ㅤ📃 CHAPITRE 7
« Mademoiselle Fosten, je crois qu'un démon se déchaîne dans votre maison, est-ce que je me trompe ? »
Devant la noiraude essoufflée se tenait un Quilius Tinnend souriant, attendant patiemment d'avoir une réponse. Et derrière lui se trouvait Connor, bien plus inquiet de ce qui semblait se passer. Céleste pointa alors du doigt les grands escaliers, tentant de trouver les meilleurs mots pour expliquer la situation.
Mais elle n'y arrivait pas, d'un côté trop émue de voir des visages amis et de l'autre trop effrayée pour son frère. L'adulte sembla cependant comprendre, sans difficultés, que quelque chose de grave se passait puisqu'il partit directement à l'étage sans attendre d'explications. Il laissa alors les deux adolescents seuls.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? Êtes-vous blessée ?
- Non... Père... Il a découvert la correspondance de Cassandre avec Claude et...
- Votre frère parti à l'armée ?
- Oui...
- Je vois alors mieux pourquoi monsieur Fosten est en colère. Mais ce n'est pas une raison pour agir ainsi, on vous entend depuis le portail extérieur. J'espère que père saura le raisonner. »
Le garçon ne fit que quelques pas pour atteindre le visage de Céleste et, avec une douceur qu'elle ne lui connaissait pas, il attrapa son menton entre son index et son pouce, releva par la même occasion sa tête vers lui.
« Je suis sûr que tout va bien se passer pour votre frère, nous sommes là maintenant.
- Je ne sais pas ce que j'aurai fait sans votre arrivée surprise...
- Père en a eu assez d'essuyer des refus de visite de monsieur Fosten, il a décidé de s'inviter lui-même. Et je pense qu'il est heureux d'avoir choisi ce jour, puisque cela nous permet de vous aider. Rassurez-moi, tout de même, ce n'est pas ça tous les jours ?
- Non, non !
- Me voilà soulagé. J'aurai été vraiment très inquiet de vous savoir tous les deux livrés à une telle rage chaque jours. Enfin... Je sais que c'est égoïste mais je suis vraiment d'être là, aujourd'hui.
- Pourquoi ?
- Parce que je peux vous voir, voyons ! »
Il l'avait dit d'une voix joyeuse, d'un côté pour montrer très certainement l'excitation qu'il devait cacher à cause de la situation mais aussi pour faire en sorte que Céleste pense à autre chose. Cela semblait d'ailleurs fonctionner puisqu'elle souffla elle aussi, ses lèvres commençant à former une sorte de grimace qui se voulait amicale.
« Mais je reste tout de même inquiet pour votre frère, j'espère qu'il va bien aller. »
La bonne nouvelle était que les bruits avaient arrêté, que le silence avait pris place dans toute la demeure. Tout le monde semblait retenir son souffle et cela inquiéta encore plus la noiraude. Elle se défit alors des doigts de son ami et courut à l'étage, suivie de près par Connor. Et s'il s'était passé quelque chose de grave, pendant sa courte absence ? Quelque chose que même Quilius n'avait pu empêcher.
Mais non.
Elle tomba nez à nez avec les deux adultes dans le couloir. Charles-Henry regarda à peine sa fille, ce qui la rassura dans l'idée qu'il n'était pas trop fâché avec elle, et son ami sourit à nouveau à la demoiselle. Il fit ensuite un petit mouvement de la tête, indiquant la porte de la chambre de Cassandre et l'invitant à aller le retrouver.
Elle ne se fit pas prier et dû se retenir de ne pas courir retrouver son frère.
La bonne nouvelle était qu'il était toujours vivant. Un peu plus blessé que plus tôt mais vivant. C'était le plus important. Sa chambre, elle, semblait avoir vécu la fin du monde tant il ne restait plus rien à part des morceaux de bois brisés, du verre éclaté et du papier déchiré.
Céleste se fraya un passage bon gré mal gré dans tout ce chaos et se mis devant son frère, accroupi en face de lui. Oh, elle n'avait pas besoin de trop le regarder pour voir à quel point il pleurait et elle savait que ça ne servait à rien de tenter de le prendre dans ses bras. Alors elle posa simplement sa main sur son épaule, murmura un « Je suis désolée » qu'il n'entendit sûrement pas à cause de tous ses sanglots, et tenta de voir tout autour d'elle si quelque chose pouvait être sauvé.
Un tas d'enveloppes semblaient avoir été épargnées et vu le soin avec lesquelles elles avaient été posées sur le rebord de la cheminée, elle en déduit que c'étaient les lettres de la future fiancée de Cassandre.
Charles-Henry était peut-être incroyablement colérique mais il n'était pas idiot ; détruire la correspondance des deux adolescents était une terrible idée, même si utilisée pour punir le garçon. Cependant, il devait avoir trouvé les lettres de Claude...
C'était au moins la théorie de Céleste, alors que le noiraud à ses pieds reprenait contenance. Un coup d'œil permis à la demoiselle de voir que Connor, quant à lui, ramassait une boîte qui gisait à ses pieds, épargnée par tout le remue-ménage.
Les deux amis discutèrent alors du regard. Que fallait-il faire ? Aider Cassandre à ranger tout ce bazar ? Ou peut-être rejoindre les deux adultes qui se trouvaient aller savoir où...
« Céleste. »
La voix de Cassandre s'était élevée dans la pièce, brisant la conversation silencieuse. L'interpellée se pencha vers son frère, attendant qu'il continue.
« Tu ne devrais pas être en cours ?
- Merde. »
Le noiraud pouffa, sincèrement puis jaune. À cause de lui, sa petite-sœur avait littéralement couru loin de ses responsabilités, abandonné son professeur qui devait certainement encore l'attendre. Oh, elle était dans de beaux draps ! Le deuxième garçon, lui, haussa ses sourcils d'étonnement en entendant sa jeune amie jurer de la sorte.
« Tu crois qu'il faut que j'aille retrouver mon précepteur ? Il va me tuer, bon sang je l'avais complètement oublié !
- Va le rejoindre.
- Mais, et toi ? Je ne vais tout de même pas te laisser tout seul !
- Ne t'en fais pas, je suis un grand garçon. »
Céleste s'éloigna de son frère à contrecœur, le laissant toujours au sol, la tête baissée. Elle savait pertinemment que c'était aussi un moyen pour qu'il puisse être tranquille mais tout de même ! Finalement, il fallut que Connor la tire légèrement par le bras et la guide en dehors de la chambre.
« Ne vous inquiétez pas, je suis sûr que votre frère va s'en sortir.
- Je sais mais...
- Si j'ai bien appris quelque chose, c'est qu'on ne peut pas faire tomber un Fosten. Père me parle souvent de votre famille, de tout ce que vous avez vécu, de ce que vos ancêtres ont subi. Et ce n'est pas cet incident qui fera chuter votre aîné. Soyez tranquille et pensez un petit à vous, s'il vous plaît.
- Comment cela se fait-il que vous en sachiez autant sur nous ? »
Le garçon haussa ses épaules, un sourire pensif aux lèvres. Ce genre de réponses évasives, Céleste les détestait. Mais elle n'avait pas le temps d'y penser, plus les secondes passaient, plus elle risquait une punition digne de ce nom.
Alors elle retourna vers sa salle de classe, accompagnée de près du fils Tinnend. Sa présence la rassura un peu, peut-être qu'elle ne se ferait pas trop disputer si elle était avec un invité !
Quand ils entrèrent dans la pièce, ils tombèrent nez à nez avec le professeur de la noiraude. Poings sur les hanches, l'adulte semblait attendre la demoiselle depuis un bon moment. Un instant, il toisa du regard la demoiselle, tourna un œil vers Connor, puis se reconcentra sur la première.
« Vous savez que ce que vous avez fait est d'une stupidité sans nom et mériterait que vous travailliez jusqu'à l'épuisement ?
- Monsieur, je suis sincèrement désolée. Je-
- Je ne veux rien entendre. Installez-vous. Et vous, jeune homme, je vous prierai de vous en aller, vous n'êtes pas mon élève. »
Les deux amis se dirent au revoir, le garçon repartant dans le couloir et Céleste prenant place là où elle avait abandonné ses affaires. Il eut ensuite un silence lourd pendant une minute, interrompu par le précepteur qui posa sur le bureau de son élève une pile de feuilles.
« Je ne connais pas les détails de la dispute qu'il y a eu entre votre père et votre frère mais nous avons tous entendus les grands fracas. Je ne veux pas savoir ce qu'il s'est passé, ce ne sont pas mes affaires. Ce que je sais aussi c'est que vous vous êtes enfuie de mon cours pour vous mêler de choses qui ne vous regardent pas. Pour cela, vous aurez une punition. Cependant, je suis aussi un frère et je connais l'envie de protéger sa famille de coups injustes. Je ne parlerai alors pas à votre père de votre fuite et s'il me le demande de lui-même, je resterai vague.
- Quoi ?
- Mademoiselle, je ne valide pas votre comportement. Il est irréfléchi et indigne de votre rang. Combien de fois vous l'ai-je dit ; comportez vous comme une Fosten, soyez au moins un petit peu noble.
- Je ne pouvais pas rester les bras croisés !
- Je sais. Et c'est très bien. Je ne vous demande pas de rester passive, loin de là. Mais utilisez un petit peu plus votre cerveau.
- Comme envoyer l'ami de mon père régler le conflit au lieu de foncer directement dans la bataille ?
- Exactement. »
Pour une fois, le précepteur sourit à son élève, approuvant ce qu'elle disait. Ce genre d'actions était un petit peu plus intelligente et faisait que la noiraude n'y perdait pas trop de plumes.
« Bon. Normalement, je devrai vous garder toute la journée mais-
- Excusez-moi... »
La femme de chambre de Céleste venait de rentrer dans la salle de classe.
« Monsieur Fosten vous demande, mademoiselle.
- Mais je suis censée avoir cours !
- Je sais, mademoiselle. Monsieur Fosten veut que vous arrêtiez tout et le retrouviez dans le petit salon. Nous avons des invités.
- Alors j'arrive. »
Échange de regards entre le professeur et son élève. Le premier soupira bruyamment et souffla un « je ne peux pas contredire les ordres ». Mais il posa tout de même son doigt sur le tas de feuille qu'il avait mis sous les yeux de la noiraude, tout en annonçant que c'étaient ses devoirs, et accessoirement sa punition.
La noiraude ne se fit pas prier pour tout ranger et attrapa ses affaires en vitesse ; elle fut sortie de la salle de classe en deux temps trois mouvements, sous le pouffement de sa femme de chambre. Cette dernière finit par prendre ses livres et cahiers, tout en priant à sa maîtresse de se dépêcher si elle ne voulait pas être en retard.
Céleste trottina alors dans les couloirs, rassurée d'une chose ; son père était calmé.
je pense que ce chapitre est l'un de ceux que j'ai eu le plus la flemme de relire et de corriger, je m'excuse d'avance pour les fautes et les incohérences
n'empêche, je l'aime beaucoup, ou en tout cas son rythme et le fait que ce soit un chapitre "lien" entre le précédent et le suivant
j'ai hâte de vous poster la suite, déjà parce que le prochain chapitre sera plus intéressant mais aussi parce que les suivants le seront d'autant plus :D
je suis aussi étonnée de voir qu'on est déjà au chapitre 7, je pensais pas avancer aussi vite dans ma publication mais c'est ce qui arrive quand on fait trois chapitres par semaine j'imagine ahaha
je vous laisse là, je vous dis à vendredi !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top