45. Une silhouette tomba

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Sur le parking d'un énième motel miteux de la ville, Matthew chargea son revolver et le rangea dans la mallette qu'il avait réussi à voler à son père avant qu'il ne le chasse de la maison quelques mois plus tôt. Dans le coffre de sa Camaro bleue, la mallette vint compléter le trio d'armes qu'il avait l'intention de ramener au QG.

Il ferma le coffre et se mit au volant de son véhicule les mains tremblantes. Il allait intentionnellement se ranger du côté des loups garous et si ça l'effrayait d'une certaine manière, il ressentait une fierté nouvelle, une sensation de bien être qu'il n'avait pas ressentie depuis bien longtemps. Son père aurait certainement vu ça comme une trahison. Il sourit en y pensant.

Il mit le moteur en marche lorsque quelqu'un frappa à la vitre le faisant sursauter. En face de lui, une femme inconnue, le visage barré par une énorme cicatrice qui partait de son œil gauche jusqu'à sa bouche l'observait intensément. Dans la pénombre son regard lui glaça le sang.

Matthew lu dans ses yeux une sorte de peur, elle semblait chercher de l'aide. Elle lui fit signe d'ouvrir sa portière, ce qu'il fit naïvement. En moins d'une seconde, il se retrouva le torse plaqué contre sa portière maintenant fermée, une dague sous la gorge et une force dont il ignorait la provenance lui écrasant le dos.

Il sentit un souffle chaud dans sa nuque. Il eut la chair de poule.

- Salut Matthew, ta sœur m'a dit que je te trouverais là. Tu vas m'obéir gentiment et me mener à ton frère et sans poser de question, ok ?

Matthew déglutit et serra les dents en se demandant qui était cette personne. Sa sœur savait où il était et lui envoyait quelqu'un pour faire le sale boulot. Il aurait préféré se mesurer à elle et lui montrer qu'il n'avait plus aucune pitié à son égard, hélas ce n'était pas Alisson qui le menaçait à cet instant.

Malgré ses protestations, on ne lui laissa pas le choix que de prendre le volant, menacé par la pointe d'une dague contre son cœur.

La jeune femme se glissa sur le siège passager en l'attirant dans la voiture. Il s'assit au volant en tentant de réfléchir à ses options mais il n'en avait pas vraiment aussi il obéit en cherchant une issue qui ne lui serait pas fatale.

- Roule et emmène-moi à ton frère ou je te plante cette dague entre deux côtes !

Son ton était aussi froid que son regard, malaisant. Il réprima un frisson.

- Je ne sais pas où il est, dit-il les deux mains sur le volant.

- Ça c'est pas mon problème. Tu vas le trouver ou mourir, c'est assez clair pour toi ?

Matthew était sincère, à cet instant, il ne savait pas exactement où était Stiles car selon Lydia, Derek et lui devaient les rejoindre dans un endroit encore gardé secret. Il n'avait aucune idée d'où aller mais appuya néanmoins sur la pédale de l'accélérateur en espérant trouver comment se sauver de cette situation.

Stiles était assis sur le bureau de sa mère les yeux rivés sur la fiole entre ses doigts. A l'intérieur un mélange de cendres et d'un révélateur dont il avait trouvé le procédé dans un livre de sa mère, donnait au liquide une couleur bleu océan.

- Je voulais attendre mon père avant de partir mais je crois qu'il vaut mieux qu'on y aille avant qu'il ne fasse nuit. Je veux savoir tout le monde en sécurité.

Depuis le canapé du grenier Derek l'observait d'un œil curieux.

- Stiles, il fait déjà nuit, il faut vraiment qu'on se bouge. Tu vas donner cette fiole à ton père ?

Stiles releva la tête et croisa son regard.

- Oui, même s'il ne pourra pas l'enregistrer dans le dossier comme preuve officielle. On sait maintenant qu'on a très certainement affaire à un tueur ou une tueuse qui pratiquait la magie et je suis quasiment certain qu'elle faisait partie du Coven que dirigeait ma mère. J'ai certainement entre les mains la preuve qu'il y avait bien un tueur en série parmi ses amies sorcières.

- Ton père saura quoi en faire ne t'inquiète pas pour ça, maintenant il faut vraiment qu'on rejoigne la meute.

Stiles acquiesça puis écrivit un petit mot à l'attention de son père qu'il laissa sous la fiole sur le bureau d'apothicaire. Il descendit dans sa chambre, suivi de Derek et s'habilla chaudement. Il passa un hoodie rouge à capuche sous lequel il avait enfiler l'ancien holster de son père ainsi qu'un Sig Sauer chargé de six balles que ce dernier lui avait donné.

Avec l'arme de secours de son père sur lui, Stiles se sentait plus en sécurité et espérait que ses entrainements au stand de tir lui seraient bénéfiques. En réalité il espérait ne pas avoir besoin de se servir de cette arme mais avec la perspective d'une attaque, on n'était jamais trop prudent. Il savait qu'avec Derek à ses côtés il était en sécurité mais son instinct lui hurlait ce soir de faire plus attention que d'habitude.

Il palpa son arme à travers son pull. Deux bras entourèrent son torse et dans le miroir de sa chambre il croisa le regard sombre de Derek.

- J'ai peur, avoua-t-il sans gêne.

- Je le sens mais je t'assure que tu ne risqueras rien Stiles. Personne ne touchera à toi, je te le promets.

Derek l'embrassa dans le cou en serrant la prise sur son corps. Lui aussi avait peur. Ils s'embrassèrent passionnément, comme si leur vie allait prendre fin cette nuit, comme si c'était la dernière fois qu'ils pouvaient le faire.

- Derek, je t'aime et je voulais te le dire au cas où...

Un doigt sur sa bouche le stoppa puis la sonnerie de son portable retenti. Il répondit en observant Derek lui mimer un « je t'aime » silencieux.

- Papa ? Qu'est-ce qui se passe ?

Les yeux de Stiles s'arrondirent comme des soucoupes. Derek entendit son cœur s'affoler et glissa sa main dans la sienne.

- Oh bon sang ! Ok, on se met en sécurité immédiatement et on ne bouge plus. Moi aussi je t'aime papa.

Il raccrocha et glissa son portable dans sa poche de jean.

- Il faut qu'on rejoigne la meute, il y a eu un incident à la prison du comté. Un détenu s'est enfuit du fourgon pendant son transfert vers la maison de repos St-Claire et je suis certain que tu sais de qui il s'agit.

Derek grogna en serrant la main de Stiles. Oui il savait exactement qui s'était enfuit.

Dans la Camaro bleue, la tension était insupportable. Matthew sentait comme des picotements au niveau de son tatouage, son dos le brûlait sans vraiment lui faire mal. C'était plus comme une gêne omniprésente.

A côté de lui, la jeune femme ne bougeait pas, sa main pointait toujours de sa dague le cœur du brun. Il sentait la pointe lui piquer le torse à travers le tissu de son pull.

- Ton père avait raison, déjà à l'époque il savait qu'un jour tu aurais des pouvoirs comme ta mère. Dommage que tu ne les aies pas eus plus tôt, ça aurait évité certains désagréments et la colère de ton paternel. Tu l'as beaucoup déçu tu sais.

Matthew se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas hurler. Il esquiva ses paroles.

- De quoi vous parler ? J'ai aucun pouvoir.

Elle ricana d'une voix si sinistre qu'elle fit tomber de quelques degrés la température dans l'habitacle de la voiture.

- Ne me mens pas, je sens ta magie.

Matthew avait de plus en plus de mal à garder son calme.

La voiture roulait sur le bitume humide en direction du QG de la meute. Si Matthew n'avait pas dans l'intention d'emmener cette femme à Stiles, il espérait pouvoir se rapprocher assez des loups garous de la meute au cas où sa situation ne dégénèrerait. Il espérait que la meute de son frère ait assez confiance en lui pour y trouver de l'aide.

La main dans sa poche, sur son portable, il tentait d'appeler Lydia sans pouvoir être sûr d'y arriver. Si elle voyait son appel elle pourrait le géolocaliser car ils partageaient leur position. Toute la meute le faisait et il s'était prêté au jeu, pour leur prouver ses bonnes intentions mais aussi pour pouvoir veiller sur Lydia. Il tenait à elle comme jamais il n'avait tenu à quelqu'un depuis Page et voulait à tout prix la protéger de sa famille.

Matthew tourna dans la rue commerçante quand il croisa deux voitures de police, gyrophares bleus allumés roulant à grande vitesse. Il sentit la dague se planter de quelques millimètres dans son torse et sa voisine se crisper. Elle observait avec effarement les lumières bleues se refléter sur les façades des bâtiments, il profita de son inattention pour lui saisir le poignet et lui frapper le crâne contre le tableau de bord de sa Camaro.

Elle gémit en relevant la tête mais Matthew fut plus rapide et lui donna un violent coup de coude dans la tempe qui l'a mis KO. Il arrêta la voiture au coin de la rue déserte maintenant.

Que faire de la jeune femme ?

Matthew laissa ses réflexes de chasseurs hérités de son père lui dicter la marche à suivre. Il sorti du coffre de quoi l'attacher solidement sur la banquette arrière. Il lui colla du ruban adhésif de carrossier sur la bouche et lui attacha les mains dans le dos avec des nœuds savamment noués puis une fois sûr qu'elle ne puisse s'échapper, il appela le shérif.

Non loin de là, la Jeep de Stiles s'était arrêtée elle aussi. Derek humait le fourgon de la prison couché sur le côté de la route, à la recherche d'une odeur et y trouva une vieille amie qu'il n'avait pas vraiment envie de recroiser.

Stiles et lui laissèrent la police faire le constat de l'accident qui avait couté la vie au chauffeur et ils marchèrent dans le sens inverse, cherchant le fuyard pour les aider.

- On devrait rejoindre la meute, on est à trois rues seulement Derek.

Stiles le suivait en observant le moindre recoin éclairé par les quelques lampadaires de la rue, son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Dans sa main était serrée l'arme de son père.

- On y va mais je veux m'assurer que cette ordure ne connait pas notre QG. Je ne veux pas me faire doubler et lui servir de guide.

La couleur des yeux de Derek prouvait que sa moitié lupine était aux aguets, à travers le rouge rubis Stiles lisait la détermination de son alpha. Il avait enclenché le mode « prédateur » et Stiles savait qu'il n'y avait rien pour l'arrêter dans ces cas-là.

Le loup s'arrêta à un coin de rue, le nez en l'air.

- Il est passé par là.

Stiles se rapprocha quand une balle fusa dans l'air et atteignit Derek à la jambe, l'obligeant à s'agenouiller en hurlant sa douleur.

- Non ! cria Stiles à son tour.

C'est à cet instant que Stiles le vit apparaitre sous la lumière d'un lampadaire, sourire aux lèvres. Il disparut la seconde d'après dans l'ombre et Stiles senti la colère monter en lui mais ne le lâcha pas du regard. La haine crispa sa main autour de l'arme de son père.

La nuit était maintenant noire comme de l'encre, il n'y avait qu'un lampadaire entre les deux hommes pour éclairer la petite ruelle encore humide de la pluie de l'après-midi.

Leur visage dans l'ombre, on pouvait pourtant clairement lire dans leur regard toute la haine et la souffrance du monde, comme si à cet instant plus rien sur cette terre n'existait mis à part cette hostilité qui les opposait.

La main sur la crosse de l'arme de son père, le bras tendu devant lui, Stiles l'avait en joue. Il était là, en face de lui, cet homme qui avait bouleversé sa vie à jamais. Le fils du shérif aurait très bien pu tirer sans même écouter ce qu'il avait à lui dire et en finir une bonne fois pour toute avec lui. Avec toute cette histoire.

Stiles ne tremblait pas, semblait déterminé à en finir, il était prêt à se battre, à tuer s'il le fallait vraiment. En face de lui, le regard plein de haine, deux yeux luisants de la même étincelle l'observaient, tout aussi engagé dans cette même bataille ignoble.

Stiles arma son revolver prêt à tirer, mais l'homme le coupa dans son geste.

- Enfin je vous retrouve, le loup garou et le morveux de Claudia. Alors l'abomination, tu es prêt à rejoindre le reste de ta famille ? C'est dommage j'ai pas de torche pour perpétuer notre tradition du feu. Tant pis, une balle dans la tête ça me va aussi.

Derek grogna en tentant d'attraper le jean de Stiles pour le retenir mais celui-ci avait fait un pas en avant et était hors de portée.

- Vous ne toucherez pas à Derek et si je dois mourir pour le protéger, je le ferai.

Stiles se plaça devant Derek qui était à genoux et fit un bouclier de son corps. Le loup tenait sa cuisse, incapable de se mettre debout.

- T'es vraiment ridicule Stiles, aussi barbant que ta mère. Aussi gentil et faible qu'elle. Tu crois vraiment pouvoir protéger ce monstre ? demanda-t-il en avançant à son tour.

- N'avancez plus Gérard ou je tire !

Cette fois-ci Stiles était sûr de pouvoir le faire, certain de vouloir le tuer pour tour le mal qu'il lui avait fait ainsi qu'aux personnes qu'il aimait. Une voix cependant parvint aux oreilles du fils du shérif, puis jusqu'à son cœur meurtrit et écrasé par un mélange immonde de tristesse et de haine. Haletante et rauque, cette voix qui le suppliait se faisait pressante, on sentait l'urgence dans son timbre, comme un avertissement, un désir caché, une douleur assourdissante.

- Stiles, tu n'es pas obligé de le faire. Tu n'es pas un meurtrier.

Ce dernier ferma les yeux, Son cœur chamboulé par ces paroles, à la limite de l'explosion, lui brûlait la poitrine, tout comme ses larmes salées lui brûlaient les joues.

Je ne suis pas un meurtrier mais les mensonges nous poussent parfois à devenir ce qu'on exècre le plus.

Cette idée traversa l'esprit de Stiles de part en part, sans qu'il n'éprouve ne serait-ce qu'une once de remord. La détermination se lisait dans son regard ambré.

- Je dois le faire, pour toi, soupira-t-il simplement.

Gérard émit un rire sinistre puis dans la ruelle sombre et froide on entendit un coup de feu retentir, la lumière du lampadaire vacilla une seconde puis une silhouette tomba dans l'inconscience et dans le silence de cette douce nuit sans lune.

⁂DL⁂

Hello...

J'espère que ce chapitre vous a plu ?

Non, je ne vous dirai pas qui est tombé dans la ruelle sombre... vous devrez attendre pour le savoir...

Oui je sais c'est sadique, désolée ;)

Je vous fais quand même des bisous... A tout bientôt !

(* ̄3 ̄)╭❤

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