Chapitre 12

PDV Anna

En arrivant devant l'extérieur du café, je suis surprise -voire choquée, de voir qu'une grande foule est déjà présente. J'aperçois des gens avec des bouteilles d'alcool en main, complètement affalés au mur extérieur. Mon regard croise également celui d'une fille aux cheveux cramoisis, habillée d'une tenue très provocante. Elle est en train de charmer avec beaucoup de tact un homme semblant aussi excité qu'elle. Je détourne le regard, et le pose sur mes mains qui se tortillent entre elles. J'entends d'ores et déjà la musique qui semble faire trembler les murs alors que nous ne sommes même pas entrés. Je lance un regard légèrement perdu à Raph, et ce dernier se contente de me caresser le dos afin de me rassurer. Je sais bien que ce n'est pas la première fois que je vais à une fête, mais ma première expérience fut si mauvaise que je ne suis pas très enchantée à l'idée d'y reparticiper... Surtout que je vais plus devoir tout encadrer qu'autre chose !

Après quelques secondes devant le café, nous finissons par entrer. Raph ne lâche pas ma main, et je sens littéralement mes tympans se briser. La musique déjà forte à l'extérieur l'est d'autant plus maintenant que nous sommes entrés. La foule se déchaîne littéralement sur les brutales, et obscènes paroles qui se jouent.

"Swallow, swallow my little naughty... Oh baby swallow this..."
"Avale, avale ma petite coquine... Oh bébé avale-moi ça..."

Je déglutis longuement, et balaye mon regard sur la salle afin de l'observer complètement. Trois filles à moitié nues se déhanchent sans grande pudeur sur le bar, retirant leur t-shirt ainsi que leur pantalon sous les cris d'extase des hommes les entourant. J'aperçois l'alcool jaillir de partout, témoin de l'excitation collective. Comme me l'avait prédit Dean, les gens se servent plus directement à la bouteille, qu'avec des verres.

Et comme me l'avait prédit Dean, c'est littéralement un dépotoir.

Raph semble tout aussi surpris que moi, et je me prends la tête entre les mains. C'est une blague... En plus d'être un énorme dépotoir de personnes ivres et complètement folles, cette soirée est encore bien plus pire que la première à laquelle j'ai participée. 

Ce que je ne pensais pas possible. 

De plus, il ne me semble connaître presque personne. Et heureusement que je ne les connais pas, à vrai dire. La plupart des invités présents ici sont pour leur part tatoués, vulgaires, et complètement fous... à l'effigie de Dean enfaite. 

Lorsque ce nom traverse mon esprit, je relève la tête, la moutarde me montant au nez. 

"Comme je me connais très bien pour savoir que je suis très irresponsable en soirée..."

Telles ont été ses paroles qui me reviennent, et m'énervent encore plus maintenant que je suis témoin de leur vérité. Sérieusement, je peux comprendre le fait qu'il ne soit pas très responsable, mais là c'est un cran au-dessus de mes espérances. Je cherche du regard le coupable numéro un de ce désordre, alors que mon copain reste avec moi, toujours aussi silencieux.

Mes yeux se heurtent soudainement à une vue qui me coupe le souffle. Dean est affalé sur un canapé vers le fond sombre de la salle. Il a le visage rejeté en arrière, une bouteille de whisky en main, et deux filles sur les genoux. Il semble clairement ivre, comme éteint face à toute la pagaille qui l'entoure. Son pied bouge faiblement en rythme avec la musique, d'une manière me donnant l'impression que tout l'alcool qu'il a ingurgité l'a affaibli. Sa peau brille de mille feux et je constate qu'il s'agit des perles de transpiration de sa peau qui luisent avec les éclairages violacés de la salle qui me donnent cette impression. Ses cheveux sont eux aussi légèrement trempés aux niveau de leurs pointes, et collent à son front luisant. Ses lèvres rosées semblent encore plus rouges et gonflées que d'habitude, et je comprends que ce sont les deux femmes sur ses genoux qui ont sûrement dû l'embrasser avec un peu trop de ferveur pour les rendre ainsi. Ces deux dernières sont presque dénudées sur lui. L'une lui touche les lèvres, les pommettes, et même l'entre-jambe. L'autre dépose de baveux et langoureux baisers sur ses lèvres boursoufflées, tout en traçant de sa langue les traits presque tranchants de sa mâchoire férocement contractée. Son torse sculptural monte et descend au rythme de ses inspirations étrangement lentes, et ses lèvres n'esquissent pas le moindre sourire. Il reprend une gorgée de sa boisson semblant un peu trop forte pour être bue directement à la bouteille. Une fois fait, il laisse retomber son bras le long du canapé, et avale avec lenteur sa boisson. Sa pomme d'Adam danse doucement pour guider la liqueur dorée en lui, et des frissons hérissent les fins poils de la peau de son cou. Un instant, sans même le contrôler, je me dis intérieurement que ce genre de beauté mâle devrait être illégale... 

... c'est trop insupportable à contempler, tellement que j'en ai l'estomac en vrac.

Soudainement, je me rends compte que je tiens encore la main de Raph dans la mienne, et que j'ai encore eu d'étranges pensées. Alors que je suis avec mon copain. Quelle cruche je suis ! Un instant, je semble remarquer qu'aucune des deux filles n'a posé une main sur son torse. Au contraire, dès lors lorsqu'elles le faisaient, il attrapait violemment leur poignet pour le retirer. Sans le comprendre, cela attise fortement ma curiosité.

Puis soudainement, ses yeux croisent les miens. Je fronce les sourcils, et déglutis en voyant le regard qu'il affiche. Il paraît éteint, et son visage semble complètement vide. Pas de sourire en coin, pas de regard lubrique ou coquin comme il en a si bien l'habitude. 

Non, au contraire. 

C'est comme si un étrange voile avait recouvert tout son regard afin d'y masquer le pétillement habituel de ses deux billes topaze. L'alcool semble l'avoir amené dans une autre dimension, un endroit où il ne pensait plus à rien. Cela ferait presque mal au cœur de le voir avec un tel regard...

... presque triste.

C'est alors qu'il semble constater ma présence, et la manière dont je le lorgne. Comme s'il se rendait compte qu'il n'affichait pas une bonne attitude face à moi, son fameux rictus retrouve ses droits sur ses lèvres boursouflées, et son regard retrouve rapidement toute sa malice habituelle. Je suis déconcertée de voir un tel déclic, mais la colère qui m'habitait il y a quelques minutes de cela finit par me revenir. Cette attitude hautaine ne fait qu'attiser ma haine contre lui, et nous avons ici un bon exemple.

— Je pense qu'il nous a remarqués, me murmure Raph en s'approchant tout près de moi, le tout sur un ton assez hargneux.

— J'ai cru l'avoir compris, soufflai-je en tirant légèrement sur sa main pour nous avancer aux côtés de mon adorable collègue.

Nous marchons donc vers Dean qui nous -me, suit du regard. Nous essayons tant bien que mal de nous frayer un chemin à travers la foule, ce qui m'agace énormément car nous n'y parvenons pas aisément. Raph, remarquant sûrement mon agacement, fronce les sourcils et tourne sa tête vers moi.

— Hé Anna, me dit-il assez fort pour que je puisse l'entendre. Il n'y a pas besoin de t'énerver... 

— Désolé Raph, mais il faudra t'attendre à pire de ma part... Oui c'est ça, attends-toi à ce que je ne sois pas très douce avec lui, finis-je par dire une fois que nous nous extirpons de la foule dansante et en sueur.

— Eh bien, marmonne-t-il en se passant une main dans ses cheveux bouclés. Ce gars-là te met dans un de ces états...

Je me fige soudainement dans ma marche. C'est seulement maintenant que je me rends compte de la stupidité avec laquelle j'agis. Je l'ai seulement vu sourire que je me suis mise dans une colère noire ! Sérieusement, il faudrait que je pense à aller me faire soigner. Je me secoue donc la tête, et en ignorant du mieux que je peux sa remarque, continue notre chemin vers mon collègue. Une fois que nous arrivons juste devant lui, je croise mes bras sur ma poitrine, pour essayer de me donner un air sûr de moi. Néanmoins, je sais pertinemment au fond de moi que malgré ma colère, je ne serais jamais de poids face à lui. Lentement, sa tête se lève pour me regarder dans les yeux. Ces derniers sont embrasés, comme tout à l'heure, et je sens tous les poils de mon corps s'hérisser à ce contact visuel.

Ses yeux se dirigent très rapidement vers mon copain, et il lui sourit d'une manière étrange. Raph trésaille légèrement, et je fronce les sourcils. Dean repose par la suite son regard sur moi, et sourit de toutes ses dents.

— Anna ! s'écrit-il, la voix à la fois rauque et pâteuse, ce qui me confirme bien à quel point il est ivre. Tu es venue !

— Disons que je n'avais pas le choix... 

— La fête te plaît ? me demande-t-il rhétoriquement.

Bien évidemment, il connaît très bien ma réponse, mais me pose quand même la question pour m'énerver. Et comme prévu, je sens mes joues rougir de colère. Je n'apprécie vraiment pas le ton enjoué qu'il emploie. Non mais voyons, est-ce que nous avons la même vue ? Cette fête tourne au fiasco !

— Tu te moques de moi là ? m'énervai-je en me penchant légèrement vers lui. Je sais que tu m'avais prévenue être très... irresponsable, mais là c'est juste exagéré ! Est-ce que tu as vu l'état du café ?! C'est juste catastrophique !

Raph passe un bras rassurant autour de ma taille. Un instant, j'ai comme l'impression qu'il le fait pour que Dean le remarque, vu comment mon copain le regarde avec insistance. Ce dernier pose son regard dessus, et sourit légèrement avant de rouler des yeux. Il balaye ensuite la salle du regard, prenant une longue gorgée de sa boisson fortement alcoolisée.

— Non, je ne trouve pas, finit-il par dire après avoir regardé la salle, comme si tout ce qu'il vient de voir se trouvait tout à fait normal. Je trouve même la soirée plutôt calme par rapport à celles dont je participe généralement.

— Pardon ? Mais est-ce que tu vois réellement ce que je vois Dean ?! Il y a des filles presque complètement dénudées qui dansent sur les tables, l'alcool coule à flots, et des gens sont à la limite de... s'accoupler sur des tables, dis-je avant de rougir en prononçant la dernière phrase.

Dean lâche un rire rauque, et pose ensuite ses mains sur les cuisses galbées et brillantes des deux filles sur ses genoux. Je remarque seulement maintenant le regard meurtrier que ces deux-là me lancent. Bien évidemment, les deux demoiselles sont énervées, je les dérange dans leur petite partie de "pelotage".

— Bah oui, c'est le but, non ? Ainsi, c'est bien plus... attrayant.

Tout en disant ça, il caresse avec sensualité la cuisse et la hanche de chacune des filles qui lâchent des soupirs de plaisirs, sans aucune pudeur. Mais étrangement, tout en faisant ce geste, ses yeux semblent magnétisés aux miens. Un instant, j'en suis secouée. Je me ressaisis du mieux que je peux, et enserre plus fort le bras de mon copain entre mes mains.

— C'est ton point de vue. Mais moi ce que je vois, c'est la tête rouge de colère de Linda qui, si elle voit dans quel état se trouve le café, n'hésitera pas à nous virer !

Il rigole de plus belle, et comme deux vipères, les deux filles sur ses genoux en font de même. Bien qu'elles ne comprennent rien à la discussion que nous menons. Bande d'idiotes. Dans tous les cas, malgré la colère qui se coule en moi, je respire un bon coup tout en me remémorant les paroles qu'a prononcées Raph auparavant. Je n'ai pas à me mettre en colère, que ce soit à cause de Dean, ou de ces deux écervelées de filles !

— Roh c'est bon tigresse, relaaax ! dit-il de sa voix nonchalante et pâteuse.

Je me fige lorsqu'il prononce le stupide surnom qu'il me donne, devant Raph. Ce dernier semble aussi se figer, et c'est ensuite qu'il fusille mon collègue ivre du regard.

— Je te demande pardon ? demande Raph.

— Excuses acceptées mec, s'amuse Dean avant d'éclater d'un rire tonitruant.

Les deux filles le suivent dans son rire sans même comprendre la raison de son hilarité, et je me mets à soupirer d'agacement. Déjà que sobre, il est stupide, mais alors ivre... n'en parlons même pas. Raph rougit de gêne, et je finis par m'approcher de lui pour lui murmurer :

— C'est bon Raph, autant ne pas s'attarder avec lui. Je pensais peut-être qu'il se montrerait coopératif, mais apparemment non. Autant commencer à mettre de l'ordre dans cette soirée afin d'en finir au plus vite.

Raph hoche lentement la tête. Je souhaite lui montrer que, au contraire de ce qu'il pensait il y a de cela quelques minutes, je ne suis pas toujours en rogne lorsque je me trouve en compagnie de mon charmant collègue. Que j'arrive à relativiser et agir avec intelligence. Je lance ensuite un regard au trio infernal qui nous fixe. Dean a les yeux rivés sur moi, ce qui me trouble légèrement, et l'une des filles fixe mon copain avec insistance.

— De plus, il me semble que celle-là te fait de l'œil, dis-je en me tournant légèrement vers la fille en question.

Raph suit me regard, lorsque soudainement, Dean ricane.

— En soit, je suis sûr que cela ne le dérange même pas... marmonne ce dernier en fixant lui aussi mon copain avec insistance.

Raph rougit légèrement, et franchement, je n'arrive pas à savoir si c'est parce qu'il est en colère, ou gêné.

— On ferait mieux de les laisser, finit-il par dire en me tirant légèrement par la main.

D'un simple hochement de tête, j'acquiesce et fais un pas vers Raph.

— Sans rancunes tigresse ? Ah et aussi, ne plombe pas trop l'ambiance hein, rigole Dean de plus belle dans mon dos.

Dean éclate de rire pour se moquer de moi, et je serre les poings. Après quelques secondes, je finis par l'ignorer avant de suivre Raph. Cette fois-ci, il ne m'aura pas. Nous nous dirigeons donc, non sans difficultés, vers le bar où tout le monde se sert avec bazar. Je soupire d'exaspération, et essaye de me frayer un chemin pour passer derrière le comptoir. Raph en fait de même, et je le remercie du regard pour son soutient. Je me mets à nettoyer le comptoir en marbre de tout l'alcool qui a pu être renversé. Je trie les bouteilles sur la table, le nez plissé sous la forte et nauséabonde odeur qui se dégage, et place des gobelets juste devant. Ainsi, j'espère que les gens viendront se servir directement avec un verre, et ne voleront pas de bouteilles qui finiraient très certainement au sol.

Malheureusement, mon tri ne marche pas puisqu'une fille aux cheveux blonds/jaunes -que je reconnais comme étant celle qui dansait il y a moins d'une dizaine de minutes sur la table, vient attraper maladroitement une bouteille que j'avais rangée. J'essaye de la lui retirer gentiment des mains pour lui proposer un verre, mais cette dernière me tend tout simplement son majeur manucuré afin de me faire comprendre qu'elle se fiche royalement de mon système. Elle tourne ensuite les talons en roulant des hanches avec un peu trop d'exagération. Mais c'est une blague ?!

Raph lui, se trouve derrière moi, et m'aide silencieusement. Il n'a pas vu la scène qui vient de se dérouler, heureusement pour lui. Je finis par abandonner mes tentatives de tri, et me contente alors de nettoyer derrière les gens, puisque c'est bien la seule chose que je sais faire. J'ai vraiment l'impression d'être l'esclave de service, mais disons que je n'ai pas vraiment le choix... c'est mon boulot ou rien !

Alors que je rentre dans les cuisines afin d'aller chercher d'autres bouteilles d'alcool, je tombe nez à nez avec un couple qui -j'avoue que je l'aurais préféré, ne s'embrassent pas, mais sont littéralement entrain de... coucher ensemble contre le mur. Je rougis comme une tomate alors qu'ils ne me remarquent pas, et tourne les talons en refermant à la vitesse de l'éclair la porte.

Cette fête est une catastrophe.

Et comme pour rajouter de l'huile sur le feu de ma patience, je constate que les si précieuses et vieilles bouteilles d'alcool de Linda ont été prises pour être bues... Non mais ce n'est pas sérieux là ?! Nous allons nous faire étriper !

Je me dirige alors en dehors du bar, bien trop dépassée par tout ce qui vient de se passer, et balaye la salle du regard. Tout le monde danse, s'embrasse, et fait un désordre fou... De plus, la musique est bien trop forte, ce qui me donne un mal de tête pas possible. Je suis presque sûre que les personnes habitant aux alentours du café iront se plaindre dès que le soleil se lèvera.

Je vais donc vers les enceintes, et alors que je fais tourner la roulette du son, une grande main se pose avec brutalité sur la mienne afin de stopper mon geste. Je sursaute et tourne mon regard vers la personne m'ayant arrêtée. Je croise un regard noir, très sombre. Étrangement, je semble le reconnaître. En examinant son visage, ainsi que ses cheveux d'un noir profond lui allant jusqu'à la nuque, je reconnais immédiatement l'homme que j'avais vu aux côtés de Dean, lorsque je révisais au parc. Je n'arrive pas à voir clairement comment il est habillé, puisque l'obscurité de la salle ne me le permet pas. Néanmoins, je perçois bien une bouteille d'alcool dans sa main. Ses lèvres sont également rougies et humidifiées, et son souffle qui fouette mon visage empeste l'alcool. 

— Touche pas.

Son ton est froid comme le marbre, sec. Je me fige, et telle la soumise que je suis, je baisse la tête et m'éclipse rapidement. Tant pis pour mes maux de tête, cet homme était à la limite de m'étriper. Voilà bien un point commun avec Dean, puisque je suppose qu'ils sont amis. Je marche un peu partout, vérifiant et nettoyant un peu tout ce que je peux, même si cela reste une catastrophe. Je transpire à cause de la chaleur de la salle, et des rapides mouvements que je dois faire pour ramasser les bouteilles, nettoyer l'alcool.

Je suis épuisée, et lassée.

Cette fête me semble différente de celle organisée à la fraternité. Étrangement, lors de ma première soirée, les gens ne faisaient que boire, danser, s'embrasser, et même fumer à certains moments... En soit, ce n'est rien de normal et approprié de mon point de vue, mais par rapport à cette soirée, c'est littéralement le monde des Bisounours. 

Ici, j'ai la drôle d'impression que tout est plus... 

... osé, 
vulgaire, 
voire même sale

Je ne connais pas la plupart des personnes présentes, et je devine bien qu'il s'agit pour la plupart d'amis, ou personnes connaissant Dean.

C'est alors que je sens une odeur nauséabonde flotter dans l'air humide de la salle. Je me tourne, et c'est avec stupéfaction -voire avec horreur, que je constate qu'un groupe installé dans un coin de la salle a allumé des joints, et autres substances illicites tout aussi mauvaises. Je suis prise d'un haut-le-cœur, et me dirige vers eux. Lorsque j'arrive à leur hauteur, je constate que ces derniers sont littéralement en train de planer. Leurs pupilles sont dilatées, leurs yeux rouges, et leur esprit à l'ouest. Fumant, et rejetant des fumées aux odeurs fortes, ils ne semblent pas me remarquer alors que je m'adresse à eux :

— A-arrêtez de fumer je vous prie... Si vous souhaitez vous pourrir la santé, ayez au moins la gentillesse de le faire dehors.

Leurs discussions se stoppent, et tous tournent leurs yeux vitreux et rougis vers moi. Un ange passe, alors que je me tortille de gêne sous le blanc que je viens d'occasionner. Et c'est soudainement qu'ils se mettent tous à éclater d'un rire tonitruant. Je rougis, et me balance d'un pied à l'autre.

— Qu'est-ce qu'elle m'raconte celle-là ? lâche un homme à la voix rauque.

Je pose mon regard sur lui, et prends un moment pour examiner son physique. Voilà l'exemple parfait d'un homme que Diane pourrait qualifier de "toxico" ou même de "chien". D'extérieur, en plus de ses tatouages et piercings, cet homme paraît sale. 

Non, il est sale. 

Ses cheveux blonds sont gras, ses ongles sales et son t-shirt est tâché d'alcool ainsi que de sang -ce que je dois l'admettre, je ne comprends pas. Ses dents sont jaunies, limites grises à cause des cigarettes et des joints qu'il ne cesse de fumer. J'ai toujours été assez jugeuse, une mauvaise habitude qui me vient de Diane, mais là, c'est presque normal face à lui.

— J-j'ai dit que j'aimerais bien que vous alliez fumer dehors... Ce n'est pas très respectueux de faire ça ici, en vue de l'odeur qui est propagée.

Encore une fois, ils éclatent de rire. Je ne comprends pas, qu'est-ce que j'ai pour les faire autant rire ? Je croyais pourtant m'être exprimée avec sérieux. Une fille pose sa jambe sur l'homme aux cheveux gras, et prend une taffe de fumée en rigolant. Je la reconnais par la suite comme la fille m'ayant adressé un doigt d'honneur tout à l'heure.

— Allez chérie laisse-nous là...

Elle lâche un rire éteint, reprenant et rejetant une nouvelle taffe de fumée. Mais qu'est-ce que tu m'as amené comme énergumènes, Dean Gonzalès. Je finis donc par lâcher prise, me rendant bien compte que mes tentatives de négociation sont vaines. J'attrape donc mon chiffon pour nettoyer la table souillée de cendre, ne voulant pas qu'elle finisse par brûler ou autres. J'essaye d'ignorer les rires moqueurs du groupe autour de moi, et me presse dans ma tâche. Allez Anna, c'est pour ton boulot que tu fais ça...

— Allez, c'est bon la bonniche, arrête d'astiquer notre putain de cul, lâche la fille aux cheveux cramoisis en passant son bras autour des épaules du blond.

Je rougis, et essaye de faire abstraction du surnom assez méchant qu'elle vient de me donner. Je ne suis pas vraiment une "bonniche", je ne fais que le ménage afin de ne pas perdre mon boulot.

Mais c'est soudainement, alors que je me lève avec précipitation sous la gêne qui me prend, que je sens une main taper mon postérieur. Je sursaute et me tourne subitement pour apercevoir un homme aux cheveux rasés de près, et aux dents en argent me souriant. C'est une blague ou il vient vraiment de me mettre une main aux fesses ?! Alors que je pourrais me mettre à rugir de colère, et à l'agonir d'injures, je ne fais rien d'autre que bégayer telle une attardée mentale, et rougir de gêne. Jamais je n'ai été confrontée à ce genre de... choses plus que déplacées, de la part d'un homme.

— Eh bien, c'est que derrière toutes ces couches d'habits, il y a bien un joli p'tit cul qui s'y cache, gueule-t-il à travers la forte et violente musique de la salle.

J'ouvre la bouche de stupéfaction, offusquée et outrée par les propos crus et irrespectueux qu'il vient de vociférer. Prise d'une soudaine panique, je tourne les talons et m'enfuis aussi loin que je le peux de ce maudit groupe.

— Bah reviens ! s'écrit-il dans mon dos sous les rires de son groupe.

Je rougis et marche un peu plus vite vers le comptoir. Lorsque je me fonds dans la masse de personnes dansantes, je croise soudainement le regard de Dean, toujours assis sur son "trône", et toujours entouré de filles et d'alcool. Il me sourit, et je constate qu'il a dû me voir avec le groupe de tout à l'heure... Et donc qu'il a dû voir le geste déplacé de l'homme au crâne rasé. Bien évidemment, cela n'a l'air de lui faire ni chaud ni froid. Non au contraire, il sourit à pleines dents, comme si la situation l'amusait. Je serre les dents, agacée par son comportement, et continue mon chemin en gardant mon regard droit devant moi. Il m'énerve ! Il s'amuse comme un fou, et moi je vis un réel martyr à m'occuper de tout, et à ne pas me faire respecter... 

Je me réfugie finalement derrière le comptoir où -Dieu merci, je croise Raph. Ce dernier semble bien mieux s'en sortir que moi. Lorsqu'il croise mon regard, il sourit :

— Hey Anna ! Alors, comment ça se passe ?

Un torchon sur l'épaule, il semble littéralement contrôler toute la situation. Il est parfait comme homme. Je m'avance vers lui en levant les yeux au ciel devant sa question.

— À en voir l'expression que tu affiches, je suppose que ce n'est pas la joie... rigole-t-il légèrement.

— Non pas du tout. Je ne sais pas quelles sont les énergumènes qu'a amenées cet idiot d'homme qui me sert de collègue, marmonnai-je en lançant un regard se voulant méprisant à Dean qui ne cesse de nous fixer.

L'expression de mon copain se durcit devant mes paroles, et il tourne à son tour son regard vers l'idiot de service qui lui rend un sourire suivi d'un doigt d'honneur. Je hausse les sourcils.

— Là, tu as raison, lâche-t-il. Cet homme n'est qu'un idiot qui ne souhaite que faire la fête et boire tel un ivrogne. Tout en laissant toutes les conséquences sur tes frêles épaules. De plus, cela n'a l'air de ne rien lui faire.

Il dit tout cela en ne lâchant pas du regard Dean. Étrangement, ces paroles -bien que vraies, me picotent légèrement. Je sais que je n'ai pas à m'attendre à quoi que ce soit venant de Dean, mais je n'arrive pas à comprendre ce que j'ai bien pu faire de mal pour qu'il se comporte de la sorte avec moi. Je ne suis pas si méchante que ça, quand même.

— J'ai comme l'impression d'avoir trouvé quelqu'un qui haït Dean encore plus que moi, ce que je ne pensais pas possible, dis-je.

Je lui lance un regard en souriant, et il se passe la main dans les cheveux en rougissant légèrement. Sa colère contre lui me surprend beaucoup, car comparé à moi, lui ne le connaît pas vraiment comme je le connais. Il n'a pas vraiment à le supporter comme je le supporte.

— Hum... Ouais. C'est juste qu'il m'agace avec ses airs de "MonsieurJeFaisToutCeQueJeSouhaite". De plus, sa réputation de délinquant ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu...

Ah oui, j'avais complètement oublié ces rumeurs. Je me rappelle à quel point toutes ces colportassions à l'égard de Dean m'avaient mis dans une colère noire, car je n'aimais vraiment pas cela. Mais maintenant que je connais un peu mieux Dean et son caractère des plus agaçants, je dois avouer que ces rumeurs n'ont plus vraiment le même effet qu'avant sur moi. Des fois, j'ai envie de dire qu'elles ne sont pas totalement fausses, du moins pour les moins extrêmes.

Je repose ensuite mon regard sur Dean, et c'est avec surprise que je l'aperçois se lever de son trône, et se défaire de l'étreinte des filles autour de lui afin de s'approcher de nous en gardant son regard sur le mien. Je le suis du regard alors qu'il titube légèrement vers nous. Complètement pathétique. Une fois à notre hauteur, Raph se crispe légèrement en le regardant durement. Dean, se plaçant devant lui avec un rictus des plus malins, pose lourdement ses mains sur nos deux épaules. Mon copain et moi nous figeons.

— Qu'est-ce que-

— La soirée vous plaît ? nous demande-t-il de sa voix toujours aussi pâteuse. Personnellement, c'est juste l'éclate !

Il lâche un rire fort, et je baisse les yeux alors que Dean passe sa main dans ses cheveux transpirants. Son regard presque lubrique se pose sur moi, et il passe sa langue sur le piercing de sa lèvre inférieure. Son regard embrasé me fait penser à celui qu'il avait posé sur moi il y a quelques heures, lorsqu'il m'avait observé à moitié dénudée. En y repensant, je me dis que je ne suis franchement pas mieux que les filles à moitié nue qui dansaient sur les tables, et que je regardais d'un air méprisant.

— Excuse-moi Gonzalès, lâche soudainement mon copain, ce qui me surprend énormément. Mais non, la soirée est tout sauf amusante pour nous. Tu nous as laissés toutes les mauvaises tâches, afin de t'amuser comme un fou, et boire comme je n'en ai jamais vu auparavant. C'est à se demander si tu n'as pas des problèmes d'alcool, parce que ça fait franchement peur à voir.

Le regard de Dean posé sur moi se referme soudainement, et je trésaille. Durant les quelques secondes qui précèdent les paroles piquantes de mon copain, les yeux de Dean deviennent de plus en plus froids. Sa mâchoire se contracte, et ses mains glissent avant de retomber le long de son corps. Il lève ensuite un regard noir sur mon copain qui pâlit et trésaille légèrement. J'ai déjà été "victime" de ce regard. C'était dans la même journée, lorsque j'avais poussé mes questions un peu trop loin avec lui. 

— Excuse-moi Daniel, lâche par la suite Dean d'un ton plus que tranchant, mais étrangement malin. Mais si j'étais toi, je fermerai bien ma gueule avant que la mienne ne puisse pas se retenir de s'ouvrir.

Raph trésaille une énième fois, et détourne le regard en gardant le silence. Je ne comprends pas grand-chose à ce qu'a raconté Dean, mais je suppose qu'il s'agissait d'une menace de bagarre. Cet homme est trop violent. Un ange passe entre nous, alors que Dean garde le regard rivé sur mon copain qui lui, fait une fixation sur ses chaussures. Je n'ose pas intervenir, de peur d'alourdir d'autant plus la tension pesante qui s'est installée entre nous. La respiration très rapide de mon collègue semble ralentir de plus en plus, comme s'il essayait de se calmer. Surprenant de sa part.

Et soudainement, le regard froid et méchant de mon collègue est soudainement remplacé par un sourire malicieux et joueur. Bipolarité quand tu nous tiens. L'étincelle lubrique qui illuminait ses yeux il y a quelques minutes se remet à briller lorsqu'il pose son regard sur moi. Je rougis légèrement alors qu'une mèche de ses cheveux presque noirs barre ses deux billes topaze.

— En dehors de ça, je m'ennuie un peu, tout comme vous je suppose, dit-il.

Je roule des yeux. Il n'est pas sérieux là ? Il ose se plaindre alors qu'il s'amuse comme jamais depuis tout à l'heure ?

— Donc je suis venu vous proposer un petit jeu, s'émoustille-t-il en étirant le coin de sa lèvre vers le haut. Mes amis sont également d'accord pour jouer... et eux aussi ont voulu vous inviter pour la partie.

Je tourne mon regard vers lui, et alors que j'ouvre la bouche pour lui dire "dis toujours", je me retiens. Je lui ai déjà dit ça une fois, et ce qui s'est passé après... Ouais, il a failli m'embrasser quoi. Je lui adresse donc un simple hochement de tête afin qu'il poursuive sa phrase, et donc qu'il révèle la nature de ce jeu. Je sens pertinemment que je n'y adhèrerai pas, mais bon, c'est Dean.

— Vérité ou conséquence, finit-il par annoncer en souriant de toutes ses dents.

5521 mots / Non corrigé

* * *

OMG EXCUSEZ-MOI MES AMOURS POUR LE LONG RETARD QUE J'AI EU !! JE M'EN VEUX TELLEMENT BORDEL DE SHIT !

Mais j'ai des excuses ! :

- J'ai beaucoup trop de cours qui m'empêchent donc de passer trop de temps à écrire (oral de stage, brevet, et les cours en général),

- La réécriture et la correction de AS (Attirance Sensuelle) me prennent ÉNORMÉMENT de temps !

- J'ai une vie personnelle, fait 4/5 entraînements par semaine, et une santé mentale,

- Et j'ai juste l'impression d'écrire de la merde, ce que je dois admettre, et l'une des plus grandes causes pour lesquelles je n'ai plus écrit. Pour faire simple, à chaque fois que je me place devant mon ordi pour écrire, j'ai l'impression d'être incapable d'aligner une phrase sans que ça ne me plaise pas. En gros, j'ai l'impression d'écrire de la merde, alors que j'ai bien trop d'idées en tête !

Enfin bref, vous m'avez manqué et je m'excuse, donc maintenant, c'est les questions ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?!

- La soirée ? Le comportement de Dean et de tous les invités ? Des suppositions à donner ?

- Le couple Ranna vous plaît-il ? Des commentaires à donner ?

- TAM TAM TAM ! Cette révélation de fin ! Que va-t-il donc se passer au prochain chapitre à votre avis ?!

En dehors de ça, je vous dis CIAO la team poulpes, et je fais le serment de rester un peu plus régulière ! ❤️🐙

de HamidaSwan, qui vous kiff, Teehee.

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