Longtemps, Céleste s'était demandé pourquoi rester en vie quand tout était mort autour d'elle. Certes, ce n'était pas tout mais une part suffisamment, trop, grande d'elle-même s'était éteinte. Peut-être valait-il mieux d'ailleurs mettre fin à tout cela soit même, au lieu d'attendre que la mort ne vienne la cueillir elle aussi.

Cette réflexion-là, elle avait glissé dans son esprit plusieurs fois, avait fait sa place depuis bien longtemps. Après tout, pourquoi continuer quand tous avaient abandonné ? La tentation était forte, presque autant que la douleur. Constante. Elle ronflait dans le dos de la noiraude, lui rappelait pourquoi elle était là, pourquoi elle était seule. Pourquoi les autres ne se tenaient pas près d'elle. Et Lahssen avait beau l'aider, la soigner, la soulager, il ne pouvait effacer les cicatrices. Le rappel éternel de ce qu'elle était profondément.

Mais il fallait quand même avancer. Si elle les rejoignait maintenant, elle savait qu'elle se ferait tirer les oreilles. Elle n'avait pas le droit de quitter ceux qui étaient encore là, qui restaient à ses côtés. Becca ne l'aurait pas supporté.

Et puis, elle avait encore des choses à faire.

Peut-être que vivre n'étaient pas dans ses objectifs, peut-être que rentrer à la maison n'en faisait plus parti, mais elle avait promis à Zeyn.

Si elle avait pu choisir, elle aurait fini par disparaître dans le confortable fauteuil près de la cheminée de Lahssen. Elle aurait disparu sous son pouponnage et aurait fini par s'éteindre comme une étoile, aurait disparu sans un bruit ou cri. Mais il l'avait secouée, lui avait rappelée qu'ils devaient emmener un nouveau gamin à leur ami, qu'ils devaient prendre soin de lui le temps qu'elle le récupère.

Sans vraiment se rendre compte de quand ou comment, elle suivit les pas de son ancien supérieur. Même s'il ne lui tenait plus réellement la main, elle savait qu'il était derrière elle, près à la rattraper au moindre instant. Il avait été là pour la soigner, la relever, la cacher. Il serait là encore si elle venait à faillir.

« Alors, Kris Lecourt, te voilà engagé dans l'armée ? »

Et devant ces grands yeux kaki qu'elle connaissait par cœur, Céleste se demandait. Était-ce une bonne idée de laisser ce seul héritage s'en aller vers la mort ? Ne risquait-il d'ailleurs pas pire ? Tristement, elle voyait le même visage enfantin s'en aller sur un chemin qu'elle avait emprunté, savait parfaitement vers quoi l'emmenait.

« Et toi ? Vous ? Je ne sais même pas comment je dois-

— En tant qu'instructrice, ça devrait être Madame, voire Madame Fosten. Mais puisque c'est toi, je tolère le Céleste. »

On lui avait demandé de surveiller ce petit-frère trop énergétique et elle allait le faire. Au moins le temps qu'il n'arrive à son amie. Elle savait pertinemment qu'elle continuerait à regarder au loin, parfois incapable d'agir... Mais il fallait protéger ce dernier souvenir.

Peut-être qu'elle comprenait maintenant un peu mieux la position de Levi. Les sacrifices qui avaient été fait longtemps avant.

Alors Céleste se fit une seconde promesse, parfaitement consciente qu'elle finirait par lui coûter bien plus ; elle n'avait plus envie de « rentrer à la maison », elle était ici avec celui qui l'avait accueilli et celle qui demeurait encore. Et maintenant que cet enfant-là était arrivé, elle avait encore plus de raisons de rester ici. Et peu importe ce qui pourrait lui arriver, ce qu'elle devrait faire, à qui elle devrait s'interposer... Ce foyer allait vivre.

céleste à la fin de la partie 1 du tome 1 : oui cassandre, promis, je rentrerai à la maison

céleste à l'épilogue : new year, new me

ma pauvre enfant, qu'est-ce que je lui ai pas fait subir ; la différence entre la céleste du début et la céleste de maintenant est incroyable et vous avez eu là un avant-goût de la céleste du tome 2 (ou en tout cas son début) ; je vous rassure (surtout toi astre), cassandre reviendra ! ; 

je vous dis à bientôt pour le tome 2 !