3. Un sourire sur le visage

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La journée avait été longue et Stiles avait mené l'enquête chaque fois qu'Alisson était dans la même classe que lui, remarquant son léger rapprochement avec Scott et celui, plus clair, avec Lydia.

Les deux filles passaient le plus clair de leur temps ensemble et si Lydia n'avait pas remarqué les coups d'œil de Stiles, à plusieurs reprises Alisson avait croisé le regard ambré de ce dernier.

Il avait beau la trouver sympathique et assez jolie, elle avait toujours ce regard scrutateur à son encontre, que Stiles ne comprenait pas. Alisson ne semblait pas le surveiller, non, c'était plus comme si elle tentait de le déchiffrer, de lire en lui. Comme si Stiles était un mystère à élucider, ce qui mettait l'hyperactif dans état de stress intense que personne ne comprenait, ni même ne remarquait.

Même Scott se moquait de lui en lui disant qu'il était complètement parano de croire qu'Alisson en avait quelque chose à faire de lui.

- Tu te fais des films Stiles, Alisson, je l'ai dans la poche, elle va me tomber toute crue dans les bras, lui dit-il en sortant de la classe, après que Stiles lui ai fait remarquer qu'elle l'observait à nouveau.

- T'es vraiment aveugle mon pote, je te dis qu'elle n'est pas nette et toi tu veux te la pécho ?! T'as vraiment un grain. Allez à demain, moi je rentre, lança Stiles à son ami qui ne l'écoutait déjà plus.

Scott trépignait sur le parking comme un petit toutou, juste derrière Lydia et Alisson quand Stiles prit la direction de sa voiture. Non loin de là, la Camaro bleue du frère d'Alisson était garée au milieu des voitures des lycéens, comme à son habitude, son conducteur surveillant sa sœur d'un œil aussi aiguisé que froid.

Stiles se secoua les épaules comme pour enlever le poids de ce regard qui ne lui était pourtant pas destiné mais qui le déstabilisait toujours autant. Il monta dans sa voiture en soupirant, réfléchissant aux dernières paroles de Derek. Il devait trouver où était ce manoir et ce ne fut chose aisée malheureusement. Mais Stiles avait plus d'un tour dans sa manche et entre regard de biche à l'archiviste de la ville, manigance à la Stilinski et menace de dénonciation au shérif, il parvint à obtenir les plans du cadastre du fameux manoir Hale.

Une fois la destination rentrée dans le GPS de son téléphone, il roula plusieurs minutes en direction de la forêt puis gara sa Jeep bleue au fond d'un cul-de-sac et, carte en main, fit le reste du trajet à pied. Stiles marcha un petit quart d'heure environ quand il arriva devant un portail en fer où il était écrit « propriété privée ». Les barrières entourant le portail étaient par terre dans l'herbe qui avait poussé à travers le grillage. Visiblement, elles étaient tombées il y a longtemps.

Il poussa tout de même le portail et eut du mal à distinguer la différence entre la forêt et le terrain du manoir. Visiblement la végétation avait repris ses droits dans ce coin de forêt. Stiles erra entre les buissons, les herbes hautes et les immenses pins qui montaient jusqu'au ciel. Au bout de quelques minutes de marche supplémentaires, il tomba sur les restes du manoir incendié et ce fut un choc pour lui.

La façade en bois était complètement noircie, les fenêtres brisées, peut-être par la chaleur due à l'incendie. Le toit était presque inexistant, seule la porte d'entrée semblait avoir résisté à l'incendie tel le dernier rempart contre les flammes. Stiles allait s'approcher du porche quand quelque chose attira son attention un peu plus loin sur la gauche du manoir.

Il contourna finalement la bâtisse, repoussant des branches pour se frayer un passage dans la végétation qui semblait vouloir le retenir d'aller plus loin. Il arriva enfin dans une partie de la forêt rendue plus sombre par les hauts pins californiens qui y avait poussé, s'éloignant du manoir sans vraiment s'en rendre compte.

Il s'accroupit devant ce qui ressemblait à une tombe. Il y avait un petit monticule recouvert de fleurs aux clochettes bleues et d'herbe, puis une simple croix en bois avec les initiales : T.H gravées dessus. Stiles passa ses doigts tremblants sur les lettres puis remarqua une autre croix, similaire à la première, à côté de la première avec les initiales : S.H. Stiles se releva en quatrième vitesse et réalisa avec horreur en tournant sur lui-même, qu'il y en avait en fait une petite dizaine tout autour de lui.

Il se mit à trembler de tout son être en réalisant que toutes les tombes appartenaient à des membres de la famille Hale. Enfin c'est ce qu'il en déduisit en voyant qu'elles avaient toutes un H pour seconde lettre.

Combien de personnes étaient enterrées ici ? Comment toutes ces personnes étaient-elles mortes ?

Stiles, les mains tremblantes, rangea la carte dans la poche arrière de son pantalon et voulu retourner à sa voiture, il en avait assez vu pour aujourd'hui, bien trop même. Il ne se sentait plus du tout à sa place dans ce cimetière familial et se demandait pourquoi il avait fallu qu'il vienne ici tout seul !

Il se retourna quand il réalisa qu'il n'était en fait plus seul dans la forêt.

Derek était à quelques mètres de là, accroupit devant le perron de la maison, la tête basse, une main au sol, comme s'il faisait une prière ou s'il se remémorait des souvenirs lointains... et douloureux, pensa Stiles.

S'il ne voyait pas souvent son alpha sourire, à cet instant c'était pire que tout, il ne l'avait jamais vu aussi abattu, aussi démuni. Il lui semblait que Derek portait toute la misère du monde sur ses épaules affaissées. Il aurait aimé le réconforter mais ce n'était clairement pas le moment, Derek lui sauterait certainement à la gorge s'il le trouvait ici.

D'ailleurs Stiles se demandait comment Derek faisait pour ne pas le sentir ou l'entendre ?

Il n'était pourtant pas si discret que ça. Stiles sursauta quand le loup se redressa d'un coup et huma l'air autour de lui. Il était certain que cette fois Derek l'avait repéré mais au lieu de s'approcher de lui, le loup se retourna sur lui-même et c'est à cet instant que Stiles vit un vieil homme aux cheveux blancs se tenir derrière lui.

Stiles s'accroupit dans les herbes et observa en silence les deux hommes.

Derek grogna à la vue de cet individu qu'il connaissait mieux que quiconque et qu'il haïssait de toute ses forces.

- Derek Hale, quelle drôle de coïncidence de se retrouver ici, non ? ça faisait longtemps. Je ne te demande pas comment tu vas, parce que bientôt tu seras mort, tout comme l'abominable monstre qui te sert d'oncle.

Son ton était méprisant, aussi froid qu'un iceberg, son visage ne montrait que de la haine et du dégoût, ce qui renforça la colère de l'alpha.

Le loup grogna, ses griffes et ses crocs prêts à faire taire le scélérat qui lui faisait face. Mais pourtant il ne bougea pas, se contentant de lui répondre tout aussi froidement.

- C'est une propriété privée ici, vous ne savez toujours pas lire ?! Qu'est-ce que vous faites là ? Dit-il en s'approchant de quelques pas pour intimider cet homme qui n'avait rien à faire sur son domaine.

L'homme ne sembla pas le moins du monde impressionné, au contraire il semblait fasciné à la vue de Derek.

- Je suis venu te dire que nous sommes là pour finir le travail que Kate a malencontreusement laissé inachevé il y à plusieurs années.

Derek grogna plus fort encore.

- Foutez le camp tout de suite ou vous le regretterez, dit Derek qui semblait prêt à l'attaquer mais une chose pourtant le retenait.

L'homme en face de lui avait une matraque électrique dans la main et Derek savait, pour y avoir déjà goûté, qu'elle n'était pas légale car bien trop puissante. Se prendre un coup de jus, c'était comme se faire foudroyer et il n'en avait pas du tout envie alors il se retint et prit sur lui pour calmer ses envies de meurtre.

- Je reviendrai, mais je ne serai pas seul, j'ai un allié que tu connais très bien je crois. Vous vous êtes déjà rencontré si je m'en souviens bien. Il n'a pas trop apprécié ce que tu lui as fait, il veut sa vengeance tu sais. Enfin je n'ai pas besoin de t'expliquer ce que c'est que la vengeance. Tu te rappelles le Mexique ? Laura ? Oui, je vois que tu sais de quoi je veux parler.

Derek grogna sur l'homme qui ne broncha pas d'un poil, se retournant simplement et disparu dans la végétation sans que le loup ne le poursuive.

Depuis le buisson où il était toujours caché, Stiles observait Derek qui semblait perdu dans ses pensées. Il n'avait pas bien entendu toute la conversation, juste quelques bribes mais il avait très bien compris que cet homme ne lui voulait pas du bien.

Ce qu'il ne comprit pas en revanche c'est pourquoi Derek ne l'avait pas attaqué ? Pourquoi il n'avait rien fait ? Il était un loup garou, il aurait certainement eu le dessus en combat singulier.

Stiles se releva et fit plus de bruit qu'il ne l'aurait voulu. Il entendit Derek l'appeler mais il fit le mort, espérant que Derek oublie qu'il était là.

- Stiles, je sais que tu es là, viens ici ! Ce dernier siffla pour imiter un oiseau, sur un malentendu ça pouvait marcher. Mais Derek n'entendait jamais mal hélas. Stiles ! Ramène ton cul ici si tu ne veux pas que je t'égorge avec mes dents !

Stiles soupira et sorti de son fourré, pas très rassuré. Il marcha jusqu'à la hauteur du perron du manoir et s'y assit, n'osant s'approcher plus. Derek lui faisait un peu peur avec ses poings serrés sur ses cuisses, son torse qui se soulevait rapidement à cause de sa respiration saccadée. Mais surtout, il avait toujours le visage à moitié lupin, ses yeux couleurs rubis semblaient remplis de haine.

- Derek, ça va ? Tu te sens bien ? Demanda Stiles qui tremblait comme une feuille, pas de peur cette fois-ci, toute la négativité de Derek semblait l'atteindre lui aussi. Tu veux en parler ? Osa-t-il en se décalant sur le perron pour lui faire une place à côté de lui.

Mais le loup ne bougea pas, ferma les yeux comme pour chasser des images trop difficiles à supporter puis soupira longuement.

- Stiles, tu ne devrais pas être ici. Je ne veux même pas savoir comment tu as trouvé le manoir mais tu vas rentrer chez toi et oublier ce que tu as vu, c'est clair ?

Il n'était pas sérieux ? Si ?

Stiles était incapable d'oublier quoi que ce soit, il avait une mémoire auditive et photographique incroyable et Derek le savait. Pourquoi lui demandait-il une chose qui était pour lui, impossible à faire ?

Au lieu d'obéir, chose qu'il faisait rarement avec l'alpha de toute manière, il se leva et s'approcha de lui.

- C'était qui ce mec ? Qu'est-ce qu'il te voulait ? Demanda-t-il doucement pour ne pas le brusquer.

Derek rouvrit les yeux. Son visage redevenu humain, était plus crispé et fermé que jamais.

- T'as pas à le savoir. Stiles je t'en supplie, ne reviens jamais ici, ok ?

La douleur que Stiles lisait sur son visage lui intimait de ne surtout pas abandonner, quelque chose le poussait à vouloir en savoir plus. Quelque chose lui hurlait d'aider Derek d'une façon ou d'une autre.

Stiles n'avait pas l'intention d'abandonner, il était bien trop curieux et inquiet pour laisser tomber maintenant.

- Je veux savoir si quelqu'un te veut du mal, j'ai le droit de savoir si tu es en danger, tu es mon alpha et mon ami !

Derek soupira et attrapa Stiles par le col de sa chemise, cherchant à l'impressionner mais le brun ne frissonna même pas. Le loup ne lui faisait plus peur, il avait confiance en lui plus qu'en quiconque dans cette meute.

- Ce ne sont pas tes affaires ! Je suis un loup garou, je suis potentiellement toujours en danger, mais toi... ne traine plus ici. Je n'ai pas envie de devoir sauver ton cul encore plus que d'habitude ! C'est clair ?! Dit-il en grognant contre le visage de Stiles. Ce dernier hocha la tête et Derek le lâcha enfin. T'as de la chance qu'il n'a pas remarqué que tu étais là. Fiche le camp d'ici, ok ?

Stiles allait à nouveau lui demander qui était cet homme mais Derek parti en courant à travers la végétation puis Stiles le perdit de vue rapidement.

Ce dernier soupira de frustration. Si la fuite avait été une discipline au jeux olympiques, Derek aurait déjà remporter toutes les médailles de la compétition.

Mais Stiles n'avait pas l'intention d'abandonner son enquête, bien qu'il ait entendu qu'une partie seulement de leur conversation, il l'avait bien retenue et une fois à la maison, il comptait bien faire des recherches grâce aux nouvelles informations qu'il venait de découvrir. Il retourna à sa voiture et prit le chemin du retour.

Derek lui, venait d'arriver au loft, haletant et transpirant de sa course effrénée depuis la forêt. Pourquoi n'avait-il pas pris sa voiture bon sang ?

Il s'assit sur le canapé et prit sa tête dans ses mains en soupirant.

En fait il avait eu envie d'y aller à pieds, de se rappeler le chemin recouvert de graviers qui crissaient sous ses pas, le portail en fer qui ne grinçait pas encore à l'époque. L'odeur typique de la forêt à cet endroit, qui sentait les pins, les fleurs et les fougères.

Malgré le mal qui lui tordait l'estomac chaque fois qu'il revenait près du manoir, il aimait se rappeler les souvenirs d'un passé lointain mais heureux. Les souvenirs d'avant l'incendie.

Les cookies que lui préparait sa mère, les soirées au coin du feu à écouter les histoires fantastiques de son père, les livres qu'il lisait dans la cabane perchée en haut du chêne, les balades près de la rivière avec Cora... et Laura. Les chasses de pleine lune en compagnie de Peter et de son père.

Il se rappela soudain les paroles du vieil Argent, Gérard. Le grand père d'Alisson. Cet être abominable qui avait osé revenir sur la propriété de sa famille.

Il avait parlé de vengeance au Mexique. Derek savait que la mort de Laura était de la responsabilité des Argents, ce qu'il ne comprenait toujours pas c'était cette histoire de vengeance.

Pourquoi avoir tué Laura pour se venger ? Qui avait voulu se venger ? Et de quoi ? Qu'avait-elle fait pour mériter qu'on lui ôte la vie ? L'alpha ne comprenait pas où Gérard voulait en venir.

Derek se rappela alors les images de l'incendie, Kate qui riait, un jerrican d'essence dans la main, à côté de la bâtisse en feu. Les cris de sa famille, leur appel au secours désespérés. Lui dans la cabane en haut du chêne avec Cora qui pleurait dans ses bras, accrochée à son t-shirt et qu'il tentait de calmer pour ne pas qu'on l'entende, leur cœur battant à tout rompre dans leur poitrine. Il revit Peter sortir Laura de l'incendie puis tomber inanimé à côté d'elle.

Puis un souvenir, qui le hantait plus que tous les autres depuis toutes ces années lui revint en tête :

Ce garçon qui devait avoir le même âge que lui, qui tenait la main de Kate, un sourire sur son visage enfantin alors qu'il regardait sans sourciller le manoir de la famille Hale brûler.

⁂DL⁂

Stiles cherche des réponses et Derek retrouve des souvenirs...

Vous en saurez plus tout bientôt ;)

Merci de m'avoir lue et pour les petites étoiles que vous laissez et qui me font super plaisir !

Je vous love

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