Chapitre 14

PDV Anna

Tous mes poils s'hérissent, et je me redresse aussi rapidement que l'éclair à l'entente de la question que vient de poser Dean à mon copain. Ce dernier fixe Raph avec malice et assurance, alors que mon copain le fusille du regard, légèrement pâle. Mais qu'est-ce que Dean est idiot ! Quelle question ! Comment peut-il penser un seul instant que Raphaël Davis, mon copain depuis des années, puisse me tromper ?! Il n'est pas comme lui, et ne se met pas à embrasser la première venue alors qu'il semble être en couple !

Un grand et long "ouh" général se fait entendre dans notre groupe. Tout le monde fixe Raph, le troubleur de couple (Dean), et moi-même. Je pointe d'un doigt rageur Dean, oubliant au passage toute ma gêne précédente, et le fusille d'un regard se voulant hargneux.

— Tu es complètement stupide Dean ! m'écriai-je sans même me rendre compte du ton que j'utilise. Raph n'est pas comme toi !

— Mais voyons Anna, me souffle-t-il tout en me regardant d'un air amusé, laisse ton cher et tendre copain répondre, et nous verrons bien si j'ai raison.

Je croise mes bras sur ma poitrine, et fusille du regard Dean. Raph semble légèrement troublé par la question de Dean, et franchement, je le comprends. Le pauvre doit être complètement dérangé, et je dois admettre que je me serais également mise dans un tel état si l'on m'aurait posé une pareille question, avec tout ce monde -dont mon copain, avec moi.

Tout notre groupe garde les yeux rivés sur les deux hommes face à moi. Je perçois également quelques messes-basses du style : "Nan mais s'il ne répond pas, c'est bien parce qu'il la trompe !".

— Alors Davis, t'as perdu ta langue ? ajoute Dean en s'approchant de mon copain qui le fixe toujours d'un air hargneux.

— T'es vraiment qu'un connard.

— Je sais. Mais là n'est pas la question.

Je finis par me tourner vers Raph, et lui attrape la main d'un geste tendre.

— Allez Raph, réponds-lui simplement que c'est faux qu'on en finisse.

— Mais si ça ne l'était pas ? m'interrompt subitement mon collègue.

Je tourne ensuite la tête vers lui, et serre les dents.

— Sauf que ça l'est. Tu dis n'importe quoi dans l'espérance de... en vrai, je ne sais même pas pourquoi tu dis et fais ça ! Tu n'as de plus aucune preuve, et ne connais pas Raph ! Moi, je le connais, et sais pertinemment qu'il serait incapable de faire une chose pareille. On n'est pas tous une ordure comme toi, au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué !

— Ouille, tu me touches au plus profond de mon cœur, Annabelle.

Il appuie ses coudes sur ses genoux tout en avançant son buste vers moi.

— Et si je te disais que j'ai des preuves ?

— Je ne la trompe pas ! s'écrie soudainement Raph en coupant la parole à Dean. Tu es content maintenant ?!

Je lève les yeux au ciel. Bien sûr qu'il ne me trompe pas. J'en étais sûre. Dean lâche un ricanement, et le groupe continuent leurs messes basses devant la réponse de mon copain.

— C'est appelé "vérité" pour quelque chose, rétorque Dean en se passant une main dans les cheveux. Donc non, je ne suis pas satisfait.

Je roule encore des yeux, alors que Dean se tourne subitement vers moi.

— Et comme je ne suis pas satisfait, je me tourne vers toi Annabelle. Vérité ou conséquence ?

— J'ai déjà joué, donc ça ne compte pas.

Le groupe ricane, tout comme Dean qui se passe une main dans les cheveux. Je fronce les sourcils, pas sûre de comprendre la raison de leur hilarité.

— Ce n'est pas parce que tu as déjà joué que tu n'es plus autorisée à être interrogée, tigresse.

Je vois Raph qui fronce les sourcils à l'entente du surnom débile que me donne Dean, et je fusille alors du regard mon collègue. Non mais sérieux, comme ose-t-il m'appeler ainsi devant mon copain qui, de ce que j'ai pu comprendre, a de sérieuses embrouilles avec lui.

— Bon tu choisis ou pas, Annabelle ? s'impatiente Dean dont les pieds claquent régulièrement contre le sol poussiéreux.

— C'est bon Gonzalès, marmonne d'une voix rauque le toucheur de fesses. On sait de toute façon qu'elle choisira la vérité.

Tout le monde se moque de moi alors que je sens le sang me monter aux joues. Dean ricane également, en affirmant les paroles de celui qui vient de parler. Le fait que tout le monde me voit de cette façon me déplaît énormément. Moi aussi je peux faire des folies ! Enfin, sûrement pas autant qu'eux, mais je ne suis pas si coincée que ça. J'ai déjà fait des choses folles, comme désobéir à Diane. Et Dieu seul sait à quel point cela est risqué.

Eh oui, je sais moi aussi... défier les règles ?

Je soupire. Même intérieurement, je ne suis pas très convaincante. Néanmoins, je dois avouer que l'idée de les contredire complètement se trouve plus qu'alléchante. Certes, la dernière fois où j'ai essayé de surprendre Dean, tout a, comment dire... mal tourné, puisque je me retrouve maintenant entouré de personnes étant dotées d'un petit pois à la place du cerveau, littéralement. Mais cette fois-ci, je vais faire en sorte de gérer.

— Je prends la conséquence, annonçai-je en lançant un regard légèrement fier à Dean qui hausse les sourcils.

De stupéfaction ? De surprise ? Je ne saurais décrire ce que peut ressentir Dean en ce moment. Cet homme est un iceberg humain pour lui-même. Néanmoins, je me délecte silencieusement de la sensation plus que jouissif des voix surprises des autres personnes de notre petit comité. Et toc les gars !

Et alors que je ne peux presque plus cacher le sourire fier que j'arbore, je croise le regard maintenant pétillant de malice de Dean qui en dit long sur la suite des évènements.

— Ta conséquence est d'enlever ton pantalon, histoire qu'on puisse voir si ton cul en vaut ou non la peine qui lui est attribuée, lâche-t-il avec un sourire en coin.

Les cris approbateurs des garçons se font entendre, et je suis presque sûre que mon teint est passé du rouge au blanc. Ma naissance de fierté se fane rapidement, et je sens Raph se crisper à côté de moi. Je n'entends pas très clairement ce que mon copain semble vociférer, car je garde le regard sur les yeux pleins de défi de mon collègue. Un instant, en réfléchissant, j'ai la drôle d'impression que Dean a fait exprès de me donner cette conséquence presque impossible juste pour que je finisse par choisir la vérité. Je ne sais pas d'où je sors ça, mais je le sens. Et en vue de son regard insistant, cela me paraît assez évident.

Juste pour cela, j'ai envie de baisser mon pantalon pour, premièrement, lui montrer à lui et à tous ces crétins que je ne suis pas la "Vierge Marie", et pour, deuxièmement, ne pas finir par choisir la vérité qu'il semble tant convoiter. Mais comme je suis Annabelle Walker, et que je me respecte un minimum pour ne pas partir dans de telles folies, je finis par rétorquer.

— Je passe. Et je vais faire la vérité.

Les autres ont à peine le temps de s'indigner de mon comportement de soi-disant "sainte nitouche", que Dean lâche une bombe.

— Est-ce que t'es vierge ? me demande-t-il brusquement en posant ses coudes sur ses genoux.

Je trésaille soudainement, et tout le monde a les yeux scotchés sur nous, comme si tout ce qui se passait n'était qu'un film au suspense et à l'action intenable. Et franchement, j'en viens moi-même à douter si tout cela est bien réel.

Le rouge me monte aux joues, et je me retrouve sans aucune issue de sortie. Je ne sais franchement pas quoi dire. Parler de... ma vie sexuelle a toujours été quelque chose de compliqué pour moi, et puisque ma mère est morte bien avant de m'aider au niveau de ma puberté et mon expérience sexuelle...

Oui, je vous entends déjà répliquer que bien que ma mère soit morte, Diane, ma belle-mère, est toujours là pour endosser ce rôle. Pourtant, il n'en est rien. Diane trouve que, comment dire... Disons qu'elle fait partie des gens trouvant que le sexe est "tabou". Elle trouve tout simplement qu'une "fille" ne peut... ou plutôt, ne doit pas se permettre d'avoir une vie sexuelle très riche. Elle pense que, malgré les bienfaits physiques que peut nous apporter le sexe, une femme doit se contenter d'avoir ces rapports pour... attention tout le monde... pour avoir des enfants ! J'ai bien conscience que ces propos vieux du troisième siècle, ainsi que plus que discriminatoires envers la femme sont assez horribles, mais je n'ai jamais contesté ses paroles. Disons que, au contraire de bien des personnes de mon âge, je ne suis pas une très grande fan du sexe, et trouve personnellement que cela est légèrement sur-côté. Après, c'est peut-être ma microscopique expérience qui me joue des tours -mais bon, comme le diraient les "amis" de Dean, "sainte nitouche un jour, sainte nitouche toujours" !

Tandis que je réfléchis en silence, je vois bien que tout le monde s'impatiente. Certains se mettent même à murmurer entre eux que je serais très certainement "vierge". Dean se frotte les mains entre elles, et ses sourcils se froncent de mécontentement. Je le dévisage, pas sûre de comprendre la raison pour laquelle le fait que je sois vierge puisse l'embêter.

Et puis soudainement, alors que je pense personne ne s'y attendait, Raph se redresse subitement, le regard lançant des éclairs à Dean qui lève les yeux vers lui, semblant un brin intéressé. À mon tour, je redresse le visage vers lui, légèrement angoissée par ce qu'il pourrait vociférer en vue de la colère visible sur son visage.

— Non, elle n'est pas vierge, crache-t-il au visage de Dean dont le visage s'illumine étrangement. Au contraire, crois-moi, avant de venir ici, on a baisé comme des malades chez moi. Si tu savais...

Alors là, je tombe de haut. Je sursaute de surprise, et lance un regard d'incompréhension à Raph qui semble avoir complètement oublié la présence des autres, ainsi que la mienne ! Je suis extrêmement choquée d'entendre ce mensonge venant de lui, surtout que lorsque nous étions chez lui, nous n'avons mangé qu'une pizza -immonde en passant !

— Je posais la question à Anna, pas à toi Davis, réplique Dean, malicieux.

— Eh bien, je réponds pour elle, car elle n'est pas du genre à parler de... ça, ainsi.

C'est vrai que là, il est juste. Mais ce n'est pas pour autant que j'oublie ce qu'il vient de dire. Et puis, sérieux, sa façon de le dire là... "baiser", j'en suis légèrement blessée. Je trouve ce propos assez rabaissant. Et puis, même si je n'aime pas parler de ça, ce n'est pour autant pas la peine de parler en mon nom, pour par la suite raconter un mensonge -ce qui me déçoit légèrement, surtout venant de Raphaël.

Et en attendant, j'ai comme la mauvaise impression qu'en s'énervant ainsi, il n'a fait qu'attiser la satisfaction de Dean.

Je me rends enfin compte que le choix de jouer avec eux est complètement stupide. Sérieux, je ferais mieux -avec mon copain, de quitter ce cercle vicieux, et de continuer à encadrer la soirée qui commence à partir en vrille ! Et alors que je me redresse pour partir, l'idée de faire une sortie triomphante me vient. Dean est allé beaucoup trop loin, devant mon copain, et cela dure depuis trop longtemps. Il m'agace comme on ne m'a jamais agacé, et je comprends de mieux en mieux comment une personne aussi douce et attentionnée que Raph puisse se mettre dans de tels états (même si cela n'excuse pas ce qu'il a osé dire, et ce dont nous parlerons dans peu de temps) avec Dean.

Je finis par me lever complètement en prenant Raph par la main, pour qu'il se lève à son tour. Je fixe avec hargne mon collègue. Je dépoussière mon postérieur, ce qui semble faire rire tout le monde, dont Dean qui se marre littéralement. Je me frappe intérieurement pour avoir eu la simple et stupide idée de suivre ce diable.

Mais soudainement, une idée me vient. Voilà comment je vais essayer de le remballer, lui et son ego surdimensionné...

— Dean, vérité ou conséquence ? demandai-je au portoricain.

Il se tourne en souriant, une bouteille d'alcool entre les lèvres, et le regard légèrement surpris par ma question.

— Tu te prends enfin au jeu tigresse ! Qu'est-ce que je suis fier de toi ! s'amuse-t-il tout en faisant -bien évidemment, rire la galerie.

Raph serre ma main, mais je secoue rapidement cette dernière pour le calmer. Je ne l'ai jamais vu ainsi, et j'espère bien que cela sera la dernière fois, car je ne veux en aucun cas me retrouver avec une copie colérique de mon collègue.

— Réponds simplement à ma question, continuai-je en croisant finalement mes bras sur ma poitrine.

Son sourire se fane légèrement, et il fronce ses sourcils en essayant d'analyser mon regard, à la recherche du moindre piège. Mais finalement, son agaçant sourire revient, et il se tourne vers le groupe qui se régale de nos petites scènes de ménage.

— Je prends la vérité. Désolé tigresse, mais je suis bien trop bourré pour danser à poil sur le bar ou pour te baiser.

Il reprend exactement les mêmes paroles d'un des garçons du groupe, mais étrangement, elles sonnent bien plus bizarrement. Au contraire de l'autre qui disait clairement ça pour vanner, les propos de Dean sonnent plus comme une promesse silencieuse qui me tord le ventre comme jamais. Mais ma conscience ne tarde pas à répliquer pour chasser ces pensées.

Ne pas oublier, c'est Dean Gonzalès. Et je le méprise. Le déteste, même, pour toutes les choses qu'il me fait, et qui deviennent de moins en moins supportables.

Diane ne l'aime pas, car ce n'est pas une personne fréquentable. Je dois donc moi aussi, ne pas l'aimer.

Je me reprends rapidement, et me rappelle ce que je voulais à la base dire.

— Est-ce vrai que tu n'es qu'un idiot ?

Un "ouh" général se fait entendre, et tout le monde s'agite devant ma soi-disant "répartie". De mon côté, je n'ai pas le temps de me réjouir. Dean fronce ses sourcils, apparemment pas très content du ton que j'ai employé et du tournant qu'a pris ce jeu qu'il semblait pourtant parfaitement maîtriser. Et toc dans tes dents le Gonzalès !

Le portoricain plisse les yeux, mais je ne me laisse pas avoir par son intense regard.

— Non, c'est faux, lâche-t-il simplement.

Je suis surprise. Franchement, je m'attendais à une réponse bien plus cinglante, bien plus ricochante sur ma question qui ne semblait pourtant pas lui plaire. Je profite donc de cette simple réponse pour répliquer quelque chose qui fera sûrement de l'effet.

— C'est appelé "vérité" pour quelque chose, dis-je en reprenant les mêmes paroles qu'il avait dites à Raph, en croisant mes bras et haussant mes sourcils.

Encore une fois, tout le monde semble complètement subjugué par ma réplique. Je lance un regard appuyé à Dean avant de dire :

— Enfin bref, je pense qu'il est temps pour nous de disposer. Au revoir.

Certains pouffent de rire devant le ton un peu trop... voilà, que j'emploie, mais je m'en fiche complètement. Mon regard est rivé sur celui de Dean qui affiche une tête qui me laisse légèrement sur ma faim. Au fond, je m'attendais vraiment à ce qu'il soit en rogne, vu que je viens littéralement de l'afficher devant son groupe "d'amis". Mais non. Son visage n'est ni en colère, ni malin, ni serein. Il paraît seulement intéressé et intrigué par quelque chose que j'ignore. Son regard me scanne, de haut en bas. Un frisson que j'essaye de réprimer en serrant fortement la main de Raph me prend, et je ne perds finalement pas plus de temps, et fais volte-face vers le bar en essayant de marcher avec classe sans m'étaler par terre.

Et alors que nous quittons le groupe et l'étrange aura de Dean, plusieurs choses me reviennent violemment et soudainement en pleine face.

Pourquoi ai-je agi comme cela ?!
Pourquoi ai-je voulu à jouer à ce jeu ?!
Pourquoi me fais-je autant avoir par cet idiot de Dean ?!
Pourquoi ai-je fait passer ce jeu à deux balles et ce groupe de tocard avant le bar et mon boulot ?!
Pourquoi ai-je embarqué mon copain dans cette folie intime ?!

En parlant de lui... Alors que nous nous dirigeons vers le bar, d'une façon presque robotique, aucun de nous deux ne lâche un mot. La tension est pesante, malgré nos mains entrelacées. Je dois admettre que mon comportement a été juste très anormal, en commençant par cette décision des plus stupides de jouer avec Dean.

Mais au fond, si je m'en rappelle bien, Raph n'a pas été mieux...

« — T'es vraiment qu'un connard.
— Je ne la trompe pas !
— Non, elle n'est pas vierge. Au contraire, crois-moi, avant de venir ici, on a baisé comme des malades chez moi. Si tu savais... »

Jamais de ma vie, je ne l'ai vu s'énerver autant, jusqu'à en devenir violent, vulgaire et impulsif. Il est vrai que Dean l'a bien provoqué, mais j'en reste quand même choquée.

Le simple fait de repenser à cet idiot sur pattes me fait voir rouge. Je voulais l'énerver, et c'est bien pour cela que j'ai eu cette stupide idée de jouer avec lui... Tout ça pour qu'au final, je ne fasse que bousiller ma relation avec mon copain, et finisse frustrée de ne pas avoir fait trembler la "forteresse Gonzalès" ! Et je n'exagère même pas, ce mec est littéralement une forteresse !

Une forteresse assez intéressante, au fond...

Je secoue ma tête, et sens ma conscience me botter les fesses à l'entente de cette pensée plus que stupide ! Comment un homme m'ayant demandé de baisser mon pantalon afin de mater mon postérieur, et m'ayant également demandé si je me trouvais toujours vierge puisse être intéressant ?! Dean est tout sauf intéressant, et c'est bien à cause de lui qu'il m'arrive tant de... tant de merde !

Nous arrivons finalement à hauteur du bar. Je ne m'en suis même pas rendu compte tant j'étais plongée dans mes pensées. Sans un mot et un regard dans ma direction, Raph se dirige vers des déchets afin de les jeter. Ce geste me fend le cœur comme me le fait fondre. Fend car il ne me parle plus, ce qui est rare chez lui, et qui me prouve bien qu'il a atteint ses limites avec moi. Mais également fondre car malgré sa colère envers moi, il m'aide toujours pour le café. Ce mec est juste parfait, et le simple fait de me dire que je ne le mérite peut-être pas me compresse l'estomac.

"— Quelle honte tu feras à ton copain sinon !"

Les paroles cinglantes de Diane me reviennent soudainement en tête, mais je les repousse comme je le peux en l'approchant de mon copain. Alors que je suis derrière lui, ma main hésite avant de se poser sur son épaule. Il se retourne et pose un regard lassé sur moi. Je baisse les yeux de honte. Allez Walker tu peux le faire...

— Raphaël, écoute... Je...

— Pas la peine de gaspiller ta salive, Anna. Je sais que tu es désolé et tout ça... C'est bon, ce qui s'est passé est passé, donc pas la peine de nous attarder sur ça.

J'en reste bouche bée. En voilà là un homme intéressant et intelligent. Clairement. Je décide de ne pas rajouter plus de choses, et me tourne afin de continuer à ranger...

***

Quelques heures plus tard, je suis toujours présente -mais fatiguée, dans cette stupide soirée. Je réponds au cinquante-deuxième message de Diane avant de scanner le café du regard. L'état de la salle est un peu plus présentable qu'avant.

Je regarde ma montre, et décide alors qu'il est maintenant temps pour que tout le monde rentre chez soi. Je me dirige alors vers la masse dansante, en exerçant une pression sur eux vers la sortie.

— Tout le monde ! hurlai-je en les poussant vers la sortie, ce qui me vaut des regards menaçants en échange. Il est maintenant temps de rentrer chez soi et de faire un bon gros dodo afin de contrer la méchante gueule de bois qui risque de pointer le bout de son nez dès le lever de soleil !

Tout le monde hue, mais ils finissent par sortir en m'insultant et en me regardant de travers. Une fille me balance même un vers d'alcool en pleine figure, qui dégouline dans mes cheveux et mon chemisier en flanelle. Génial. Disons que j'ai l'habitude en ce moment.

Un instant, en "virant" tout le monde, je croise le regard de l'homme au regard noir qui m'avait littéralement menacé lorsque je voulais baisser le son de l'enceinte de musique, un peu plus tôt dans la soirée. Son regard est toujours aussi noir, alors qu'il quitte le café.

Je cherche du regard Raph, mais constate avec surprise qu'il ne se trouve nul part. Je fronce les sourcils, et essaye de me rappeler la dernière fois où je l'ai vu : c'était lorsqu'il m'avait dit qu'il allait passer un coup de fil. Après ça, il a complètement disparu. C'est une blague...

Une fois que tout le monde s'en est allé, j'ai maintenant une vue un peu plus... précise de la salle. Eh merde...

Son état est bien plus pire que ce à quoi je m'attendais, et je risque de prendre plus d'une heure à tout ranger et nettoyer. Toute seule apparemment, puisque Raph a disparu de la circulation. Du côté de Dean, il est évident que je ne comptais absolument pas sur lui pour m'aider. J'espère même bien l'avoir viré de la soirée en même temps que tout le monde, celui-là.

J'essaye d'envoyer un message à Raph afin de lui demander où il a bien pu passer. Mais bon, il a bien eu raison de quitter cette soirée. Il n'avait absolument aucune obligation de venir ici, et il l'a fait bien généreusement, malgré tous les problèmes qui ont eu lieu... Mais bon, en échange, je dois tout ranger toute seule, et devrais rentrer à pied jusque chez moi... Ma vie est juste géniale !

La musique étant toujours en train de tourner, je décide de baisser le son mais de la garder, ne voulant pas me retrouver dans un silence de mort.

Je me débrouille alors pour jeter et nettoyer un peu tout ce que je peux. Je constate par la suite avec horreur qu'un mec est étalé au sol derrière le comptoir du bar, torse nu.

Trois suppositions s'offrent à moi : il dort, il a fait un coma éthylique, ou il est juste mort. Je sens la panique monter en moi, alors que je ne sais littéralement pas quoi faire. Je ne vais certainement pas le laisser ici, car j'imagine mal Linda tomber nez à nez avec ce... ça.

Je me baisse alors en lui tapotant légèrement la joue afin de le réveiller, mais ça ne sert à rien puisqu'il dort à poings fermés. Je me creuse la tête, afin de trouver comment me débarrasser de lui... C'est sûr que si mon copain était ici, il m'aurait grandement aidé ! crie mon moi intérieur. Je finis par soupirer en repoussant cette petite voix, et en passant son bras transpirant autour de mes épaules. J'essaye de le soulever, mais le fais tomber dans la seconde.

C'est une blague !

Je souffle sur la mèche de cheveux qui me couvre la vue, avant de donner un léger coup de pied au cachalot à mes pieds. En tant que dernière solution, mais pas des plus douces, je lui attrape le bras, et le traine tout au long de la salle, avant de le laisser devant le café. Il n'aura qu'à se réveiller et se rendre jusque chez lui lorsque le soleil se lèvera. Après ces petites mésaventures, je passe un coup de serpillères pour finir le nettoyage de la salle. J'hésite même un instant à me servir un verre de vodka-cerise, une boisson dont je raffole, je dois l'admettre. Je finis par succomber à ce petit caprice en m'en servant un long verre... Disons que je l'ai bien méritée ! Finalement, je m'en sers un deuxième, puis un troisième avant de m'arrêter lorsque je sens ma tête tourner légèrement.

Je finis par me rendre dans les cuisines, transpirante, afin de finir la vaisselle.

Ma dernière étape.

L'étape ultime.

Alléluia !

La salle de cuisine est assez sombre, et seule une petite fenêtre laisse pénétrer peu de lumière. Néanmoins, je n'allume pas la lumière, aimant bien l'ambiance. La lumière de la fenêtre fait que la salle de cuisine est légèrement bleutée, ce qui, je dois l'admettre, me relaxe. La musique de fond de l'enceinte est douce, ce qui rajoute de la paisibilité en plus. C'est littéralement ce dont j'avais besoin, en cette fin de journée très mouvementée. Je nettoie les verres et autres couverts utilisés lors de la soirée, en me déhanchant légèrement sur la musique de fond. Encore une fois, je ne fais pas attention aux paroles de cette dernière. Ce n'est pas vraiment le moment, sachant que je suis juste crevée, et que j'ai réellement l'impression que mon corps bouge tout seul, presque automatiquement. Un instant, cette constatation m'énerve légèrement, puisque le regard de Dean passe soudainement dans mon esprit.

J'ai la mauvaise impression que, depuis que je le connais, j'ai cette mauvaise habitude de ne pas faire attention aux paroles des chansons que j'écoute. Si Diane lisait mes pensées en ce moment même, je suis sûre à 100% qu'elle m'égorgerait sur place.

Alors que mes pensées tergiversent dangereusement vers un regard topaze, je me tourne afin d'attraper une énième assiette, et... c'est la crise cardiaque.

Dean se trouve à l'embrasure de la porte, un sourire narquois étirant ses lèvres brillantes...

4481 mots / Non corrigé

***

JE SUIS LAAAAAAAAAAAAAAA ! Présente ! JE M'EXCUSE TELLEEEEEEEMENT POUR LE RETARD ! LE BREVET A EU RAISON DE MOI PUTAIN ! 😭😭😭

Enfin bref, à quoi bon s'excuser pendant mille ans, franchement ?! Je sais que mon retard était, comment dire... extrême, mais vouala quoua.

J'espère néanmoins que ce chapitre vous a plu ! L'original faisait à la base plus de 9000 mots, mais j'ai décidé de le couper vu que c'était... comment dire... trop long ?

Donc soyez content, la suite est déjà prête, et je compte poster la semaine prochaine !

Qu'en avez-vous pensez ?

- Raph un peu chelou ?

- Pourquoi Anna agit-elle de la sorte ?

- Et MON DIEU ! Que va-t-il se passer en cette soirée où... Dean et Anna sont réunis ? Seuls ?! 🔞🍑

Enfin bref, je vous dis ciao les bébés poulpes ! Je vous aime ! *et encore désolé*!

** Si vous avez vu, en multimédia, il y a une photo de Matthew Daddario, qui est le nouvel acteur représentant Dean ! J'espère que ça vous plaît ?! **

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