5. J'ai une batte !
⁂DL⁂
Les regards des deux loups garous étaient braqués sur Lydia, attendant que celle-ci leur explique de quoi il s'agissait.
- La famille Argent, s'intéresse à notre émissaire, Stiles. Je ne sais pas ce qu'ils cherchent exactement mais Alisson m'a posé plusieurs questions à son sujet. J'ai d'abord cru que c'était parce qu'il lui plaisait mais je crois qu'il y a autre chose, soupira-t-elle en fronçant les sourcils.
Derek fut soudain pris d'une grande inquiétude. Si la famille Argent, chasseuse de loup garou de père en fils s'intéressait à Stiles, ce n'était pas dans l'ordre des choses. Il devait protéger son émissaire coûte que coûte et découvrir les intentions des Argents.
Derek remercia Lydia pour sa franchise et elle quitta le loft, plus rassurée, laissant les deux loups garous avec leurs interrogations, qui devinrent une obsession pour le plus jeune.
La nuit fut courte pour Derek qui ne cessa de penser aux paroles de Lydia et qui chercha des explications durant toute la nuit.
Mais il ne comprenait pas l'intérêt des Argents pour Stiles. Il était certes le fils du shérif, il faisait partie de la meute en tant qu'émissaire, ça c'était clair dans son esprit mais pourquoi un être humain comme Stiles pouvait attirer l'attention de chasseurs tels que les Argents ?
Derek ne comprenait pas et était d'autant plus inquiet que Stiles était un fouineur et dès qu'il saurait pour cette histoire, le fils du shérif irait très certainement se jeter dans la gueule du loup, ou des chasseurs et ça, ça ne l'aidait pas à se détendre.
Devoir parler à la meute de la vraie nature des Argents n'allait pas être une partie de plaisir, il appréhendait leur réaction. Il leur avait mentit délibérément et il détestait ça mais il l'avait fait pour les protéger et il espérait vivement qu'ils comprendraient ses non-dits.
Derek se sentait rattrapé par son passé et ça ne lui plaisait pas du tout de devoir faire à nouveau face a toute cette douleur qu'avait été la chasse des Argents puis la fin tragique de toute sa famille.
Parce que Derek se sentait responsable de tout ça, même si à l'époque il n'avait que douze ans. Il regrettait chaque jour et chaque heure de sa vie de n'avoir pu sauver sa famille. Peter avait beau être l'un des loups garous les plus terrifiant qu'il connaisse, c'était lui qui avait sauvé Laura ce jour-là. Derek lui, s'était caché avec sa petite sœur, comme un louveteau mouillé, terrifié par la violence avec laquelle Kate avait mis le feu à sa maison.
Il se rappelait cet horrible sourire qu'elle arborait alors que les flammes brulaient tout sur leur passage, ce rire démonique qu'elle avait eu en partant avec ce jeune garçon qui lui tenait la main.
Jamais il n'oublierait l'horreur et le désespoir dans les yeux de Cora qui pleurait toutes les larmes de son corps dans ses bras, l'odeur âcre et prenante qui se dégageait de son corps prit de sanglots incontrôlables.
Derek en avait la chair de poule et une rage qu'il avait réussi à contenir au fond de son cœur tant bien que mal jusqu'ici mais qui commençait gentiment à refaire surface. Chaque fois qu'on lui parlait de la famille Argent, cette haine grossissait pour ratatiner plus encore son cœur meurtrit.
L'alpha dut attendre une semaine pour pouvoir calmer son esprit et imaginer enfin parler de tout ça avec sa meute, tant les souvenirs et le remord le rongeaient.
La semaine passa et avec elle, les interrogations d'Alisson continuèrent auprès de Lydia puis de Scott, qui était toujours aussi aveuglé et sous le charme de la jeune femme.
Stiles observait discrètement le manège d'Alisson depuis une semaine et plus il la scrutait, moins il comprenait et ça le rendait fou. C'est hors de lui qu'il apprit l'information que Derek lâcha enfin et qui fit tilt dans sa tête, lors de la réunion de meute du vendredi soir.
Il régna un silence de plomb dans le loft après que Derek leur ait enfin avoué que la famille Argent ne chassait pas que des petits lapins sans défense.
Les réactions qu'il appréhendait tant ne tardèrent pas à fuser à travers le loft.
- Tu veux dire que tu le savais depuis le début et tu n'as pas jugé bon de nous le dire ? Demanda Isaac en dévisageant son alpha avec colère.
Son second était autant en colère que vexé. Ethan et Jackson lancèrent un regard complice à Isaac, visiblement d'accord avec lui.
Kira serra la main de Lydia dans la sienne en partageant un regard complice avec elle.
Derek soupira et releva la tête qu'il avait gardée baissée jusqu'ici.
- Je sais que je vous ai caché la vérité mais je l'ai fait pour vous protéger, souffla Derek les bras croisés sur son torse, le regard inquiet.
Leur avouer son mensonge délibéré avait été bien pire que ce à quoi il s'attendait mais la réaction de ses bêtas l'affectait encore plus.
- Derek savait ce qu'il faisait et on surveillait les Argents depuis tout ce temps. Nous ne sommes pas non plus des monstres, râla Peter depuis l'escalier.
Une voix éraillée par la colère et la déception se fit entendre, plus froide encore que toutes les autres. Derek en eut des frissons dans le dos.
- Mais vous nous avez menti. Vous ne nous faites pas confiance ? Demanda Stiles qui cachait vainement sa colère et sa peine, que Derek sentit immédiatement lui envahir les narines.
Le loup se rapprocha de lui et se mordit la lèvre nerveusement.
- J'ai toute confiance en toi Stiles, si je vous ai menti, c'était uniquement dans le but de vous protéger, je te le jure.
Stiles releva son regard ambré-déçu dans celui torturé de Derek.
- Je dois rentrer, souffla difficilement Stiles en se levant précipitamment, bousculant Liam sur le passage.
Sans un regard en arrière, il quitta le loft à toute vitesse, ne voulant pas exploser de colère au milieu de toute la meute.
Derek soupira de frustration et ses bêtas comprirent qu'il était temps de laisser leur alpha tranquille. De toute manière, ils n'avaient pas très envie de rester avec lui car l'odeur acide du remord flottait dans l'air et c'était insupportable pour leur odorat surdéveloppé.
Stiles était de retour chez lui, couché sur son lit. La boule au ventre, il ruminait les paroles de Derek. Son alpha avait soi-disant confiance en lui mais il lui avait tout de même mentit, ça lui mettait les nerfs en pelote.
Pour lui la confiance ça allait dans les deux sens, s'il avait été sincère, comme il le disait, alors il aurait du tout lui dire.
Stiles se demandait si ça avait un rapport avec le fait que la famille du loup soit morte. Était-ce les Argent qui les avaient tous tués ? Était-ce pour cela que Derek lui avait dit de ne pas s'en approcher ?
C'était bien possible et Stiles commençait à voir cette famille d'un autre œil. Il s'inquiétait encore plus maintenant pour sa meute, même Stiles n'était pas un loup garou, il était juste un émissaire, un guide pour leur espèce. Il ne devait pas être intéressant pour la famille de chasseur, il pouvait donc continuer ses recherches et peut-être en découvrir plus sur eux.
Mais pour le moment, il devait faire ses devoirs.
Il soupira et se releva pour s'installer à son bureau et se mettre à ses obligations. Il n'avait pas vraiment envie de les faire mais se coltiner une heure de colle avec le professeur Harris ne lui plaisait pas plus que ça, alors il commença ses devoirs en râlant.
Après deux heures de travail intensif Stiles n'en pouvait plus et avait mal à la tête à force de réfléchir. Il descendit se faire un petit quelque chose à manger car son père était absent, il travaillait ce soir-là.
Son sandwich au beurre de cacahuète prêt, il remonta dans sa chambre en sifflotant. Assit sur sa chaise, il regardait le plafond lorsqu'une envie le poussa à se relever et à sortir de sa chambre.
Une fois dans le couloir il tira sur la corde qui pendait de la trappe qui permettait de monter au grenier, faisant descendre l'échelle de bois qu'il ne tarda pas à emprunter.
Une fois debout dans le grenier plongé dans une lumière multicolore due au vitrail circulaire qui constituait une partie du plafond, le regard admirant la pièce sous les toits, Stiles respira l'air qui sentait les plantes et les vieux livres. Ici il se sentait bien, c'était son petit monde, son petit jardin secret, l'héritage de sa mère.
Il s'assit sur le vieux tabouret de bois, en face du meuble d'apothicaire de sa mère, passant son doigt avec nostalgie sur les petits tiroirs remplis de miles et une choses mystérieuses, puis sur les grimoires qui étaient déposés sur le bureau. Il mâchonnait son sandwich au beurre de cacahuète, le regard sur le titre d'un des livres, quand un bruit le fit se retourner.
- Bordel ! Tu m'as fait peur ! Dit-il une main sur le cœur en dévisageant l'intru garou qui l'avait surpris.
Derek venait d'entrer dans la pièce, sachant exactement où trouver Stiles quand il n'était pas dans sa chambre, ce n'était pas la première visite du loup dans cet endroit.
Cette pièce était spéciale pour l'émissaire et son alpha était le seul à la connaitre dans la meute. C'était une pièce réconfortante, comme l'un comme pour l'autre. Ici le lien de meute était très fort sans qu'aucun d'eux ne sachent vraiment pourquoi, ils n'en avaient jamais vraiment parlé. Ils appréciaient simplement l'endroit et tous les objets farfelus qui s'y trouvaient.
- Désolé, ce n'était pas mon intention, avoua Derek en s'asseyant comme à son habitude sur le vieux fauteuil tout déchiré qui trônait dans un coin de la pièce, sans même avoir besoin d'en demander la permission à Stiles.
Ce dernier allait user de son sarcasme sur le loup pour lui avoir fait peur, quand il remarqua la lueur éteinte des yeux de Derek et son air abattu. Il se crispa en gardant pour lui le soupire qui allait s'échapper de ses lèvres, il était inutile de le fâcher plus encore.
- Qu'est-ce qui se passe Derek ? Demanda-t-il sincèrement.
Celui-ci releva le regard et paru troublé par sa question.
- Quoi ? Rien... Je voulais juste m'excuser, je suis désolé si tu as cru que je n'avais pas confiance en toi, dit-il avant de se relever soudainement et de disparaître par la trappe du grenier aussi vite qu'il était arrivé.
Stiles observa cette dernière puis le fauteuil qui était maintenant vide et à nouveau la trappe et chercha à comprendre ce qui venait de se passer.
- Ok, j'ai pas tout suivi...
Derek était toujours aussi énigmatique mais Stiles savait maintenant lire derrière ses silences trop longs et ses non-dits. Il savait que ses excuses étaient sincères et cela le toucha que le loup fasse l'effort de venir jusque chez lui pour les lui faire en personne. Derek ne disait que rarement un mot de trop et s'il pensait que Stiles s'était vexé pour son manque de confiance, il avait bien raison.
Ça l'avait touché, blessé même, mais Stiles comprenait le loup, il savait qu'il ne donnait sa confiance qu'à peu de monde et faire partie de ce cercle si petit, si particulier, lui réchauffait le cœur.
Finissant son sandwich d'une main, il rangea les livres sur l'ancien bureau de sa mère de l'autre, puis redescendit dans sa chambre pour se préparer à aller dormir mais Stiles eu bien du mal à trouver le sommeil, comme bien souvent depuis quelques temps.
Son esprit passa du regard froid d'Alisson à celui plus glacial encore de son frère. Il se leva en soupirant, se munit de son paquet d'allumettes posé sur son bureau, en craqua une et fit brûler un petit fagot de feuilles de sauge pour purifier sa chambre du mauvais esprit, tout comme le faisait sa mère quand il était petit et qu'il faisait des cauchemars. Malgré cela, ses songes le laissèrent dans une sorte de brume malaisante tout au long de la nuit.
Quelques jours plus tard, dans le loft de Derek, Peter était en grande réflexion lorsque son neveu revint des courses les bras chargés.
Il vint l'aider et glissa dans la discussion qu'il voulait aller faire un petit tour du côté de chez les Argents.
- Il faut qu'on sache combien ils sont. Tu sais qu'ils ont certainement des hommes de main avec eux. On doit savoir à quoi s'attendre, dit Peter qui ne cachait pas sa colère et son inquiétude depuis le retour des chasseurs.
- On va se renseigner, on peut toujours y aller de nuit, juste pour voir si on repère quelque chose d'inhabituel.
Stiles débarqua au même moment derrière eux, les faisant sursauter et leur avoua qu'il avait déjà fait des recherches à leur sujet.
- J'ai rien trouvé. C'est comme s'ils n'existaient pas. J'ai cherché des biens immobiliers, des entrepôts, des maisons... Il n'y a rien, soupira Stiles.
Peter en face de lui le dévisageait, un air stupéfait collé sur le visage.
- De un ; Comment t'as fait pour venir ici sans qu'on t'entende ? Et de deux ; Pourquoi tu cherches encore des infos sur eux alors que Derek t'a demandé de ne pas le faire justement ? Demanda Peter autant agacé qu'impressionné par le jeune homme.
Derek ne dit rien mais observait Stiles avec un mince sourire de fierté sur le visage.
- De un, je peux être très discret quand je veux ! Et de deux ; J'ai les mots de passe de mon père, ça n'aide pas à calmer ma curiosité, avoua Stiles.
- Ce qui ne nous laisse pas vraiment le choix. On doit aller sur place pour se renseigner, soupira Derek qui avait repris son sérieux.
- Je viens avec vous.
Stiles avait levé sa main, comme s'il était à l'école et qu'il voulait poser une question. Derek lui prit le poignet et le baissa doucement.
- C'est hors de question, râla ce dernier. C'est trop dangereux pour toi.
Peter n'avait pas l'air d'accord avec lui et secoua la tête en prenant la parole en pointant Stiles du doigt mais en cherchant le regard de son neveu.
- N'empêche, il est là et ni toi ni moi ne l'avons entendu arriver, protesta Peter avec un petit sourire.
Derek l'attrapa par le col avant de finalement le relâcher en soupirant.
- T'es de quel côté Peter ?! Bon sang !
- De celui des malins, dit-il avec un petit sourire complice à l'attention de Stiles. Je vote pour que l'hyperactif nous accompagne.
Derek haussa les sourcils et se mordit la lèvre d'agacement.
- Vous n'êtes pas possible ! Souffla-t-il en s'éloignant. Vingt heures en bas du loft, ne soit pas en retard, ajouta-t-il à l'attention de Stiles qui souriait de fierté, avant de disparaître dans sa chambre.
Le soir même, Stiles était là à vingt heures tapantes assit à l'intérieur de sa jeep garée en bas du loft, profitant de la chaleur qui y régnait.
Il en sorti quand il vit Derek arriver en bas des marches de l'escalier, vêtu de sa fidèle veste en cuir et se dépêcha de fermer sa bouche restée trop longtemps ouverte, lorsque ce dernier croisa son regard.
- Pourquoi t'emmènes ta batte de baseball ? Demanda le loup.
- On ne sait jamais, j'aurais peut-être besoin de me défendre, avoua Stiles en haussant les épaules.
- J'ai des griffes pour ça.
Stiles sourit mais ajouta :
- Et moi j'ai une batte !
- Bon, on peut y aller ? Râla Peter qui était déjà installé sur le siège passager de la Camaro noire.
Derek soupira et s'installa au volant, Stiles à l'arrière et ils roulèrent jusqu'à la rue parallèle à celle où était la maison des Argents pour rester le plus discret possible. Mieux valait ne pas se faire voir des Argents s'ils voulaient garder l'effet de surprise si jamais il devait y avoir confrontation.
Derek et Stiles prirent la tête du trio, Peter surveillant leurs arrières et ils s'approchèrent de la maison en toute discrétion.
Ils remarquèrent que les fenêtres étaient toutes éteintes sauf une au premier étage. Derek décida de monter sur le toit pour y jeter un œil, Stiles et Peter faisant le guet en bas.
Il se glissa furtivement sur le toit et s'approcha de la fenêtre qui était illuminée et ce qu'il vit à l'intérieur le laissa abasourdit.
⁂DL⁂
Quel est donc le fameux héritage de la mère de Stiles ?
Qu'est-ce que Derek a vu qui l'interpelle à ce point ?
Vous le saurez bientôt ;)
Merci de m'avoir lue, bisous à vous !
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