La première nuit
Note de l'auteure : Bonjour, bonsoir à vous ! On se retrouve avec un Two-Shot que j'ai écrit en m'inspirant d'une chanson qui sera dévoilée à la fin du deuxième chapitre. C'est issu d'un défi proposé par toutauboutduciel
Pour le coup, ça a été un réel défi de l'écrire, j'ai adoré me prendre la tête dessus x) Bonne lecture à vous !
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Il s'arrêta devant l'enseigne lumineuse, le coeur battant. Les néons se courbaient pour former les mots Le Clair de Lune dans une couleur jaune pâle, tirant sur le doré. Mark pensa que c'était un nom plutôt joli pour un bar-boîte de nuit.
Il regarda sur le côté, une queue d'une dizaine de personnes s'étendait sur le trottoir, attendant que le vigile à l'entrée les laisse rentrer. Il était encore tôt, il ne devait pas y avoir grand monde à l'intérieur. Ce serait plus facile pour le voir et être vu.
Tournant les talons, il se mit au bout de la queue, attendant patiemment son tour qui arriva une quinzaine de minutes plus tard. Le vigile, une véritable armoire à glace, le regarda de haut en bas, d'un œil critique. Mark lui fit un sourire poli, ne quittant pas ses pupilles inquisitrices.
Finalement, le malabar se décala pour le laisser pénétrer dans l'enceinte. À peine eut-il mis un pied à l'intérieur qu'une chaleur étouffante lui colla à la peau, l'obligeant défaire sa veste en cuir qu'il tendit à la personne responsable du vestiaire. Une odeur d'herbe flottait dans l'air, lui rappelant ses années lycées et il quitta le couloir pour s'engouffrer dans la pièce principale.
Comme il le pensait, elle n'était pas bondée, d'où l'air encore respirable et l'absence d'odeur persistante de transpiration. Sur la gauche se trouvait le bar, éclairé de la même lumière dorée que l'enseigne extérieure, où trois barmen s'activaient derrière le large comptoir en bois, préparant les boissons des quelques personnes accoudées ou assises. Tous les autres murs étaient en partie cachés derrières de multiples canapés, banquettes et un escalier dans le coin droit de la salle menait au salon VIP qui avait une vue imprenable sur la piste de danse, face à Mark. En levant les yeux, il vit que plusieurs miroirs étaient suspendus au plafond, lui faisant croiser son propre regard. Ensuite, il remarqua une boule de disco, assez grosse, reflétant des milliers d'éclats lumineux multicolores sur la piste, elle-même de plusieurs couleurs, allant du vert au violet, en passant par le bleu et le gris. Une vingtaine de personnes se déhanchaient déjà dessus, au son d'une musique qu'il n'avait jamais entendu. Les basses puissantes résonnaient dans sa poitrine et sa tête, lui donnant envie de les rejoindre. La salle en elle-même étaient dans des teintes bleu nuit et il si l'air n'avait pas était étouffant, il se serait cru à l'extérieur.
Il trouva l'endroit magnifique.
Avançant d'un pas, il sentit soudain un regard brûlant venant de la gauche et, en fouillant le coin bar, il tomba sur une tignasse décolorée, presque blanche, relevée sur un front à la peau laiteuse et des yeux sombres. Avec la lumière dans son dos, ils apparaissaient noir à la vue de Mark qui frissonna en les voyant glisser lentement sur son corps. Il se sentit brûler de l'intérieur et dû se retenir pour ne pas courir en direction de ce regard indécent.
Il rompit le contact visuel et leva le menton, dans un signe d'arrogance, tout en se dirigeant vers la piste. Une jeune femme à la longue chevelure rousse se retourna au moment où il s'avançait vers elle. Elle portait une robe rouge à paillettes, s'arrêtant à mi-cuisses avec une seule manche large et fluide, qui se balançait au rythme de ses mouvements. Elle lui fit un sourire en coin.
— Sympa ta veste !
— Merci, répondit-il avec un sourire taquin.
Mark portait un pantalon noir dans un tissu assez léger qui lui permettait d'être parfaitement à l'aise dans ses mouvements, avec une chemise noir, par-dessus laquelle il portait un blazer, bleu foncé, tout aussi brillant que la robe de la femme.
— On est plutôt bien assortis, tu crois pas ? lui demanda-t-elle en se penchant près de son oreille.
Il lui répondit par un franc sourire, amusé par l'aura menaçante qui se dégageait du côté du bar. Elle posa une main sur son épaule et l'entraîna un peu plus sur la piste de danse. Il se laissa faire, impatient de pouvoir bouger au rythme de la chanson.
Il ne perdait cependant pas son objectif de vue, jetant de temps à autres de discrètes œillades en direction du barman qui lui, ne le lâchait des yeux que lorsqu'un client l'appelait pour être servi. Exactement comme il l'espérait.
Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher de le trouver magnifique dans cette chemise bleu nuit, avec les manches retroussées jusqu'au niveau du coude et le début de son tablier noir, noué à sa taille. Il aurait aimé le voir tout entier. Pouvoir l'observer se laisser aller au son de la musique, coller son corps contre le sien, danser jusqu'au bout de la nuit.
Lee Taeyong.
Ce nom le hantait depuis maintenant trois ans. Depuis leur rupture. À cette époque il avait dix-sept ans et Taeyong vingt et un. Ils s'étaient rencontrés un peu par hasard, à la sortie de son lycée et leurs regards s'étaient immédiatement accrochés. Ses amis l'avaient poussé à aller lui demander son nom, ce qu'il avait fait, un peu timidement. Taeyong lui avait souri et lui avait proposé de se présenter autour d'un café, manquant de faire défaillir le plus jeune.
Avait alors commencé une relation passionnée, fougueuse, à l'image des deux hommes. Malheureusement le temps eut tôt fait de les rattraper et la différence d'âge, et surtout de maturité, se fit ressentir. Mark était maladroit, immature et bruyant, il aimait afficher leur couple tandis que Taeyong était davantage posé, confiant et préférait l'intimité pour laisser libre cours à son amour. Un peu plus d'un an après leur rencontre, ils se séparèrent. La rupture fut brutale, douloureuse, et laissa une profonde plaie dans le coeur de Mark. Il s'était alors juré que plus jamais il ne referait la même erreur.
Il continua donc sa vie, repoussant chaque approche trop intime, déclinant toute confession, toujours avec empathie et douceur. Il se forgea une carapace et rapidement, son coeur finit emmuré dans une profonde solitude.
Aujourd'hui, il avait mûri et n'avait plus rien à voir avec le garçon qu'il était trois ans auparavant. Il était un jeune homme de vingt et un an fier, droit, lumineux. Il suivait des études, avaient arrêté de se défoncer, ne fréquentaient plus les mêmes personnes qu'au lycée, réfléchissait à son avenir, ne faisait plus l'imbécile, avait de la retenue en public et ne se faisait donc plus remarquer.
Enfin, il se faisait remarquer. Mais grâce à son physique, parfaitement sculpté et son regard affuté, qui semblait sonder chaque personne au plus profond de son âme. Il avait un succès fou, surtout auprès de la gente féminine qui lui prêtait une mentalité de poète marginal. Il les laissait penser.
Son souffle se faisait court lorsqu'il attrapa sa partenaire par les hanches pour la soulever dans les airs, les faisant tous deux tournoyer sous les reflets de la boule à facette. Les dernières notes de la chanson résonnèrent et lorsqu'elle reposa pied à terre, elle rayonnait.
— T'es un super danseur, j'en étais sûre !
— Ah bon ?
— Oui, tu dégages vraiment quelque chose d'élégant et assuré. On sent que tu maîtrises ton corps et tu me l'as prouvé !
Il rit, passant une main dans ses cheveux bruns, soulevant sa frange puis la faisant doucement retomber sur son front moite.
— Je suis heureux que tu ais apprécié. Maintenant excuse moi, mais j'aimerai aller boire un peu.
— Pas de souci !
Elle repartit alors qu'une nouvelle mélodie débutait et ses pas l'entraînèrent un peu plus loin.
De son côté, Mark partit tranquillement en direction du bar et il s'assit sur le premier tabouret, en bout de comptoir. Il n'eut qu'à attendre quelques secondes pour voir un barman arriver. Il fronça les sourcils en voyant qu'il n'était pas celui qu'il attendait et, alors qu'une pointe de frustration se formait dans sa poitrine, il vit une main s'abattre sur l'épaule de l'homme.
— Je m'occupe de lui Johnny, c'est un ami.
— Oh, d'accord ! répondit le dénommé Johnny en rebroussant chemin, offrant un Taeyong plus beau que jamais aux yeux de Mark.
Il se racla la gorge pendant que le plus vieux s'approchait d'un pas mesuré. Quand il fut à sa hauteur, Mark planta ses iris dans ceux du décoloré et se perdit dans leur profond noir. C'était comme se noyer dans une abysse infinie.
— Qu'est-ce que je te serre ?
Une voix grave, profonde, brûlante, qui déclencha un frémissement chez le plus jeune.
— Un verre d'eau.
Taeyong leva un sourcil, interdit.
— Tu veux boire de l'eau ?
— Oui, j'ai chaud et je vais finir par me déshydrater. J'ai beaucoup dansé avec mon amie là-bas, ça m'a fait transpirer.
Il ne détournait pas son regard, comme si le faire, c'était renoncer. Renoncer à quoi ? Il n'en était pas sûr.
— Mais si tu ne veux pas me servir, je peux aller voir Johnny, lui au moins avait l'air sympathique.
Puis il se leva, prêt à s'éloigner, alors qu'un grognement se faisait entendre.
— Pose tes fesses, je te l'apporte ton verre d'eau.
Satisfait, Mark se réinstalla pendant que le barman se retournait pour prendre un verre, qu'il remplit avant de le poser sur le comptoir. Il le fit glisser jusqu'aux mains du brun, posées sur le bois.
— Je te dois combien ?
— C'est gratuit.
— Oh.
Il ne savait pas trop si le plus vieux mentait mais il ne s'en préoccupa pas, préférant boire l'eau fraîche mise à sa disposition. Alors qu'il buvait goulûment, il sentit à nouveau le regard de Taeyong épier chacun de ses mouvements, chacune de ses gorgées et, une nouvelle fois, un puissant brasier s'alluma dans sa poitrine, se propageant lentement dans le reste de son corps. Il reposa son verre et sourit.
— Tu n'as pas changé Taeyong. Tu es toujours magnifique.
Le plus vieux resta sans voix quelques instants avant de se pencher vers lui.
— Et toi tu n'es plus du tout le même. J'ai failli ne pas te reconnaître tout à l'heure...
— Tu veux dire le moment où tu m'as reluqué quand je suis entré ou quand tu lorgnais sur moi pendant que je dansais ?
Le visage de Taeyong se crispa de surprise et il détourna les yeux, visiblement gêné.
— Tu étais plus discret avant, continua le brun.
— Et toi plus empoté.
Mark éclata d'un rire cristallin, amusé par sa réplique.
— J'ai grandi. Je suis plus un ado qui se cherche en tentant de nouvelles drogues où en passant des soirées à se bourrer la gueule. Je cherche plus à faire le malin pour amuser mes potes. J'ai changé de potes d'ailleurs, ils devenaient trop toxiques et ennuyant alors je me suis barré. Aujourd'hui je vis pour moi. Je suis fier de ce que j'essaie d'accomplir et je n'ai plus honte de me regarder dans un miroir, au contraire, je peux me sourire à moi-même sans détourner les yeux. Je n'ai plus peur du jugement des autres et quand je veux quelque chose, je fais en sorte de l'obtenir par mes propres moyens. Je me sens plus léger qu'il y a trois ans. Plus léger et plus heureux.
Après cette tirade improvisée, il but le fond d'eau qu'il lui restait et fit claquer le verre contre le bois. Il remonta sa manche et soupira.
— Je dois rentrer, salut.
Puis il se leva, évitant le regard du décoloré qui n'avait pipé mot, sûrement trop abasourdi parce qu'il avait entendu.
Il traversa la piste de danse, désormais bien remplie, tout en évitant les corps qui se déhanchaient pour finalement retomber dans le couloir de l'entrée. Il récupéra sa veste qu'il enfila tout en passant la porte de sortie qu'un portier lui avait ouverte.
Le froid mordant le saisit tout entier et, alors qu'il refermait la fermeture éclair de sa veste jusqu'en haut, il fut attiré par un appel de phare.
Un homme sur une 650 Tornado lui fit un signe de la main, avant d'enlever se casque.
— Hé Mark, je suis là !
Le brun regarda que la route soit déserte et traversa en courant, rejoignant son ami qui lui tendit un deuxième casque, après avoir renfilé le sien.
— Merci de venir me chercher, et désolé du retard, j'ai pas fait gaffe à l'heure, s'excusa Mark.
— Pas de souci, j'ai pas attendu longtemps.
Alors qu'il allait enfiler le casque, il entendit quelqu'un crier son nom. Se retournant, il vit Taeyong, devant l'entrée du Clair de Lune seulement vêtu de sa tenue de travail. Enfin il pouvait l'admirer tout entier.
— Tu ferais mieux de rentrer, tu vas attraper froid ! cria-t-il à son tour avant d'enfoncer le casque sur sa tête et tapoter l'épaule de son pilote, lui signifiant qu'ils pouvaient partir.
Sans plus attendre, l'autre mit les gaz et ils disparurent dans la nuit.
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