Prologue- TORGIL

Bataille de Fortriù, an 839

— Rassemblez-vous !

Ma voix se perdait dans le grondement de la bataille. Je tournai la tête de part et d'autre à la recherche de mes amis et frères d'armes. Tout autour de moi, des corps meurtris agonisaient sur le sol. C'était un massacre, il y avait du sang partout. Dès l'aube, nous avions profité de la quiétude de leurs foyers pour nous mettre en marche et piller cette cité picte.

J'avais ordonné à mon équipage de se tenir prêt pour une ultime bataille avant de rentrer chez nous. Je savais que mon départ en terre d'Erinn avait provoqué bien des moqueries auprès de notre roi. Malgré les réticences des bóndis, il n'avait pas hésité un seul instant à me donner tous les bateaux que je désirais pour cette expédition. Notre chef connaissait mes aptitudes au combat et mes talents de stratège, il ne doutait pas de mon succès.

Dubh Linn avait finalement cédé et nos bateaux, chargés de trésors, peinaient à avancer malgré des vents favorables. Sur le chemin du retour, je n'avais pas résisté à attaquer ces Pictes dont on m'avait tant vanté les richesses. Certains devaient me croire mort, car nous étions partis depuis fort longtemps, mais je m'apprêtais à revenir vers Skaro les cales remplies d'or et d'esclaves.

Mes hommes s'étaient lancés avec autant de force et de hargne qu'au premier jour et la cité n'était plus qu'un amas de pierres fumantes. Leurs murailles m'avaient fait perdre mon plus redoutable berseker, Gunner, mais nous en étions finalement venus à bout.

Entouré du reste de mes hommes, j'avançais, hache à la main. Je fendais tous les crânes sur ma route pour parvenir jusqu'à l'immense porte de bois. C'était notre but à atteindre, l'ultime rempart qui se dressait entre nous et la victoire.

J'essuyai d'un revers de main le sang qui brouillait ma vue pour me jeter sur le prochain assaillant. Je crochetai le bouclier lancé à pleine vitesse vers moi et le ramenai contre ma poitrine pour découvrir le visage défait de mon adversaire. Il eut à peine le temps de parer mon mouvement que je finis de l'achever à terre, d'un coup puissant.

J'allais les massacrer, par Odin, les embrocher jusqu'au dernier pour dénicher ce couard de roi ! À quoi bon se cacher derrière des murs s'il faut mourir sans gloire ? À croire que ces prétendus guerriers pictes n'étaient qu'une légende montée de toutes pièces pour dissuader les envahisseurs de fouler leur terre.

— Tous à la porte ! commandai-je à mes troupes.

Alors que nous étions tout proches, celle-ci s'ouvrit pour faire apparaître une nouvelle vague de combattants. Je repérai aussitôt ma prochaine cible à abattre. Elle se distinguait nettement du reste des hommes par sa tête couronnée. Les cris dans mes rangs redoublèrent lorsque j'ordonnai l'assaut.

Après avoir mis plusieurs guerriers à terre, je tentai d'atteindre mon rival. À mesure que j'avançai, de nouveaux renforts se mêlaient au combat. Par Thor, il était aussi difficile de se défaire de ces Pictes que de draugars !

— Torgil, attention ! me prévint Leif en me bousculant.

Obnubilé à l'idée d'occire ce roi, je n'avais pas remarqué l'assaillant derrière moi. J'eus tout juste le temps de me retourner que Leif para le coup avec son bouclier. La frappe de cet ennemi était redoutable, il fallait l'avouer.

Leif se laissa presque surprendre par sa rapidité avant de lui donner un coup de tête. Je me penchai sur lui tandis qu'il pataugeait dans la fange, sonné.

— Est-ce que c'est leur roi ? me demanda Leif.

Non, je ne crois pas.

À son allure, il devait être de sang noble, sûrement de la même lignée que celui que je tenais tant à éliminer.

— Il a essayé de te tuer, achève-le, conclut mon complice avant de retourner se battre.

J'abandonnai mon bouclier et empoignai l'arme accrochée à mon ceinturon pour lui porter le coup fatal. De la pointe de mon couteau, je transperçai ses chairs en le maintenant contre moi. Je tournai ma lame pour qu'il se vide plus rapidement de son sang. Agonisant, il enroula ses doigts autour de ma gorge sans parvenir à les resserrer avant de s'effondrer à terre.

Des cris retentirent sans que j'y prête attention. Je récupérai ma hache et mon bouclier à la hâte et me relevai pour affronter l'ennemi. Je surpris alors le roi à quelques pas de moi. Son regard s'emplit de haine quand il vit le cadavre à mes pieds. Guidé par la colère, il brandit son épée en l'air avant de se ruer sur moi. Je ne pus réprimer un sourire face à cet élan pur de vengeance. Voilà qui promettait un duel épique !

Même si j'étais plus expérimenté que lui au combat, sa hardiesse me fit perdre l'équilibre et il m'entailla profondément la cuisse. Je lâchai mon arme sous le feu de la blessure et tentai de me protéger du coup suivant en reculant. Je le parai de justesse et saisis mon bouclier plus fermement pour le frapper au visage. Le sang gicla de son nez, ce qui me donna l'avantage pour la suite du combat. Je profitai de son état de confusion pour récupérer ma hache et rassembler mes forces.

Tentant le tout pour le tout, je le laissai s'approcher dangereusement pour pouvoir l'atteindre. Exalté par la vue du sang, mon adversaire s'élança vers moi. Nos lames s'entrechoquèrent avec fracas. Ma blessure saignait abondamment et je devais à tout prix abréger notre combat si je voulais survivre à ce roi.

Les dieux avaient d'autres projets pour moi, les völvas me l'avaient révélé avant mon départ. Confiant en leur prédiction, je parai son coup d'épée avant de dégager mon scramasaxe de mon ceinturon. Je lui arrachai un râle sourd quand la pointe de mon arme balafra sa maigre cuirasse. Blessé au torse, il lâcha son épée lorsque je me jetai sur lui pour entamer une lutte rapprochée. Il encaissa le choc et me bourra les flancs de coups de poing. Encore armé de mon bouclier, je lui flanquai une volée et l'assommai.

Je profitai de ce répit pour étudier son corps inerte, ma main calée sur ma cuisse afin d'endiguer l'épanchement vermeil. Ce guerrier méritait mieux qu'une simple exécution à même le sol et il pouvait encore s'avérer utile. Je me tournai vers l'un de mes acolytes.

— Amène-le jusqu'au palais.

Il le chargea sur son dos et je les suivis jusqu'à la bâtisse le temps de recouvrer un peu de force.

L'odeur de la mort flottait dans les airs et je ressentais la nervosité de mes troupes. Nous devions en finir. J'entrai dans l'édifice quand une horde de femmes et d'enfants tentaient de fuir par les pièces voisines. Je hurlai en brandissant ma hache dans leur direction pour leur ordonner de ne plus bouger.

Mon comparse déposa le roi encore inconscient à terre. Afin d'être sûr de me faire obéir, je glissai ma lame sous le cou du captif, ce qui les immobilisa sur-le-champ. Mon armée se chargea alors de regrouper la foule dans la grande salle.

Ma blessure à la cuisse irradiait dans mon membre. Je déchirai un morceau de tissu de ma tunique pour stopper le saignement. En grimaçant, je finis de nouer le lien tout en maintenant une pression ferme sur la plaie.

Les pleurs et les cris se turent lorsque je me redressai pour observer ces Pictes à ma merci. Certains serraient de toutes leurs forces entre leurs mains tremblantes la croix de leur dieu, espérant vainement qu'elle pourrait les sauver. Quelle bêtise !

Un maraud bien mal avisé tenta de s'échapper. Leif l'attrapa et le plaqua au mur en le menaçant avec sa hache.

— Pitié, ne me tuez pas ! s'écria-t-il en norrois.

De surprise, je me retournai vers lui et ordonnai à Leif de baisser son arme. Mes hommes attachèrent solidement mon otage à l'une des colonnes de la salle tandis que je m'approchai de l'inconnu.

— Qui es-tu ? Comment as-tu appris notre langue ? grognai-je en empoignant son col.

L'homme tremblait comme une feuille et levait les mains en signe de reddition.

— Je suis marchand, mon seigneur, mon bateau navigue souvent jusqu'aux Hébrides où l'un de vos rois règne.

Ses traits se détendirent aussitôt quand je relâchai son habit.

Mes hommes continuaient d'explorer la grande pièce ornée d'entrelacs à la recherche de butins. Mon regard balaya les grandes poutres de bois décorées d'animaux, de formes concentriques et fleuries. Les fresques sculptées étaient fascinantes, quoiqu'effrayantes par endroit. Bien que certains de leurs motifs se mêlent aux croix chrétiennes, ils me rappelaient ceux qui paraient nos propres maisons.

Les plaintes de mon otage me sortirent brusquement de ma contemplation et je m'empressai de le rejoindre, suivi de ce marchand. Je poussai ce dernier vers mon prisonnier, ce qui effaça d'un claquement de doigts son regard amical. Il me dévisagea, interloqué, lorsque je me penchai vers lui en arborant une mine sombre.

— Je te préviens, si tu oses me truander, tu le paieras de ta vie.

Je resserrai le manche de ma hache tout en continuant de le fixer en guise d'avertissement. L'homme obtempéra, les genoux flageolants de peur.

— Qui est-ce ? aboyai-je en désignant l'homme attaché à la colonne de bois.

— C'est Eoganan Mac Fergusa, monseigneur, notre roi.

J'avais déjà obtenu durant ce raid plus que ce que je n'avais espéré. Si je tuais ce roi, on allait m'accueillir avec tous les honneurs. Cependant, je préférai prendre mon temps, la précipitation ne menant à rien de bon. La présence de ce marchand était un véritable signe du destin et je mesurai ma chance de pouvoir communiquer avec eux.

Les mains calées à mon ceinturon, j'observai de haut le prisonnier avec un sourire de satisfaction. Je m'agenouillai face à lui, tandis qu'il se débattait en dardant vers moi un regard venimeux. Je lorgnai par-dessus mon épaule pour intimer l'ordre à ce marchand de bien vouloir traduire.

— Demande-lui s'il est prêt à se rendre.

Le maraud s'empressa de lui répéter la question, ce qui le fit aussitôt réagir. Il vociféra une phrase inintelligible avant de cracher à mes pieds. Voilà qui était courageux ! Indifférent à son geste, j'essuyai le bout de ma chausse.

Mes hommes revinrent des quatre coins de la forteresse, les bras chargés de maigres tributs. Cet assaut m'avait privé de valeureux guerriers et je rageai de voir qu'une cité de cette taille ne pouvait pas finir d'emplir nos navires. Mes sourcils se froncèrent avant que je ne m'adresse à ce Picte.

— Il doit me dire où est caché l'or ! ordonnai-je au marchand.

Le roi ricana sans piper mot. Je luttai contre l'envie irrépressible de dégainer mon arme pour lui trancher la gorge. Au lieu de cela, j'appuyai fortement sur sa blessure pour calmer son arrogance. Un hurlement sourd s'échappa de ses lèvres tandis que les gémissements de terreur enflaient dans mon dos.

— Dis-moi où il est, insistai-je en pressant l'entaille profonde de son buste.

Mon voisin s'empressa de répéter mon ordre au Picte qui protesta en retour.

— Il a dit...

La peur lui faisait perdre ses mots.

— Il a dit quoi ?

— « Plu... Plutôt mourir que faillir », avoua le messager d'une voix tremblante.

Leif n'attendait qu'un signe de ma part pour embraser la bâtisse, seulement j'avais d'autres plans. Faire de ce territoire une terre amie nous permettrait d'établir un comptoir pour nos expéditions. Tout homme était corruptible, il me suffisait de savoir quel était son prix. De gré ou de force, j'allais m'allier à ce maudit Picte. Je m'avançai vers lui pour le défier, mais il ne cilla pas.

— Alors, son peuple périra.

D'un signe de tête, je désignai une femme du groupe pour qu'elle approche. La servante fondit en larmes tandis que ses compagnons tentaient de la retenir. Sans comprendre un mot de ce qu'elle disait, je devinai aisément qu'elle demandait pitié. J'adressai un regard appuyé vers Eoganan qui demeurait stoïque face aux pleurs de cette pauvre femme.

Qui de nous deux était le plus barbare ? Le choix était pourtant simple. S'il acceptait de se soumettre, je l'épargnais. Impassible, ce dernier renonça à la sauver et laissa Leif lui briser la nuque d'un geste vif, provoquant des cris horrifiés dans l'assemblée.

— Es-tu sûr de vouloir m'affronter ? insistai-je pour lui laisser une chance de se raviser.

Un éclair d'hésitation traversa son regard quand le marchand réitéra ma proposition. La scène qui se déroulait sous ses yeux le mettait à rude épreuve. Il suffisait pourtant d'un signe pour mettre un terme à cette tuerie. Sans réaction de sa part, j'indiquai à Leif de poursuivre et d'amener le garçonnet devant moi. J'étais prêt à massacrer toutes les femmes et tous les enfants de cette salle pour qu'il ploie.

Soudain, nos regards pivotèrent vers Egil, qui revint dans la pièce principale en tenant une femme à bout de bras. Ses longs cheveux bruns s'agitaient dans tous les sens alors qu'elle hurlait à tue-tête. Elle donnait du fil à retordre au guerrier, qui peinait à la faire tenir tranquille. À mon grand étonnement, mon captif lutta férocement contre ses liens quand elle apparut. Voilà qui était intéressant...

D'un signe de main, je lui demandai d'approcher. Les mains du guerrier encerclaient l'otage pour l'empêcher de fuir. J'avisai sa toilette soignée et ses doigts délicats qui trahissaient son appartenance à la noblesse. Si mes suppositions étaient justes, une solution s'offrait enfin à moi. J'empoignai fermement son bras frêle avant de revenir vers le roi. Il s'efforça de se contenir, mais ses protestations avaient déjà révélé ce que je suspectais.

— Est-ce votre reine ? le provoquai-je en saisissant brutalement le visage de la femme pour le coller au sien.

Je n'obtins pas de réponse. Afin qu'il cède, je m'amusai à dessiner de la pointe de ma lame des ronds sur sa chair pâle. Son corps tressauta lorsque mon scramasaxe entailla sa peau pour faire couler son sang.

— Ça suffit, arrêtez ! répéta le serviteur.

— Quelle chance, notre roi est enfin revenu à la raison ! m'exclamai-je d'un ton gouailleur, ce qui déclencha les ricanements de mes guerriers.

— Il vous donnera tous les trésors que vous voudrez, souffla-t-il résigné.

— J'ai changé d'avis. Vu qu'il s'est montré plus que récalcitrant à coopérer, ton roi devra me livrer son or et consentir à un mariage.

Il releva la tête vers moi pour m'observer d'un œil hagard. Je fis mine de réfléchir en tapotant mon menton avec ma lame. Les choses se précisaient peu à peu.

— Il ne lui reste plus rien, ajoutai-je en désignant la salle mise à sac, alors je souhaite que mon roi puisse unir l'un de ses fils à une princesse picte.

Le marchand lui expliqua mon offre. Ses yeux demeurèrent rivés au sol tandis qu'il marmonnait entre ses dents.

— Ce n'est pas possible, il dit qu'il n'a plus d'enfants et que vous avez tué le seul frère qu'il lui restait.

— Dans ce cas...

J'attrapai sans ménagement la chevelure de la femme. Elle se débattit un bref instant mais s'immobilisa quand mon couteau appuya fermement contre sa jugulaire.

— Non ! Non ! Il vous supplie d'épargner notre reine, en échange il a une autre proposition, répliqua le négociant tandis qu'Eoganan tirait violemment sur ses liens.

— Qu'est-ce que cela veut dire ?

— Son cousin consentira à vous accorder la main de sa fille. Elle est encore jeune, mais sa famille est noble, c'est une Mac Bargoit. Elle sera prompte à enfanter des héritiers de lignée royale.

J'écoutai avec attention le maraud sans cacher mon contentement. Notre roi plaçait en moi une confiance aveugle, qui ne ferait que se renforcer si je lui offrais l'opportunité d'unir l'un de ses héritiers à une Picte. Ce mariage valait bien plus que tous les trésors dérobés lors de notre raid. Il symbolisait une alliance solide pour étendre notre influence.

— Qu'on me trouve un prêtre ou quelqu'un qui sache écrire ! ordonnai-je à mes hommes qui s'exécutèrent immédiatement.

Il n'était pas dans nos habitudes de recourir à l'écrit pour ce genre de choses. Notre honneur et la promesse de tenir parole suffisaient bien souvent lors des transactions. Cependant, je savais que les chrétiens consignaient tous les actes importants sur papier. Je ficelai solidement la femme à l'une des colonnes. Puis, je libérai Eoganan en gardant ses poings liés et l'installai à la grande table pour établir les termes de notre accord.

Un vieil homme vêtu de bure fit son entrée pour nous rejoindre. J'empoignai le marchand pour me faire comprendre afin qu'aucun détail ne m'échappe. Je dictai au prêtre mes conditions pour qu'il les note sur le parchemin. Eoganan quant à lui se contenta d'acquiescer et de me fournir les informations concernant la jeune fille. Bientôt, un Viking allait pouvoir revendiquer le trône picte et c'était là le but de la manœuvre.

Le roi paya malgré lui la dot pour son cousin en nous révélant l'endroit où il avait dissimulé ses coffres. Il me fit jurer en échange d'épargner sa reine, ce que je consentis sans difficulté. Si cette dernière n'était pas capable de perpétuer sa lignée, la pucelle était assurément un meilleur parti pour nous.

Le Picte scella enfin notre pacte en apposant son seing au bas du document. Je récupérai le parchemin et fis le tour de la table pour me poster face à lui. Le soulagement et la résignation plombaient son visage quand il relâcha sa plume. Je me penchai vers lui en agrippant fermement son épaule avant de continuer.

— Un seul problème demeure...

Eoganan me scruta, troublé. Je gonflai la poitrine pour mieux le dominer. Son regard inquiet oscillait entre le négociant et moi pour tenter de comprendre ce qui se tramait.

— Pour qu'elle devienne une princesse, je sortis mon scramasaxe au moment où il se débattit, il faut que ce Mac Bargoit devienne roi.

Mon couteau lui trancha la gorge avant que le marchand n'eût le temps de lui révéler mes motivations. Une giclée de sang parsema mon habit quand le corps de mon ennemi retomba lourdement par terre. Je me dirigeai vers la reine pour la détacher. Dévastée, elle s'effondra devant la mare de sang qui maculait le sol.

— Veille à ce que les engagements de ton roi soient honorés et dis à ta reine que je reviendrai quoi qu'il arrive, confiai-je au maraud avant de rebrousser chemin pour rejoindre mes hommes.

Nous regagnâmes nos bateaux, profitant de la marée pour prendre le large. Les dieux s'étaient montrés cléments avec nous et il ne fallait pas trop les provoquer. Mes troupes avaient mérité du repos, je leur avais promis de rentrer après cette bataille. Nous ne pouvions pas réclamer cette princesse tant que nos trésors n'étaient pas en lieu sûr. Le parchemin nous servirait à réclamer notre dû en temps voulu.

Bercé par la houle, je suivis du regard les volutes de fumée qui s'échappaient des remparts. Mes muscles se relâchèrent au fur et à mesure que la côte s'éloignait. Mes pensées s'empressèrent de rejoindre celle que j'attendais. Je ne pouvais pas révéler à mes hommes les desseins que je nourrissais en secret. Si la vérité éclatait, Erika risquait de mourir. Je lui avais promis de veiller sur elle quoi qu'il en coûte. C'était mon fardeau, à chaque instant, cela hantait mes nuits et chacun des voyages qui me séparait d'elle.

J'étais ce guerrier courageux, adulé de mes hommes. Mais, s'ils découvraient ce que je cachais, ils n'hésiteraient pas à me bannir. Mon destin ne tenait qu'à un fil. Pour le moment, je profitais des faveurs dont je jouissais, car au-delà du butin que je rapportais à notre roi, je lui offrais désormais un royaume.

Celui qui, un jour, reviendrait à mon fils.


Nom ancien pour désigner l'Irlande

Hommes libres

Nom ancien de Dublin

Guerrier qui, en état de transe, entre dans une rage meurtrière.

Fantôme dans la mythologie nordique

Prêtresse viking qui pratique la divination

Arme blanche semi-longue à un seul tranchant

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