Chapitre 18

PDV Anna

— La molécule d'immunoglobuline est très volumineuse, 1 336 acides aminés, et c'est un dimère dont chaque monomère est constitué d'une chaîne lourde appelée H, de 440 à 450 acides aminés environ, et d'une chaîne légère appelée L, de 200 à 220 acides aminés environ. Ces chaînes sont organisées en domaines...

Bla-bla-bla... Mes yeux fatiguent tellement que je ne parviens presque plus à voir mon écran d'ordinateur clairement, même avec mes lunettes qui renforcent mon allure de "nerd". Je finis par refermer le claper de mon Mac, et sors mon vieux téléphone, histoire d'enregistrer le cours de "Monsieur-le-professeur-chiant". Je n'aurais qu'à retravailler dessus une fois rentré chez moi.

J'écoute donc d'une oreille le cours du professeur qui a l'air de se speeder comme jamais. Je sors mon petit carnet, et gribouille dessus. Je laisse mes pensées s'évader vers je ne sais quoi, quand subitement, je repense au déjeuner que j'ai partagé avec Dean.

Ah Dean Gonzalès, quel personnage...

Je ressasse les conversations que nous avons partagées, et mes sourcils se froncent lorsque je me rappelle ses nombreuses "crises de bipolarité", ai-je envie de dire. Quelques fois, il peut vraiment être compliqué à suivre... Il passe de "l'ami supportable et plutôt sympa", au "mec hyper susceptible et énervant". Je n'arrive jamais à anticiper ses réactions, ou même à comprendre ce qui pourrait le mettre dans de tels états. Mais avec un homme comme lui, c'est limite mission impossible.

N'ayant rien d'autre à faire, j'essaye de me rappeler ses moments de bipolarité, et de découvrir ce qui l'énerve... Ou plutôt, ce qui pourrait potentiellement se cacher en lui, tant que j'y suis. Ma déesse intérieure se réveille donc en un sursaut à l'entente de mes sournoises pensées, excitée comme une puce. De son côté, ma conscience nous regarde de loin, les bras croisés et le regard méfiant. Je sais que ma curiosité peut quelques fois dépasser les bornes, mais mettons ce moment d'extrême curiosité sur le cas de l'ennui.

Je me rappelle donc son agacement extrême lorsque je l'ai questionné sur la pire chose lui étant arrivée dans la vie. Ou bien lorsque je l'ai questionné sur sa vie en général, sur son pays d'origine. Apparemment, il ne semble guère apprécier de bavarder sur son passé... Mais pour quelles raisons au juste ?

"— Pourquoi tu as quitté le Porto Rico ? C'est un chouette pays pourtant ?

— Bah, ce n'est pas si "chouette" que ça."

Tant de sècheresses dans ses paroles, lorsqu'il parle de son pays d'origine... C'est bizarre. Mes sourcils se froncent, et je constate ensuite que mes mains dessinaient sans même que je ne m'en rende compte le prénom de Dean, ainsi que le tatouage se trouvant sur les phalanges de ses mains, c'est-à-dire "DARK LOVE". Je me dépêche donc de déchirer la feuille, et de la rouler en boule avant de la fourrer dans les tréfonds de mon sac. Je lance quelques regards paniqués aux alentours, histoire de voir si personne ne vient de voir ce que je viens d'écrire... mais c'est tout bonnement pathétique. Non, je suis pathétique. Un coup d'œil vers ma droite m'indique avec soulagement qu'Élisa ne me prête pas attention. Elle reste concentrée sur son cours. C'est assez rare venant d'elle, en vue de sa curiosité peut-être un peu plus excessive que la mienne. En la voyant si sérieuse, une boule de culpabilité me monte doucement dans la gorge. En médecine, c'est plus la compétition qu'autre chose. Et au lieu d'étudier, j'enquête sur un mec tatoué, percé, mystérieux, et légèrement bipolaire sur les bords...

Et qui veut coucher avec toi ! s'écrie avec enthousiasme ma déesse intérieure qui porte étrangement un t-shirt "DEAN".

Je lève les yeux au ciel, et sors une nouvelle feuille afin de continuer à suivre le cours. Je note quelques lignes, mais la fatigue me retombe encore une fois dessus. Et la curiosité est toujours présente, un peu trop même.

Oh ! Et puis, aux diables mes révisions !

Je rassemble donc mes suppositions et mes observations sur Dean sur ma feuille en une sorte de plan. Déjà, je sais deux choses :

"_ IL N'AIME PAS PARLER DE SON PASSÉ,
_ IL N'AIME APPAREMMENT PAS SON PAYS D'ORIGINE,"

Mes lèvres se plissent, et j'essaye tant bien que mal de faire un rapprochement entre ces deux observations... Et je trouve.

Déjà, son pays d'origine, c'est son passé. Ce qui veut dire qu'il s'est passé quelque chose là-bas qui... je ne sais pas. Et donc, si je ne suis pas trop stupide, il habite maintenant aux États-Unis, à Seattle. Mais peut-être qu'il n'a pas simplement emménagé ici parce que c'est tout joli... Peut-être qu'il l'a fait pour fuir quelque chose... Mais quoi ?

Je soupire. Encore une fois, je me retrouve devant une colle. Il a peut-être fui quelque chose en emménageant à Seattle, quelque chose en rapport avec son passé, mais je ne sais pas quoi. Qu'est-ce que c'est frustrant !

Eh bien, en plus d'être une vraie sociopathe, tu arrives quand même à penser à lui, et à être frustrée par lui alors que, surprise ! Il n'est pas là ! s'indigne ma conscience, rouge de colère et de mépris.

Je me ressasse alors encore une fois nos nombreuses conversations, à la recherche d'éléments similaires, et pouvant éventuellement être la cause de sa peut-être "fuite". Du coin de l'œil, je peux apercevoir ma conscience taper du pied devant ma psychose. Et c'est alors qu'en réfléchissant, je me rends compte de quelque chose.

"— Perdre la vie dans ce sens, ce serait comme si... Je ne sais pas, il y est eut un évènement, dans notre vie qui nous fait perdre tout goût à la vie, comme... Je ne sais pas moi, la perte d'un proche, et donc, qui fait alors que nous ne sommes plus qu'une carcasse humaine, mais sans aucune âme à l'intérieure."

Peut-être que la raison de sa "fuite" est liée à... la mort ? Il ne m'a pas clairement répondu lorsque je l'ai questionné sur la pire chose lui étant arrivée dans la vie. Peut-être que cette chose fut la mort de l'un de ses proches ? Je sais que je pars loin, mais ce n'est pas si bête...

"— Bah, et alors ? C'est pas le verbe qu'on utilise qui changera la situation, Annabelle."

Également toute cette indifférence par rapport à la mort. C'en est limite étrange... Je note donc sur ma petite feuille un nouvel élément.

"_ N'AIME PAS PARLER DE SON PASSÉ,
_ N'AIME APPAREMMENT PAS SON PAYS D'ORIGINE,
_ DÉMÉNAGE À SEATTLE + N'AIME PAS PARLER DE ÇA ? POURQUOI ?
—>> PEUT-ÊTRE PARCE QU'IL A FUI ?

MAIS FUIR QUOI ?
FUIR LA MORT ? MAIS LAQUELLE ?"

Encore une fois, je me retrouve devant une colle. Je n'en sais pas assez sur Dean pour continuer mes "recherches de psychopathe", comme le dirait ma conscience. Pour être plus précise, je dirais même que je ne sais presque rien sur lui... Famille ? Non. Amis ? À part les personnes avec qui il traîne lors des soirées, qu'il ne considère de plus même pas comme des amis...

— Tu fais quoi ? me demande subitement Élisa en se penchant vers ma feuille qu'elle examine.

Je sursaute, et me précipite sur ma feuille que je plie afin qu'elle ne puisse en lire plus. Je tourne mon visage vers elle, les joues en feu.

— Euh, rien de bien spécial. Seulement le c-cours.

Elle me dévisage en plissant ses yeux, et je vois bien qu'elle ne me croit pas vraiment. À mon plus grand soulagement, la sonnerie de l'université retentit, et elle finit par me lâcher du regard pour ranger ses cours avec propreté et organisation. Comme toujours avec Élisabeth Anderson. J'en fais de même, et fourre discrètement mon plan de psychopathe dans la petite poche de mon sac à dos.

***

Aujourd'hui, et comme tous les vendredis maintenant, je rentre en bus sachant qu'Alex est au sport. Cette fois-ci, je suis bien à l'avance devant l'arrêt de bus, au contraire de la dernière fois. J'en profite donc pour souffler un peu, et respirer l'air froid de l'extérieur. Je m'assieds sur le banc, et laisse mes pensées vagabonder un peu partout. En me rappelant ce que j'ai fait en cours, j'ai comme une envie de me baffer violemment. Plus indiscrète et psychopathe que moi, tu meurs. Non mais sérieux, je me demande franchement ce qui m'a pris de faire tout un plan écrit sur le soi-disant "mystère" planant autour de Dean. Certes, nous sommes amis, mais de mon côté, je ne nous considère pas si proche que ça. Alors je n'ai pas le droit de m'incruster dans les mystères de mon collègue.

Et puis, tu n'es même pas sûre qu'il ait vraiment des secrets ! s'écrit ma conscience, désespérée.

Et pour une fois, je suis bien d'accord avec elle ! C'est donc avec détermination que je me fais la promesse de ne plus m'immiscer dans les secrets de Dean, qui ne me concernent en aucun cas. De son côté, ma déesse intérieure en quête de réponses fait la moue, et boude dans son coin.

C'est là que le bus décide de pointer le bout de son nez, et je rentre dedans après y avoir scanné ma carte. Je marche afin de trouver une place, de préférence vers le fond, quand mon regard se heurte à une personne. Mais qu'est-ce qu'il fait là ?!

Dean se trouve assit à la même place que vendredi dernier, habillé d'une tenue similaire. T-shirt légèrement trempé par la sueur, et dévoilant les magnifiques tatouages de ses bras, ainsi qu'un short de sport gris et des baskets. En vue de ses joues encore un peu rouges, je comprends qu'il sort juste du sport. Sa simple vue fait remonter une masse de souvenirs, comme ceux où il m'avoue vouloir coucher avec moi, où il est proche de moi... ou plus récemment, lorsque je me sentais prête à l'embrasser ce matin.

"Lorsque je me rends compte qu'il compte peut-être m'embrasser, j'ai malheureusement envie qu'il le fasse..."

Mes joues prennent une teinte rosée, et je sens la boule de feu de mon bas-ventre s'embraser une fois de plus.

"— Eh bien, la partie n'en sera que plus attrayante..."

C'est une blague... Tous ces souvenirs étaient obligés de se montrer juste maintenant ?! Heureusement, Dean ne m'a pas encore aperçu, car autrement, je suis presque sûre qu'il se serait moqué de moi sachant que je suis en train de rougir comme jamais. Mais c'est quelques secondes plus tard que je remarque qu'il n'est pas seul. Il se tient -à ma plus grande surprise, en compagnie de Rebecca. Ces deux derniers échangent peu de paroles, mais leurs regards sont embrasés. C'est comme s'ils étaient prêts à se sauter dessus, s'ils étaient seuls dans le bus.

Un instant, sans même m'en rendre compte, je sens mon cuir chevelu me picoter légèrement à la vue de Dean avec elle. À leur vue, ensemble. Je sens pertinemment que ma déesse intérieure tape du pied, apparemment mécontente. Une étrange sensation me parcourt le corps, mais je ne saurais la décrire. C'est comme si voir Dean regarder une autre femme avec le même regard de braise avec lequel il me regarde certaines fois, me dérangeait.

Mais ma conscience, toujours fidèle à moi, arrive en trombe pour me fouetter le derrière. Réveille-toi bon sang ! s'écrit-elle en claquant son fouet sur la paume de sa main. Je l'écoute donc docilement, et décide d'aller le saluer. Autant ne pas trop le déranger avec Rebecca...

— Salut Dean ! le saluai-je en essayant de masquer l'étrange sensation qui me parcourt toujours.

Étrangement, il ne me répond pas, et continue de regarder Rebecca. Cette dernière me lance un bref regard avant de le détourner vers son bien-aimé. Peut-être ne m'a-t-il tout simplement pas entendu ? Je retente donc ma chance,

— Bonjour Dean ! me répétai-je en parlant un peu plus fort.

Encore une fois, il ne me répond pas. Il est sourd ou quoi ?! Rebecca me lance cette fois-ci un regard glacial, restant néanmoins toujours aussi bref.

— Tu... tu m'entends Dean ? Ou je parle à un mur ? continuai-je en lâchant un rire jaune.

Toujours zéro signe. Nada. Et ça me tape sur les nerfs. Il m'ignore ? Mais pourquoi ? La blonde finit par tourner complètement sa tête vers moi, et appuie son regard haineux sur le mien.

— Walker, si je ne me trompe pas, il y a beaucoup de places dans ce bus qui n'attendent que tes fesses. Donc si tu pouvais nous faire le plaisir d'aller t'asseoir, et d'arrêter de nous importuner ? Car comme tu peux le voir...

Elle se tourne vers Dean pour lui lancer un sourire séducteur. Ma déesse intérieure en vomit presque.

— ... nous sommes occupés, finit-elle.

J'ouvre la bouche pour lui répliquer quelque chose, et réveiller Dean en passant, mais ce dernier pose sa main tatouée avec une lenteur et une gestuelle calculée sur la cuisse découverte de Rebecca. Cette dernière en sursaute, et se vantile légèrement, le souffle haletant. De mon côté, ce qu'il vient de faire ne me laisse pas indifférente. Ce geste est exactement et étrangement similaire à un "dégage" de sa part. C'est si évident que c'en devient déroutant. Et comme pour appuyer mes pensées, il ouvre la bouche :

— Alors Bec, tu disais ?

Encore une fois, je sens cette étrange et désagréable sensation traverser la totalité de mon corps à l'entente de ce qu'il vient de dire. Rebecca, folle de joie, se met donc à lui déblatérer une multitude de choses qui doivent certainement le désintéresser. Je serre les poings. Il se moque de moi là ? Nous sommes supposés être AMIS ! Je conviens bien que nous ne sommes pas très proches, mais il pourrait quand même me saluer ! Pas m'ignorer !

Tapant du pied, je finis par me diriger vers le fond du bus afin de m'asseoir sur un siège, plutôt brutalement. Je croise mes bras sur ma poitrine, et claque ma langue sur mon palais. Quel idiot ! Comment peut-il être aussi... aussi...

Seigneur, il n'a fait que t'ignorer ! me gronde ma conscience, comme une mère avec sa fille.

Oui, mais c'est... méchant ! J'étais aimable avec lui, et je ne vois absolument pas ce que j'aurais pu faire pour qu'il m'ignore ! De plus, il était avec cette Rebecca-là ! Il la regardait si intensément...

Encore une fois, je sens cette étrange sensation me traverser le corps. Mais qu'est-ce que c'est ? Je n'ai jamais ressenti cela, et c'est plutôt désagréable. Je sors donc mon téléphone afin de composer un message à mon adorable ami :

Tu m'expliques ce qui vient de se passer là ?!
Anna

Telle l'espionne et psychopathe que je suis, je jette un coup d'œil à Dean à travers l'écart des sièges de bus. Je le vois sortir son téléphone de sa poche puisqu'il vient de recevoir un message de ma part, et regarder l'écran de ce dernier. À ma plus grande surprise, il ne me répond pas, et le range dans sa poche. Nom de... Il est sérieux là ? Il ne me répond pas ?! Étant de dos, je ne parviens pas à voir son expression faciale, mais dans tous les cas, ça m'énerve quand même ! Il vient quand même de me lâcher un "ouvert" ! Je me renfrogne et m'assieds plus profondément dans mon siège.

Je ne comprends pas pourquoi il agit ainsi... Pourtant, je pensais que nous nous entendions bien ce matin ? Du coin de l'œil, je peux apercevoir ma conscience me répéter qu'elle avait raison, et que cette amitié était déjà vouée à l'échec, surtout avec un homme comme Dean. Je soupire, fatiguée par ses changements d'humeur qui ne cessent pas.

La curiosité me trahissant encore une fois, je laisse mon regard couler vers l'écart des sièges, afin de voir ce que mon incroyable ami fait. Rebecca discute toujours aussi activement avec lui, et je remarque avec dégoût que la main de Dean a légèrement monté le long de la cuisse de la blonde. Nous savons pertinemment qu'il fait semblant de l'écouter, non ? Dean n'est pas une personne qui s'intéresse aux autres, essaye de me rassurer ma déesse intérieure, aussi déboussolée que moi. C'est vrai, tout cela n'est qu'une ruse pour qu'elle finisse dans son lit, rien d'autre. Dean n'est pas comme ça.

Mais encore une fois, ma conscience arrive, et me répond du tac au tac. Cesse d'agir comme une gamine. Ce n'est pas parce que Dean agit d'une certaine façon avec toi qu'il agit ainsi avec tout le monde. Tu ne le connais pas, et tu n'es personne pour lui ! Alors cesse de penser comme si tu étais le centre du monde ! Le centre de son monde !

Cette réflexion me blesse légèrement, mais je dois néanmoins admettre qu'elle est vraie. Je ne connais pas assez bien Dean pour penser quoi que ce soit de lui. Nous ne nous connaissons que depuis quelques semaines bon sang ! Peut-être que je me trompe, et qu'en réalité, Rebecca lui plaît vraiment... Il a donc dû penser que j'étais lourde tout à l'heure, d'où l'ignorance dont il a fait preuve avec moi.

Encore une fois, l'indescriptible et étrange sensation me traverse tout entière, et je me recroqueville sur moi-même. Je regarde l'horizon pluvieux par la fenêtre, l'esprit fatigué.

Finalement et après ce qui me semble être une éternité, le bus s'arrête à mon arrêt, et je ne perds pas plus de temps pour me lever. Je marche en direction de la porte, en essayant de ne pas jeter un coup d'œil vers Dean lorsque je passe à côté de lui, mais la tentation cède finalement. En passant à côté de lui, je constate qu'il est seul, sachant que Rebecca est partie quelques arrêts plus tôt.

Je me demande bien comment ils se sont quittés... admet avec curiosité ma déesse intérieure.

Je me secoue la tête, et continue mon chemin avant de quitter le bus, sans même saluer le conducteur. Quelle garce tu fais... et tout ça à cause de cet idiot de tatoué ! C'est décidé. Ma conscience a sincèrement la haine contre moi.

Je marche dehors, la pluie s'abattant sur ma peau qui rougit de froid, et mes pieds claquant fortement de colère sur le sol. J'en ai franchement marre de ce côté gentil et ce côté lourd dans mon esprit ! Tout s'emmêle ! Je continue de marcher rapidement, alors que je me remémore quelque chose. En y repensant, j'ai cru apercevoir un sourire en coin sur le visage de Dean lorsque je sortais du bus. Il semblait étrangement satisfait, mais je ne comprends pas pourquoi...

— Annabelle ! s'écrit soudainement une voix dans mon dos.

Seigneur ! Je sursaute comme une tarée avant de me tourner vers cette voix grave que je reconnais étrangement très facilement. Dean marche rapidement vers moi pour me rattraper, le corps trempé par la pluie même s'il l'était déjà un peu avant. L'esprit confus, je reste immobile un moment avant de finalement tourner les talons avec bravoure.

Je continue alors mon chemin en ignorant -comme lui l'a fait avec moi, les appels incessants de Dean. Finalement, il me rattrape sachant qu'il est plus rapide que moi. En cet instant, je regrette réellement de ne pas faire de sport. Autrement, j'aurais pu taper le plus grand sprint de ma vie histoire de le semer, lui et sa bipolarité. Il m'a empoigné le bras, et je me tourne vers lui pour le toiser avec colère. J'évite avec précaution son regard topaze, sachant qu'autrement je perdrais tous mes moyens. Comme d'habitude enfaite. Je devine facilement que de son côté, ses yeux me scandent. J'en frissonne.

— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il, un brin amusé.

Finalement, je relève les yeux vers les siens pour paraître plus crédible en vue de ce que je compte lui répondre. Sans plus attendre, il plonge son regard chaud dans le mien, et je fais appel au grand Seigneur pour ne pas flancher.

— Ah ! Tu me parles maintenant ? lui demandai-je sèchement, les yeux légèrement plissés.

Un sourire stupéfait étire doucement le bout de ses lèvres.

— Comment ça ?

Je lâche un hoquet sarcastique.

— Tu sais Dean, certaines fois je me questionne vraiment afin de découvrir si tu es stupide ou non. Mais là, j'ai ma réponse : tu es profondément stupide.

Je fais ensuite volte-face pour accentuer mes propos. Bien plus rapide que moi, Dean me rattrape une nouvelle fois, et me retourne sèchement. Je lève les yeux au ciel avant de le toiser encore.

— Je ne comprends toujours pas Annabelle, réplique-t-il, toujours aussi amusé -quel enfoiré. Je pensais qu'on était amis pourtant, non ?

— Moi aussi, tiens donc. Mais apparemment, j'ai la dérangeante impression que de ton côté, cette amitié n'est plus d'actualité.

Il fronce les sourcils, un sourire extrêmement agaçant toujours sur ses lèvres. Je finis par soupirer fortement avant d'ouvrir la bouche :

— De ce que je sache, les amis ne s'ignorent pas sans raison apparente, surtout pour préférer la compagnie de personne que l'autre n'aime pas ! Ah oui ! Et je n'oublie pas aussi le message ignoré, hein ?

Dean ouvre la bouche pour répliquer, mais finit par la refermer avant de se mordiller légèrement la lèvre inférieure. Mes yeux dévient légèrement sur cette partie de son corps, et mes joues prennent feu. Bordel mais concentre-toi bon sang ! s'écrit ma conscience, sur les nerfs.

Je décide alors de tirer sur mon bras pour le relâcher, mais Dean y raffermit sa prise, ne me donnant pas l'occasion de l'échapper. Il va me lâcher enfin ?!

— Attends... Tu veux dire que tu es...

Il laisse sa phrase en suspens, et je fronce les sourcils pour l'inciter à continuer. De quoi parle-t-il ?

— ... jalouse ? finit-il par lâcher.

Je recule soudainement ma tête, et prends quelques secondes pour digérer et comprendre ce qu'il vient de me dire. Moi, je suis jalouse ? Non... Je ne l'ai jamais été avec Raphaël, alors je ne vois pas pourquoi je le serais avec cet idiot de Dean Gonzalès...

Traître, ma déesse intérieure me remémore les moments où j'ai ressenti cette étrange sensation en voyant Dean en compagnie de cette peste de Rebecca... C'est ça qu'on appelle de la jalousie Anna ! me convainc cette stupide déesse. C'est juste tellement évident que même un aveugle pourrait le voir !

Je me secoue la tête. Non, c'est complètement faux ! Je ne suis pas jalouse de cette Rebecca parce que Dean a apparemment préféré sa compagnie à la mienne dans le bus. Tout ça n'a rien à voir avec de la jalousie ! J'étais juste en colère parce que Dean m'a ignoré, et que ça ne se fait pas ! Je suis en couple avec Raphaël ! Je ne peux pas être jalouse pour d'autres garçons !

Mais au fond, je ressens cette impression de me mentir à moi-même, et c'est vraiment très désagréable... De son côté, Dean scrute toujours mon visage, à l'attente d'une réaction de ma part.

— Je... Bien sûr que non ! Je ne suis pas jalouse de-...

Je me coupe en constatant qu'il me fixe en souriant. Pourquoi est-il si souriant ? Depuis tout à l'heure ? Il semble étrangement satisfait, mais de quoi ?... Puis soudainement, je comprends. Punaise mais c'est juste tellement évident...

— Attends... Ne me dis pas que tu as fait tout ça dans le simple but de me rendre jalouse ? murmurai-je, la voix un peu trop aiguë à mon goût.

Encore une fois, il ouvre sa bouche pour me répondre avant de la refermer. La mienne s'ouvre à son tour, mais par pour la même chose. Stupéfaite, je le dévisage et hausse finalement les sourcils, choquée. Enfaite, son cas est encore pire que ce que je pensais...

— J'ai vu dans un livre que la meilleure façon d'avoir une fille était de faire en sorte de la rendre jalouse, avoue-t-il.

Head-shot. Ma bouche s'ouvre cette fois-ci complètement tandis que je suis littéralement choquée par ce qu'il me dit.

— Tu es si désespéré que ça ? lançai-je sans même m'en rendre compte, moi-même dépassée.

Il ricane en se passant une main dans ses cheveux mouillés. Je n'avais même pas remarqué que nous étions toujours sous la pluie glacée.

— Non, c'est juste que je m'exerce , histoire d'avoir des méthodes de drague plus variées.

Ah, et c'est qu'il est sérieux en plus. Le sarcasme et l'ironie me quittent pour être replacés par de la désespérance. Être amie avec un homme comme Dean va s'avérer plus compliqué que prévu... Le rire et le sourire de mon collègue s'effacent petit à petit lorsqu'il constate que je ne le suis pas dans son hilarité, ce qui est inhabituel. Je soupire et fixe mes chaussures trempées.

— Je vois que tu n'as toujours pas abandonné ton idée de... enfin tu sais quoi.

Il hausse son sourcil droit et me dévisage.

— Bah non, tu sais, je te l'ai déjà dit mais je-

— Oui, bla-bla-bla... J'ai cru comprendre toute cette histoire sur la persévérance et compagnie. En dehors de ça, je m'excuse mais je dois rentrer. Je suis crevée et il pleut.

Je tourne ensuite les talons. J'ai l'impression que cette simple discussion a pompé le reste -et peu, d'énergie restant dans mon être. Comme je m'y attendais, Dean me rattrape une nouvelle fois. Mais il va le laisser tranquille celui-là ?!

— Attends, je vais marcher avec toi jusque chez toi.

Cette soudaine attention me surprend. Je le dévisage et finis par secouer la tête par refus.

— Non c'est bon. Je rentre seule.

— J'insiste.

— Mais je te dis que ce n'est pas nécessaire.

— J'insiste.

— Dean, soupirai-je.

— Soit je te raccompagne tranquillement à pied, soit je te porte.

Je hausse les sourcils. Il se moque de moi là ? Je croise mes bras sur ma poitrine, et le dévisage avec défi.

— Alors de un, je répète mais c'est non, et de deux, je sais que tu n'oseras pas.

— Serait-ce un défi ?

Il se met dans la même position que moi et hausse à son tour son sourcil. Je reste impassible, prête à ne pas flancher. Mais après quelques secondes, je sens la motivation me quitter progressivement devant son regard sûr. Même ma déesse intérieure se met à trembler. Nous sommes mal parties... Mais rassurez-moi, il n'oserait pas, non ? Puis, comme répondant à mes pensées, il hausse son deuxième sourcil en s'approchant de moi, comme pour me prévenir de quelque chose. Bordel.

— Bon eh bien tu l'auras cherché.

Et en un clignement de paupières, je me retrouve sur son épaule. Je lâche un glapissement de surprise, tandis que Dean se met à marcher vers chez moi. Je hurle.

— C'est vers où la demeure des Walker ? me demande-t-il sérieusement, mais en gardant toujours ce brin d'humour dans la voix.

— Dean lâche-moi !

Je me tortille dans tous les sens sous la pluie, mais Dean ne me lâche pas. Il raffermit sa prise sur mes cuisses et je frissonne. Il est beaucoup plus fort que moi ! Alors je me contente de crier comme une tarée, et certaines personnes se retournent vers nous dans la rue. Dean les ignore et continue de marcher en me portant tel un sac à patates sur son épaule. J'arrête donc de crier, et dans un élan de bravoure je lui claque fortement les fesses.

— Lâche. Moi. Dean ! m'écriai-je en me retenant étrangement de pouffer de rire.

— Tu viens vraiment de me frapper le cul là ? me demande-t-il en cachant lui aussi son hilarité.

Je lui réponds par un éclat de rire. Je ne peux pas m'empêcher, mais cette situation reste quand même drôle. Même après tout ce qui s'est passé entre nous aujourd'hui.

— Ah mais quelle vilaine cette Annabelle ! rigole Dean avant de me frapper à son tour les fesses.

Je lâche un cri, et rougis comme une cinglée. C'est pas vrai... Il m'a frappé les fesses ! Je lance des regards affolés vers la rue, afin de m'assurer que personne ne nous regarde. Un instant, j'ai peur de croiser le regard de Diane. Si elle me voyait sur l'épaule d'un autre homme que Raph, et qui me frappe les fesses, je crois qu'elle me tuerait sur place. Je pâlis, et finis par céder au stupide caprice de Monsieur Gonzalès.

— C'est bon, c'est bon ! Tu peux m'accompagner jusque chez moi ! Mais lâche-moi !

Je sens d'ici le sourire triomphant de Dean, et ce dernier me lâche et me fait doucement redescendre de son épaule. Rassurée de voir qu'il ne fait pas durer ce moment, je me recule et soupire.

— C'est toujours un plaisir de faire affaire avec vous, Mademoiselle Walker.

Comme je m'en doutais, un sourire lui allant jusqu'aux oreilles étire ses lèvres. Mais quel gamin... Je marche en direction de ma maison, ne l'arrêtant pas lorsqu'il marche à mes côtés.

— Disons que tu n'as pas été très fair-play de ton côté ! soupirai-je en serrant mes bras contre moi à cause de la pluie.

— Je n'ai jamais affirmé l'être.

Je lève les yeux au ciel et continue de marcher. Sur les nerfs, je ne jette pas un coup d'œil dans sa direction, même si je devine qu'il me regarde. C'est là que se réveille une nouvelle partie de mon esprit : ma garce intérieure. Eh oui, je sais, j'ai beaucoup de petites voix dans mon esprit. Au réveil de cette nouvelle partie, j'ai la mauvaise envie de vouloir énerver Dean, comme lui l'a fait avec moi. Je sais que je me suis promis d'arrêter cette stupide querelle avec lui, surtout que nous sommes amis maintenant, mais si lui se le permet, pourquoi devrais-je moi me retenir ? Cette garce réfléchit donc de son côté quand elle trouve soudainement quelque chose. Ça fait maintenant un moment que je connais Dean, et je devrais savoir ce qui l'énerve... De plus, cela pourrait peut-être t'être utile pour ton petit plan, me murmure cette garce intérieure. Du coin de l'œil, je peux voir ma déesse intérieure et ma conscience ne pas approuver ce que je compte faire, mais qu'elles aillent au diable celles-là !

Je m'arrête donc subitement dans ma route, ce qui semble surprendre Dean qui me dévisage en attendant que je parle.

— Tu as de la famille ? lui demandai-je soudainement.

Eh oui, j'ai cru comprendre que Monsieur Gonzalès n'aimait pas parler de sa vie personnelle, et qu'il s'agaçait rapidement quand cela arrivait. De plus, je dois admettre que cette question me trotte dans la tête depuis un certain moment...

Comme je m'y attendant, Dean fronce les sourcils, et me dévisage. Donnant-donnant mon cher ami.

— Pourquoi cette question ? me demande-t-il avec méfiance.

— C'est moi qui pose les questions là.

Je me félicite intérieure pour réussir à lui faire face. Les sourcils de Dean se froncent d'autant plus alors qu'il continue de marcher. Je le suis, tous les sens aux aguets. Allez... Réponds quoi !

— Alors ?

L'agacement et la colère tordent son visage tandis qu'il se tourne vers moi.

— Écoute, j'ai pas vraiment envie d'en parler okay ?! Je ne te casse pas les couilles avec ta famille de riches, ou avec la mort de ta mère moi !

Je me fige, et Dean avance sans moi. Bim dans ta face Walker. Toi aussi tu n'avais pas à le provoquer, et je ne te défendrais pas cette fois-ci, vocifère ma conscience. La culpabilité monte doucement en moi, et je chasse cette garce intérieure de mon esprit. Bordel... Je savais qu'il n'aimait pas ça, mais j'ai quand même insisté. C'était un coup bas.

Je le rattrape donc en baissant la tête, alors qu'un silence s'installe entre nous. Je m'en veux, même si je dois admettre être légèrement frustrée. Il ne m'a pas répondu et-

— Maintenant, je suppose que c'est à mon tour de poser des questions, lance soudainement Dean avant de se tourner vers moi.

Je suis surprise par son soudain changement de comportement, mais le dévisage quand même.

— Pourquoi cette question ? me demande-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine.

— Pourquoi tant de méfiance de ta part, je ne faisais que poser une question ?

— C'est moi qui pose les questions.

Un petit sourire malin étire ses lèvres, et j'ouvre la bouche pour lui répliquer quelque chose. Je n'y parviens pas et la referme avant de réfléchir à ma réponse. Au fond, je lui ai posé cette question pour lui faire du tort, mais je ne risquerai pas de lui avouer ça. Alors je me contente d'une réponse que je trouve assez sincère.

— Pourquoi trouves-tu anormal que des gens te posent des questions sur toi ? Je sais que c'est toi qui poses les questions, mais je disais simplement ça pour te dire que je t'ai questionné parce que tu m'intéresses et que je souhaite juste mieux te connaître. Nous sommes amis.

Après mon speech, je lui souris. Disons que c'est ma façon d'essayer de me faire pardonner. Dean semble surpris -voire choqué, par mon aveu et reste sans voix. C'est si surprenant que ça pour lui que des gens s'intéressent à ce qu'il est et à sa vie ?

— Je te l'ai déjà dit, mais je me méfie beaucoup parce qu'on a déjà essayé de jouer avec ça contre moi, finit-il par répondre à la question que je lui ai posé plus tôt.

Je hoche doucement la tête, et nous finissons par continuer le chemin dans un silence un peu moins lourd.

— Enfaite, depuis quand tu prends le bus, le vendredi ? Je pensais que tu avais une voiture ?

Il me lance un regard coquin, et je rougis. Bon, au moins il a retrouvé sa "joie-de-vivre-chelou-mais-c'est-Dean-aussi-hein".

— Vendredi dernier, c'était exceptionnel sachant que ma caisse était en panne. Puis, j'ai compris que tu prenais le bus tous les vendredis et je me suis dit que je le prendrais avec toi. Tu sais, parce que nous sommes amis.

Il appuie sur le mot "ami", et je rougis en détournant mon visage. C'est alors que je me rends compte que nous sommes arrivés dans mon quartier. Je m'arrête donc, et me tourne vers Dean.

— Bon... Je pense que nos chemins vont se séparer ici. Merci de m'avoir forcé à m'accompagner.

Dean sourit, mais paraît toujours intrigué. Mais par quoi ?

— Euh... Elle est où ta maison ?

— C'est bon, on est arrivé dans mon quartier, je vais me débrouiller.

— Mais je peux te raccompagner jusque chez toi.

Je passe nerveusement ma main dans mes cheveux. Enfaite, pour être plus précise, je préférerais qu'il ne m'accompagne pas jusque chez moi. Je n'aimerai pas que Diane me voie en compagnie de lui, elle ferait une syncope.

— Non c'est bon ne t'inquiète pas.

Il fronce les sourcils et -Dieu merci, n'insiste pas plus. Nous restons pantelants, l'un devant l'autre, ne sachant pas quoi faire.

— Tu sais, j'ai cru comprendre que tu hésitais, à chaque fois qu'on se disait au revoir. Donc au pire... on pourrait se créer un "check d'ami" ?

Il paraît légèrement hésitant, et j'en reste surprise. Déjà, parce qu'il a réussi à comprendre mon tracas sans même que je ne me confie. Et ensuite parce que, je dois l'admettre, mais son idée n'est pas trop mauvaise. Je lui souris, et il se détend de suite.

— Oui, je pense que c'est une bonne idée.

Nous passons alors une quinzaine de minutes à réfléchir à ce check qui, finalement, nous correspond bien. Il est original et unique. Dean a réussi à y ajouter sa touche de pervers, même si j'ai lutté comme une folle. Je finis par m'en aller, étrangement joyeuse, et un grand sourire sur les lèvres. Après quelques pas, je remarque que je viens de recevoir un message. Je sors mon téléphone et constate qu'il provient de Dean :

🐯 💋
Dean

Je souris et me retourne pour croiser son regard, mais il a déjà disparu...

6150 mots / Non corrigé

***

HEY LES GARS ! ❤️ JE SUIS EN RETARD ?... Ah bon ? Oups. Bon alors je m'excuse avec ce long chapitre hein ? 😅

Enfin bref, j'espère que ce chapitre vous a plu ? Déjà, je peux vous dire que la suite risque d'être mouvementée... 😈

En dehors de ça, je suis au moment où je vous écris en vacances en Algérie ! 🇩🇿 Déjà, vous pourrez peut-être vous attendre de ma part à beaucoup plus de chapitres qu'à l'ordinaire. Les fidèles et anciens lecteurs de AS se rappelleront peut-être de cette époque lointaine où je postais deux chapitres par jour lorsque j'étais en Algérie. Au fond, je ne sais pas pourquoi je poste autant lorsque je suis en Algérie, mais prions pour que cette année soit similaire à celle de l'an dernier. 🙏 Pour l'instant c'est un peu compliqué sachant que ma connexion au bled est nulle et que je galère à poster... 😅

Enfin bref, ce chapitre vous a-t-il plu -bis ? ❤️😍

- Anna la psychopathe ? 😂

- Dean le relou... Qu'est-ce que nous réserve cet idiot ? 💚

- Et pour finir, que pensez-vous de ce secret que cherche Anna à découvrir ? Déjà des suppositions ? 🤔🤭🤫

Enfin bref, restez vigilants à la prochaine notification mes petits poulpes, et bonnes vacances ! 🐙❤️ Ah et aussi ! Aïd Moubarak en avance les gens ! 🙏❤️

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