ㅤ📃 CHAPITRE 62

Céleste rit beaucoup, ce soir-là. Levi et elle avaient fini par retrouver les garçons de son escouade et ils étaient restés tous les cinq ensemble, le temps de manger. Le noiraud était resté assez en retrait, assis proche de la jeune femme, mais il écoutait avec attention la conversation. Une fois, il chuchota à son oreille qu'il comprenait pourquoi elle appréciait autant Zeyn ; il lui faisait un petit peu penser à Claude.

Caius était celui qui captait le plus l'intérêt du soldat. Puisqu'il était le chef de l'équipe, et le moins excité, il avait commencé à parler stratégie avec lui. Ils se firent, heureusement, rapidement coupés par les trois autres qui ne voulaient absolument pas entendre parler de boulot. Pas ce soir. Pas alors que tout le monde s'amusait parfaitement et que tout allait bien.

Quand le blond partit inviter une demoiselle à danser, le silence se fit. Mais une chose étonnante se déroula ; Jorj prit lui aussi son courage à deux mains et trouva une cavalière pour valser quelques pas. Étonnés, la mamie et le supérieur s'échangèrent des regards confus et pouffèrent. Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait le petit roux s'élancer ainsi.

« Je vais vous abandonner quelques minutes, je dois dire quelque chose à Hanji.

— Est-ce que tu voudras danser, toi aussi ?

— Pas pour le moment, navré... »

Sûrement parce que Caius lut très facilement la déception sur le visage de Céleste, il lui tendit sa main quand le noiraud fut parti. Selon lui, on ne faisait pas attendre une dame et il avait, de toute manière, envie de se dépenser.

Parmi tout ce monde, la jeune femme avait peur de se heurter à quelqu'un mais son aîné était bien trop habile pour que ça n'arrive. Ce n'était, pour sûr, pas le meilleur dans cet art, mais il se débrouillait suffisamment pour faire tourner deux trois fois la jeune femme, la faire rire parfois aux éclats.

« Pas trop déçue ?

— De ?

— Que ce soit moi qui te fasse danser.

— Non ! Pourquoi je le serai ?

— Peut-être que tu espérais que ce serait quelqu'un d'autre...

— Oh. Un peu, oui. Mais ce n'est pas grave. Tu ne te débrouilles pas trop mal ! »

Ça la détendait un petit peu. Avec le chef d'escouade, c'était beaucoup plus simple. Il était peut-être maladroit mais rien n'était dérangeant ; cette légère gêne était même un petit peu mignonne, faisait parfois rire.

« Tu sais. Des fois je me dis que si j'avais décidé de faire ma vie, j'aurai adoré avoir une enfant comme toi.

— Comment ça ?

— Contrairement à Lahssen, j'ai toujours pensé que nous menions une vie qui ne pouvait pas rimer avec vie de famille. Avoir une compagne et des marmots ne m'est jamais venu à l'esprit. Pas que je n'en veux pas mais parce que je refuse de créer une famille pour la quitter aussitôt. De laisser un amour seul. Parfois, malgré tout, je me demande ce que ça aurait pu être mais je ne regrette pas. Le Bataillon a toujours été ma voie et je suis heureux. J'avoue malgré tout que si j'avais eu une gosse de ta trempe, ou de celle de Becca, j'aurai sûrement été le plus heureux des pères. »

De toutes les paroles qu'aurait pu prononcer Caius, celles-ci résonnèrent le plus dans son cœur. Le vétéran ne pouvait imaginer à quel point elle était touchée, à quel point elle était troublée, à quel point elle était soulagée. Bien sûr, elle avait toujours su que son père, le vrai, n'aurait jamais pu être fier d'elle ; Céleste avait donc apposé cette idée à toutes les figures masculines qu'elle avait pu rencontrer un jour ou l'autre. On ne pouvait pas la considérer comme une enfant qui méritait l'honneur.

Seulement, en quelques mots, en un sourire, il lui avait dit le contraire. Malheureusement, elle ne fit pas part de ce bonheur. Peut-être avait-elle peur de gêner son camarade, d'avoir mal compris ce qu'il voulait lui dire ou, tout simplement, d'interrompre cet instant entre eux. Ce moment où il la fit tourner une nouvelle fois sur elle-même et parla à nouveau.

« Et mon souhait le plus cher, c'est que vous soyez tous heureux. À votre manière, à votre rythme mais malgré tout, heureux. Que vous vous épanouissez dans ce que vous faîtes et que vous arriviez à vos fins, que vous ne souffriez plus du mal.

— Je pense que nous voulons tous la même chose pour toi aussi.

— Alors demeurons en vie pour réaliser ce but, d'accord ? »

Ils dansèrent encore quelques minutes avant que Caius ne prenne congé. Il mourrait presque de faim et voulait dévaliser les stands présents. Céleste, qui voulait rester, se retrouva seule dans la foule. Elle s'amusa avec des inconnus à faire des rondes, frappa dans ses mains et rigola aux éclats à plusieurs reprises. Pour la première fois, tous les poids sur ses épaules s'étaient envolés et elle avait l'impression de respirer de véritables bouffées d'air frais ; de revivre.

La noiraude papillonna de personnes en personnes, tint des mains et valsa avec qui le voulait bien. Quelques secondes seulement, le temps de trouver quelqu'un d'autre, de rire, de saluer. Et la joie sur son visage s'agrandit quand elle saisit les doigts de Levi, l'entraîna au milieu de la foule avec elle.

Elle s'amusa de voir la surprise sur son visage quand elle le força à joindre la danse mais le soldat se laissa tranquillement faire, glissa même une de ses mains sur la taille de la jeune femme pur l'accompagner dans sa danse.

« Tu sais que je ne suis toujours pas un bon danseur ?

— On s'en moque ! »

La joie dont elle faisait preuve était rafraichissante. Levi leva ses yeux au ciel et finit par mener tant bien que mal la danse.

Il se sentait bien. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas sorti dehors et c'ait bien la première fois qu'il agissait de la sorte, se mêlait aux festivités. Mais si cela faisait sourire Céleste, il était bien prêt à laisser ses bons principes derrière lui. Si cela la rendait heureuse, qui était-il pour l'empêcher...

Et maintenant qu'elle était dans ses bras, il n'avait plus envie de la lâcher. Il voulait la garder éternellement contre lui, que cette nuit dure toujours et que rien ne les sépare. Car il savait que demain, tout rependrait son cours, qu'il faudrait agir comme avant... Le voulait-il ? Il le devait. Par respect pour sa promesse...

Mais là, entre ses doigts, contre sa peau fraiche, sous ses yeux, elle souriait. Et peu importe les pactes et le fait qu'il ait juré, le noiraud voulait simplement que tout cela dure. Alors il faisait durer le moment. Peu importe qu'il lui marche maladroitement sur les pieds, ne sache pas trop où aller et qu'elle finisse par mener la danse. Tant qu'elle était heureuse, c'était le plus important pour lui. Rien d'autre ne comptait à part ce bonheur fugace qui serait vite éteint demain.

Lorsque Céleste le lâcha, il eu une pointe au cœur. Mais la jeune femme avait soif et qui était-il pour lui refuser une boisson ? Alors il l'accompagna vers un stand qui vendait de la bière, seule boisson disponible ce soir. Un instant, la noiraude regarda le liquide ambré en se demandant si c'était bien une bonne idée de boire. Mais quand Levi lui chuchota qu'elle pouvait y aller, qu'il sera là pour l'empêcher de faire n'importe quoi, elle se lança. De toute manière, elle ne comptait pas faire d'excès.

Seulement, d'autres commençaient à être particulièrement éméchés, discuter avec tout le monde et proposer toutes sortes de choses. Les sourcils froncés, la noiraude regarda un groupe d'hommes commencer à l'approcher, se demanda si elle allait devoir les remballer. Un pas après l'autre, ils étaient sur le point de l'atteindre... Mais avec le soldat comme chien de garde à ses côtés, elle fut bien tranquille. Instinctivement, son ami avait posé une main autour de sa taille, dardé du regard le groupe. Il les regarda partir avec soulagement, lâcha aussitôt la jeune femme.

« Je suis désolé. C'était déplacé de ma part.

— Ne t'en fais pas. Je préfère ça plutôt que finir dans une dispute inutile.

— C'est surtout que j'ai eu l'impression de marquer un territoire...

— Tu ne faisais que me défendre. »

Céleste avait plutôt failli dire « défendre une amie » mais elle n'avait pas envie de s'appeler comme telle, aujourd'hui. Elle voulait qu'il comprenne qu'elle désirait être un peu plus...

« Tu veux danser encore ?

— Non... Enfin, si, mais pas tout de suite. Est-ce qu'on peut se promener ?

— Bien sûr. Où est-ce que tu veux aller ?

— Un peu plus au calme. Je commence à avoir la tête qui tourne avec toute cette musique. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Levi attrapa la main de la jeune femme et la guida dans les rues, puis ruelles, loin du monde et de la musique. Ainsi, ils étaient totalement coupés du monde, marchaient sur les pavés, regardaient tout autour d'eaux. Finalement, leurs pas les amenèrent jusqu'à un petit parc vide. Ils s'installèrent sur le premier banc.

Les lieux étaient à moitié plongés dans le noir, il était difficile e tout distinguer clairement. Et comme si le noiraud voyait les légers tremblement de son amie, il resta près d'elle, son épaule frôlant la sienne pour lui rappeler qu'il était là.

« Tu as mal à la tête ?

— Non, ça va mieux. Merci...

— Tu trembles. Tu as froid ?

— N- Non. Juste un peu tendue.

— Tout va bien ? »

Il l'entendait, elle respirait de plus en plus fort. Lentement, Levi se tourna vers la jeune femme, chercha dans sa silhouette un semblant de réponse. Mais rien ne venait...

« Je... Je ne sais pas comment l'aborder...

— Il y a un soucis, Céleste ? Tu peux tout me dire, tu sais.

— Peut-être... J'ai juste peur que ça gâche tout...

— Si tu ne me dis rien, ça va finir par te peser et là... Ça risque d'être plus dérangeant que si tu parles maintenant. Peu importe ce que tu as à me dire, si ça te travaille... Je préfère que tu me dises une chose déplaisante plutôt qu'elle te ronge et que tu exploses à la fin.

— Levi... Je... »

Qu'est-ce que c'était insupportable de ne pas savoir aligner plus de deux mots ! Céleste enrageait contre elle-même. La main de Levi vint chercher la sienne pour la rassurer mais cela ne fit que la stresser d'autant plus. Elle pouvait toujours reculer mais est-ce que c'était la meilleure des idées ?

« Le jour où je t'ai rencontré, j'ai tout de suite cru que tu étais un immense connard.

— Très agréable à entendre.

— Mais avec le temps, tu es devenu un ami. Le meilleur que l'on puisse avoir. Avec l'enfance que j'avais, découvrir une personne comme toi, avec un tel passé, une telle énergie, je me suis sentie déstabilisée... et attirée. »

Sa voix était devenue chuchotement, obligeait le noiraud à se pencher un petit peu. Elle ne pouvait pas faire autrement, sinon sa gorge se serrait automatiquement.

« Quand tu m'as dit que tu m'aiderais si je rentrais à l'armée, je me suis sentie soutenue. Quand tu as passé toutes ces après-midis à mes côté, j'étais heureuse. J'ai toujours attendu nos retrouvailles avec une joie certaine car je savais que je pouvais enfin me sentir réellement bien, sans être jugée ou poussée dans une position que je ne voulais pas. Et ce sentiment, il a grandi toute ces années. Quand je t'ai revu, en entrant au bataillon, ensuite en passant tout ce temps avec toi... Levi... Je... J'ai mis du temps à m'en rendre compte et quand ça a été le cas, je n'ai su que faire. Je voulais te garder avant tout comme un ami car j'avais peur qu'en soufflant ce que je ressentais vraiment, je perdrai le privilège d'être à tes côtés, d'avoir ton attention, d'être proche de toi. »

Elle leva ses yeux, capta le regard du noiraud.

« Mais j'ai envie d'avouer malgré tout. Je suis amoureuse de toi, Levi. »

Son souffle s'écrasa sur le soldat. Elle vit ses yeux s'écarquiller lentement, sa respiration se couper une seconde. La jeune femme attendit encore un instant, sans vraiment savoir quoi faire.

« C'est l'alcool qui parle ou ton cœur, Céleste ? »


qui y a cru ? ; perso moi, tout le long de l'écriture du chap j'étais en mode "hihi trop mim's allez, ça se pécho" et en faîtes non ;

comme dirait une pote "oh mais vas y là" ;

en vrai, j'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre ; voir céleste aussi heureuse, même pendant un court instant, ça fait quand même chaud au coeur ; même si levi gâche tout avec ses deux gros pieds dans le plat ;

vous en faîtes pas, l'heure des explications arrivera bien assez tôt et vous comprendrez tout bien rapidement ; ça ne sera pas jojo mais bon, on fait comme ça :D

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