17. P'tit bouchon fait la gueule ?
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Sa sœur n'avait pas eu l'envie de le suivre jusqu'à la prison du comté de Beacon, c'est donc seul et un peu nerveux qu'il arriva devant les grilles en fer de l'immense bâtiment blanc, le vent faisant retomber sa frange sur son front plissé par l'appréhension.
Il prit une grande inspiration pour se donner du courage puis poussa la lourde porte qui le séparait de l'endroit où étaient détenus son père et son grand-père et s'avança jusqu'au comptoir d'accueil où un employé pénitentiaire le salua sans un sourire.
Le jeune homme s'annonça puis annonça le nom des personnes qu'il venait voir quand l'employé lui expliqua qu'il ne pourrait en voir qu'un seul à la fois, c'était la procédure. Agacé, Matthew sorti de la poche de son blouson un papier de l'avocat qui expliquait la situation et l'employé constata qu'il en avait apparemment le droit.
- Je suis désolé, je ne savais pas que vous aviez une dérogation. Veuillez videz vos poches dans ce casier, clés, téléphone et votre ceinture et passer le portique s'il vous plaît.
L'employé ouvrit de grands yeux lorsqu'il vit Matthew déposer un Sig Sauer de calibre 9mm au fond de la boîte mais n'ajouta rien. Parfois les visiteurs tentaient d'apporter des armes en douce mais il doutait que le jeune homme en ait vraiment eu l'intention. L'employé prit le casier, le déposa derrière lui, y colla une étiquette avec le nom de Matthew et le fit passer à travers le portique métallique qui ne détecta rien de spécial.
De l'autre côté, un autre employé, tout aussi souriant que le premier, le conduisit jusqu'à la salle des visites où il dut attendre quelques minutes son père et son grand-père. Cette attente dura bien trop longtemps à son goût, attente durant laquelle il observa d'autres détenus et leur famille et eut une pensée pour sa sœur, non sa demi-sœur, qui avait refusé de venir sous prétexte qu'elle avait mieux à faire et pas le courage d'affronter la vue de son père en prison. Elle lui avait aussi expliqué avec impatience que Kate avait besoin d'elle pour une future mission.
Matthew ne comprenait pas ce qui se tramait entre Kate et Alisson et même s'il allait mener sa petite enquête, leur rapprochement ne lui disait rien de bon.
Il sursauta quand s'assirent en face de lui, les deux patriarches de la famille qu'on menotta à la table. Avant même de le saluer, Gérard s'inquiéta de savoir si le plan « Hale » était toujours en route. Matthew se crispa et tortilla nerveusement les doigts avant de lui avouer qu'il n'était plus très sûr de vouloir aller jusqu'au bout. Son grand-père lui lança un regard noir et le traita de sale chieur avant que Chris ne lui demande de la fermer au risque de se faire renvoyer en cellule sans attendre.
Matthew crispa ses doigts sur le tissu de son jean et se mordit la lèvre nerveusement, fuyant volontairement le regard assassin de son grand-père.
- Matt, tu dois continuer ce qu'on a commencé, on ne peut pas laisser cette meute en vie. Ce ne sont pas des êtres humains, ce ne sont que des monstres. Tu le sais mieux que personne, siffla son père entre ses dents.
Matthew posa ses coudes sur la table où étaient menottés les deux hommes Argents, ses mains sous son menton et plongea son regard dans celui de son père.
- Ils ne le sont pas tous papa. Tu oublies le fils de Claudia, lança-t-il un air de défit sur le visage.
Son grand père grogna en entendant ce prénom qu'il détestait au plus haut point, Chris de son côté se contenta de soupirer et d'ajouter sans émotion :
- Stiles fait partie de nos ennemis et tu le sais. Il ne compte pas dans l'équation, il n'est rien pour nous. Il mourra comme les autres.
Matthew s'appuya sur le dossier de sa chaise et mordit son pouce entre ses lèvres.
- Tant que vous êtes en prison, vous ne pouvez rien lui faire de toute manière.
Son père secoua la tête de gauche à droite en rigolant.
- Alisson ne lâchera pas sa mission, ta sœur ira au bout, que tu sois d'accord ou non, lui précisa Chris d'un ton froid et cinglant.
Dans ses yeux se lisait une détermination à toute épreuve.
Sans détourner le regard, Matthew lui avoua sans ciller :
- J'ai avoué la vérité à Alisson. Elle sait tout papa.
Gérard eut un geste vif vers lui, comme s'il avait voulu le gifler mais retenu par des menottes solides, il ne réussit qu'à se faire mal et cracha plus rageusement encore ces mots à son petit-fils.
- On l'avait épargnée jusqu'ici ! T'es vraiment qu'une sale merde, je savais qu'il ne fallait pas te garder. T'es en fait aussi faible que ta mère. Tu ne vaux rien p'tit enfoiré.
Matthew, pas vraiment choqué par ses mots mais fortement blessé, encaissa comme il le faisait d'habitude puis se leva sans un regard pour eux et quitta la pièce tandis que Chris lui recommandait d'aller au bout du plan.
Une fois sorti de la salle des visites, il osa essuyer une larme traitresse sur sa joue rougie par la tension contenue dans sa mâchoire. On le raccompagna au bureau d'accueil où il récupéra ses affaires et n'attendit pas plus longtemps avant de retourner à sa Camaro bleue qui l'attendait sur le parking de la prison.
Matthew s'y assit et laissa couler des larmes qu'on ne voulait pas voir dans sa famille.
Pleurer c'est pour les faibles. Arrête tes caprices. Sois un homme et tire sur ce lapin.
Matthew ferma les yeux. Au fond de lui il sentait qu'il n'avait jamais vraiment été à sa place dans cette famille, pourtant il avait tout fait pour être le meilleur. Meilleur que sa sœur, qui elle, ne rechignait pas à tuer les petits animaux alors qu'elle n'avait que six ans à son premier essai. Lui n'avait jamais aimé ça, il aimait tirer sur des cibles en carton, oui. Sur des mannequins d'entraînements mais pas sur des êtres vivants.
Au début il avait vu les remarques de ses mentors comme des encouragements mais au fur et à mesure de leur violence montante, il avait compris qu'il n'avait pas le choix que de suivre le droit chemin et de s'endurcir s'il ne voulait pas finir comme les proies que sa sœur étripait sans remords.
Matthew trouva une motivation nouvelle lorsque arriva le plus grand malheur de sa vie d'adolescent. Il avait seize ans et était fou amoureux lorsque sa petite amie mourut dans d'affreuses circonstance. C'est ce drame qui le bouleversa et lui donna la motivation nécessaire pour devenir ce qu'on attendait de lui ; un tueur sans pitié.
Pourtant aujourd'hui il voyait les choses différemment, certes il voulait sa vengeance mais pas comme son père et son grand-père le voulaient. Il ferait les choses à sa manière et rien ni personne ne pourrait l'en empêcher.
Matthew traversa la ville à grande vitesse, le moteur de sa Camaro bleue rugissant à chaque coup d'accélérateur. Il roula jusqu'au quartier résidentiel où il habitait pour rejoindre la maison familiale. Il gara sa voiture dans le garage où il trouva sans surprise Alisson dans la pièce attenante à celui-ci en train de nettoyer son arme.
Cette dernière releva à peine la tête quand elle l'entendit arriver.
- Alors ? C'était intéressant ? Quels sont les ordres ? Demanda-t-elle les yeux sur son Sig.
Matthew soupira de fatigue. Sa sœur pensait comme Gérard et ce n'était même pas étonnant, elle avait toujours vécu sous les ordres et les leçons de son grand-père. Elle était tellement endoctrinée par les paroles perfides de ce dernier depuis toute petite, qu'elle n'était même plus capable de réfléchir par elle-même. Alisson était dépourvue de libre arbitre, ensorcelée par ce grand-père qui refusait d'accepter que son petit-fils ne pense pas comme lui.
Non Matthew n'était pas comme Alisson, il avait son propre avis sur le monde et cela ne plaisait pas dans cette famille où suivre les ordres était la seule façon de faire.
- Tu penses qu'à ça hein ? Les ordres, lâcha-t-il en soupirant.
Alisson posa son Sig Sauer en partie démonté sur le torchon devant elle et dévisagea son frère d'un air interrogateur.
- Bin oui, je pense à la mission, comme nous tous. T'as un problème avec ça Matt ? Dit-elle un sourire narquois sur le visage.
Matthew laissa glisser ça main sur la paroi vitrée remplie d'armes en observant les balles en argent qui s'y trouvait, soudain parcouru d'un frisson d'angoisse et tout en se retournant, il demanda :
- Elle est où Kate ?
Alisson qui avait repris le nettoyage de son arme sans se soucier de son frère lui indiqua qu'elle allait arriver d'ici une heure environ.
- C'est quoi ton problème à la fin ? Demanda Alisson quand elle vit son frère prendre un fusil de chasse et des munitions dans la paroi puis quitter le garage précipitamment pour rejoindre la partie habitation de la maison.
Il ne lui répondit même pas.
Matthew mit l'arme et les munitions dans un sac à dos et retourna au garage, monta dans sa Camaro et démarra le moteur sans attendre puis roula dans le soleil couchant jusqu'à la sortie de la ville, prenant le chemin de la falaise.
Il s'arrêta tout en haut et observa depuis son siège le soleil se coucher et les lumières de la ville s'allumer les unes après les autres. Son regard fut attiré ensuite par le sac qu'il avait déposé sur le siège passager. Il soupira longuement, las de toute cette histoire.
Sa vengeance il la voulait, depuis plusieurs années maintenant. Elle le rongeait de l'intérieur, comme un virus mortel depuis qu'on lui avait arraché violemment sa petite amie. Il ne cessait d'y songer, chaque jour et chaque nuit qu'il vivait depuis sa mort. Il aurait sa vengeance.
Il se remémora avec amertume leur rencontre dans un café en face du lycée de Beacon Hills, lui l'hyperactif dyslexique dont on avait trop souvent honte chez les Argents et qui avait été obligé de quitter l'école très tôt pour ne pas se faire remarquer et qui travaillait au café d'en face pour occuper ses journées.
Chaque fois que la brune venait au café, accompagnée de sa meilleure amie, une jolie noiraude aux yeux verts-gris au caractère de cochon, il avait la boule au ventre et des papillons dans l'estomac.
Il avait mis plusieurs semaines à trouver le courage et les mots pour l'aborder à cause de son léger bégayement qu'il devait cacher, tout comme sa dyslexie. Une honte pour son père mais aujourd'hui heureusement ses deux tares avaient disparu grâce à des heures d'orthophonie, ponctuées de coups de ceinturon de la part de son grand-père, qui ne cessait de lui rappeler qu'un homme ne devait pas être faible.
Matthew avait souvent pleuré après ces séances de torture, pas l'orthophonie, ça il aimait bien. Les confrontations musclées avec son grand-père par contre lui avaient toujours donné des sueurs froides et des crises de larmes qu'il affrontait seul dans sa chambre le soir venu.
Il avait seize ans, n'était pas sûr de lui, se sentait aussi mal qu'il pouvait se sentir avec les hommes virils et non pleurnichards de la maison qui ne cessaient de le rabaisser. Ayant vécu sans tendresse maternelle, Matthew n'avait connu que la douleur des cris et des coups qu'on lui infligeait quand il s'éloignait du droit chemin. Aussi trouva-t-il en cette jeune brune musicienne, une bulle de réconfort, jusqu'à ce qu'on la lui enlève violemment.
Il sortait avec elle depuis trois mois quand il remarqua que le frère de la meilleure amie au fort caractère, les suivait de plus en plus souvent au café. Il était musclé, contrairement à lui, capitaine de l'équipe de baseball du lycée selon les dires de la noiraude, qui ne cessait de dire du bien de son frère devant sa petite amie. Ce qu'elle pouvait l'agacer quand elle faisait ça.
Puis un jour la noiraude vint seule au café, retournant d'angoisse les entrailles de Matthew. Au fond de lui, il avait tout de suite compris mais avait quand même demandé à la demoiselle :
- Paige n'est pas avec toi ?
La noiraude en face de lui grimaça et lui avoua qu'elle était avec son frère.
- Désolée Matt, je savais pas que Derek était intéressé par elle quand je les ai présenté. En même temps, t'étais pas vraiment amoureux, non ?
Matthew avait balancer le café de la noiraude en plein dans le visage de cette dernière et les ultimes paroles qu'il lui cria ensuite tombèrent comme une menace.
- Tu vas le regretter Laura Hale, vous allez tous le regretter.
Mais ses mots prirent une toute autre tournure quand, à la pleine lune suivante, Paige mourut dans les bras de Derek car ce jour-là, le loup garou devint le pire ennemi de Matthew Argent qui n'attendait que le jour où il pourrait venger la mort de sa petite amie.
Il aurait bien voulu essayer à l'époque mais pour son plus grand malheur, une nouvelle arrestation de sa tante Kate avait précipité le départ de la famille Argent après cet écart de conduite.
Les Argents n'avaient pas pu rester à Beacon Hills mais de son côté, Matthew ne pouvait pas rester les bras croisés et laisser le loup garou dans la nature. Il devait prouver à son père qu'on ne tuait pas sa petite amie sans représailles, c'est pourquoi les Argents les traquèrent sans pouvoir les retrouver, jusqu'à aujourd'hui.
Matthew revint à la réalité et se rendit compte que la nuit était bien entamée. Essuyant une larme qui s'était échappée sur sa joue, il décida qu'il aurait sa vengeance mais qu'il ne s'attaquerait qu'à Derek, comme il l'avait toujours voulu, au diable les recommandations de son père. La meute actuelle de l'alpha n'avait rien à voir dans cette histoire. Son demi-frère encore moins.
Ces derniers mots lui arrachèrent une grimace. Qu'allait-il faire avec ce demi-frère que son père voulait voir mort ? Il n'en savait rien pour l'instant.
Une seule chose était claire dans sa tête ; Derek allait mourir mais lui seul déciderait de quand et de comment.
Matthew observa le sac qui contenait le fusil de chasse et les munitions les yeux brûlants, tout en se demandant si l'heure de sa vengeance avait enfin sonné quand son téléphone résonna dans l'habitacle de sa Camaro bleue refroidit par la nuit. Il y répondit à contre cœur.
- Qu'est-ce que tu veux Alli ?
- Kate m'a prévenue qu'elle allait rentrer, elle veut que tu sois là. Elle a apparemment une surprise pour nous.
- Je serai là dans une demi-heure, prévint-il avant de raccrocher.
Matthew démarra sa voiture, la main tremblante par la colère qu'avait remué ses souvenirs. Il recula dans le gravier qui crissa sous les pneus de sa voiture, prit la route de Beacon Hills et tout en réfléchissant il se rendit compte qu'il ne prenait pas la bonne route. Il était arrivé dans le quartier où habitait le shérif et ne put s'empêcher de passer lentement devant la maison des Stilinski où il vit Stiles et son père discutant, tout sourire, dans la cuisine.
Il réaccéléra en soupirant, nostalgique devant cet échange qu'il n'avait jamais eu avec son propre père, puis se dirigea de l'autre côté de la ville et arriva un quart d'heure plus tard dans l'allée bitumée de la demeure Argent. La voiture de sa tante n'était pas encore là.
Il regarda le plafond de sa voiture comme s'il pouvait lui apporter des réponses ou du soutien puis reporta son regard sur le sac qui était toujours sur le siège passager. Il l'empoigna fermement, sorti de sa voiture mais ne rangea pas son contenu dans le garage, à la place, il monta le tout dans sa chambre, le cachant dans son armoire, derrière une pile de vêtements.
Il s'assit sur son lit tout en réfléchissant à comment il allait se venger quand sa sœur fit irruption dans sa chambre sans son consentement.
- Casse-toi Alisson ! T'as rien d'autre à foutre que de m'emmerder ?!
Elle le regarda les bras croisés en signe de défit.
- Qu'est ce que tu peux être chiant quand t'es contrarié.
Ce dernier lui montra son majeur en grimaçant puis ajouta :
- Je ne suis pas contrarié, c'est encore pire alors je te conseille de sortir d'ici avant que je ne perdre patience.
Mais elle n'écouta pas les recommandations de son frère et avança encore, cherchant la petite bête.
- P'tit bouchon fait la gueule ? Tu vas te mettre à bégayer si je t'embête ? Dit-elle en faisant la moue devant son frère.
Il se leva de son lit précipitamment et empoigna sa sœur par le col.
- Je t'ai demandé de me foutre la paix, c'est clair dans ta putain de tronche ?
Il la repoussa sans ménagement du côté de la porte et lui claqua cette dernière au nez quand elle se mit à rire comme une dinde.
Cette peste avait vraiment un sale caractère qu'il avait de plus en plus de mal à supporter, c'était encore pire maintenant qu'elle savait qu'il était à moitié Stilinski, autrement dit ; faible selon son grand-père.
Quelques secondes plus tard, on l'appela depuis le salon et quand il envoya paître sa tante qui semblait ne pas avoir beaucoup de patience vu ses hurlements d'hyène, il comprit qu'il n'avait pas vraiment le choix. Il sorti de sa chambre en claquant à nouveau la porte pour bien montrer son mécontentement et descendit dans le salon.
Là, il eut un haut le cœur en voyant sa tante, qui n'était pas venue seule et qui semblait fière d'elle. Il se demanda un quart de seconde s'il n'était pas en train d'halluciner mais le son qu'il entendit ensuite et qui lui fit frissonner l'échine, lui confirma qu'il était bel et bien réveillé.
Bon sang mais où sa tante avait-elle la tête ? Qu'avait-elle encore inventé comme plan diabolique ?
Il n'allait malheureusement pas tarder à le savoir.
⁂DL⁂
Hello...
Voilà un chapitre centré sur Matthew, pour mieux comprendre son histoire pas toute rose...
Quelle plan diabolique sa tante a-t-elle trouvé ?
Vous le saurez bientôt ;)
Des bisous (* ̄3 ̄)╭❤
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