Chapitre 19

PDV Anna

Le lundi, je me lève de bon pied, et avec l'esprit plus tranquille. Je peux confirmer que la citation « la nuit porte conseil » est vraie. J'ai réussi à calmer ma garce intérieure, et à favoriser les arguments de ma conscience, qui ne se restreignent qu'à six mots : on arrête de faire les inspectrices. Dean est un ami. Un ami que je ne considère pas comme très proche, et ça me convient. Notre relation s'en tient à ça, alors maintenant c'est définitif, j'arrête d'essayer de me mêler de sa vie personnelle, surtout quand cela ne semble pas le plaire.

Je sors rapidement de chez moi, vêtue d'une robe ample bleue pâle. J'ai réussi à dompter mes cheveux, et c'est donc avec joie que je les ai laissés lâcher. Lorsque je me retrouve devant le seuil de ma maison, je suis surprise de constater qu'Alex n'est pas là. Non, car cette fois-ci c'est Raph qui est là. Pour moi je suppose.

Dès lors qu'il me voit, il m'adresse un large sourire. Je le lui rends, et me dirige d'un pas rapide vers lui. Il dépose un chaste baiser sur mes lèvres et me prend dans ses bras avant de regarder d'un œil satisfait ma tenue. Il me complimente rapidement, ce qui me fait rougir, et nous finissons par nous installer dans sa voiture après qu'il m'ait expliqué qu'il a négocié avec Alex pour que ce soit lui qui vienne me prendre. Geste tellement adorable que j'en rougis...

Le trajet se fait dans un silence apaisant, et pour une fois depuis toutes ces semaines, j'arrive à me relaxer et à ne pas penser à mon collègue bipolaire. Depuis que je le connais, j'ai vraiment l'impression que tout mon système nerveux ne cesse d'être secoué. En partie à cause de lui, et c'est fatigant. Mais exaltant, ajoute ma déesse intérieure. Je lève les yeux au ciel, en priant intérieurement pour que cette journée se passe normalement, sans sermon de la part de ma conscience, ni pensées déplacées de la part de ma déesse intérieure.

Et surtout, sans Deanopéripéties.

Nous arrivons finalement devant l'université. Raphaël constate avec dépit que le parking est plein, et soupire avant de se diriger dans les alentours de l'université, histoire de trouver une place pour se garer. Nous en trouvons une dans un coin plutôt isolé, mais faisant l'affaire. Mon copain vient m'ouvrir la porte en souriant, et alors que je m'apprête à le lui rendre, je me fige en voyant quelque chose derrière Raph. Seigneur, ce n'est pas vrai...

— Oh mon dieu ! m'écriai-je.

Mon copain tressaille avant de se tourner rapidement afin de voir ce qui m'a fait crier. À son tour, il aperçoit deux hommes se battant sauvagement. Mais ce qui me choque le plus de mon côté, ce n'est pas ça. C'est tout simplement de voir que l'un d'eux s'agit de Dean ! Et qu'il domine complètement l'autre garçon qui peine à se défendre.

Raph détourne son regard vers moi, plutôt choqué lui aussi. Je ne perds pas plus de temps, et sors de la voiture de mon copain pour me diriger vers eux. À ma plus grande surprise, je sens la main de Raphaël s'enrouler autour de mon poignet pour me retenir.

— Mais qu'est-ce que tu fais ?! me demande-t-il lorsque j'ai tourné mon visage vers lui.

— Tu ne vois pas qu'il y a une bagarre ! Il faut intervenir si nous ne voulons pas qu'elle dégénère.

Et si je ne veux pas que Dean se fasse d'ennui surtout ! Il est mon ami, et il me paraît normal que je dois lui venir en aide avant tout ennui, que ce soit physique ou autres. Raphaël paraît hésitant, et malgré sa réticence, je vois bien qu'il ne souhaite pas me laisser seule avec ces deux sauvages qui se font la peau. Finalement, il me suit et nous courrons vers les deux bagarreurs. Dean surplombe son adversaire, et le roue de sanglants coups qui résonnent au plus profond de moi. J'en tressaille, et pâlis légèrement en voyant l'état plus que pitoyable de l'autre homme. Moins d'une, moins de deux, nous attrapons Dean par les épaules pour le reculer. Seigneur mais c'est inhumain une force comme ça !

— Dean stop ! m'écriai-je en essayant de le séparer de sa "victime".

Il grogne et essaye de se dégager en donnant des coups de coudes du côté de Raph. Ce dernier les esquive comme il le peut, et nous finissons après maintes cris et bousculades, par l'extirper du combat. Il se trouve alors debout devant moi, le souffle irrégulier, et une haine sans fin dans les yeux. Par chance pour moi, il ne me regarde pas et garde toujours le regard vers son adversaire qui tousse et crache du sang. Je me tourne avec panique vers Raph qui nous fixe d'un œil méfiant.

— Mais qu'est-ce que tu attends ?! Va aider l'autre !

— Mais tu-

— C'est bon je m'occupe de Dean ! le coupai-je en me tournant ensuite vers mon ami qui ne me regarde toujours pas, après que Raph se soit dirigé vers le blessé.

Je prends quelques secondes pour analyser l'état de Dean : en dehors de la rage qu'il émane, il me semble qu'il ne soit blessé nul part. C'est assez impressionnant... Pas une seule égratignure, en dehors de ses poings légèrement écorchés par les coups de poings qu'il a assénés au malheureux. Il transpire légèrement, et sous ma main posée sur son torse, je peux sentir son cœur battre fortement et irrégulièrement.

— Dean ! finis-je par crier afin de capter son attention.

À ma plus grande surprise, il tourne son regard vers le mien, et je me fige. Ce n'est même plus de la colère, c'est de la pure haine qui se lit dans ses yeux maintenant noirs de rage. Mais qu'à fait cet homme pour le mettre dans un tel état ? Je sais que Dean est connu pour se mettre en colère pour un rien, mais là c'est extrême...

Et sans que je ne m'y attende, il avance sa tête vers moi, si prêt que je peux sentir son souffle saccadé et chaud contre mon visage.

— Mais qu'est-ce qui t'a pris bordel ! hurle-t-il, apparement en colère en vue de la veine saillante ressortant sur son cou.

Un rire jaune s'échappe de sa gorge, et mes yeux dévisagent son visage déformé par la colère.

— Non, tu veux dire qu'est-ce qui t'a pris ?!

— C'est moi qui pose les questions là, ajoute-t-il en reprenant mes phrases.

Qu'est-ce qu'il m'énerve !

— Bien, alors je vais te dire clairement ce que je viens de faire ; je viens d'empêcher mon stupide ami de tuer un mec ! Tout simplement !

Il paraît surpris par ce que je viens de dire, et fronce ensuite les sourcils avant de me répondre d'un ton cinglant.

— Je ne comptais pas le tuer bordel !

— Ah, eh bien tu semblais pourtant bien déterminé à le faire !

— Je ne suis pas un meurtrier putain ! hurle-t-il en serrant les poings.

Étrangement, j'ai l'étrange impression qu'il vient plus de dire ça pour lui que pour moi. Je me renfrogne tandis que tous ses muscles se crispent de rage.

— Je ne faisais que me défendre ! se justifie-t-il soudainement.

Ah la blague ! J'éclate d'un rire laconique, et sa mâchoire se contracte encore plus.

— Tu veux donc bien m'expliquer ce qu'il t'a fait ?

— Il...

Dean paraît hésitant, mais garde néanmoins cette colère qui le caractérise malheureusement bien.

— Il ...?

— Il... Je ne sais pas putain ! Il m'a juste provoqué et ça m'a saoulé ! J'ai eu une soirée de merde hier, alors je n'ai fait que me défendre ! Pourquoi tu viens me saouler avec ça putain ?!

— Te "défendre" ?! Et tu crois sincèrement que c'est avec la violence que tu résoudras tes soucis ?!

Cette fois-ci, il me rit au nez. Mais qu'est-ce qui lui arrive bon sang ?!

— Oh alors j'aimerais bien savoir comment je pourrais résoudre mes problème, ou me défendre ?

Je déglutis devant son regard noir, et un coup d'œil m'indique que Raph est en train d'aider le blessé.

— La parole, lui répondis-je donc. La... la violence ne résoudra jamais rien, alors que la parole est la meilleure arme de défense si tu sais un minimum t'en servir.

Fière de ma réplique, ma conscience m'applaudit. Mais au contraire de ce que je pensais, Dean se met à rigoler jaune de plus belle. Offusquée, je fronce les sourcils et me renfrogne légèrement. Il se moque de moi là ?!

Et soudainement, son regard change subitement. La fureur est palpable dans ses yeux, pourtant, son visage légèrement crispé paraît d'un calme effrayant. Il effectue quelques pas vers moi, et me souffle quelques mots qui figent mon corps :

— Tu veux des paroles ? Alors je vais t'en donner des paroles, tigresse. Je ne sais réellement pas pour qui tu te prends, mais ce n'est pas parce que nous sommes soit disant "amis" que tu peux te permettre d'agir comme Wonder Woman. C'est compris ? Tu n'es rien pour moi, et tu ne seras jamais rien d'autre que... rien, pour moi, si ce n'est une garce comme les autres qui se croit capable de me comprendre, et de me stopper. Tu n'es rien pour moi ni pour personne, donc retourne avec ton salaud de copain, et fiche-moi la paix PUTAIN !

Il a crié sa dernière phrase, et mon corps autrefois figé émet un sursaut. Je sens mes yeux picoter légèrement, et lutte de toutes mes forces contre les larmes qui menacent de couler le long de mes joues glacées. Il y est allé fort. Trop fort. Moi qui pensais l'aider, apparemment je n'ai fait que m'enfoncer dans mon propre délire... Car je ne suis apparement rien pour lui.

« — Tu n'est rien pour moi, et tu ne seras jamais rien d'autre que... rien, pour moi. »

Mes yeux dévient vers ses muscles contractés, ses poings fermés, sa mâchoire tranchante, ses yeux d'un noir à la fois inhabituel et cruel, et je comprends alors que Dean se retient. Qu'il se retient et donc qu'il aurait été capable de me dire pire que ça. Je blêmis, et déglutis longuement, tandis que je sens mon cœur se tordre douloureusement. Jamais on ne m'a dit de pareilles choses, et c'est assez dur à encaisser, surtout lorsque ça vient d'un... ami.

« — [...] si ce n'est une garce comme les autres. »

Je sens le regard cruel de Dean sur moi, et baisse les yeux. Mes cordes vocales m'ont complètement lâchées, et je ne suis capable de répliquer quelque chose. C'est alors que je sens une main se poser sur mon épaule, que je reconnais comme étant celle de Raph. Son visage apparaît dans mon champ de vision, et se déforme légèrement en vue de mes yeux rougis. En jetant un regard vers Dean, je constate avec tristesse et dépit que cette vue de moi ne semble en aucun cas l'attrister. Au contraire, il garde toujours cette rage dans les yeux. Mon copain détourne son visage vers mon soit disant "ami", et le fusille sévèrement du regard.

— La prochaine fois, au lieu de faire ton preux chevalier, fais-moi le plaisir de retenir le p'tit cul de ta putain de copine de merde quand une idée farfelue traversera sa putain de tête.

Encore une fois, je déglutis afin d'encaisser les paroles de mon collègue. Raph serre les poings, et je sens que tout cela risque de mal finir.

— Tu te moques de moi là ? s'énerve Raphaël. Elle a juste essayé de t'éviter une masse de merde, là ! Tu pourrais lui être un minimum reconnaissant !

Étrangement, le regard de Dean se radoucit légèrement. Néanmoins, son visage reste toujours aussi déformé par la colère. Le regard de Raph se pose ensuite sur le mien pour l'analyser avant de regarder encore une fois Dean.

— C'est à cause de toi si elle est dans cet état là ?

Subitement, Dean effectue quelques pas vers mon copain, et le dévisage de toute sa hauteur. Certes, Raphaël est grand, mais pas autant que Dean qui doit sûrement dépasser les 1m80. Il plante son intense regard dilaté dans celui de Raph, qui, aussi surprenant soit-il, ne flanche pas devant le regard noir de mon collègue.

— Oui. Et que je la fasse pleurer, hurler, sangloter... que je la baise même dans toutes les positions possibles et inimaginables, tu vas faire quoi ?

Sans même que je ne m'en rende compte, Raph a empoigné le col de Dean, et l'a poussé en arrière. Je lâche un glapissement de surprise, horrifiée par la scène qui se déroule sous mes yeux. Aussi rapidement que l'éclair, Dean réussit à tirer avantage de la situation, et empoigne cette fois-ci le cou de mon copain qui vire au rouge écarlate.

— T'es sérieux espèce de fils de pute ?! hurle-t-il en brandissant son poing vers mon copain qui écarquille les yeux.

Sans plus attendre, je me précipite vers eux et essaye du mieux que je peux de retenir le poing de Dean. Les larmes aux yeux, je lui supplie de cesser, et de ne pas faire de mal à mon copain. Je tire de toutes mes forces sur son bras, et mon ami pose finalement un regard hésitant vers moi. Il finit par relâcher Raph qui virait cette fois-ci au bleu, et ce dernier tombe sur ses genoux en toussant comme jamais. Je tombe à mon tour vers lui afin de l'aider, mais je ne sais que faire.

— Oses encore une fois me toucher et je t'étripe sur place, connard.

Sans un mot de plus, Dean tourne les talons et s'en va vers je ne sais où. Je reste estomaquée par tout ce qui vient de se dérouler lors de ces dernières minutes. Mais au fond, ce qui m'a le plus choqué fut le comportement de Dean. De quel droit se permet-il de m'insulter ? Alors que je ne souhaitais que son bien punaise ! Je n'arrive pas à le suivre, comme toujours... Et j'ai comme l'impression que cette matinée vient de réduire à néant tous les efforts que j'ai fait pour que cette relation amicale se passe au mieux. Je lâche un long soupir, tandis que mon copain se relève. Nous marchons l'un à côté de l'autre sans dire un mot, chacun avec la tête baissée vers ses chaussures.

Pourquoi tant d'impulsivité ? Tant de violence ?
Pourquoi Dean ne parvient pas à agir... normalement ? Ce n'est pourtant pas si compliqué !
Pourquoi tant de bipolarité ? Tant de... méchanceté ?...

« — T'es sérieux espèce de fils de pute ?! »
« — Oui. Et que je la fasse pleurer, hurler, sangloter... que je la baise même dans toutes les positions possibles et inimaginables, tu vas faire quoi ? »
« — [...] si ce n'est une garce comme les autres. »

Je déglutis encore une fois, et lutte pour ne pas pleurer. Pourquoi tu t'abaisses à ce niveau-là Walker ? me questionne ma conscience en le regardant de travers. Pourquoi es-tu toujours aussi pathétique ?

Tant de questions... Trop de questions. Et aucunes réponses.

Molle et vidée de toute énergie alors que les cours ne viennent même pas de commencer, nous arrivons finalement devant les portes de l'université, en silence. Subitement, Raph se tourne vers moi en fronçant les sourcils. Apparement, lui aussi n'est pas ravi.

— Sérieux, pourquoi tu m'as demandé d'aider ce... ce crevard ?!

— Tu as raison... finis-je par avouer en n'osant pas le regarder dans les yeux. Tout ça était... inutile. Je n'aurais pas dû l'aider. Il ne le mérite pas.

Et pour une fois, je suis sincère dans mes paroles. Lorsque je pose finalement mon regard vers Raph, je constate qu'il se passe nerveusement la main dans les cheveux. Il paraît moins en colère contre moi après ce que je viens d'avouer.

— Bon... Au moins on a sauvé un innocent ?

Je souris légèrement, et c'est avec le cœur lourd que je m'engouffre dans l'enceinte de la fac.

***

Aujourd'hui, je finis plutôt tôt. L'un de mes professeurs étant absent, je profite de ce trou dans mon emploi du temps pour me rendre au café. Au contraire de ce que pourrait dire une masse considérable d'étudiants, je me plais plutôt bien dans mon boulot d'étudiante. Le café est un endroit assez paisible, du moins, lorsque Dean Gonzalès ne fout pas le bordel.

Après quelques agréables services, et un rapide message envoyé à Alex pour lui demander de venir prendre un café (apparement, ce dernier ne peut pas sachant qu'il est occupé à prévoir quelques projets "secrets" avec ses parents), je me dirige vers la salle de repos, histoire de prendre un petit snack. Assise sur le sofa, je déguste ma barre de céréales, et constate soudainement que le sac et le smartphone de Dean sont posés sur l'une des tables. Depuis quand est-il là celui-là ? Je ne l'ai pas vu une seule fois en service, ni en cuisine... Mais bon, c'est Dean Gonzalès aussi.

En regardant ses affaires, je me remémore les péripéties de ce matin, et encore une fois, je sens mon cœur se serrer douloureusement... Pourquoi agit-il ainsi bon sang ?!

C'est alors qu'une sonnerie de téléphone retentit dans la salle. Je sursaute et regarde mon téléphone afin de voir si je viens de recevoir quelque chose, mais apparement, je n'ai pas d'amis. Qu'est-ce qui vient de sonner alors ? Un fantôme ? Casper serait-il de notre monde ?! AHH !

Puis mes yeux se posent sur une chose noire et vibrante sur la table où sont posées les affaires de Dean, et je comprends alors que c'est son smartphone qui sonne de la sorte. Je l'ignore, et me reconcentre sur mon snack...

Mais les sonneries ne cessent pas, et je sens petit à petit une curiosité mal placée que je connais plus que bien monter tel du venin en moi. Non, non, non, Annabelle Walker, tu ne fouilleras rien du tout parce que tu es promis de ne plus entrer dans la vie privée de ce Dean Gonzalès... Il n'en vaut de plus pas la peine ! essaye de me convaincre avec angoisse ma conscience. De son côté, ma déesse intérieure me murmure de machiavéliques situations où ma curiosité sans fin pourrait être assouvie...

Oh et puis merde ! Un petit coup d'œil ne fera de mal à personne ! Je me lève donc, et me dirige sur la pointe des pieds vers le téléphone vibrant, comme si cela pourrait changer la situation.

La curiosité est un vilain défaut...

J'allume donc le téléphone de Dean, et constate avec surprise que son écran de verrouillage est recouvert de messages, venant de plusieurs personnes. En premier temps, il y a ceux venant d'un certain "Konrad" :

« Le matos est prêt pour ce so... »
« Appelle-moi pour confirmer ta par... »
« Dépêche-toi le gosse j'ai pas tout mon... »

Les messages ne sont pas complets sachant que le téléphone n'est pas verrouillé. Merde ! Frustration nous voilà ! En grinçant des dents, je m'intéresse à d'autres messages, venant d'un certain Félix, ainsi que d'une certaine... "Abigalette" ? Bizarre... Apparement je ne suis pas la seule à subir un surnom pathétique de la part de Dean.

Dans un mauvais mouvement, je marque tous les messages comme lus, et ils disparaissent tous de l'écran de verrouillage. Double merde ! Mais étrangement, ce mauvais mouvement n'est pas pour me déplaire sachant que maintenant que l'écran de verrouillage est vidé de tous ces messages, je peux maintenant apercevoir le fond d'écran de Dean qui est assez... bizarre.

C'est une sorte de... "L" ? Mais ce dernier se trouve barré. Un "L" barré ? C'est étrange. Simple et étrange... Un instant, je repense à mon petit plan que j'avais mis aux oubliettes...

Non ! Je m'étais promise d'arrêter de me mêler de ce qui ne me concerne pas, surtout lorsque c'est en rapport avec Dean et ses mystères ! Surtout que ce fond d'écran n'a peut-être pas vraiment de sens caché ? Peut-être qu'il a seulement décidé de le mettre car il est plutôt joli ?

D'un pas décidé, je me dirige vers mon sac afin d'en extirper le plan stupide en rapport avec Dean que j'avais créé. Je le jette à la poubelle, éteins le téléphone de Dean et me rassois sur le sofa afin de finir ma barre de céréales.

Après une trentaine de minutes, je repars chez moi, sans avoir vue Dean, mais avec le cœur légèrement lourd à cause des événements de ce matin, et de ma curiosité un peu trop mal placée...

***

Je me fais chier. Littéralement.

Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, mais je dois admettre que la médecine me désintéresse de plus en plus. Ça m'inquiète un peu, alors je fais de mon mieux pour me forcer à rester studieuse, même si ça n'efface pas mon ennui soudain dans ce domaine.

Je recopie le cours, et un coup d'œil vers Élisa m'indique que cette dernière travaille comme jamais, les sourcils froncés par la concentration, et la main ne cessant pas un seul instant à écrire. Un élan de jalousie me prend soudainement. Pourquoi je n'arrive pas à travailler de la sorte ?

Soudainement, j'entends la porte de l'amphithéâtre s'ouvrir dans un fracas, mais n'y prête pas attention. Il est maintenant temps de se montrer studieuse, et d'ignorer toute distraction extérieure ! Et même lorsque j'entends la stupéfaction soudaine des étudiants de quelque chose que j'ignore, je reste concentrée.

— Euh... Bonjour jeune homme, commence le professeur avec hésitation. Qui êtes-vous ?

Un silence suit la question du professeur, et les étudiants se mettent à murmurer des choses que je ne comprends pas.

— Monsieur-

— Je suis venu chercher quelqu'un.

Soudainement, je lève la tête en reconnaissant cette voix. Comme je m'en doutais, je remarque avec stupéfaction que Dean, mon collègue, est présent dans la salle de l'amphithéâtre. Que fait-il ici ? Mais surtout... Pourquoi paraît-il si en colère ? Son regard est si noir qu'aucun étudiant ne risque de croiser son regard par peur de se faire tabasser sur place.

Il scanne l'amphithéâtre en entier, apparement à la recherche de quelqu'un... Élisa me tape soudainement l'épaule, excitée et effrayée à la fois.

— Hé ! Ce ne serait pas Dean Gonzalès ? Le délinquant dont je t'avais parlé ?

Je tourne la tête vers elle sans pour autant lâcher du regard mon collègue.

— Euh oui... apparement.

— Et il cherche qui à ton avis ? me chuchote-t-elle, comme si elle craignait de se faire remarquer par le portoricain.

Soudainement, son regard d'un noir terrifiant se pose soudainement sur le mien. Et puis, je comprends rapidement que cette personne qu'il est venu chercher, c'est moi. Pourquoi ? Ça je ne pourrais vous le dire car je l'ignore moi-même. Il penche légèrement sa tête sur le côté, et sa mâchoire se contracte. « Ramènes tes fesses avant que je ne commette un attentat. ». C'est ce que j'ai l'impression qu'il me dit, et je ne perds pas plus de temps pour me lever rapidement, et ramasser mes affaires. Je sens tous les regards posés sur moi, et rougis. Je n'ai pas l'habitude d'être dans l'attention de tous. Élisa me tape frénétiquement le bras, mais je l'ignore afin de me dépêcher du mieux que je peux.

— Mais qu'est-ce que tu fais là ?!

— Je t'expliquerai plus tard. À toute, lui dis-je avant de descendre rapidement les escaliers.

Je ne lâche pas le regard de Dean, et lorsque je suis tout en bas, je le questionne du regard. Il reste impassible, et nous tournons les talons vers la sortie. Même le professeur s'est soumis au regard de glace de Dean...

« Qu'est-ce qu'elle fait avec ce voyou ? »
« Ils sont ensembles ? »
« Ce ne serait pas Annabelle Walker ? »
« Pourquoi ce délinquant est venu la chercher ? »

Ce sont les dernières phrases que j'entends avant de sortir de l'amphithéâtre. Je presse fort les paupières, en imaginant les ravages que pourraient faire ces rumeurs maintenant... surtout si elles arrivaient aux oreilles de Diane. Oh mon dieu je suis fichue.

Une fois en dehors de la salle, le comportement de Dean change du tout au tout. Il m'attrape brutalement le bras, et je grimace de douleur. Il se dirige rapidement dans un coin isolé de la fac, en ignorant mes cris et mes questions.

— Mais qu'est-ce qui te prends bon sang ?! J'ai cours ! m'écriai-je en essayant du mieux que je peux de m'adapter à son rythme de marche beaucoup trop rapide pour moi.

Une fois isolés de tous, Dean se tourne vers moi. Mes yeux fixent ses sombres pupilles, et je me rends compte avec horreur que seul la haine les composent. Une phrase, évidente, passe dans ma tête. Je suis fichue.

— Maintenant tu fermes ta putain de gueule, et réponds à mes questions, m'assène-t-il sèchement.

Je tressaille devant ses paroles, et perds doucement mais sûrement mes moyens.

— Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes Dean ? Dois-je te rappeler que tu viens littéralement d'entrer dans mon cours pour me kidnapper ?!

Il secoue la tête, comme s'il ne prêtait pas attention à mes paroles. Son regard me détaille de haut en bas, avec une expression de dégoût. Je le dégoûte. Je déglutis, et essaye de ravaler la bile qui le monte à la gorge. Bordel qu'est-ce que j'ai fait ?!

— Qui es-tu ? me demande-t-il soudainement.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il veut dire ?

— Je... Eh bien je suis moi-même. Je n'ai rien d'autre à dire.

Il s'avance, jusqu'à se retrouver plus qu'à un mètre de moi. Je me mordille la lèvre inférieure.

— C'est faux. Tu n'es pas ce que tu prétends être. J'en ai vu beaucoup des personnes de ton genre, donc tu ne me la feras pas.

— Mais qu'est-ce que tu racontes putain ?! Je dois aller en cours mo-

— Tu veux bien m'expliquer pourquoi tu regardais mon téléphone fixement, hier ?! Ou plutôt mes messages ?! Ou mon fond d'écran ?!

Woh woh woh ! Il était là ?! Mais depuis quand ?!

— Je...

— Mais le pire ce n'est même pas ça, ajoute-t-il avant de ricaner.

— Dean je peux-

— Tu veux bien m'expliquer ce que c'est ça ?

Il sort alors une feuille froissée de sa poche, et la place devant moi. Je blêmis soudainement lorsque je prends conscience de la nature de cette feuille.

C'est mon plan.

4433 mots / Non corrigé

***

Heyyyyy ! 💋❤️ Désolé pour le retard ! L'imagination n'était pas vraiment avec moi, je dois l'admettre.

- Un début mouvementé avec Dean ? Pourquoi à votre avis a-t-il été si méchant avec notre belle Annabelle ? La considère-t-il vraiment comme une amie ? 🧐

- Le fond d'écran et les messages ? Des suppositions ? 🤫

- Et bordel de shit ! Il l'a cramé ! Que va-t-il se passer à votre avis ? 🤩

Enfin bref, c'est bientôt la rentrée donc j'ai trop le seum. Je vous dis ciao mes bébés poulpes ! Kiss sur vos fronts ! 💋😍

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