Chapitre 13

PDV Anna

— Vérité ou conséquence ? répétai-je avec ironie. Sérieux ?

Dean acquiesce d'un fier hochement de tête, et je lève les yeux au ciel en lâchant un rire jaune. Il a réellement cru que je jouerai avec lui à son stupide jeu ? Sérieux, je jouais à ça lorsque j'avais huit ans avec Alex ! 

Ce n'est tout simplement pas pour moi.

Et alors que je m'apprête à l'envoyer bouler -lui et son jeu de gamins, il lâche quelque chose qui fait tilter tout mon système nerveux.

— Ah bah oui, j'oubliais ! Annabelle Walker ne peut pas jouer à ça ! Ne peut pas jouer tout court ! Pff, quelle triste vie ! Tant de barrières et de limites dont tout le monde se fiche ! Franchement, je te plains tigresse. Tu n'as jamais pensé à... je ne sais pas moi, te retirer ce putain de balai dans le cul ? Mais bon, il fallait que je m'y attende, venant de "Mademoiselle Walker". Je vais te laisser, toi, ton ménage, et ta triste vie, tandis que moi, je vais m'amuser comme un dingue !

Il finit sa tirade en souriant d'un air triomphant tout en écartant les bras et en reculant. Ma bouche s'entrouvre de stupéfaction, alors que je me mets à méditer les paroles qu'il vient de me balancer à la figure. 

Ce n'est pas vrai... Je n'ai pas un balai dans le postérieur, et ne me mets pas autant de limites et de barrières qu'il n'en prétend ! Du moins, lorsque j'en mets c'est bien pour toujours rester stable... C'est une qualité non ? Il est évident que je ne me lâche que très rarement, mais je ne m'en suis jamais plainte.

Néanmoins, au lieu d'ignorer ces paroles que j'ai entendu beaucoup trop de fois maintenant, je sens un sentiment acide traverser mes veines, tellement que mes poings viennent se serrer. Dean affiche un rictus confiant, comme s'il comprenait qu'il avait tapé dans le mille. Le fait qu'il puisse tout deviner, et lire en moi aussi facilement m'énerve. 

Ça me perturbe

Au fond, je sens l'envie qui m'émane de le bousculer lui aussi. L'envie de faire en sorte qu'il ne sache pas tout, et qu'il ne reçoive pas tout ce qu'il souhaite, au contraire de ce qu'il me répète à longueur de journée. Comme cet après-midi enfaite. Je dois avouer que malgré la culpabilité qui m'a rongée juste après, le fait de l'avoir vu si déconcerté a été d'un plaisir et d'une satisfaction plus qu'immense.

— C'est ça que tu appelles "t'amuser comme un dingue" ? lui demande mon copain alors que je reste perdue dans mes pensées. Boire, et coucher à droite à gauche ?

Je ne souhaite pas qu'il pense ça de moi. Non, pour être plus précise, je ne veux pas lui donner raison. Lui montrer qu'il est la voix de la vérité, et qu'il gagne tout le temps. Alors que Dean ouvre la bouche pour lancer à mon petit ami une réponse que je sens sanglante, je lâche sans même m'en rendre compte :

— Tu sais quoi, je suis partante.

Raph écarquille soudainement les yeux, et les lèvres de Dean s'étirent lentement vers le haut. Punaise est-ce que je viens vraiment de lui dire que j'étais partante pour jouer à son stupide jeu ? Et tout cela seulement pour lui prouver qu'il n'a pas tout le temps raison ? Une lueur lubrique passe dans ses yeux, alors qu'il passe sa langue sur le piercing de sa lèvre inférieure. De mon côté, je scrute sa réaction, à la recherche de stupéfaction, de surprise... de déconcertement.

— Eh bien, bravo à toi chère Annabelle, déclare-t-il d'une voix toujours aussi triomphante.

Puis, petit à petit, je me rends compte que sa réaction est bien plus pire que celle que j'espérais. Il n'est pas surpris, ni stupéfait... Non, il est juste satisfait de la tournure des évènements puisqu'il savait pertinemment que je flancherai. Il savait très bien quels mots utiliser avec moi pour me faire changer d'avis du tout au tout. Il s'y attendait, a tout prévu. Et moi, je suis tombée dans son piège les yeux fermés. Je dirais même avoir accueilli son petit stratagème les bras grands ouverts. En fin de compte, battre Dean Gonzalès à ce petit jeu est bien plus compliqué que ce à quoi je m'attendais, et je vois bien qu'il est nettement plus fort que moi sur ce terrain-là.

Dean remarque rapidement que je viens de tout comprendre, et ses lèvres esquissent cette fois-ci un grand sourire. Je fais craquer mes jointures, ne pouvant que me défouler sur ça. Il m'agace tellement ! Sa phrase "j'obtiens toujours ce que je souhaite" repasse dans ma tête, telle une très agaçante musique. Il est bien plus manipulateur, et lit bien mieux en moi que ce que je pensais à la base.

Il tourne finalement son visage vers mon copain qui cherche mon regard à tout prix, sûrement choqué par ce que je viens de lâcher. De mon côté, je n'évite pas vraiment son regard puisque mes yeux sont posés, scotchés avec hargne sur ceux de Dean.

— Je suppose donc que tu te joindras à nous Davis ? demande Dean d'un air toujours aussi satisfait, à la limite de nargueur.

Il tourne finalement son visage vers mon copain qui cherche mon regard à tout prix, sûrement choqué par ce que je viens de lâcher. De mon côté, je n'évite pas vraiment son regard puisque mes yeux sont posés, scotchés avec hargne sur ceux de Dean.

— Je suppose donc que tu te joindras à nous Davis ? demande Dean d'un air toujours aussi satisfait, à la limite de nargueur.

Je finis par détourner mon regard vers mon copain. Il fronce les sourcils, en me regardant sérieusement, mais finit par se tourner vers Dean qui attend sa réponse en croisant ses bras sur sa poitrine.

— Hum... Ouais, je suppose que je n'ai pas vraiment le choix.

Aïe. Ça pique. Je lance un regard désolé à Raph qui finit par hausser les épaules. Dean nous adresse un signe de tête afin que nous le suivions. Nous nous dirigeons avec un peu d'hésitation vers l'endroit où il nous amène. Je reste toujours aussi énervée contre moi-même, même si j'essaye de ne pas le montrer.

À un moment donné, je sens la grande main de Dean se poser sur le bas de mon dos, au niveau de mes reins. Je trésaille et repousse cette dernière en le fusillant du regard. Un sourire étire le coin de ses lèvres, et il se secoue le visage afin de retirer les mèches humides de sueur qui couvrent son regard. Je détourne les yeux, essayant de me concentrer sur ma marche.

Mon copain, Dean et moi finissons par arriver devant un groupe que je reconnais facilement. C'est une blague, c'est le groupe de tout à l'heure, ceux qui fumaient des joints. Je reconnais également rapidement l'homme aux cheveux rasés, aka "Monsieur-Main-Aux-Fesses", assit dans un coin. Je détourne rapidement le regard de celui pesant qu'il pose sur moi, et essaye de nicher mes yeux dans ceux de mon copain afin d'y trouver un certain refuge. Mais ce dernier m'évite. Je comprends parfaitement qu'il soit agacé par mon choix des plus stupides de tout à l'heure, ce qui fait qu'une boule de culpabilité se forme au niveau de mon bas-ventre.

— Parfait ! s'écrie Dean en s'asseyant lourdement sur une sorte de pouf, tout en attirant une fille sur ses genoux. Maintenant que nous sommes tous réunis, le jeu peut commencer.

— Franchement, je ne te comprends pas vraiment Gonzalès, marmonne langoureusement la fille sur ses genoux. De ta part, je ne m'attendais pas vraiment à un jeu de gamins comme celui-là, mais plus à tes jeux habituels... Tu vois ce que je veux dire ?

Elle fait papillonner ses cils, et Dean esquisse un petit rictus.

— Ça peut paraître surprenant, j'en ai conscience, mais j'ai... comment dire... besoin de savoir quelques petites choses sur certaines personnes, tout en m'amusant, lâche-t-il en me lançant un regard plein de sous-entendus.

Je détourne rapidement le regard, et repousse d'une simple secousse de la tête les sous-entendus que j'ai plus ou moins compris de sa part. Je m'assieds donc aux côtés de mon copain sur le sol sale, ce que je trouve immonde. Un instant, je remarque que la main de la fille sur les genoux de mon collègue hésite à se poser ou non sur le torse de Dean, comme si elle savait déjà que cet endroit semble être un endroit sensible avec lui. Elle finit par la poser sur son bas-ventre, et la réaction de mon collègue qui va suivre me surprend tellement que je fronce les sourcils. Il sursaute soudainement, et retire brutalement la main de la fille de son corps. Elle entrouvre la bouche de stupéfaction devant la violence de Dean, alors qu'il la repousse brutalement de ses genoux. Elle titube légèrement, soit devant la violence du repoussement de mon collègue, soit parce qu'elle est ivre, et le regarde ensuite bizarrement.

— Dégage d'ici p'tite salope, crache-t-il, le regard méprisant. Va baiser avec le premier qui arrive, et dégage d'ici.

Sa réaction lunatique me fait sursauter et la violence de ses gestes me surprend. La fille tourne alors les talons en essayant -je dis bien en "essayant", d'emporter le reste de dignité qu'elle a. Le reste du groupe semble se ficher royalement de tout ce qui vient de se passer, comme si le comportement de Dean était normal... voire habituel. De mon côté, je reste toujours aussi choquée, et au regard que mon copain pose sur moi, je comprends rapidement qu'il pense de même.

Je déglutis longuement, en essayant de trouver une position confortable sur le sol dur. Un instant, je remarque que le regard auparavant en colère de Dean est posé sur moi, et qu'un sourire étire doucement le coin de sa lèvre alors qu'il s'installe un peu plus nonchalamment sur la sorte de pouf où il est assis. Je détourne rapidement le regard, et passe en revue la salle afin de vérifier si tout ne part pas en cacahuète.

— Bon, on commence ce stupide jeu ? demande une fille au teint métisse dans le fond de notre attroupement.

Une autre fille portant un débardeur déchiré attrape donc une bouteille dont elle prend une longue et assez affolante gorgée avant de finalement se tourner vers nous :

— J'commence !

Elle passe en revue toutes les personnes jouant au jeu, et je baisse donc la tête -comme j'en ai si bien l'habitude en cours lorsque je ne souhaite pas être interrogée par le professeur, afin qu'elle ne commence pas avec moi. Elle se tourne finalement vers l'homme aux cheveux rasés, ou plutôt "Monsieur-Main-Aux-Fesses", ai-je envie de dire.

— Owen, dit-elle en passant bizarrement sa langue sur ses lèvres afin d'y récupérer les quelques petites gouttes d'alcool s'étant déposées sur ces dernières. Vérité ou conséquence ?

Le prénommé Owen se met donc à réfléchir avant de s'affaler sur le mur, sa bouteille entre les mains :

— Vérité.

— T'es sérieux là ? s'exclame la fille au débardeur. "Vérité" ? Je pensais que tu avais plus de couilles que ça.

Je fais les gros yeux devant son vocabulaire alors que tout le monde semble s'en ficher royalement. Au contraire, tout le monde sauf Raph et moi se met à rire aux éclats devant la remarque assez désobligeante de la fille auprès d'Owen.

— S'cuse moi beauté, mais je suis beaucoup trop défoncé pour me mettre à danser nu sur un bar, voire pour te baiser, rigole-t-il en tirant une taffe de son joint noirci de crasse.

Je me retiens de vomir -c'est une hyperbole, alors que tout le monde se remet à rigoler. Je constate par la suite qu'au contraire de ce que je pensais, Dean ne rigole pas, mais me fixe plutôt.

— Alors... médite la fille en passant sa main manucurée dans ses cheveux. Dis-moi Owen, qui est la fille la plus bandante dans notre groupe ?

J'entrouvre la bouche de stupéfaction tout en faisant les gros yeux devant cette question... plus qu'irrespectueuse ! Owen laisse traîner son regard sur les filles de notre groupe, et je remarque un instant que la fille qui lui a posé la question ne se gêne pas pour se cambrer afin de faire ressortir son postérieur, tout en pressant sa poitrine entre ses deux bras. Je comprends que sa question n'a pas été posée pour rien, et qu'elle comptait bien sur lui pour qu'il la désigne. Mais, je pense qu'au contraire de ce que tout le monde pouvait penser, le regard de l'homme aux cheveux rasés se pose finalement sur moi. Je ne sais pas exactement si je rougis ou pâlis en ce moment, mais la seule chose que je sais, ou du moins sens, c'est la main de Raph qui se presse sur ma cuisse devant le regard insistant d'Owen. Sérieux, ils ont quoi tous à me dévisager ?!

— J'admets que la brunette est de loin la plus bandante de notre groupe ! s'exclame-t-il en léchant sans grande pudeur ses "babines".

Je sursaute, et baisse les yeux de honte. Sa remarque me déplaît énormément, mais je ne sais pas quoi dire pour le remettre à sa place. Que voulez-vous, je suis Annabelle Walker aussi. Je me contente donc de baisser mon regard en regardant nerveusement mes doigts se tortiller entre eux. Franchement, je me demande ce qui a bien pu me passer dans le crâne lorsque j'ai accepté de jouer avec eux...

— Quoi ?! s'exclame la fille au débardeur déchiré.

— T'es sérieux mec ? demande un autre.

— Pardon ? s'exclame finalement Raph qui s'était figé.

Owen éclate de rire en tirant une taffe de son joint dont il rejette la fumée lorsqu'il s'explique.

— Whou ! On se calme les gars ! Alors déjà relax mec, lâche-t-il en se tournant vers Raph. Ce n'est pas de ma faute si ta meuf est bonne.

Boum, une autre remarque désobligeante. Se rend-il seulement compte que je me trouve juste à côté de lui et que je suis une femme et non un vulgaire objet ? Mais non, encore une fois, je ferme ma bouche, et suis contente de constater que Raph finit par en faire de même. Il n'a jamais été un grand bagarreur, et ce n'est pas maintenant que ça commencera. Owen se tourne ensuite vers la fille :

— Ensuite, désolé beauté mais il faut laisser la place quelques fois.

Cette dernière finit par me fusiller du regard, ce que j'évite du mieux que je peux.

— Et pour finir, dit-il finalement en se tournant vers le groupe entier, désolé les gars, mais si vous auriez vu son putain de cul, vous seriez complètement d'accord avec moi !

Je sens progressivement le rouge me monter aux joues alors que tout le monde éclate de rire. Du coin de l'œil, j'aperçois que Dean s'est finalement joint à l'hilarité générale, ce qui me met littéralement hors de mes gonds. Il se moque de moi là ?!

— T'inquiète Owen, rigole-t-il en me lançant un regard étrange, je vois de quoi tu parles puisque j'ai eu beaucoup d'occasions pour-

— Qu'est-ce que tu racontes toi ?! le coupe Raph, semblant étrangement rouge de colère.

Là, notre groupe est clairement devenu un champ de bataille.

— Nan sérieux, tu l'as déjà baisée Dean ? demande Owen, semblant surpris.

Et puis là, je sors littéralement de ma transe, rouge de gêne. J'ai bien compris que Dean faisait allusion au moment où il m'avait surpris alors que je dansais... à moitié nue.

— Mais n-non ! m'exclamai-je en agitant mes bras. On n'a jamais rien fait nous !

Un instant, dans le brouhaha qu'est devenu notre groupe, je semble percevoir Dean marmonner un "c'est pour bientôt", ce que je ne comprends pas. Dans tous les cas, je suis dans tous mes états, et essaye plus de me défendre des propos que vient de dire Owen qu'autre chose.

— Wo wo wo ! s'exclame le blond aux cheveux gras que j'avais oublié. On se calme les gars !

Je finis par me rassoir tranquillement, en évitant le regard que tout le monde pose sur moi. Enfin, tout le monde sauf Raph qui lui, fusille littéralement Dean du regard qui se marre de la panique qu'il a causée en moi. De mon côté, je reste très blessée par les propos que ces hommes ont eus envers moi. Non mais sérieux, ils parlaient de moi comme d'un objet sexuel, alors que je me trouvais juste devant eux !

— Enfin bref, on continue, finit par dire Owen en scannant du regard tout le monde. Tatia, vérité ou conséquence ?

Il vient de poser la question à la fille métisse au fond du groupe. Cette dernière se redresse lorsqu'elle constate qu'on vient de l'appeler, et repousse d'un geste de la main les cheveux frisés qui lui tombent devant les yeux. Lorsqu'elle fait cela, je constate que son mascara a coulé, et que son rouge à lèvres écarlate s'est estompé. Elle a sûrement dû embrasser quelqu'un avec beaucoup de... passion, pour en arriver à un résultat pareil.

— Je prends la conséquence. J'ai plus de couilles que toi Owen, se marre-t-elle en pointant son majeur dans sa direction.

— Mmh... Roule une pelle à notre Gonzalès, lâche-t-il en lançant un regard malicieux au concerné. Je sais que tu en as envie depuis longtemps Tatia... Enfin non, tout le monde le sait.

Comme pour répondre à son affirmation, la prénommée Tatia se lève en un bond, et s'approche rapidement de Dean qui la suit du regard. Affalé sur son petit "pouf", Dean ressemble à un diable attendant sa partie de luxure. C'en est troublant. Sans même rien dire, Tatia s'assied sur les genoux de mon collègue, et plaque avec brutalité ses lèvres sur les siennes. Dean y répond immédiatement, passant une main dans les cheveux frisés de la brune et enroulant sa langue autour de la sienne. Leur baiser est sauvage, brutal, et leurs langues dépassent même quelques fois, ce qui me dégoute énormément.

Je détourne rapidement les yeux. Je trouve juste étrange, voire même immonde d'accepter un baiser de la sorte... Mais bon, c'est Dean Gonzalès, et j'ai envie de dire qu'il faut que je m'y habitue. De plus, il me semble que mon collègue entretenait une relation avec une fille blonde que j'avais pu apercevoir avec lui pendant un bon bout de temps dans les alentours de l'université qu'il ne semble même pas fréquenter. Après, cela ne sont que des suppositions car j'ai déjà pu les voir s'embrasser, mais je n'en suis pas sûre... Après quelques secondes, je lance un rapide coup d'œil à leur échange, histoire de voir s'ils viennent de finir, mais aussi surprenant soit-il, les bouches des deux concernés sont toujours aussi étroitement scellées.

— Bon c'est bon là ? intervient Owen d'une voix à la fois rauque et amusée. Vous allez pas vous mettre à baiser non plus ?

Tatia finit par lâcher les lèvres humides de Dean, déposant néanmoins un dernier baiser sur ces dernières. Elle s'assied ensuite à sa place en remerciant au passage Owen pour son gage.

— Ce jeu m'a l'air un peu plus amusant maintenant ! déclare-t-elle en passant langoureusement sa langue sur ses lèvres.

Du coin de l'oeil, je constate que le regard de Dean est posé sur moi. Il essuie lentement ses lèvres légèrement boursouflées, tout en me lançant un regard du style : "t'as vu, j'embrasse comme un dingue", ou bien "j'espère que ce baiser t'a donné envie"... Enfin bref, je m'emporte ! Néanmoins, c'est ce que j'arrive à décrypter de ce que semble évoquer l'expression des deux billes topaze qui lui servent d'yeux.

Et le jeu prend ensuite son cours. Comme vous vous en doutez, je garde toujours le visage baissé afin qu'on ne m'interroge pas puisque je suis tout sauf d'humeur à jouer à leurs puérils jeux. De son côté, Raph reste collé à moi, mais garde au contraire de moi la tête levée. Il a bien plus de caractère que moi, même si nous restons assez similaires.

Les vérités et les conséquences s'enchaînent, et ces dernières sont toutes plus folles et étranges les unes que les autres. Comme exemple, un gars du nom de Chance a dû nous raconter sa pire expérience sexuelle, et ce dernier a lâché sans aucune gène que cela fut lorsqu'il a "baisé" la petite soeur de son meilleur ami. Il nous a raconté que ce dernier lui a balancé un poing dans la figure alors qu'il était en plein... acte avec sa sœur. Et le pire dans tout ça était que la fille n'avait que 15 ans. 15 ans ! Cette révélation fut tellement immonde que je faillis en avoir un haut-le-coeur. Du moins, Raph et moi semblions être les deux seuls choqués, puisque du point de vue de Chance, la chose la plus horrible de ce souvenir, fut que la fille était tellement nulle au lit qu'il n'arrivait pas à voir une érection, et en plus de ça, qu'il s'est retrouvé avec un coquard sans même avoir pris du plaisir.

Oui c'est ça, no comment.

Ou bien, une fille a eu le gage de retirer un vêtement. Franchement, par rapport aux autres gages qui ont été donnés, je trouvais celui-ci plutôt soft, puisque personnellement, si j'avais été à sa place, j'aurais retiré... je ne sais pas moi, une chaussure. Mais non, aussi surprenant que cela puisse paraître, cette fille a retiré son t-shirt. Et comme par hasard, elle ne portait pas de soutien-gorge, et s'est retrouvée avec les seins à l'air, à la vue de tous, et au plus grand réjouissement des garçons. Des garçons, dont Dean qui s'est de suite redressé de son siège à la vue de la forte poitrine de la fille.

Mon Dieu, mais pourquoi ai-je voulu jouer avec eux moi ?!

Les gages continuent toujours, alors que je constate que Dean ne participe toujours pas. Sa dernière participation dans le jeu fut lorsque la brune du nom de Tatia a dû l'embrasser. En dehors de ça, personne ne l'a interrogé, et ce dernier ne prend pas la peine de se manifester. Cela paraît surprenant pour moi, parce que je pense le connaître assez pour savoir à quel point il est joueur. Mais ici, il ne semble pas très motivé pour jouer, et j'ai comme l'impression que tout le monde semble l'avoir compris. En effet, Dean dégage une sorte de force, d'aura extérieure qui fait que tout le monde se méfie de le déranger en l'interrogant pour le jeu. Il est comme le leader du groupe. Étrange.

Pourquoi nous a-t-il demandé de jouer avec lui si c'était pour rester affalé sur son pouf tel un légume, tout en buvant et fumant comme jamais ?

— Eh oh la brunette ? Je te parle !

Je sursaute subitement, et sors rapidement de la petite bulle dans laquelle je me trouvais. Je tourne la tête vers la personne qui vient de m'interroger, et constate qu'il s'agit d'une fille aux nombreux piercings et aux cheveux cramoisis. Elle fume un joint, et crache sa fumée sur mon visage. Je tousse et lui réponds ensuite :

— Euh... O-oui ?

— Je t'ai posé une question ; vérité ou conséquence ?

Et merde. Je pâlis soudainement, et bégaye comme jamais alors que je constate que tout le monde nous regarde. Me regarde. Je sens alors une pression en plus grandir en moi, et me dis que je dois me grouiller pour lui répondre. Sérieusement, je prends la vérité ou la conséquence ?

—Euh... alors, je... je vais prendre la-

— Tu sais quoi ? me coupe-t-elle en tirant une énième taffe de son joint. Je vais choisir à ta place.

Je fronce les sourcils, et sens la main de Raph enserrer la mienne.

— La conséquence. Ton gage, c'est d'enlever le putain de balai que je ne sais pas qui t'a enfoncée dans le cul, et de profiter un peu. Sérieux, tu plombes l'ambiance de tout le monde avec ton air de dépressive, poupée. J'sais pas moi, prends une gorgée de ça (elle me tend une bouteille de vodka) et je te promets que ça sera plus simple.

— Désolé mais je ne bois pas, la contredis-je en repoussant la bouteille qu'elle me tend.

Du coin de l'oeil, je vois que Raph sourit. Il est sûrement content que je ne cède pas à la proposition de la fille. Cette dernière soupire en marmonnant quelque chose que je ne perçois pas, et j'entends tout le monde se plaindre de mon comportement de, je cite "suicidaire".

Après la coincée du cul et la dépréssive, voilà que je suis suicidaire. Franchement génial.

— Allez je suis gentille, tente-t-elle en me tendant un verre. Voilà de l'eau pour ton palais gustatif raffiné.

Elle se moque de moi, littéralement. J'attrape le verre entre mes mains et observe son contenu. En effet, le liquide se trouve transparant, ce qui me prouve qu'il s'agit d'eau. Je me rends ensuite compte d'à quel point je suis assoiffée, alors que je ne m'en étais même pas rendue compte. Je prends donc une grande gorgée... que je recrache de suite.

Cette eau me brûle littéralement l'oesophage, et je tousse comme jamais tout en constatant petit à petit que je me suis faite arnaquer, et que ce que j'ai bu ne s'agissait pas d'eau, mais plutôt de vodka. C'est vraiment irrespectueux ! Je l'avais prévenue que je ne buvais pas, et elle ne s'est pas gênée pour me donner de l'alcool. Tout le monde se marre fortement, alors que Raph me frotte doucement le dos en fusillant du regard la fille qui s'excuse faussement.

Je finis par lever la tête, et sens la gêne monter en moi en voyant que tout le monde se moque de moi. J'ai vraiment envie de devenir aussi petite qu'un électron afin que plus personne ne me voit. J'aperçois également Dean se fendre la poire, et je deviens de plus en plus gênée.

Franchement, merci pour la solidarité Dean Gonzalès, je pensais qu'en tant que collègue, tu ferais preuve d'un peu plus de gentillesse. Mais bon, autant ne pas rêver, c'est Dean Gonzalès.

— Hé les gars, lâche soudainement Raph, ce qui me fait légèrement flipper. Ce n'est vraiment pas cool ce que vous faites là !

— Roh, c'est bon Davis, commence pas à plomber l'ambiance comme ta meuf, intervient Dean en se redressant de son siège en le regardant avec mépris et malice.

— Je ne plombe pas l'ambiance, objecte mon copain en serrant la mâchoire, je ne fais que dire ce qui est juste, parce que ce que vous faites est tout sauf juste envers Anna qui n'a rien demandé !

Tout le monde continue à se marrer alors que je suis assez admirable envers mon copain pour le fait qu'il me défende. Un peu de réconfort et de soutien, ça fait toujours du bien. Néanmoins, je semble être la seule à penser ainsi puisque tout le monde continue à se moquer de nous. J'entends même quelqu'un marmonner un "c'est qu'il se prend pour le prince charmant de mademoiselle sainte-nitouche le môme !". Raph ne semble pas l'avoir entendu puisqu'il garde les yeux rivés avec colère sur ceux de mon collègue portoricain. La tension est très pesante, et je me demande bien ce qui a pu se passer entre eux pour que Raph le méprise à ce point. Jamais je ne l'ai vu ainsi, alors c'est assez surprenant. Je sais qu'il m'a dit qu'il n'aimait pas les gens comme Dean, et que les rumeurs tournantes autour de mon collègue n'ont fait qu'alourdir le mépris qu'il éprouvait pour lui, mais là...

— Tu sais quoi Davis, défie Dean en se redressant un peu plus et en prenant une taffe de son joint qu'il rejette sur le visage de mon copain, comme pour le provoquer. Je vais te poser une question...

Raph lâche un ricanement jaune tout en croisant ses bras devant sa poitrine fortement gonflée par l'adrénaline.

— Lance-toi Gonzalès.

— Vérité ou conséquence ? demande Dean avec assurance, comme s'il savait exactement ce qu'il préparait.

— Sérieusement ? Eh bien tu sais quoi, je choisis la vérité. Je n'ai pas de temps à perdre avec un mec comme to-

— Est-ce que tu trompes Annabelle Rose Walker ici présente ? lâche Dean dans un souffle.

4878 mots / Non corrigé

***

HEY LES AMIS POULPES ! VOUS M'AVEZ TELLEMENT MANQUÉÉÉ !!

Je suis encore une fois tellement désolée pour le retard du turfu que j'ai pris, mais avec les cours, et le nombre incalculable de problèmes familiaux que j'ai dû traversé, écrire était bien la dernière chose que j'avais en tête, malgré le fait que j'adore faire ça !

ENFIN BREF ! Pas besoin de m'attarder sur ça comme j'en ai tannnnt l'habitude, je vais plutôt vous poser quelques petites questions, comme d'habitude :

- M'ai fait désirée avec ce chapitre ? (oui, et ta gueule Hamida)

- Vous aimez Dean dans ce chapitre ? Anna ? Raph ? Et les autres perso ?

- Les vérité et conséquences (oui je suis de la vieille école puisque je ne dis pas "action et vérité" :/) ont-ils été... trash ?

- ET OMGGGGG ! La question de fin ! Qu'en pensez-vous ?!

Enfin bref, je pense avoir fait le tour, et espère que ce chapitre vous a plu ! J'essaye de poster au plus vite (je vous conseille d'aller me suivre sur Insta, car j'y suis très active et poste souvent des nouvelles et des extraits des chapitres en cours, etc... Mon Insta c'est "hamida.swan" voilà voilà...) !

Un gros bisou baveux sur vos fesses, je vous aime ! ❤️🚀💋🐙

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top