— Des merdes qui ne te concernent pas, se contente-t-il de me confier.

En constatant qu'il n'en dira pas plus sur ce sujet, je décide de reprendre route. 

— Et en quoi ça consiste... ces combats ?...

Je me mords la lèvre, me punissant intérieurement pour mon manque de tact. Alors que je m'attendais à ce qu'il me fasse un vent de l'extrême, il me répond d'une voix simple, monotone :

— Il n'y a pas vraiment de règles. Tu viens, tu te bats avec le premier venu, les autres font des paris... Tous les coups sont permis, même les armes blanches. Seules les armes à feu sont interdites, sinon ce n'est pas drôle. Ça finit trop vite.

Ça me donne envie de vomir, mais je ne flanche pas. J'ai enfin la chance d'en connaître plus sur lui, donc évitons de vomir.

— Mais comment sait-on qui est le gagnant ? Il y a des rounds ? Même si je n'ai pas vu d'arbitres...

Il ricane en se frottant les yeux.

— Non, pas d'arbitres, c'est mort.

— Mais du coup...

— Enfaite, si on réfléchit bien, il y a bien une règle. Il peut y avoir deux, et seulement deux façons de déterminer si le combat est fini. Soit l'un déclare forfait, soit il meurt. Avant cela, le combat ne s'arrête pas.

Je perds pied un instant, ce qui me vaut un bon gros doigt d'honneur de la part d'un conducteur à côté de moi. 

— Comment ça ?! m'exclamai-je en m'autorisant un rapide regard dans sa direction.

C'est avec surprise que je constate que Dean est entrain de sourire. Comment peut-il sourire alors que nous parlons de cela ?!

— Mais t'inquiète, généralement, les gars qui viennent se battre font les gaillards au début alors qu'en réalité ce sont tous de petites poules-mouillées. Même s'ils en perdent leur dignité, ils feraient tout pour ne pas mourir.

Un silence retombe entre nous avant que je ne finisse par poser cette question qui m'effraie.

— Et... toi ? Tu ferais quoi toi ? 

— Je ne sais pas. Depuis que j'ai commencé ces combats-là, je n'en ai jamais perdu un seul. Tous mes adversaires ont déclaré forfait.

— Mais si tu tombais contre quelqu'un étant beaucoup plus fort que toi, tu ferais quoi ?

— Ça n'arrivera pas.

Je fronce les sourcils, ce qui le fait ricaner. Quel idiot...

— Non, plus sérieusement. Tu ferais quoi ?

Il soupire et prend quelques secondes avant de me répondre d'une voix de marbre, monotone :

— Je pense que tu as déjà la réponse, souffle-t-il. Mon égo est bien trop surdimensionné pour que je déclare forfait.

Il dit cela sur un ton amusé, alors que ses révélations sont tout sauf drôles. Je reste béate devant ses paroles un moment, ne savant pas quoi répliquer. 

— Tu veux dire que... te laisser mourir ne te dérange pas ? lui demandai-je d'une petite voix.

— On en a déjà parlé Anna, et je n'ai pas vraiment envie de m'attarder sur ce sujet, ok ? s'agace-t-il subitement, à ma plus grande surprise.

Je marmonne un « oh, ok d'accord », et finis par me la fermer. Le chemin se fait ensuite dans un silence pesant, seulement entrecoupé de nombreux soupirs de la part de Dean, ainsi que d'injures par rapport à sa blessure... ou bien à moi.

— Putain j'suis fini à cause de toi Anna... Bordel de merde je ne comprends pas ce qu'il t'a pris.

Mais ne préférant pas provoquer le diable qui sommeille encore en lui, j'opte pour le silence. J'encaisse tous ses reproches en continuant de conduire, avant que l'une de ses paroles ne finit par attirer mon attention.

— Seulement, je vais te demander un petit truc : pour l'amour de Dieu, cesse de me comparer à un putain de meurtrier. Je sais que ce que je fais n'est pas très saint, mais l'une des choses que je déteste le plus dans ce putain de monde, c'est le meurtre.

Sa voix légèrement suppliante trahit le ton de colère qu'il voulait instaurer. Cela ne fait qu'accentuer ce sentiment de culpabilité qui monte en moi depuis le moment où il a commencé sa phrase. 

« Les cris, les gémissements, les pleurs, le rouge, le blanc, le noir, le rouge, le rouge... le sang. »

Ne t'inquiète pas Dean, c'est également ce que je déteste le plus dans ce monde.

Nous débarquons dans un nouveau quartier, toujours mal-fréquenté, et nous arrêtons à un feu. J'en profite pour diriger mon regard bers Dean, et c'est avec peine que je constate que les traits de son visage sont crispés, comme s'il se rappelait de quelque chose de douloureux...

— Oui, je... je suis désolée Dean. Je n'aurais pas dû te dire quelque chose comme ça, mais en vue de la situation, j'avais l'impression que c'était la seule chose qui te ferait réagir...

Ses lèvres se tordent en un sourire ironique, et il tourne sa tête vers moi. Alors que je m'attendais à ce qu'il réplique un remerciement ou je ne sais quoi d'autres, il me crache :

— Ta gueule, Anna. Je me tiens mieux quand ta putain de bouche est silencieuse.

Sauvée par le gong, le feu passe au vert, et je ne m'attarde pas plus sur notre discussion. Nous continuons la route, avant que Dean m'indique une rue, puis un appartement. Je me gare devant, et à la seconde même où je désenclenche la sécurité-enfant, Dean est déjà sorti de la voiture dont il claque violemment la porte. Ah bah merci ça...

Je sors à mon tour, et me presse pour le rattraper. Cette fois-ci, je constate qu'il boite légèrement en plus de sa blessure à l'épaule qu'il compacte dans sa main. Cette vision si faible de lui me fend le cœur. Une fois à sa hauteur, je passe ma main dans son dos afin de l'aider, et malgré ses protestations il me laisse faire. Nous nous dirigeons vers un appartement tout en brique, légèrement délabré. Il n'y a que deux étages, et semble plutôt petit. 

Et c'est seulement maintenant que je me rends compte que je vais aller chez lui. Genre, chez lui. Dean Gonzalès. Oh bordel... 

Une fois que nous nous trouvons juste en face d'une barrière en fer rouillée, je m'empresse d'aider Dean.

— Où sont les clés, je vais ouvri-

Mais il ne me laisse pas le temps de finir qu'il donne un gros coup de pied dans la barrière qui s'ouvre immédiatement. Ce coup lui fait lâcher un petit gémissement de douleur.

— Qu'est-ce que-

— Il n'y a pas de putain de clé. On n'est pas chez les bourges ici.

Encore une fois, je préfère opter pour le silence. Autant ne pas le provoquer, surtout en vue de son état actuel. Nous pénétrons par la suite dans le bâtiment sombre, et grimpons non sans difficultés les escaliers dégradés. Je ne juge pas son habitat, mais c'est seulement que le fait de me dire qu'il habite dans un endroit si... détérioré, me fait mal au cœur. Des tags couvrent les murs en plutôt mauvais état, mais je n'ai pas le temps de les admirer que nous sommes déjà arrivés. Alors que je m'attends à ce qu'il donne un énième coup dans la porte, il ne fait rien. Il finit par me dévisager.

— J'ai quand même une clé ici.

Je rougis subitement devant ma stupidité. C'est logique qu'il ait une clé pour sa porte d'entrée ! Dans le cas contraire il pourrait se faire cambrioler !

— Ma clé est dans l'une de mes poches. Cherche-la s'il te plaît, mon épaule me fait un mal de chien.

— On aurait dû aller à l'hôpital, le réprimandai-je en lui lançant un coup d'œil énervé.

Comme deux enfants se battant pour une sucette, nous nous fusillons sévèrement du regard.

— Ta gueule et cherche. Fallait pas venir toi aussi.

Je soupire, puis finis par diriger ma main vers ses poches. Comme une idiote, devinez avec quelle poche j'ai décidé de commencer ? Bien évidemment, la poche arrière. Ma main se pose donc sur son postérieur, et je rougis comme une cinglée lorsqu'il émet un ricanement.

— On dirait que tu as prévu ton coup, petite coquine.

Heureusement pour moi, je tombe directement sur ses clés et ne m'attarde alors pas plus sur ce terrain dangereux. Je les sors de sa poche et les plante devant ses yeux, les joues rouges mais le regard sévère.

— Les voilà tes clés.

Je les enfonce ensuite dans la serrure de la porte, mais la main de Dean me stoppe soudainement.

— Laisse-moi faire, cette porte est dure à ouvrir.

— Je pensais que tu n'étais capable de rien faire avec tes mains ?

Il tourne sa tête vers moi, et me lance un regard lubrique.

— Non, j'ai juste dit ça pour que tu me fouilles, riposte Dean d'une voix amusée. Et puis même blessées, mes mains seront toujours capables de faire des merveilles, n'en doute jamais.

Il m'adresse un clin d'œil, et au lieu de rougir, je lève les yeux au ciel. C'est un petit pas pour moi, mais un grand pas pour l'humanité !

Dean tourne la clé, et tire brutalement dessus pour que la porte s'ouvre. Cela fait un bruit monstrueux qui me fait sursauter. Alors que je m'apprêtais à entrer dans l'appartement, attirée par cette nouvelle ouverture sur la vie de Dean, je me stoppe en constatant que ce dernier s'est légèrement recroquevillé sur lui-même. Il souffle fortement, la tête baissée et les dents serrée, tout en appuyant sur son épaule blessée.

— Putain... grogne-t-il entre ses dents.

Eh merde, je l'avais bien prévenu ! Mais comme je suis une bonne amie toujours en quête du bien-être de ses amis, je m'avance vers lui et pose ma main sur son dos.

— Est-ce que-

Avant que je ne puisse finir ma phrase, Dean se dégage brutalement de moi et entre sans un mot dans son appartement. Étonnamment, je ne suis pas surprise. À force de traîner avec lui, je trouvais à l'inverse que le fait qu'il soit cool et joueur pendant un certain temps était bizarre.

C'est donc sans hésiter que je pénètre dans son appartement. À ma plus grande déception, Dean n'a allumé aucune lumière, et tous les volets sont fermés ce qui fait que je ne vois rien. Je peux néanmoins deviner que son habitat est plutôt petit, surtout si on le compare à l'endroit où je vis. Je suis la silhouette de Dean avec le peu de luminosité qu'il y a, ne préférant pas allumer la lumière. Autant éviter de provoquer le blessé. Finalement, nous pénétrons dans ce que je pense être son salon, qui est même plus petit que ma chambre. Dean s'affale -non sans difficultés, sur le mur en brique, et se laisse glisser jusqu'à ce que ses fesses touchent le sol. De mon côté, je reste debout, les bras pantelants, ne sachant pas vraiment quoi faire. 

— Putain, c'est de ta faute tout ça, grogne-t-il, les yeux plissés tandis qu'il essaye de se mettre dans une position plus ou moins confortable.

Je fronce les sourcils devant son accusation, et croise mes bras sur ma poitrine.

— Comment ça "de ma faute" ? Je n'ai rien fait, si ce n'est te sortir du pétrin dans lequel tu t'es toi-même mis. Il ne fallait pas faire ce genre de trucs illégaux !

Il lève sa tête vers moi, un sourire ironique sur les lèvres.

— Si tu n'étais pas venue, j'aurais défoncé ce connard de russe, et serais reparti tranquillement. Mais non, tu te sens toujours obligée de foutre la merde dans ma vie !

Son ton est monté d'un cran, alors je n'hésite pas pour en faire de même.

— Et tu peux m'expliquer en quoi ma présence était handicapante ?!

— Tu m'as déconcentré ! s'écrie-t-il, les yeux écarquillés.

Je lâche un rire sarcastique.

— Il devait y avoir une quarantaine de personnes présentes lors du combat, alors je ne vois pas pourquoi tu fais une fixette sur moi !

Il ouvre la bouche, pointant son doigt vers moi, puis la referme aussitôt à ma plus grande surprise. Il la rouvre ensuite, et hésite un bon moment avant de répliquer :

— Parce que tu... enfin, tu... toi et ton regard, tu... enfin...

Sans que je ne comprenne pourquoi ni comment, ses joues prennent une teinte rouge. Bordel, je rêve ou il rougit ?! Mais... pourquoi ?

Et alors que quelques suppositions passent dans mon esprit, je me mets à rougir à mon tour. Nous restons donc ainsi pendant quelques temps, à nous éviter du regard, les joues rouges, dans un silence gênant.

— Putain tu fais chier, finit-il par lâcher.

Le brun grogne en appuyant sur son épaule, et c'est seulement maintenant que je constate qu'il transpire énormément. Et ce n'est très certainement pas à cause du combat. Alors qu'il lâche des injures à l'infini, je m'empresse de m'accroupir à ses côtés, mettant de côté ma gêne, et pose ma main sur son front humide. Pour être honnête avec vous, je ne sais pas vraiment pourquoi je fais cela, mais cette vision si faible de lui me fend le cœur.

— Oh mon Dieu... soufflai-je.

Dean n'a pas le temps de dégager ma main que cette dernière s'est déjà retirée de sa peau brûlante.

— Bordel, Dean tu es brûlant !

— C'est bon ce n'est rien...

— Montre-moi ta blessure, peut-être que c'est à cause de ça que tu as des bouffées de chaleur.

Il soupire, mais finit par obéir. Il soulève la manche de son épaule, mais même comme ça on n'y voit pas grand-chose.

— Tu... Je sais que ça peut paraître indiscret, mais tu pourrais au moins enlever ton t-shirt-

— Non, me coupe-t-il d'une voix extrêmement sèche.

Alors que je m'attendais à ce qu'il me fasse une remarque coquine, il me lâche ça. Si je m'y attendais... 

— B-bien ok... Hum.

Je pose doucement mes doigts sur sa peau afin de ne pas lui faire mal, et il frémit. Sûrement parce que ma peau est glacée. Je soulève encore légèrement la manche de son t-shirt, et c'est avec horreur que je constate que cette dernière est encore plus bleue qu'avant...

En plus de ses nombreuses coupures au visage et de ses ecchymoses aux bras, on y ajoute ça ! Il est vraiment mal fichu !

— Bordel Dean ! Ton épaule est sûrement cassée ! Ça expliquerait alors tes bouffées de chaleur et ton teint pâle !

Un sentiment de culpabilité monte en moi et je me sermonne intérieurement pour ne pas l'avoir amené à l'hôpital. Le blessé analyse un moment à sa blessure, tout en la palpant avec sa main afin de mieux sentir où se trouve le problème. Finalement, il lâche un bref soupir, comme si ce n'était rien.

— Elle n'est pas cassée, juste déboîtée, annonce-t-il simplement. Et puis, j'ai des bouffées de chaleur parce que je suis sorti sous la pluie froide en t-shirt alors que je sortais d'un combat qui m'a chauffé à mort. J'ai seulement dû attraper un rhume. Au pire des cas, une grippe.

Mais il se moque de moi là ?

Juste déboîtée ? Mais tu te rends compte que c'est tout aussi grave ?!

— Bah non, insiste-t-il, les sourcils froncés par l'agacement. Comme son nom l'indique, si c'est déboîté ça se remboîte.

— Mais tu as cru qu'on parlait de putains de Lego qu'on pouvait détacher et rattacher comme bon nous semble ?! Un mauvais geste et on pourrait aggraver ta blessure qui, déjà là, n'est pas très jolie !

— Roh ta gueule un peu. J'ai déjà eu l'épaule déboîtée, sauf que là la douleur est juste... plus intense. Je n'ai pas eu besoin d'aller à l'hôpital, un proche me l'a remise en place rapidement.

Je reste béate devant ses révélations, ne sachant pas quoi répliquer face à son point de vue complètement illogique. Puis, je constate étrangement que Dean me regarde fixement, comme s'il s'apprêtait à me demander quelque chose. Mais pas besoin de paroles, j'ai rapidement compris sa requête.

— C'est NON ! m'écriai-je en me relevant subitement.

— Tu peux bien faire ça pour moi non ?! Autrement, je ne vois pas ce que tu fous là !

— Je ne vais pas te... remboîter l'épaule ! Enfin !... C'est complètement stupide ! Un seul mauvais geste et je-

— Mais c'est simple bordel ! s'agace-t-il, les traits extrêmement tirés par l'énervement. Arrête de réfléchir ! Un coup sec vers l'arrière et c'est bon ! T'es pas censée être médecin en plus toi ?

J'éclate de rire. Je ne sais pas si ce sont les nerfs qui me lâchent ou autre, mais la seule chose que je peux dire, c'est que je suis à bout.

— Je suis étudiante ! Étudiante bordel ! J'en suis à peine à ma deuxième année de médecine, et ne suis même pas passée à la pratique ou les stages ! Tu peux très bien le faire tout seul !

— Oui, mais ce serait bien plus simple si tu le fais toi ! Tu auras une vision plus grande sur la blessure, et ça me fera peut-être un peu moins mal !

Je me passe la main sur le visage puis dans les cheveux, et grommelle des paroles intelligibles tout en rigolant. Je n'en reviens pas de la tournure qu'ont prise les évènements de cette journée... juste à cause de lui.

— Non, c'est mort, conclue-je en secouant la tête. Au niveau où je suis, je saurais te réciter tout le chapitre sur l'oxydo-réduction, mais sûrement pas soigner ton épaule !

Alors que je m'attendais à ce qu'il hurle une énième répliquer cinglante, il finit par adosser sa tête contre le mur tout en soupirant. 

— Tu sais quoi Annabelle ? Si tu ne veux pas m'aider, je vais te demander de dégager de chez moi. Je ne vois pas ce que tu peux faire ici, si ce n'est me regarder souffrir.

Il pointe de sa main valide la porte d'entrée derrière moi, mais je n'ose pas bouger. Je reste figée, regardant son visage énervé, et peut-être même déçu. Malgré cela, je tourne finalement les talons, le cœur lourd. Je n'ai pas le choix, puisque je sais que je n'y arriverai jamais. Donc autant ne pas plus le déranger... Lui-même l'a dit, c'est de ma faute s'il en est à là maintenant.

Alors que j'effectue quelques pas, je l'entends soupirer dans mon dos, puis entends ses poings frapper fortement contre le parquet. 

Assez.

L'imaginer seul dans son salon, blessé, devant se soigner lui-même, et le tout dans la souffrance... c'est trop. Malgré tout le mal qu'il m'a fait, je ne peux me montrer si égoïste. Il ne mérite pas ça.

De plus, nous sommes amis, et j'aurais beau essayer d'entretenir cette amitié en organisant des déjeuners ensemble, et en essayant de le connaître plus... tout ça n'aura jamais de sens si je le laisse seul maintenant. C'est dans ce genre de moments que se forge une amitié, pas plus tôt, et pas plus tard. Parce qu'au fond, même s'il fait son macho à me dire qu'il veut que je parte et qu'il ne veut pas de moi ici, je sais pertinemment que c'est l'inverse qu'il désire. Une amie qui le soutienne. Un pilier autre que son mur sur lequel il puisse s'appuyer un moment, histoire de respirer.

Parce que parfois, ce que l'on pense ne pas vouloir s'avère être exactement ce qu'il nous faut. 

4810 mots / Non corrigé

* * *

¡HOLA MI AMOR! 🔥❤️

SEIGNEUR DOUX JÉSUS MARIAH CAREY, CETTE HISTOIRE EST ENTRAIN DE ME RENDRE FOLLE ! 🤪😱

Bien évidémment, lorsque je dis cela, c'est dans le bon sens du terme. J'ai une réelle obsession avec Dean et Anna, c'est juste n'importe quoi ! 😍

J'aime beaucoup trop leur relation qui est juste géniale à écrire ! Tous ces rebondissements, ces marques d'affection, ces engueulades, puis ces regards lubriques... OH MAY GAD 😍😱

Enfin bref, ce chapitre vous a-t-il plu ? 😊

Je n'ai pas grand chose à dire, pour être honnête avec vous... 😅

Bon, je vais de ce pas aller écrire la suite, en espérant qu'elle va vous plaire ! ⚡️❤️

(sortez les mouchoirs, ça va faire mal au cul 🤧)

de HamidaSwan, qui vous kiff. Teehee.

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