Chapitre 23

PDV Anna

Est-ce que vous croyez à ce que des personnes parviennent à se faire tuer d'un simple regard d'une autre personne ? Non ?

Bah, je crois y croire car je suis en train de le vivre en ce moment même.

Raphaël nous fusille du regard. Mon teint déjà blanc prend une teinte encore plus blafarde lorsque je sens la main de Dean se poser sur mon épaule. Apparemment, cela ne semble pas plaire à mon copain, puisque ses sourcils se froncent sévèrement. Il inspire longuement, comme s'il se retenait d'exploser. Je suis littéralement dans la merde.

— Qu'est-ce que tu fous là ? crache Raph à mon collègue d'un ton tout sauf accueillant. Tu veux bien m'expliquer pourquoi il y a cette putain de fête ici ?

Je lance un regard paniqué à mon ami afin qu'il se fasse discret. Mais bien évidemment, il ne compte pas m'écouter. Ses lèvres s'étirent en un rictus mauvais, et je prie Bouddha, Jésus et Dieu pour me venir en aide.

— Quoi ? Annabelle ne l'a pas dit ? lâche-t-il d'un ton faussement étonné.

— Ne m'a pas dit quoi ?

Les doigts croisés derrière mon dos, je supplie Dean du regard. Il veut réellement m'enfoncer, là ? Ce dernier montre de sa grande main la salle, en esquissant un sourire fier.

— À ton avis, si je suis ici alors qu'une fête a été organisée, c'est pour quoi ?

Raph fronce les sourcils, songeant sûrement à la question de cet idiot de Gonzalès. Après quelques secondes, il semble finalement tilter, et son visage se ferme.

— Attends... C'est toi qui as organisé cette soirée ?

— Bah enfin ! Tu prends du temps à comprendre, salaud !

La mâchoire de mon copain se contracte, et finalement, il pose son regard sur le mien. Je trésaille légèrement, ne sachant plus comment m'expliquer maintenant que mes paroles en l'air ne serviront plus à rien.

— Alors, en plus de savoir pertinemment que ce connard de Dean Gonzalès était présent, tu savais également qu'il avait organisé cette soirée ?! Et en plus de ça, tu me l'as caché ! La blague !

Je baisse les yeux, honteuse, tandis que mon copain continue à se déchaîner sur moi. Disons que je l'ai bien cherché.

— Mais que s'est-il passé dans ta tête enfaite ?! T'as laissé ce putain de fils de pute organiser une soirée pendant la soirée rencontre de ta belle-mère ! Ce mec, c'est Satan putain ! Et encore ! L'appeler comme ça serait une insulte pour Satan lui-même.

Un instant, je semble voir Dean s'agacer.

— Eh mauviette, je suis cool, mais ce n'est pas non plus une raison pour m'insulter comme si je n'étais pas là. Ne prends pas la confiance, tu sais très bien que je pourrais te refaire le portrait tout en me faisant les ongles en même temps. Pigé ?

Il lance un regard noir à mon copain qui se crispe légèrement. Un peu plus calmé, mais toujours en colère, le regard de Raph passe de moi à mon collègue. Il paraît à la fois dégoûté et perdu.

— Putain... Mais il se passe quoi entre vous deux, là ? Je suis perdu.

Merde. Merde, merde, merde... Merde ! En voyant l'expression de Dean, je comprends rapidement, qu'il compte tout avouer à mon copain. Punaise, je suis fichue. Mais comme je suis désespérée et désespérante, je nie l'inévitable.

— Je... mais il ne se passe rien voyons !...

Dean lâche un hoquet exagéré de surprise, et raffermit sa prise sur mon épaule, en la massant doucement sous le regard choqué de mon copain. J'en frissonne. Mais qu'il cesse !

— Comment ça « il ne se passe rien » ? Ah, jeune Annabelle, pourquoi tant de cachotteries ? rigole Dean, tout en gardant dans sa voix de multiples sous-entendus.

— Qu'est-ce que tu racontes ? s'intéresse Raph sous mon regard angoissé.

Je supplie silencieusement Dean du regard, mais en voyant mon expression désespérée, son sourire s'étire d'autant plus. Sa main roule doucement le long de mon épaule, et il enroule finalement son bras autour de moi. Je rougis subitement, et il plonge son regard dans le mien avant d'avouer à mon copain d'un ton coquin :

— Pour être honnête à cent-pour-cent avec toi, mon cher Davis, notre chère tigresse et moi entretenons une relation amicale des plus puissantes, inébranlables, et... intenses.

Lorsque le mot « intense » roule avec sensualité sur ses lèvres, nos regards croisés, je sens mon corps être pris de soudains frissons. Je détourne rapidement mes yeux des siens, et me dégage de son emprise avant de regarder mon copain qui paraît complètement dépassé par les évènements.

— Vous vous moquez de moi là ? nous demande-t-il d'une voix des plus sérieuses.

— Eh non ! Notre amitié est plus puissante que celle de Lilo et Stitch. Elle est quelques fois tendue, même si elle reste bien dure. Comme ma bite, enfaite.

Je faillis m'étouffer avec ma salive, tandis que Dean paraît bien fier de sa petite blague. Raph lâche un rire nerveux en se passant rapidement la main dans les cheveux.

— Anna, rassure-moi et dis-moi qu'il raconte de la merde.

— Annabelle, rassure-le et dis-lui que je ne raconte pas de la merde.

Je vais exploser, littéralement. Et en plus, je ne sais pas quoi dire. D'un côté, si j'avoue à Raph la vérité, je n'ose pas imaginer sa réaction. Mais d'un autre côté, si je persiste à mentir et nier, je sais pertinemment que Dean retournera ça dans son propre intérêt. Et un intérêt qui n'est pas du tout le mien, en passant.

Au fond de moi, je ne parviens pas à savoir la raison pour laquelle je n'arrive pas à... « assumer », mon amitié avec Dean. Pourtant, c'est moi qui lui ai proposé tout ça, et pour être honnête, c'est assez amusant, entre nous. Très chiant certaines fois -comme maintenant, mais plutôt amusant. Finalement, je craque :

— OK ! OK ! Il a raison ! Nous sommes bien amis !

Ravi, Dean tape ses mains ensemble tel un enfant heureux.

— Ooh mais comme je suis heureux ! C'est un tel avancement dans notre relation Anna ! Tu finis enfin par l'avouer à tes proches ! Qu'est-ce que je suis ému. Putain je vais pleurer.

Il fait semblant de pleurer, mais je n'y prête pas attention. À l'inverse, toute mon attention est rivée sur la réaction de mon copain qui me lacère le cœur. Il paraît déçu, mais franchement, je m'y attendais.

— Sérieusement Annabelle ? Comment t'as réussi à tomber si... bas ?

La gorge serrée, je déglutis du mieux que je peux, et essaye de me défendre.

— Je... on est juste ami, tu sais-

— Mais c'est bien ça le problème ! Après tout ce qu'il t'a fait subir, tu lui colles toujours les basques putain !

Il se coupe dans sa phrase, et prend de grandes bouffées d'air afin de se calmer. Finalement, il lâche l'affaire, et tourne les talons. Sur les fesses, j'essaye de le retenir.

— Raph ! Tu ne peux pas partir comme ça !

— Eh bien je vais me gêner ! s'énerve-t-il en se retournant vers mon visage affolé. Excuse-moi mais j'ai besoin d'un peu d'air pour digérer votre... comment tu disais déjà ? Ah oui, « amitié » !

Et il fait volte-face avant de s'en aller, sans se retourner cette fois-ci. Je me mords la lèvre inférieure, dépassée. Comment on a réussi à en arriver là, punaise ? Je sens la présence de Dean derrière moi, mais préfère l'ignorer. Autant constater intérieurement la mouise dans laquelle je me suis mise toute seule, comme une grande fifille. C'est bien plus attrayant et sans danger que traîner avec cet idiot de Gonzalès. Après quelques secondes de silence, j'entends Dean chanter une musique triste, et lorsque je me retourne pour le dévisager je constate qu'en plus de fredonner, il mime jouer des violons, un air faussement mélancolique sur le visage.

Le pire, c'est qu'il chante vraiment bien ce con.

— Coup dur pour Annabelle Walker.

Mais ses paroles rompent tout le charme, et je tourne les talons pour m'en aller à mon tour. Qu'il aille se faire foutre ! Je n'ai plus rien à faire avec lui, il a dépassé les bornes. Mais comme je m'en doutais, cela ne risquait pas d'être aussi aisé, puisque je sens sa main s'enrouler autour de mon poignet pour me retenir.

— Hépépé ! Pas si vite tigresse !

D'un geste sec, je me dégage de lui, et le foudroie du regard. Il paraît surpris par mon agressivité mais tant pis. J'en ai ras la casquette de lui et de son égoïsme !

— Tu vas me laisser maintenant ?!

Je le laisse, pantelant, et m'en vais finalement, laissant la forte musique, les corps dansants et le regard choqué de Dean derrière moi.

* * *

Mes talons claquent fortement sur le sol mouillé.

Mes bras resserrent leur étau autour de mon corps.

Je grelotte doucement sous la froideur nocturne, ainsi que sous la pluie battante qui se déchaîne sur moi.

Le regard maussade, je me dis un instant que mes yeux noirs de colère pourraient rendre jaloux le ciel gris d'après pluie.

Marchant sous la pluie glacée, j'essaye d'ignorer la douleur qui me tiraille les pieds à cause des échasses me servant de chaussures, ou les frissons incessants qui parcourent mon corps à chaque bourrasque de vent, à chaque goutte d'eau tombant sur une parcelle de ma peau frissonnante.

Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je rentre à pied, il pleut ? Dieu me déteste-t-il tant ?

Dans un soupir exaspéré, je finis par retirer mes chaussures dans un gémissement à la fois de douleur et de plaisir. Même si le sol est mouillé et froid, c'est bien plus agréable de marcher de la sorte, plutôt qu'avec ces stupides talons !

Pour faire simple, cela fait environ dix minutes que je marche sous la pluie, dans l'espoir de voir apparaître mon quartier. Moi qui pensais que la villa et mon chez moi n'étaient pas très éloignés l'un de l'autre, je me suis bien plantée !

Bien évidemment, Diane est au courante. Je lui ai fait croire que j'étais malade, et que je comptais rentrer toute seule, afin de ne pas la déranger avec ses amies. Elle m'a proposé de me faire raccompagner par mon père, mais plutôt mourir. Déjà que me retrouver seule avec lui dans l'immense cuisine de la maison est gênant, je n'ose même pas imaginer ce que ça ferait dans le petit habitacle de notre voiture. De son côté, Raph est à la fois introuvable et injoignable. Mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir... Il vient juste d'apprendre que je suis amie avec un délinquant, qu'il déteste, et qui n'a cessé, depuis notre rencontre, de mettre des bâtons dans les roues de notre vie à la base plutôt paisible.

Je soupire longuement, et continue mon chemin dans un silence de mort. Même la musique n'arrivera pas à me relaxer, je suis beaucoup trop sur les nerfs !

Au diable Dean ! Au diable cette stupide soirée ! Au diable ma conscience et mes actes ! Et plus important encore, au diable cette putain de pluie !

C'est alors que, sans même que je ne m'en rende compte, une voiture accélère derrière moi. En me retournant, j'ai la réelle impression qu'elle me foncera dessus, et c'est donc pour cela que je me recroqueville sur moi-même en lâchant un cri très... aigu. Mais, finalement, la voiture se décale de moi de quelques centimètres, et s'arrête brusquement à ma hauteur en m'éclaboussant fortement avec l'eau de la route. Un autre cri m'échappe lorsque je suis complètement mouillée, et encore plus glacée qu'avant.

Au diable les chauffards !

Complètement paralysée, je ne comprends pas pourquoi le conducteur ne sort pas de sa voiture, ou ne continue pas tout simplement son chemin. De plus, je ne parviens pas à voir le chauffard puisque les vitres de la voiture sont teintées. Alors que je me dirige vers lui pour toquer à sa fenêtre, mais cette dernière s'ouvre avant moi, et je lâche un petit glapissement.

Oh non...

2069 mots / Non corrigé

* * *

Hello les guys ! 😍

Un nouveau chapitre (certes court je sais) posté dans les temps ? Ce sont des applaudissements que je veux ! 👏😆

Qu'en pensez-vous ? 😑

- C'est reparti pour la débandade dans ce petit triangle illuminati entre Dean, Anna et Raph ? 😅

- Que pensez-vous du comportement de Dean et Anna lors de la soirée ? Surprenant ? 😏

- M'aimez-vous malgré le fait que je sois une sadique de vous avoir coupé ainsi ? 😈

Enfin bref, j'espère que mon histoire vous plait toujours ! Je tiens à vous prévenir que la suite risque sûrement d'être...

... intéressante. 🍋🔞

De HamidaSwan, qui vous kiff. Teehee.

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