ㅤ📃 CHAPITRE 8
C'est lorsque le soleil se mit à décliner dans le ciel que l'escouade d'Hanji se décida à partir. Par soucis de discrétion, læ scientifique demanda à deux de ses soldats de rester sur place. Ils n'allaient pas servir de messagers, Nifa remplissait parfaitement ce rôle, mais allaient plutôt aider Levi à gérer les adolescents et servir, un peu, de protection.
Étonnamment, Becca insista pour rester sur place. Hanji la regarda avec une surprise non dissimulée, les sourcils levés, mais ne posa pas plus de question. Et alors que Abel allait suivre le mouvement, læ brunl poussa en avant Céleste. Il eut un silence, le froncement de sourcils de Levi et un « c'est plus logique » murmuré du bout des lèvres par læ scientifique.
Quelques minutes plus tard, tout le monde fut parti et ceux restants se retrouvèrent dans une ambiance lourde et sans bruit. Les adolescents avaient tout regardé en silence, sans faire un seul mouvement. Ils attendaient que leur caporal ne dise autre chose mais rien ne vint. Il semblait perdu dans une bataille de regards avec Céleste, essayait de prendre l'ascendant sur elle pour savoir ce qu'elle foutait là. Mais la femme ne cillait pas, restait droite sur ses appuis et, finalement, il donna l'air de s'avouer vaincu, soupira, et appela les jeunes soldats.
« Faites leur visiter les lieux. Ceux qui n'ont rien à faire, allez faire à manger, c'est bientôt l'heure. »
Dans un seul mouvement, tous se mirent à l'œuvre et ce fut Kris qui se posta devant les noiraudes. Il ne leur demanda pas pourquoi tout ce manège avait eu lieu, fit simplement ce qu'on lui avait demandé. La noiraude resta près de lui, dans son dos, tandis qu'il pointait du doigt une porte, disait que c'était le bureau du caporal. Ce dernier, justement, y allait à grands pas. Avait-il besoin de s'isoler pour réfléchir au plan dont ils avaient parlé durant toute la journée ? Une seconde, il regarda les deux nouvelles venues partir à l'étage pour découvrir les dortoirs. Soudain, Becca sembla changer de route, se mit à sa hauteur en quelques pas.
« Hanji m'a demandé de te donner ça.
— Pourquoi iel ne me l'a pas donné tout à l'heure ? »
Elle hocha ses épaules, repartit rejoindre son amie et le soldat pour la visite. Levi fronça des sourcils, sentant qu'il y avait autre chose. L'enveloppe qu'il avait dans ses mains étaient trop abimées pour dater de peu, l'encre dessus était déjà presque effacée. Qu'est-ce que c'était, alors ? Il avait bien compris qu'elle avait utilisé l'excuse de læ scientifique pour éviter tous soupçons.
Alors, il partit dans son bureau sans rien dire, presque curieux de voir ce qu'il en était.
Levi ne vint pas manger quand le diner fut prêt. Eren s'était alors proposé pour lui emmener une assiette mais avait reçu un « je n'ai pas faim » plutôt sec. Il était revenu à table plutôt dépité, finissant son plat avec une moue attristée. Cela avait fait pester Becca, qui ne supportait pas que le caporal ne daigne même pas faire honneur de sa présence, laissant les adolescents seuls avec les deux femmes qui ne savaient absolument pas quoi faire pour créer un minimum de dialogue. Après tout, la vétérane lançait presque des éclairs avec ses yeux et on se rappelait encore un peu trop de l'instructrice à cheval sur le respect du calme et des règles...
Quand il ne resta plus rien à manger et que tout le monde ne restait que pour discuter, la soldate du bataillon s'était dit qu'ils étaient peut-être plus agréables que ce qu'elle ne s'était dit au départ. Au moins, ils semblaient moins idiots. Et puis, elle était heureuse de voir que Céleste s'était engagée dans une discussion tranquille avec Armin. Elle n'entendait pas ce qu'ils se disaient, d'ici, mais elle voyait que le petit blond était ravi.
On débarrassa assez vite pour éviter que tout ce beau monde ne soit trop fatigué. Et puis, sur un malentendu, Levi pouvait débarquer maintenant et tous les envoyer dans les chambres, en râlant qu'il était bien trop tard pour qu'ils restent debout à cette heure.
La vaisselle fut faite par Armin et Céleste, justement, qui continuaient de parler. La noiraude semblait lui raconter quelque chose d'important vu leurs visages sérieux. Parlaient-ils du monde extérieur ? Becca s'avança un peu pour mieux entendre et comprit que l'instructrice lui expliquait la meilleure manière de cuire les légumes qu'ils avaient. Elle avait remarqué que la cuisson n'était pas forcément la meilleure, se permettant alors de donner des conseils au garçon, qu'il les transmette aux autres.
« Vu que vous faîtes une cuisson mijoteuse, il vaut mieux mettre les pommes de terre avant les carottes, sinon elles ne seront pas assez cuites.
— Et les herbes ?
— Avant, pour que tout s'infuse bien.
— Je n'étais pas au courant que vous saviez cuisiner.
— J'ai appris avec Lahssen. »
La déclaration fit sourire le blond. Tout le monde ici avait déjà eu cours avec les deux instructeurs, savait qu'ils étaient proches, amis depuis des années. Une rumeur avait même couru dans les rangs, paraissait-il qu'ils vivaient ensemble, avaient une relation plus intime qu'on ne pouvait croire. Et entendre l'adulte dire ça... Armin savait que ce genre d'informations pouvaient être interprétées autrement.
Seulement, puisque les deux étaient les seuls à vraiment parler, on avait fini par les écouter attentivement et un pouffement se fit entendre.
« Vous êtes si proches que ça ?
— On avait parié que l'instructeur Wills faisait semblant pour être tranquille.
— Non, Jean. On était coéquipiers quand on était encore tous les deux au Bataillon.
— Et vous faîtes autre chose que cuire des carottes ? »
Le sifflement amusé de Conny fit grincer Becca. L'adolescent se permettait de parler ainsi ? Elle ouvrit sa bouche pour dire quelque chose mais se ravisa en voyant Céleste sourire légèrement. Un instant, les jeunes soldats la regardèrent ; des étoiles pleins les yeux, ils espéraient en apprendre un petit peu plus sur ces deux professeurs qui les avaient suivis pendant tout ce temps.
Est-ce que les rumeurs étaient vraies ?
« Cuisinez m'en de meilleures que lui et je vous le dirai. »
La malice dans son regard faisait plaisir à la vétérane. C'était un spectacle vivace, qui disparut très rapidement.
« Vous avez cinq minutes pour dégager. »
Enfin sorti de son bureau, Levi avait jeté un froid parmi les soldats encore présents dans la pièce à vivre. Le silence suivit tout aussi vite et tous se mirent à marcher vers les escaliers. De toute manière, ils avaient fini de ranger la cuisine, ils n'avaient plus rien à faire ici.
Céleste jeta un regard vers le caporal, qui le soutint sans ciller. Pire, il lui sembla qu'il la fixait depuis le départ. Quoi, elle avait quelque chose sur le visage ? Ne voulant pas savoir ce qu'il se tramait dans sa tête, elle suivit le groupe à l'étage. Là-bas, les deux noiraudes prirent les lits encore disponibles dans le dortoir des filles.
« J'espère qu'ici, personne ne ronfle. »
Becca n'eut aucune réponse, tandis qu'elle attrapait une chemise de nuit qu'on lui prêtait. Son amie en fit de même, rassurée d'avoir un vêtement à sa taille.
Les lumières furent vite éteintes, bien que Céleste insistât pour qu'on en garde au moins une dans le couloir. Et si les filles furent surprises de la voir aussi demandeuse, n'avait-elle pas passé l'âge de la peur du noir ?, on laissa tout de même une bougie brûler près de la porte. Cela ne dérangea pas les adolescentes qui s'endormirent tous assez rapidement. Ce n'était pas compliquée, de toute manière. Elles se levaient tôt et se couchaient tard, le sommeil les cueillait toujours rapidement.
Allongée dans son lit, la femme écoutait les respirations de ses cadets, se demandait s'ils rêvaient déjà. Elle était épuisée, elle aussi, mais ses yeux semblaient refuser de se fermer. Est-ce que Becca était dans la même situation ? Est-ce que c'était une bonne idée de sortir de cette chambre ? La noiraude savait parfaitement qu'elle n'allait pas dormir, ou en tout cas pas maintenant. Se repérant bon gré mal gré dans la chambre, elle sortit de la pièce sans un bruit et attrapa la bougie à ses pieds. Posée sur un bougeoir, elle lui servit de guide dans la petite maison plongée dans le silence. Et le noir.
Sans un bruit, Céleste retourna dans la pièce à vivre. Cependant, elle fut surprise d'y voir déjà quelqu'un. Levi semblait avoir mangé, l'assiette propre dans ses mains le confirmait. Finalement, une bonne âme – Eren – lui avait laissé un petit quelque chose à se mettre sous la dent.
« Tu t'es décidé à sortir de ton bureau ?
— Je n'allais pas laisser de la nourriture pourrir.
— Au moins, tu ne nous laisses pas de la vaisselle sale pour demain. »
Elle soupira. Levi l'avait ignorée pendant toutes ses journées de convalescence, elle n'avait pas envie de lui parler. Elle s'apprêta à retourner dans le dortoir mais il s'était déjà avancé.
« Céleste. Est-ce qu'on peut parler quelques minutes ?
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Viens. »
Ici, n'importe quelle oreille pouvait arriver et les entendre discuter. Dans un soupir, l'ancienne soldate accepta de suivre son aîné dans son bureau, là où ils seraient plus tranquilles. Si elle avait su, elle serait restée dans son lit, tiens. Debout au milieu de la pièce, elle regarda Levi se diriger vers une table en bois et en sortir une feuille froissée. Elle mit quelques secondes à la reconnaître, avant de s'étouffer.
« Comment est-ce que tu as eu ça.
— Becca me l'a donné.
— Tu n'étais pas censée avoir cette lettre.
— Alors pourquoi m'est-elle adressée ? »
Céleste s'y revoyait. Assise, en train d'écrire une nouvelle fois quelque chose qui devait être déchiré. Les circonstances avaient fait qu'elle fût à moitié satisfaite de ce qu'elle avait produit, s'était même dit qu'elle allait enfin l'envoyer.
La noiraude soupira, plongea sa tête dans ses mains. Qu'est-ce qui lui avait pris de la glisser dans la poche de son amie. Et quitte à ce le caporal ait ce papier, elle aurait préféré qu'il le lise loin d'elle, que ce moment de gêne soit évité. Levi ne semblait aucunement mal à l'aise. Pire, il prit appui sur le bois de son bureau, attendant sûrement que Céleste dise quelque chose.
« Si j'avais su...
— Tu savais qu'elle allait me la donner. Pourquoi est-ce que tu fais la surprise.
— Parce que je ne pensais pas que tu la lirais maintenant.
— C'est vrai que tu aurais aimé disparaître avant. »
Sa voix se mua dans un presque murmure. Elle l'avait écrit, elle s'en rappelait parfaitement. Normalement, c'était une lettre qui n'attendait aucune réponse, aucun retour. Elle n'était là que pour éclaircir son esprit.
« Et tu pourras me poser toutes les questions que tu désires, me tuer avec elles d'ailleurs. C'est ce que tu as écrit, non ?
— C'est extrêmement humiliant.
— Je ne m'en excuserai pas. Maintenant, assieds-toi, tu as promis de répondre. »
Il l'avait laissée se reposer, elle pouvait lui parler maintenant. Céleste soupira, vaincue. Elle attrapa la chaise que Levi avait désigné et s'y installa, mains jointes sur ses cuisses. Elle n'avait plus trop le choix.
« Je veux seulement savoir une chose. Pourquoi as-tu préféré te faire passer pour morte plutôt que nous appeler à l'aide ?
—J'avais la menace de ma famille qui venait me chercher, j'étais blessée... J'ai fait ce que je pensais être juste.
— Alors pourquoi cette lettre ? Pourquoi maintenant ?
— Je ne sais pas. Lahssen a insisté pour que je la fasse. Je n'arrêtais pas d'en parler, on savait tous les deux que ça me « libèrerait »
— Et c'est tout ?
— J'avais aussi envie qu'elle te parvienne, je crois. »
Elle n'en savait trop rien. Et s'il comprenait ses mots de travers ? Saisissait quelque chose qui n'avait pas lieu d'être ? Ou, pire, s'il s'énervait ? Peut-être avait-il compris des choses dont il n'aurait jamais dû être au courant. Céleste essayait de se remémorer point par points ce qu'elle avait pu écrire sur ce papier maudit.
« Enfin. Je crois que je comprends un peu mieux, maintenant.
— Quoi donc ?
— Tout ça. »
Soulagement ? Dans tous les cas, la noiraude avait l'impression qu'un poids s'était enlevé de ses épaules. Peut-être que Becca avait bien fait ? Sûrement. Dans tous les cas, désormais, Levi s'était approché de Céleste. Il se mit à sa hauteur, sans un mot, sans la lâcher du regard, semblant réfléchir à quoi lui dire. Il avait pourtant l'embarras du choix, pouvait lui demander tout ce qu'il voulait. Mais rien ne dépassait de ses lèvres. Pire, il plongeait la pièce dans un silence forcé, l'ancienne soldate osant à peine respirer un peu fort.
« Je le maintiens, Céleste.
— Quoi ?
— Si tu t'étais fait entendre, je serai venu te chercher.
— Tu ne le penses pas.
— J'en suis de plus en plus certain. Surtout après avoir lu cette stupide lettre. »
Surtout après avoir eu la confirmation que la Céleste qu'il avait toujours connu était encore là.
ce chapitre est l'un des plus longs que j'ai fait mais je l'aime vraiment beaucoup ;
j'essaye, un peu, de mettre en avant la relation que céleste a avec nos jeunes favoris mais elle se démarquera encore plus dans les futurs chapitres ; pour le moment, la figure de la prof un peu sévère demeure encore ;
on a à nouveau un début de discussion entre céleste et levi et cette fois, c'est un peu moins la bagarre ! ; bon, ils n'ont pas encore tout mis à plat et notre madame a toujours un peu de mal à tout dire clairement mais elle le fera un jour, promis juré craché ;
dans tous les cas, ils ne reprennent pas leur relation à zéro et sont plus honnêtes sur certains points et ça, ça fait plaisir ! ;
et pis, comment ça une lettre ?
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