ㅤ📃 CHAPITRE 66
Assise sur les marches du devant d'un bâtiment au hasard, Céleste avait laissé Becca se poser sur son épaule, respirer longuement sans piper mot. Elle avait attrapé sa main, la serrait par intermittence et la noiraude savait que son amie avait besoin de ce silence.
De ce moment pour rassembler ses pensées.
Le souvenir de son « effondrement » des années plus tôt la hantait et elle savait, elle le sentait, elle subissait la même angoisse. La même douleur dans la poitrine qui la forçait à rester muette, à s'accrocher comme elle le pouvait.
« J'ai peur, rat... »
Le léger souffle que Becca poussa brisa le calme autour d'elle. Presque aussitôt, l'aîné passa son bras autour des épaules de sa cadette, la serra contre elle alors qu'elle attrapait son autre main. Désormais lovée dans son cou, la vétérane tremblait légèrement, tentait de respirer en boucle l'odeur de savon de son amie, de la graver dans son esprit.
« Ça va aller.
— Je ne veux pas que... que ça finisse comme avec les autres...
— Je sais... »
Et plus la soldate frissonnait, plus Céleste voyait face à elle la silhouette de Caius se dessiner, son sourire triste déformer son visage.
« Tu te rappelles, taupe ? Tant qu'on reste toutes les deux, tout va bien se passer.
— Je ne veux pas te perdre toi aussi. Je vous ai tous perdus, je pourrai pas... Je pourrai pas.
— Eh. Ne te dis pas ça maintenant, ça va te pourrir. Notre stratégie est bonne, Eren est prêt et nous encore plus. Tu fais partie des meilleurs du Bataillon et je fais littéralement partie des instructeurs de la lance foudroyante. Ce n'est pas nous qui allons tomber en premier. Et au-delà de ça, on ne se débarrasse pas de nous aussi simplement. J'ai peur, moi aussi. Je suis terrifiée pour les mêmes raisons que toi... Mais on doit le faire. Et on va réussir. Toutes les deux. Tous ensemble. »
Contre elle, Becca hocha lentement sa tête. Mais elle ne répondit pas. Pour quoi faire ? Elle n'avait pas envie d'argumenter, souhaitait plutôt se raccrocher aux paroles de son amie, se convaincre que les choses allaient se dérouler simplement. Que tout allait bien finir pour elles, qu'ils allaient rentrer victorieux de toute cette histoire.
« Quand on rentrera... Je crois que je vais demander à Hanji... Enfin, lui dire qu'iel me plaît.
— Ce n'était pas déjà fait ?
— Pas clairement... Je crois que c'est de famille, les déclarations à moitié. Mais tu sais, je l'aime vraiment et... Je crois que je suis vraiment prête à me mettre avec quelqu'un...
— C'est tout ce que je te souhaite, alors. »
La déclaration avait fait sourire Céleste. Aucune des deux n'étaient visiblement douées dans les affaires romantiques et aucune des deux n'étaient encore plus à l'aise à l'idée de totalement ouvrir leur cœur. Mais maintenant, l'une contre l'autre, elles avaient le courage de se parler comme elles le faisaient si bien, de souffler leurs secrets.
« Tu te rappelles... Un soir, je t'avais dit que je n'avais pas envie d'être mère. Que j'étais certaine d'en devenir une mauvaise...
— Oui ?
— Même s'il ne « compte pas » parce que je ne l'ai pas porté, je crois que Kris me prouve le contraire... Le simple fait qu'il ait bien voulu que je devienne la sienne... Peut-être que ça montre bien que je suis capable d'en être une.
— Bien sûr. Il ne l'aurait pas fait, sinon. Crois moi, il savait ce qu'il faisait en te demandant ça.
— Je sais... J'aurai seulement aimé pouvoir parler avec ses parents avant... Ils ont refusé directement, ont tout de suite accepté de signer les papiers... Je crois qu'ils me détestent bien plus qu'avant.
— Qu'ils pleurent, ils pisseront moins. »
La réflexion fit pouffer les deux noiraudes.
« Nan mais je te jure ! Quels gros cons, Kris est bien mieux avec toi. Enfin, est-ce qu'il doit appeler l'autre format de poche « papa » maintenant ou pas ?
— Dis pas ça, il a suffisamment la trouille comme ça.
— Qu'il prenne vite confiance s'il veut être un bon grand frère. Ah, ne soupire pas, j'ai bien vu comment tu le regardais, cet hargneux de mes deux, pire que Lahssen avec Ophélie. »
Et si Céleste était tentée de se battre et rouspéter son amie pour de telles « accusations », elle n'en fit rien, resta contre elle tandis qu'elle continuait sa tirade.
« Nan mais parce que tu t'es moquée de moi avec Hanji, j'entends, j'entends, mais pour deux idiots qui se sont tournés autour pendant... quatorze ans ?, je vous trouve un peu trop sages. Alors d'accord, vous êtes de grands timides mais quand même.
— Mais je t'en pose des question, moi ?
— Non et rien ne t'en empêche. »
La joue désormais posée sur le crâne de Becca, l'instructrice regardait au loin, l'écoutait continuer à parler contre elle.
« Tu sais, je pourrai mourir d'envie de me marier et fonder une famille avec lui, je ne crois pas que ce soit le bon moment.
— Avec toi, ce n'est jamais le bon moment.
— Sûrement, oui. »
Sûrement. Mais Céleste n'avait pas envie d'aller « trop vite », d'enchaîner tout maintenant qu'elle avait enfin ce qu'elle voulait, de ne pas assez profiter d'un bonheur qui pouvait disparaître à n'importe quel moment.
« Mais ça ne répond pas à ma question. Est-ce que tu en as envie ? »
Elle le sentait parfaitement, le petit sourire esquissé contre elle, la perche tendue. Quoiqu'elle réponde, elle le faisait surtout pour elle que pour Becca. Et ça, la vétérane le savait parfaitement, était sûrement parfaitement consciente de la réponse avant même qu'elle ne soit formulée. Comme si elle avait accès aux pensées de son amie alors qu'elles étaient à peine formées.
« Bien évidemment. »
Le « je le savais » pouffé lui arracha finalement un petit rire. Bien sûr qu'elle le savait, elle n'était pas idiote ! Céleste serra un petit peu plus Becca contre elle-même, tout en lui sifflant de garder l'information pour elle si elle ne voulait la paix et la cadette répliqua qu'elle y songerait, tiendrait très certainement sa langue en échange de quelque chose tout aussi important.
« Ah, rat, je t'aime.
— Moi aussi, taupe.
— Merci d'être ma sœur. »
L'étreinte se fit plus puissante. Peut-être que Céleste s'accrochait elle aussi à son amie comme elle le pouvait, comme si elle pouvait disparaitre à n'importe quel moment.
« Merci d'être la mienne. »
Demain, elles allaient combattre à nouveau. Demain, elles allaient marcher à nouveau sur le chemin qu'elles avaient déjà foulé. Demain, Caius, Zeyn et Jorj seraient avec elles. Demain, elles allaient tout risquer à nouveau.
Et Céleste ne pouvait effacer l'étau qui se resserrait dans son cœur, la certitude que rien n'allait aller bien.
Que cette douleur qui naissait dans sa poitrine ne partirait pas avant leur retour.
« Je pense que je vais aller me coucher, mamie, je fatigue et il vaudrait mieux être en forme demain.
— Tu as raison, je vais en faire pareil. »
Pourtant, Becca ne bougeait toujours pas, restait contre Céleste qui ne donnait pas l'air de vouloir partir non plus. Et petit à petit, la plus âgée commença à frotter le dos de son amie, la bercer presque maladroitement. L'action, aussi inhabituelle soit elle, apaisa un petit peu plus sa cadette, la « força » à s'installer encore plus dans les bras de son amie.
Lentement, elle se mit à fredonner, continua son mouvement de balancier léger.
Combien de temps restèrent-elles ainsi alors qu'elles avaient commencé à se dire au revoir ? La réponse importait peu. La vétérane commençait à s'assoupir contre son amie, ne se redressa même pas lorsqu'elle entendit des pas dans leurs dos. Céleste, elle, avait relevé la tête, regardait désormais Levi et Hanji qui les fixaient.
« Qu'est-ce que vous foutez là ?
— On pêche, ça ne se voit pas ? »
Si la réplique de Becca fit sourire læ scientifique, le caporal ne put s'empêcher de lever ses yeux au ciel.
« Vous rentrez vous coucher ?
— Oui et vous devriez en faire de même.
— Tu sais quoi, 'Leste, on va faire un échange. Je te vole Becca et je te laisse Levi.
— L'échange de merde. »
Malgré sa réflexion, la noiraude se releva quand même, s'étira longuement, fit même craquer son dos. Elle tendit sa main vers Céleste pour qu'elle se lève à son tour, attrapa finalement ses épaules.
« Enfin, il est largement l'heure de se coucher donc autant y aller maintenant. Toi, tu as intérêt à te reposer, je te le jure, je veux te voir en forme demain.
— Je le ferai, ne t'en fais pas.
— Oh, le format de poche, je te la confie. Alors assure-toi que ça soit le cas. »
Le haussement de sourcils du soldat fut sa seule réponse. Finalement, Becca embrassa le front de son amie, partit directement attraper le bras de Hanji et souffla un « Bonne nuit ! » avant de læ tirer presque vers leur prochaine destination.
Désormais seuls, ni Levi ou Céleste n'osaient se regarder et encore moins parler. Lorsque la main du caporal glissa lentement dans celle de l'instructrice, elle lui jeta un regard en biais, remarqua qu'il la fixait désormais.
« On va se coucher ? »
Elle avait proposé l'action sans grand entrain, plus pour meubler le silence. Le noiraud hocha simplement sa tête et ils prirent la route vers leur chambre partagée, restèrent l'un près de l'autre le temps du trajet.
Lorsqu'ils furent enfin au calme, ils restèrent debout dans la pièce, leurs doigts toujours entrelacés.
« Est-ce que tu vas m'assommer pour que je dorme, du coup ?
— Je l'envisage très sérieusement. »
Son pouce caressant le dos de sa main, il finit par soupirer, attirer légèrement la femme vers lui.
« Tu m'inquiètes. Tu ne dors pas. Moins que d'habitude. Moins que moi.
— Je sais...
— Et même si je ne veux pas « obéir » à l'autre hargneuse, je suis d'accord avec elle. Tu dois te reposer.
— Levi... Ça va aller.
— Non. Demain, on sera très certainement séparées et tu ne devras compter que sur toi-même. Et si tu n'es pas en l'état d'assurer ta propre survie... »
L'éclat qui passa soudainement dans les yeux de Levi fit frissonner Céleste. Elle l'avait déjà trop de fois vu dans les yeux de Becca pour savoir de quoi il en retournait, ce à quoi il pouvait soudainement penser. Et il avait beau détourner subitement le regard, fixer le côté, cette lueur demeurait toujours, intensifiait l'angoisse qui creusait le ventre de la noiraude.
« Tu ne devras pas penser à moi, demain. Seulement au bon déroulé de cette mission.
— Je sais. »
Lentement, elle attira son visage vers le sien, colla leurs fronts. Il était brûlant.
« Je rentrerai. Je resterai en vie. Je te le jure. »
Leurs mains se serrèrent un peu plus fort. Qui appliquait autant de force ? Elle n'en savait rien. Mais elle se raccrochait à cette force comme elle pouvait, avec presque désespoir.
« Cette fois, je ne te laisserai pas disparaître. »
prochain chapitre : arc de reconquête de shiganshina, on y est ENFIN !! ;
j'ai aimé ce chapitre, jsp il m'a rendue un peu émotive ;
mes bébés, qu'est-ce que je vous fais pas subir :(
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