ㅤ📃 CHAPITRE 64
Peu importe le temps qu'elle passait loin de lui, Céleste retrouvait toujours son « naturel » quand elle était avec Lahssen. Avec d'autres, elle aurait très certainement craint un malaise, une colère, ne pas savoir où se mettre dans cette situation...
Mais elle savait qu'avec son ami, ce n'était pas le cas. Peu importe ce qu'il puisse ressentir, il ne lui en tenait pas forcément rigueur, ne l'exprimait en tout cas pas. Car pour l'instructeur, il y avait bien plus important qu'accabler la femme, surtout lorsqu'il savait que c'était la « dernière » fois qu'il la voyait.
Alors, il la disputera réellement à son retour, lorsqu'elle sera loin du charnier de Shiganshina. Physiquement, tout du moins.
Ils restèrent tous les deux sur le terrain d'entraînement encore quelques minutes, avaient fini par se lâcher, ne se quittaient tout de même pas du regard. Une conversation silencieuse se jouait entre eux, la répétition continue d'un « Vis. — Promis. » qui ne connut une fin qu'au bruit de l'arrivée d'un groupe de recrues.
C'était normal, ils étaient près de l'espace clôturé réservé aux entraînements.
Malgré sa curiosité dévorante de savoir pourquoi les autres avaient voulu voir Shardiz, Céleste décida de rester avec Lahssen, salua avec un sourire poli l'instructeur qui arriva à leur hauteur. Après avoir ordonné aux adolescents de reprendre leur exercice de la veille, il se tourna vers les deux, lâcha un soupir dépassé.
« Je vous juste, ils vont me rendre chèvre. Je sais pas comment vous faîtes pour les supporter, surtout toi Fosten pour la tridimensionnalité. Enfin, tu me diras, tu dois t'occuper des suicidaires du Bataillon pour le moment...
— Des fois, j'en viens à me demander si je ne préfère pas les morveux ici aux grands dadais de là-bas. »
Et si elle ne rigola pas à sa propre remarque, son ami s'en chargea pour elle, se moqua un peu trop bruyamment en imaginant les situations. Finalement, le troisième instructeur partit gérer ses élèves, laissa seuls les deux.
« Caius aurait adoré cette histoire de lance foudroyante. Tu imagines ? Nous tous... On en aurait fait une bouchée, de cette expédition de malheur.
— Sûrement, oui... »
Ou peut-être que c'est elle qui aurait fait une bouchée d'eux...
Penchée sur une petite clôture, elle observait les jeunes s'échanger des coups rapides, s'échauffer avant de se voir confier des couteaux en bois. Encore maintenant, ils apprenaient les mouvements d'attaque et de défense, se préparaient à se battre contre d'autres humains.
Même s'ils étaient à la base destinés à combattre des titans.
La gorge sèche, la noiraude revoyait les événements du mois dernier, se rendait de plus en plus compte que ce n'était plus qu'une « affaire de titans ». Elle espérait simplement qu'ils n'en arriveraient pas à s'entretuer.
« Regarde Xavier, là-bas. Toujours lui, un vrai hargneux celui-là. »
Le sifflement de son ami attira son attention, la fit tourner la tête vers le dénommé. Pas forcément immense, l'adolescent dominait largement son adversaire, enchaînait beaucoup trop vite ses attaques, transformait presque l'entraînement en bagarre.
Ce n'était pas le seul à utiliser les entraînements comme défouloir, surtout quand il se retrouvait face à une recrue avec qui il ne s'entendait pas.
Finalement, l'instructeur chargé de l'exercice partit cadrer le garçon, alors que Lahssen soufflait du nez dans une moquerie vive.
« Chaque année, la même rengaine, la même tête brûlée. Et ils se croient uniques, c'est ça le plus fascinant. Regarde, l'année dernière, c'était Eren.
— Oui, enfin, lui, il a un truc unique donc ça change un peu.
— Sûrement. Est-ce que c'est si mieux que ça ? »
Pas forcément. Pas vraiment. Même si le fameux Xavier allait très certainement s'engager dans le Bataillon, comme bien d'autres avant lui, forgés dans le même moule de rage et d'envie, il ne finira pas au cœur de la tempête. Peut-être qu'il terminera dévoré mais était-ce si pire quand on voyait le sort actuel d'Eren ?
Si tout était possible, elle aurait souhaité que le garçon n'ait jamais ses pouvoirs. Plus malédiction qu'autre chose, il était aujourd'hui condamné à une vie qui ne lui appartenait plus tant que ça...
« En vrai... Les merdeux vont bien ?
— Je ne sais pas... Ils tiennent le coup... J'avoue que je n'ai pas franchement entretenu le lien.
— Si tu en as la force, tente le coup. Je sais que tu as autre chose à faire, mais ça fait trois ans que tu les suis... Ils auront peut-être plus de facilité à te parler qu'à d'autres.
— J'essaierai. Je ne te promets pas des miracles. »
Mais maintenant que Lahssen le mentionnait, elle se faisait la réflexion qu'il y avait peut-être moyen de faire quelque chose. Même si c'était un « rien du tout », ça pouvait toujours être ça...
« Enfin, j'en connais un qui va faire la tête, bientôt.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Si Céleste avait craint un instant une réflexion « sérieuse », elle manqua de soupirer en voyant l'éclat moqueur dans les yeux de son camarade.
« Quoi, encore ?
— Je me faisais une simple réflexion. »
Comme sur le ton de la confidence, le brun se pencha légèrement vers la noiraude, esquissa un sourire léger. Sans l'ombre d'un doute, elle savait qu'il allait la taquiner, voulait seulement qu'elle soit la seule à entendre sa bêtise.
« D'accord, je ne veux pas être le père de Kris. Mais entre nous, il me préfère largement moi à l'autre nain, non ?
— Mais qu'est-ce que tu me racontes ?
— C'est vrai, non ? Vu que tu prends sa charge, tu deviens sa mère. Sauf que vu que tu as enfin attrapé le hargneux et vu comment les choses vont entre vous...
— Ce qu'il faut pas entendre comme conneries. Franchement, Lahssen, je pense que Levi a d'autres chats à fouetter que finir avec Kris sur les bras. Et comme tu l'as dit, il préfèrera clairement finir avec toi plutôt que lui.
— Peut-être... Mais c'est assurément quelque chose que tu devras voir avec eux deux, pas avec moi. Peu importe ce qui se décide, il faut qu'ils soient d'accord. Et puis, on n'est jamais en manque de surprises avec vous deux.
— On verra.
— Comme tu dis, mamie, on verra. »
Et même si ça lui brûlait de lui poser plus de questions Lahssen se retint ; finalement, il se redressa, retourna à sa contemplation de l'entraînement. Dans un soupir un peu trop appuyé pour être réel, Céleste se remit à observer les jeunes, laissa le silence s'installer entre eux.
« Oh, Fosten, ça va être l'heure pour toi. »
En entendant son nom, la femme se redressa, jeta un coup d'œil derrière elle. En effet, son groupe était visible vers les bâtiments principaux, avançaient d'ailleurs vers elle. Enfin, pas elle en particulier, plutôt les écuries qui étaient dans sa direction.
Tout en remerciant l'instructeur qui l'avait avertie, elle fit un mouvement de tête vers le brun pour qu'il l'accompagne, qu'ils restent encore un peu tous les deux. Sans se presser, les deux amis se dirigèrent vers les écuries, finirent par rejoindre les soldats.
En voyant Lahssen, les adolescents se raidirent légèrement. Même s'il n'était pas Shardiz, il avait tout de même sa réputation, son « Vos gueules, l'instructeur Willis est là ».
« Vous en tirez une tête. Je vais pas vous manger, hein, vous êtes plus ma responsabilité. »
Malgré tout, il avait un sourire satisfait ; on n'oubliait pas facilement ses réveils... sportifs.
Les jeunes soldats se détendirent lorsqu'Hanji leur souffla qu'il fallait y aller et ils se pressèrent presque tous dans les écuries pour se préparer. Kris se fit tout de même décoiffer sur le chemin, tout en se prenant un « Bah alors, criquet, on dit plus bonjour ? ».
Désormais seuls, les quatre adultes se regardèrent en silence. Enfin, il s'agissait plutôt de Lahssen qui scrutait de haut en bas puis de bas en haut Levi, qui lui-même évitait soigneusement de le fixer en retour. Lorsque læ scientifique se racla la gorge, le brun se tourna vers ellui, lui sourit.
« Heureux de voir que ça a l'air d'aller pour toi, Hanji.
— Toi aussi. Tu as l'air d'avoir marqué les jeunes.
— Un peu, ouais... Bon, je vais vous laisser. Mamie, prends soin de toi. On se retrouve à ton retour. Et bon courage pour l'expédition de reconquête, vous trois. »
Une tape sur l'épaule de Céleste, un baiser sur son front. L'instructeur la regarda encore quelques secondes avant de soupirer, s'en aller en vitesse.
Le cœur soudainement lourd, la noiraude observa un temps son ami partir avant de se tourner lorsqu'elle entendit les adolescents arriver ; Kris lui tendit les rênes de son cheval, elle le remercia avec un sourire, monta rapidement en selle.
Il n'y avait rien d'autre à faire, encore moins à dire.
Le chemin du retour se fit dans une ambiance plutôt pesante. Peu importe ce qui avait été dit, ça avait affecté d'une manière ou d'une autre les soldats, leur avait offert des nouvelles vues.
Le groupe de soldats arriva au crépuscule au quartier général. La routine de la soirée se fit rapidement, le dîner ne fut pas des plus animés. Profitant de son repas avec Becca, Céleste lui donna des nouvelles de Lahssen, se garda bien de raconter les détails de leur rencontre.
Elle se contenta simplement de lui dire qu'il allait bien, qu'il leur souhaitait bon courage pour leur expédition, avait déjà hâte de les revoir. Kris, Levi et les larmes restaient rien que pour elle.
Comme d'habitude, la noiraude était allée dans la chambre du caporal pour la nuit à venir. Tandis qu'il était parti vers les douches pour se laver, elle était restée dans la pièce, s'était simplement changée et attendait désormais le retour de l'homme.
« Et puis, on n'est jamais en manque de surprises avec vous deux. »
Depuis leur départ, cette phrase tournait en boucle dans son esprit. Assise sur le rebord du lit, Céleste avait fini par enfoncer son visage dans ses mains, souffler un long coup.
Pourquoi angoisser si subitement ? Ah, c'était de la faute de Lahssen, il avait voulu la taquiner et voilà qu'elle se compliquait à nouveau l'esprit et-
« Céleste ? Tout va bien ? »
Lorsque la noiraude releva sa tête, elle tomba nez à nez face à Levi. Sourcils légèrement froncés, il s'était mis à sa hauteur, la regardait avec attention.
« Oui, ne t'en fais pas. C'est juste une longue journée et ma discussion avec Lahssen a été... Riche.
— J'ai eu l'impression, oui. Tout s'est bien passé, quand même ?
— On peut dire ça ? Il avait bien compris que je ferai l'expédition de reconquête, il n'est pas idiot... C'est juste que... Je ressasse un peu notre conversation. »
En voyant que le visage du caporal ne se détendait pas, Céleste agita finalement sa main dans les airs, esquissa une mine désolée.
« Rien de grave, vraiment ! Bon, d'accord, il n'était pas franchement content que je ne lui en parle pas plus tôt mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Enfin, je crois...
— Alors quoi ? Loin de moi l'idée d'être indiscret mais ça n'a pas l'air d'être « rien ».
— Il m'a... « Taquinée », c'est tout. Mais maintenant que j'y pense, ça me travaille un peu.
— D'accord, je vois. »
Peut-être si disait-il qu'il n'aurait pas plus de réponse ? Le noiraud esquissa un mouvement pour se redresser, fut arrêté par la femme en face de lui.
« Levi, dis-moi...
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— La dernière fois... Je t'ai demandé si tu m'épouserais si tu le pouvais. Et je t'ai aussi parlé de Kris... Les deux sont pas forcément anodins... Je sais que c'est un peu tôt, et peut-être trop rapide, pour en parler et je suis désolée si tu as l'impression que tout va subitement trop vite mais...
— Céleste, j'avais déjà compris. Je sais que je ne comprends pas forcément toutes les dynamiques et lois mais je sais que si je te prends pour épouse et que tu as à ta charge Kris, je finirai très certainement par avoir sa charge à lui aussi. Je ne te dis pas que je saute de joie à l'idée mais c'est une possibilité qu'on doit prendre en compte. Quand il sera l'heure d'y réfléchir, on le fera à tête reposée. Tous les trois. »
Le « Tous les trois. » soufflé lentement par le soldat avait une sonorité presque naturelle. Et ça rassurait la noiraude, alors qu'elle hochait sa tête de haut en bas.
« Merci,Levi. »
je suis de retour pour vous jouer un mauvais tour ! ;
bon, j'avoue, pas mon meilleur chapitre, j'ai eu BEAUCOUP de mal à l'écrire mais bon ça arrive, on fera mieux la prochaine fois <3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top