Chapitre 20

PDV Anna

Pétrifiée, et la bouche grande ouverte par la stupéfaction, je ne sais quoi répondre. C'est une blague... Comment a-t-il réussi à se procurer mon plan ?! Je l'avais pourtant jeté !...

Et il t'a vu faire... finit ma conscience.

Punaise, je suis fichue.

— Écoute Dean... Je peux vraiment tout t'expliquer...

— T'es vraiment qu'une pétasse... C'est pour ça que tu voulais qu'on devienne ami ?! Hein ?! Pour pouvoir découvrir mon soi-disant "secret" ?!

Je panique, tandis qu'il se met à trembler de fureur. Je comprends rapidement qu'en plus d'être en colère, il se sent trahi. Trahi parce qu'il pense que j'ai enquêté sur lui pour...

Pour en tirer profit contre lui.

« — Je te l'ai déjà dit, mais je me méfie beaucoup parce qu'on a déjà essayé de jouer avec ça contre moi. »

Oh, que suis-je bête !

— Je t'en prie laisse-moi m'expliquer...

— Mais je t'écoute voyons ! s'écrit-il en lâchant un rire ironique.

— Je... Alors en premier temps, pour ton téléphone... Euh... Il ne faisait que sonner et ça m'a intrigué ! C'est tout !

— Pourquoi tous les messages ont été marqués comme lus ?

— Un faux mouvement de ma part.

— Pourquoi regardais-tu fixement mon fond d'écran ?

Pourquoi tant de méfiance punaise !

— Je... je n'en sais rien... je le trouvais juste joli-

— Joli ?! Ahah la blague ! hurle-t-il en gigotant dans tous les sens.

Je croise mes mains et tortille mes doigts ensemble.

— Et intriguant... ajoutai-je d'une petite voix.

— Intriguant ?! Mais bordel que sais-tu de moi ?! Que me veux-tu ?!

Il dit ça en me lançant en plein visage mon plan stupide. Mais que lui arrive-t-il ?! Pourquoi se met-il autant en colère pour ça ? Je veux dire... Ce que j'ai fait est mal, mais je ne pensais pas qu'il deviendrait ainsi...

— Et qu'est-ce que veut dire tout ça ?! continue-t-il en pointant du doigt la feuille froissée que je tiens entre mes mains tremblantes.

— Je... je ne sais pas ce qui m'a pris... Je suis navrée... Sincèrement. C'est juste que... encore une fois mais tu m'intrigues et je...

— Qu'as-tu découvert ?

Rien ! Rien du tout ! Tout ceci n'ont été que des suppositions ! Je ne sais rien !

— Rien du tout ? me demande-t-il en s'approchant soudainement de moi.

Son visage et le mien ne sont qu'espacés de quelques centimètres. Je suis presque sûre qu'à cette distance, il peut entendre mon cœur battre à travers mes tempes.

— R-rien...

— Pas même sur elle ?

Je fronce les sourcils. Comment ça "elle" ?

— N-non...

— Bien.

Il recule alors, et je souffle. Je ne m'étais même pas rendue compte que j'avais retenu ma respiration durant tout ce temps. Dean me regarde une nouvelle fois, et c'est avec dépit que je constate que c'est toujours avec dégoût.

— Je suis vraiment désolée Dean... Je... je ne souhaitais vraiment pas te faire de tort. Tout cela a été stupide... J'ai été stupide de faire ça... Et sache que je n'ai pas voulu devenir amie avec toi pour te blesser. Je veux être amie avec toi parce que même si tu as un caractère assez exécrable, je...

Dean me fixe longuement. S'il vous plait... Faites qu'il me pardonne !

— Je t'aime bien.

Je rougis subitement, et Dean ne comprends pas un instant. Bordel je ne sais quoi faire ou dire...

— Je m'en bats les couilles, espèce de petite garce.

Boum. Comme une claque, j'ai l'impression de suffoquer devant ce qu'il m'a dit. Cette fois-ci, il ne l'a pas juste insinue. Il a clairement dit que je ne suis qu'une garce.

Je fais de mon mieux pour digérer ce qu'il vient de me cracher à la figure, et c'est alors que la colère monte petit à petit en moi. Comment peut-il se permettre de m'insulter ?! Je me suis excusée, me suis expliquée, et lui ai clairement fait comprendre que le blesser n'était pas dans mes intentions. Mais apparement, cela ne suffit pas à Monsieur Gonzalès...

Tu dis que je suis une garce ? Alors je vais en être une...

— Tu te moques de moi là ? Je t'ai dit que tout cela n'était pas dans une mauvaise intention ! Et ce n'est pas parce que tu te sens blessé ou énervé ou je ne sais quoi que tu es en droit de m'insulter ! En plus de te permettre de venir dans mon cours, tu te permets de m'insulter ? Mais quel culot ! Pour qui tu te prends Gonzalès ?!

Il serre la mâchoire, apparement non satisfait par ma soudaine colère.

— Tu crois que c'est parce que tu as une mauvaise réputation, que tu te bats, ne respecte pas les femmes, et insulte tout le monde, que tout t'est excusable ? Tout t'est permis ? Désolé, mais tu ne me fais pas peur. Je te trouve seulement pathétique, et je ne me laisserais pas marcher dessus par toi.

Cette fois-ci, ses mains se remettent à trembler. Trembler de colère. Son regard noir se plante dans le mien, et j'essaye du mieux que je peux de ne pas flancher. Pour être sincère, je dois admettre que ce que je viens de lui dire est faux, sachant qu'il est vrai que Dean m'effraie légèrement. Je ne suis pas insensible à la fureur que dégage ses yeux...

Mais je tiens bon. Je tiens bon face à lui. Et pour une fois, je suis fière de moi. Je ne me laisserais pas faire face à lui ! Et je compte bien lui rendre la monnaie de sa pièce.

Tout en essayant de lui soutirer quelques informations, murmure ma garce intérieure qui vient juste de se réveiller.

— Pourquoi toi tu pourrais te permettre des choses, et pas l'inverse ?

Il fronce les sourcils. Malgré sa colère, je vois bien qu'il parait intrigué par ce que je dis.

Toi. Toi que caches-tu ? Que veulent dire ces messages ? Que veux-tu dire ?

— Anna arrête...

Il se retourne pour éviter mon regard qui le pénètre. Je m'avance vers lui, maintenant déterminée à connaître la vérité. Un instant, je repense à ce qu'il m'a dit par rapport à son fond d'écran.

« — Pourquoi regardais-tu fixement mon fond d'écran ? »

S'il m'a posé cette question, c'est bien que j'avais raison. Ce fond d'écran n'est pas juste là pour décorer... Il cache bien quelque chose, et ça m'intrigue de plus en plus.

— Que signifie ce "L", Dean ? Et pourquoi est-il barré ?

— Annabelle fermes ta putain de gueule ! s'écrit-il en se retournant subitement vers moi.

Ses yeux d'un noir pur me fusillent et m'enterrent sur place. Je tressaille légèrement, mais ne flanche toujours pas. C'est alors que je remarque quelque chose. Dean est en train de se gratter frénétiquement la phalange... Là où se trouve son tatouage "Love"...

Là où se trouve un "L".

Et si tout ceci est lié ? Que veut donc dire ce "L" ?! En réfléchissant un instant, tout en faisant le lien avec mon plan, je me rappelle que certaines personnes se tatouent des initiales et autres, en mémoire à certaines choses... certaines personnes.

Se pourrait-il que ce "L" soit une personne ? Mais qui alors ?

— Réponds-moi Dean !

— J'ai besoin d'une putain de clope, vocifère-t-il, les yeux dans le vide.

Rapidement, il sort une boîte Marlboro dont il extirpe non sans difficultés une cigarette. Ses mains tremblantes de colère ne lui facilitent pas le tâche. Il gesticule dans tous les sens, et allume sa cigarette avant de la placer entre ses lèvre. Il en prend une taffe qu'il rejette ensuite rejetant la tête en arrière. En me concentrant sur ses lèvres, je vois qu'il murmure sans s'arrêter la même phrase :

Calme-toi, calme-toi, calme-toi...

Mais comme je suis moi aussi en colère, et que cette histoire m'intrigue encore plus que prévue, j'insiste.

— Je t'ai posé une question Dean ! Tu te permets de faire ce que tu veux avec moi, comme si je n'étais qu'une poupée sans émotions, alors je vais en faire de même. Et ce que je veux maintenant, ce sont des réponses.

— À quoi bon ? À quoi ça te mènera putain ?! hurle-t-il avec une force que je ne lui soupçonnais pas.

Encore une fois, je tressaille. Au fond, je me demande tellement à quoi tout cela pourrait me mener... À quoi bon je fais tout cela...

Parce que tu es intéressant Dean. Agaçant, exécrable et chiant. Mais intéressant.

— Je veux que tu dégages ! Que tu dégages putain ! Hors de ma vue salope !

Une colère noire monte encore une fois en moi, dévastant les dernières pensées que j'avais. Si c'est la guerre qu'il veut, il l'aura...

— Qui est cette personne ?! C'est elle cette personne morte ?! Celle qui t'a fait fuir ton pays d'origine ?!

— JE T'AI DIT DE TE LA FERMER !

Subitement, et sans que je ne comprenne comment ni pourquoi, je me retrouve plaquée contre le mur. Je sens la main de Dean contre mon cou, et cette dernière est à la limite de m'étrangler. Mais le pire dans tout ça, ce n'est même pas ça. C'est cette douleur. Cette douleur, cette brûlure, ce feu intenable qui me tiraille la peau du cou.

Sans même s'en rendre compte, et en plus d'être à la limite de m'étrangler, Dean a plaqué le mégot de sa cigarette contre la peau de mon cou. Sous cette soudaine douleur, je lâche un féroce hurlement, se répercutant dans les tréfonds de mon âme et de mon cœur.

Il m'étrangle et me brûle en même temps.

Et malgré mes hurlements, ses yeux d'un noir cruel ne me quittent pas. Ils restent plantés en moi, se délectant presque de ma douleur.

— Dean tu me fais mal ! Je t'en supplie arrête !

Je pleure, et ai l'impression que ces quelques secondes de torture durent des heures... des jours... une éternité. Au fond, je sens qu'il ne le fait pas exprès, de me brûler, mais pourquoi ne veut-il pas arrêter de me faire mal ? Même après tous mes cris ?

Je me débats, le frappe de toutes mes forces, mais ses muscles aussi durs et tenaces que de l'acier tiennent bon sous mes coups dignes d'un bébé.

Il n'est plus lui-même. Il n'est plus mon ami, Dean.

La seule chose que je vois dans ses yeux noirs, c'est une personne sans cœur, qui ne semble pas se rendre compte du mal qu'elle produit autour d'elle.

Il n'a plus son éclat d'amusement dans le regard. Ses yeux ont même perdu leur magnifique couleur noisette...

Puis soudainement, comme s'il redevenait lui-même, il semble se rendre compte de ce qu'il fait. Il se recule soudainement de moi, retirant alors la cigarette de ma peau brûlée par le mégot.

Je tombe à genoux, et prends mon cou entre mes mains. Une douleur me tiraille à ce même endroit, et je pleure, suffoque. Le tout en même temps. Je ne remarque même pas que Dean a reculé de quelques pas, le regard vide sur ma personne.

— Je...

Sa voix se brise. Rapidement, il tourne les talons, et s'enfuit. Je le regarde partir, les yeux embués de larmes.

Je l'ai poussé à bout, j'en conviens.

Il pouvait m'insulter de tous les noms, ça m'était bien égal, car au fond je le faisais aussi.

Mais il n'avait pas le droit d'en arriver jusque là.

Il n'avait pas le droit de me faire mal physiquement.

Mon corps est secoué de violents sanglots, et la douleur de ma brûlure se fait alors ressentir plus intensément.

Après quelques minutes de pleurs, reniflements, et gémissements de douleur, je me relève difficilement, et attrape mes affaires pour sortir de l'université. À l'extérieur, j'adosse mon dos contre un mur, et essuie mes larmes du mieux que je le peux.

Je sors un petit miroir de mon sac posé à mes côtés, et c'est avec beaucoup d'hésitation que je finis par analyser ma blessure. En voyant l'état sanglant de ma peau brûlée, je ne peux empêcher un sanglot de s'échapper de ma gorge.

J'ai bien vu qu'il n'a pas vraiment fait exprès de me brûler... Mais pourquoi n'a-t-il pas arrêté lorsqu'il m'a vu et entendu lui implorer de cesser ?

Il avait l'air d'être entré dans une transe si intense... C'en était douloureux à voir.

« — Qui est cette personne ?! C'est elle cette personne morte ?! Celle qui t'a fait fuir ton pays d'origine ?! »

Je n'ai pas été très discrète de mon côté non plus mais... C'est lorsque je lui ai dit ça. C'est là qu'il a complètement déraillé. Cela voulait donc dire que j'étais juste ?

Je pleure encore. Même blessée par lui, je trouve le moyen de penser aux mystères planant autour de lui. Et c'est à cause d'eux si nous nous en retrouvons là !

Je referme mon miroir, et souffle un bon coup afin d'essayer de calmer mes pleurs. Il faut que je trouve une solution. Je ne peux rentrer ainsi... Diane me tuerait. Et je ne peux également pas aller à l'infirmerie, car ils l'appelleraient, et je serais encore plus fichue que je ne le suis déjà.

C'est donc avec soulagement que je trouve des sparadraps dans mon sac. Avec précaution, je place le petit papier collant sur ma blessure, ce qui m'arrache un petit gémissement de douleur. Une fois fait, je sors un mouchoir afin de sécher mes larmes, mais en constatant que ça ne le fait toujours pas, je me dirige vers les toilettes de la fac. Je me barbouille le visage, et une fois plus ou moins présentable, je sors.

Marchant lentement dans le parc de Seattle, je me perds dans mes pensées noires... J'ai décidé de ne pas retourner en cours, et de prendre un peu l'air, histoire de digérer tous les derniers événements.

Je m'assieds sur un banc, et c'est avec dépit que je constate que je suis assise sur celui où Dean et moi avons discuté, quelques semaines plus tôt.

Sommes-nous toujours amis ? À ce stade là, j'en doute fortement...

Je prends quelques minutes pour répondre et envoyer des messages à mes proches. Je commence avec Raphaël.

Hey. Je rentre toute seule et à l'avance aujourd'hui. Je ne me sens pas bien. X
Anna

Ensuite, je réponds aux messages affolés d'Élisa.

ANNA !
Élisa

Qu'est-ce que ce mec te voulait ?! Pourquoi es-tu partie avec lui sérieux ?!
Élisa

Je m'inquiète beaucoup là... RÉPONDS-MOI ANNAAAA !
Élisa 

Mes doigts menteurs tapent une simple réponse :

Ne t'inquiète pas. Ce n'était que pour le boulot, donc rien de bien spécial.
Anna

Aussi rapide que l'éclair, sa réponse ne tarde pas :

Ah... Il semblait pourtant sacrément en rogne ?
Élisa

Si tu savais... Je réprime un sanglot, et lui réponds finalement.

Oh tu sais, ce mec est toujours comme ça :/
Anna

Tu vas revenir en cours ?
Élisa

Euh... Je me sens mal alors je pense que je vais rentrer chez moi. X
Anna

XO
Élisa

J'éteins ensuite mon téléphone. C'est fini, je me déconnecte pour cette journée. Je lève le visage vers le ciel, et respire longuement. Mon cœur bat toujours aussi rapidement, et mes mains tremblent légèrement. Lorsque je caresse de mes frêles doigts mon pansement, je déglutis, et lutte pour ne pas pleurer.

Certains pourraient dire que je ne fais que pleurer, alors que ce n'est qu'une simple petite brûlure de mégot de cigarette.

Mais ce n'est ni la douleur, ni la blessure qui me font pleurer.

C'est de me dire que tout cela vient de Dean, mon ami.

Je soupire. Moi qui pensais bêtement que l'on pouvait entretenir une relation d'amis... Tout est apparement tombé à l'eau.

Enfin bref ! Je dois arrêter de me lamenter et de broyer du noir ! Je me lève alors, et sors mon petit appareil photo de mon sac. Lorsque je me sens plus ou moins mal, la photographie m'a toujours relaxé. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je dirais que c'est parce que j'adore vraiment ça.

Je déambule dans le parc, et photographie tous ce que je trouve intéressant, comme des fleurs, des enfants qui jouent joyeusement, des bancs légèrement dégradés... En presque une heure, j'ai pris plus de trente clichés. Dommage que la qualité de mon appareil n'est pas top, autrement ces photos seraient vraiment superbes. Je n'aurais qu'à les arranger sur mon ordinateur une fois rentrée.

L'esprit un peu plus tranquille, je me dirige à pieds jusque chez moi. Mon objectif principal est de ne plus penser à tout ce qui vient de se passer... surtout que Diane risque de remarquer que je ne suis pas dans mon assiette, donc autant paraître le plus relaxée possible.

Et surtout parce que Dean Gonzalès ne mérite pas d'accaparer autant mes pensées...

***

Il est dans les alentours de dix-sept heure, et je suis en route vers le café après l'université. Nous sommes aujourd'hui vendredi, et cela fait maintenant quatre jours que je ne suis plus allée travailler... depuis l'incident de lundi, et je pense que vous avez compris pourquoi.

Même si je trouve que mon comportement est stupide, je ne voulais pas vraiment voir Dean. Ce n'est pas que j'ai peur de lui maintenant, c'est même tout l'inverse. Ce n'est pas une simple brûlure de sa part qui fera en sorte que je le craigne comme jamais. C'est juste que je n'ai pas envie de voir sa grosse tête.

Mais mon boulot peut être en jeu, donc c'est pour ça que je me force à venir, en espérant que ce stupide portoricain ne soit pas là. Déjà qu'il n'est presque jamais là, il ne va pas commencer à me faire chier...

Je pénètre dans les lieux, et une boule d'appréhension se forme dans ma gorge. Je suis néanmoins heureuse de revenir ici. La clientèle est toujours très gentille, et l'ambiance conviviale m'apaise. De plus, Linda est-

Doux Jésus ! s'écrie la voix de ma patronne, apparement affolée. Annabelle Walker ! Cela fait si longtemps que tu n'es pas venue travailler !

Alors que Linda s'approche de moi, je rougis. Heureusement que ma patronne n'est pas du genre sévère. Au contraire de certains, lorsque je suis absente, elle ne me réprimandera pas, mais essaiera plutôt de se montrer d'autant plus douce. C'est un vrai amour.

— Qu'est-ce qui s'est passé ma belle ? me demande-t-elle en posant ses petites mains sur mes épaules.

— Oh... euh... Eh b-bien je... J-j'étais juste malade donc euh... Voilà.

En parlant de ça, en me rappelant la réaction de Diane lorsqu'elle m'a vu ce lundi, je suis toujours aussi troublée. Elle ne m'a pas harcelé de questions, n'a pas cherché à regarder l'envers de la blessure. Elle m'a juste crue, et s'en est allée. Pour certaines personnes, sa réaction peut juste paraître... normale. Mais pas pour moi. Lorsque l'on s'appelle Diane Walker, on ne reste pas si évasive ! Puis j'ai compris qu'apparemment, cette dernière et mon paternel entretenaient quelques soucis... D'où le fait qu'elle soit si désintéressée par moi.

— D'accord. J'espère que tu vas bien mieux maintenant... Parce que j'ai vraiment besoin de toi.

Intriguée, je fronce les sourcils.

— Comment ça ? Que se passe-t-il ?

— Tu sais, tu es vraiment mon employée préférée... Toujours très studieuse, sérieuse et accueillante avec les clients. Et je suis sûre que sans toi, ce café serait bien vide...

— Euh... merci ?

— Oui. Enfin bref... Ce que je veux dire, c'est que tu n'es pas la seule employée, et que j'en ai également un autre... qui est assez différent de toi.

Et puis, je comprends rapidement de qui elle veut parler.

— Dean ?

Elle souffle subitement, et hoche la tête.

— Oh mon dieu... Ce garçon est une vraie catastrophe au travail ! Et sans toi pendant ces quelques jours pour rattraper ses erreurs... Je n'en pouvais tellement plus !

— Attends, il est là ?

— Oui. Dans la cuisine, en train d'essayer de faire la vaisselle.

Elle lâche un petit ricanement. Bien que j'aime beaucoup Linda, je dois admettre qu'elle a un petit défaut. Elle aime tellement ses employés que lorsque ces derniers font des fautes, elle ne les réprimande jamais.

— Ah...

En voyant mon expression blasée, elle penche sa tête sur son épaule en me dévisageant.

— Tu as des problèmes avec lui, Anna ?

— Oh euh... Non pas du tout ! déclarai-je rapidement, les joues légèrement rouges.

— Bien. Alors dépêche-toi d'enfiler ton tablier, nous devons sauver le CoffeeCooper !

Je rigole légèrement, et me rends dans la salle de repos afin de me changer. L'objectif d'aujourd'hui ; ignorer et éviter cette enflure de Dean Gonzalès. Une fois prête, je sors en salle afin de m'occuper de la clientèle, et c'est avec surprise et joie que je me rends compte qu'Alex est présent. Il se trouve en fond de salle, ses lunettes sur le nez, et son ordi portable devant les yeux. Je me dirige joyeusement vers lui, et lorsqu'il me voit il me dévisage.

— Euh... Salut ? commençai-je en trouvant bizarre le fait qu'il me dévisage de la sorte. J'ai une tâche sur le nez ou quoi ?

Je rigole légèrement, et il finit par retirer ses lunettes avant d'esquisser un fin sourire.

— Non ne t'inquiète pas. Salut toi aussi. C'est juste que je suis venue souvent ces derniers jours, et tu n'étais pas là.

Merdoum.

— Euh oui je sais. J'étais juste un peu malade. Enfin ! Toi tu parles mais tu as disparu de la population depuis plus d'une semaine !

Il se gratte nerveusement la nuque, et je rigole. Je m'assieds à ses côtés, sachant qu'il n'y a pas de clients pour l'instant à servir.

— Ouais, je sais... On est juste entrain de prévoir un truc avec les parents, et ça me prend beaucoup de temps.

— Je vois... Et t'es sûr de ne pas pouvoir m'en parler ?

— Nein.

Je rigole et tourne la tête. C'est avec dépit que je constate que Dean est entrain de nous regarder depuis le bar. Un frisson me parcourt, et il se met soudainement à me sourire. Je fronce les sourcils, offusquée. Il vient vraiment d'oublier tout ce qui s'est passé entre nous ou comment ça se passe ? Je détourne le regard vers Alex, énervée, tandis que mon meilleur ami me dévisage encore. Il regarde derrière moi avant de reposer ses yeux sur moi.

— Un problème avec lui ?

Double merdoum.

— Ah euh non... Enfin tu sais, il est toujours chiant et-

— Anna arrête.

Il me coupe. C'est à mon tour de le dévisager.

— Je sais parfaitement lorsque tu mens, ajoute-t-il.

Triple merdoum avec un assaisonnement de je-suis-dans-la-mierda.

— Q-quoi ? Mais je ne mens pas !

— Vraiment ? Tu viens à l'instant de cligner trois fois de suite des yeux. Tu fais toujours ça lorsque tu mens.

Pourquoi me connait-il si bien ?! Je baisse donc les yeux sur mes mains qui se tortillent entre elles, prise la main dans le sac. Alex pose ses coudes sur la table, et me pénètre du regard. C'est limite plus troublant que le regard de Dean...

— Que s'est-il réellement passé entre vous ? me demande-t-il.

— Mais je te dis, rien de bien spécial, on s'est juste disputé lundi. C'est tout.

Je regarde partout autour de moi, mais jamais vers lui. Il faut vraiment que je trouve une échappatoire... C'est alors que j'aperçois des clients entrer dans le café ! Alléluia ! Je me lève donc sous le regard désapprobateur de mon meilleur ami.

— Enfin bref j'ai des clients et-

— Tut tut tut tut, me coupe-t-il en m'attrapant le poignet et en me forçant à me rassoir. J'en ai pas fini avec toi.

— Mais-

Comme pour me faire encore plus chier, Dean vient prendre les commandes des nouveaux clients. Je n'ai donc plus aucune échappatoire. Connard !

— Je ne sais pas ce qu'il t'arrive en ce moment Anna... Tu te confies de moins en moins à moi...

Son visage se crispe, et je comprends que cela le blesse. Mon cœur se serre douloureusement, et j'hésite durant quelques secondes avant d'ouvrir ma bouche.

— Eh bien... Si tu veux que je me confie... Pour faire simple, nous sommes devenus amis-

— Attends... Toi ? Amie avec... lui ?!

Il paraît choqué.

— O-oui... Enfin, je lui ai proposé une relation amicale car nous sommes collègues... Pour plus de facilité au boulot.

— Mais pourquoi as-tu fait ça ?! Après tout ce qu'il t'a fait !

— Je sais ! Mais là n'est pas le soucis. On s'entendait plutôt bien au début...

Je repense au repas que nous avons échangés ensemble, ses blagues, nos rires... La bonne ambiance, le bien être s'installant en moi... J'en sourirais presque.

— Mais à cause de moi, tout à un peu... dérapé.

« — JE T'AI DIT DE TE LA FERMER ! »

— Comment ça ? me demande-t-il, cette fois-ci très intrigué par mon récit.

— Je... je me suis juste mêlée de choses ne me concernant pas. Des choses par rapport à son passé.

— Mais... pourquoi ?

Je hausse les épaules. Quelques fois, même moi je ne pourrais expliquer ce besoin viscéral de connaître la vérité sur lui. Ce besoin est juste là...

— Je ne sais pas. Il m'intriguait, et je me suis montrée trop curieuse. On s'est disputé, et...

Je pose ma main sur mon cou. Sur mon pansement.

« Il m'étrangle et me brûle en même temps. »

— Voilà.

Bizarrement, Alex se met à fixer mon cou. Je rougis et repose ma main sur mon pansement afin de le masquer de son regard intransigeant.

— C'est quoi ça ? me demande-t-il en pointant du doigt mon cou.

Je rougis de plus en plus, et mes mains deviennent moites.

— Oh euh eh bien... Rien.

Il fronce les sourcils.

— Tu mens. Qu'est-ce que c'est Anna ?

— Mais rien je te dis-

Soudainement, et en me prenant au dépourvu, Alex arrache mon pansement. Je grimace, et lorsque je souhaite replacer ma main sur ma brûlure pour la masquer, mon ami retient ma main.

— Alex...

Il fixe ma blessure, l'analyse, et après quelques secondes, son regard se rembrunit.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? me demande-t-il d'une voix rauque.

Je suis fichue.

— Je...

— C'était donc toi ? ajoute-t-il.

— Quoi ?

— Il y a des rumeurs qui tournent dans la fac, comme quoi un délinquant aurait cherché une brunette dans un amphi. Après ça, la fille n'est pas retournée en cours de la journée.

Depuis quand cette rumeur tourne-t-elle ?!

— Écoute Alex je peux vraiment tout-

— C'était toi cette brunette ? Et c'était Dean ce délinquant ?

Sa voix ne me laisse pas le choix ; j'acquiesce lentement, la tête baissée par la honte.

— Tu veux bien m'expliquer pourquoi tu as cette brûlure de cigarette sur le cou ? Avec cette rumeur dans le dos ? En ajoutant de plus le fait que tu n'es pas revenue travailler pendant quatre jours ?

Impossible pour moi de lui répondre. Il ferme les yeux, comme s'il se retenait de hurler.

— C'est lui qui t'a fait ça ?! C'est lui qui t'a brûlé ?!

Dire qu'il n'est pas en colère serait un euphémisme.

— Alexandre écoute, je-

— Un problème ici ?

Eh merde, il ne manquait plus que lui. Je sens la présence de Dean dans mon dos, et un frisson me parcourt. Pourquoi je frissonne encore lorsqu'il est à proximité de moi ?! Même après tout ce qu'il m'a fait ?!

« — Si. Il se passe quelque chose entre nous. Je sais parfaitement que tu es attirée par moi Anna... »

Non, non, non... Non ! Je ne suis pas attirée par lui ! Et je ne le serais jamais, surtout après tous ce qu'il m'a fait !

Et c'est seulement quelques secondes plus tard que je constate qu'Alex fusille Dean d'un regard haineux.

— Espèce de salopard ! Comment as-tu osé lui faire ça ?!

Il dit ça en pointant du doigt ma blessure. Je sursaute légèrement, et ne sait où regarder. Tous les regards se sont posés sur nous, et je sens le rouge me monter aux joues. Je n'ai jamais vu Alex aussi énervé que là, et apparement, cela n'a pas l'air de plaire à Dean qui fronce les sourcils. J'ai l'impression que ce Gonzalès met en rogne toutes les personnes calmes que je connaisse, en commençant par Raph, puis Alex...

— Tu te prends pour qui, enfoiré ? s'énerve Dean en bombant le torse.

Ni d'une, ni de deux, Alex s'élance sur Dean. Un hoquet de surprise général secoue le café, et je me précipite vers eux pour cesser le massacre. Comme je m'en doutais, Dean a repris le contrôle de la situation, et a attrapé le col de la chemise blanche d'Alex.

— Mais vous avez quoi en ce moment, à me sauter dessus comme des bébés, putain de bordel de merde ?! s'agace Dean en secouant Alex.

Bien qu'Alex soit très sportif et fort, il ne fait pas le poids face à Dean. J'essaye de les séparer, de faire en sorte que Dean relâche mon meilleur ami, mais en vain.

— T'es qu'une ordure Gonzalès ! Une grosse ordure des tréfonds de l'enfer ! Comment as-tu ne serait-ce qu'osé poser un doigt sur elle ! Sur ma putain de meilleure amie ! Elle qui n'essayait que d'être gentille avec toi ! Tu n'as pas de cœur, et tu mérites amplement la réputation de merde qui t'est attribuée ! CONNARD !!

Alors que je m'attendais à ce que Dean le frappe à mort, ce dernier se fige. Apparement, les paroles d'Alex l'ont touché, vu comment son regard se décompose. Sans même que je ne m'en rende compte, mon cœur se serre fortement à la vue de ce regard sans vie. Dean...

Mon collègue finit par le lâcher, et Alex trébuche avant de se remettre debout. Dean nous regarde à tour de rôle, mais finit par poser son regard sur moi. Je ne le détourne pas, même si je me sens mal à l'aise. Il effectue un pas vers moi, mais je l'en empêche.

— Je t'en prie, arrête. Dégage, Dean. Pour l'amour de Dieu, dégage.

Il paraît surpris, mais finit par faire volte-face. Je déglutis, et c'est alors que Linda arrive, toute affolée.

— M-mais ! Que s'est-il passé ?!

— Rien de bien spécial Linda...

Mon regard se pose sur celui de mon meilleur ami en colère, sur le dos de Dean s'éloignant de nous d'un pas lent, sur le regard de la clientèle apeurée...

Rien de bien spécial...

5225 mots / Non corrigé

***

APPLAUDISSEZ MOI PUTAIN ! 👏

J'AI POSTÉ DEUX CHAPITRES EN TROIS JOURS ! JE VEUX DES APPLAUDISSEMENTS PUTAIN ! 👏😭

En dehors de ça, j'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous a plu ? 🤷‍♀️

- Grosse dispute, avec un chouïa de violence ? Vous adhérez ou vous voulez m'assassiner ? 😏

(Petit point : Je pense que certaines personnes peuvent être scandalisées car Dean a fait... du mal, physiquement, à Anna. Une femme. Et que vous devez très certainement penser qu'un homme qui frappe une femme ça craint. Mais personnellement, une femme qui frappe un homme ça craint aussi, ou un homme qui frappe un homme, et autres. Ce que je veux dire, c'est que la violence tout court ça craint. Il faut arrêter de penser que parce qu'un homme qui fait du mal à une femme est une ordure, et qu'une femme qui fait mal à un homme ça passe. Dans tous les cas la violence c'est mal ! Ça ne devrait pas être tolérer, que ce soit un homme ou une femme. On est tous pareille, tous humains bordel ! Dans ce cas de figure-ci, la violence est à gogo car c'est une fiction et que je peux vraiment faire ce que je veux (en plus c'est une Dark Romance LOL). Enfin bref, tous ça pour dire qu'il faut s'aimer bordel !)

- Anna est dans la merde avec Alex ? 😅

- Que va-t-il se passer ???!!!! 🤫

Enfin bref ! Je vais faire de mon mieux pour vous sortir le prochain chapitre rapidement ! Bye mes amours et kiss sur vos fesses ! 💋🐙

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