ㅤ📃 CHAPITRE 61

Le départ de Lahssen n'était passé inaperçu pour personne. Et il se fit encore plus ressentir à l'expédition suivante. Becca et Caius, connus pour leur imperturbabilité légendaire, avaient été plusieurs fois déstabilisés et perdus. Sans le sarcasme, mais sérieux, du soldat, tout était chamboulé. Mais c'était peut-être aussi pour ça que Céleste avait été promue en tant que bras droit ; rien n'avait su déboussoler la jeune femme. Puisqu'elle devait aider le chef de l'escouade, elle avait fait tout son possible pour le faire. Et ça avait payé.

Être à ce poste n'était pas tous les jours aisés mais la noiraude s'appliquait à chaque fois à la tâche. Il fallait l'avouer, le chef de l'escouade profitait de sa bonne volonté pour se décharger et elle le faisait avec plaisir. Elle occupait ainsi ses nuits à lire les rapports que le vétéran avait, se chargeait d'en signer plusieurs pour lui.

La meilleure chose était tout de même d'être de temps en temps en charge de l'entraînement. Et, il fallait bien l'avouer, c'était assez agréable de tout préparer (et entendre les autres râler). La responsabilité désormais sur ses épaules, Céleste s'appliquait encore plus à la tâche. Parfois, on finissait par se demander si elle n'en faisait pas trop mais ça lui plaisait bien de travailler autant. Déjà parce qu'elle aidait Caius, ce qui n'était pas négligeable, mais surtout parce qu'elle n'était jamais seule.

Que ce soit avec Becca et Zeyn qui jetaient régulièrement des coups d'œil par-dessus son épaule ou Levi qui l'accompagnait chaque nuit, la noiraude ne subissait aucune solitude.

C'était une chose qui lui allait parfaitement.

« Comment ça une nouvelle stratégie ?

— C'est ce que je te dis. Erwin est dessus depuis un moment, on l'a tenté sur quelques entraînements mais on va le mettre en place à la prochaine expédition pour voir ce que ça donne.

— Le major est au courant ?

— Ça ne l'enchante pas vraiment mais tu connais le gros sourcils.

— C'est bien ça qui m'inquiète. »

Parfois, la jeune femme se servait aussi de ses conversations avec le noiraud pour apprendre de nouvelles choses, glaner des informations avant tout le monde. Ça lui servait, de temps en temps, et elle s'occupait d'en parler rapidement à Caius. Qu'il soit au courant de tout ce qui pouvait se passer. Ce n'était aucunement dans le but d'espionner mais plutôt d'être à jour. De ne pas être lésé et trop surpris au moment venu. Levi le savait parfaitement et parler ne le dérangeait pas, au contraire. Les secrets de ce genre, très peu pour lui.

« Tu n'as pas peur que ça lui crée des problèmes ?

— Comment ça ?

— J'ai l'impression qu'Erwin est très ambitieux. Peut-être trop pour le major ? Il vise sûrement sa position ou en tout cas une place qui lui donne plus d'importance. Je ne dis pas qu'instaurer une nouvelle stratégie comme ça sans l'approbation de son supérieur est une mauvaise idée mais c'est selon moi une affirmation d'un certain esprit. Il n'a pas peur des conséquences ou ne le montre en tout cas pas.

— C'est surtout qu'il sait que nous n'avançons pas forcément et il est partisan de la mise en application de nouvelles techniques. Et si ce mode de fonctionnement marche, je ne vois pas pourquoi nous ne le mettrions pas en place et ne le partagerions pas aux autres. Même si ça ne plaît pas. Je vois où tu veux en venir et ce que tu penses, laisse juste l'expérience se faire, ça va bien se passer.

— Et si ce n'est pas le cas ?

— Alors nous mourrons tous. »

Peut-être parlait-il ironiquement, Céleste savait que son ami n'était pas du genre à succomber pour « si peu », mais une inquiétude lui prit malgré tout l'estomac. Et si c'était le cas ? Et si il venait vraiment à échouer et ne plus revenir ? L'idée était insupportable à ses yeux.

« Je préfèrerai que tu rentres. Même si ça rate.

— Je sais.

— Même si tu dois passer quelques jours à l'infirmerie. Je veux juste que tu reviennes. Avec moi. Vivant. »

Parfois, elle lançait ce genre de déclarations. Levi ne les lui retournait jamais, restait simplement silencieux, à la fixer sans rien ajouter. Mais il y avait malgré tout une sorte de tendresse qui s'installait dans son regard qui la rassurait. Quelque chose qui lui soufflait que malgré tout, il lui confirmait qu'il resterait en vie et demeurerait à ses côtés. Elle imaginait sûrement ces pensées, se voilait la face d'illusions éphémères, ne voulait pas voir la vérité... Pourtant, l'idée que le soldat accepte sa demande ne lui était pas si impossible.

« Toi aussi. Et pas blessée. Le peu de fois où tu es revenue avec des blessures ne m'a pas enchanté.

— Tu voulais que je sois entre quatre planches.

— En forme. Sans cicatrices. »

Et il y avait ces moments, où leurs voix devenaient des murmures légers, où ils se confiaient quelque chose comme si on pouvait les entendre. Même s'il n'y avait personne. Ces moments où ils retournaient dans l'ancienne demeure, sur les escaliers poussiéreux, à parler de tout et de rien. Ces moments où la jeune femme se demandait si elle n'avait pas une, minuscule, chance. Si elle avait le droit de croire à quelque chose de plus entre eux. Parce qu'elle avait l'impression de lire sur son visage l'espérance qu'elle fasse le premier pas, qu'elle soit honnête, qu'elle tende sa main. Peut-être n'attendait-il que de la saisir.

Mais les mots ne venaient jamais et Céleste restait seule dans ses sentiments, incapable de savoir s'ils étaient réciproques. Après tout ce temps, elle avait espéré que Levi pourrait développer quelque chose... Il n'en avait pourtant pas l'air, ce qui la rendait parfois triste. Pas tout le temps ; elle se contentait parfaitement de leur amitié, se disait même que c'était la meilleure chose qu'elle pouvait avoir de lui.

La noiraude ne se voyait pas assez chanceuse pour être aimée comme elle pouvait le faire. Et ce n'était pas grave.

Cependant, plus le temps passait et plus elle avait envie d'avouer. Ne serait-ce que pour apaiser la boule qui grandissait souvent sur son cœur quand elle était seule avec lui, quand ils s'effleuraient malencontreusement. Et alors que son anniversaire approchait, en ce mai huit cent quarante-cinq, elle se demandait si ce n'était pas le moment.

Après tout, il y avait cette grande fête à Trost où danse, nourriture et musique se mêlaient parfaitement, s'accordaient dans des rires et joies. Certes, elle avait dû traîner le noiraud là-bas mais quand Hanji en avait entendu parler, ils furent une trentaine à y aller.

Se voir dans un contexte aussi informel semblait faire du bien à beaucoup de monde et c'est avec amusement qu'on se retrouva dans le district, se dispersa pour profiter de l'événement nocturne.

Entourée de son escouade, Céleste cherchait du regard Levi mais il était invisible. Il lui avait dit la veille qu'il viendrait avec sa propre équipe mais pas à quelle heure. La jeune femme était alors un petit peu perdue, ne savait pas quoi faire et n'avait même pas osé dire aux autres qui elle cherchait. Après, elle se disait bien qu'ils s'en doutaient, surtout vu les sourires entendus de Caius. Oh, si Lahssen avait été là, elle aurait sûrement fini par s'énerver ; le brun avait toujours le chic pour la mettre dans l'embarras.

« Je meurs de faim. Qui m'accompagner chercher à manger ?

— Allez, ça peut être sympa. Les autres ?

— Désolée, je vais essayer de retrouver Hanji. Iel m'a donné rendez-vous à dix-neuf heures, je n'ai pas envie de læ faire attendre.

— Et toi Céleste ?

— Je vais accompagner Becca.

— Jorj ?

— Je viens avec vous... J'ai faim aussi.

— Enfin quelqu'un de censé !

— Non, Zeyn. C'est juste que tu es un ventre sur pattes. »

Les deux noiraudes quittèrent rapidement le groupe, laissant le blond et le chef d'escouade se chamailler sous les rires du roux. Main dans la main, les soldates se faufilaient parmi les passants, scrutaient les visages.

Becca avait troqué son uniforme contre un joli costume assez simple. Elle l'avait depuis maintenant quelques années mais elle le portait tellement peu que beaucoup le voyait pour la première fois. Les cheveux attachés en une queue de cheval haute et légèrement maquillée, la jeune femme semblait plutôt guillerette à l'idée de rejoindre son amix. Céleste, quant à elle, avait tenu à enfiler une robe et un de ses corsets. Ça avait beau ne pas être pratique pour le cheval, même si elle l'avait déjà subi une ou deux fois par le passé, elle était heureuse d'être ainsi apprêtée. De la sorte, elle se sentait un petit peu comme une princesse.

« Tu comptes lui dire ce soir que tu l'aimes ?

— Pardon ?

— Le format de poche. Tu vas te déclarer ? Il serait peut-être temps. Ça fait plus de cinq ans qu'on vous voit vous comporter comme un vieux couple.

— Je... Je ne sais pas...

— Bon, c'est vrai qu'on en a jamais vraiment parlé mais tu sais, selon moi, tu devrais tenter le coup. Ça m'étonnerait qu'il te remballe.

— Je ne savais pas que tu étais proche de lui.

— De Hanji. Et vu comment iel m'en parle, tu as toutes tes chances rat. Donc, ce soir, tu donnes tout ! »

Le grand sourire de son amie la rassura. Si elle pensait ça, ce n'était pas rien. Un semblant d'aile sembla pousser dans son dos ; elle allait sûrement avoir le courage de parler à Levi.

« Ah, tu es là ! »

Dans le dos de læ brunl se tenait le soldat. La mine renfrogné, il s'était malgré tout habillé pour la sortie. C'était une tenue bien simple, une chemise blanche, un pantalon noir et une veste de la même couleur, mais ça faisait parfaitement l'affaire. C'était le cas aux yeux de Céleste.

Très vite, Becca et Hanji disparurent et ce sans même que la noiraude ne s'en rende réellement compte. Elle se retrouva alors seule avec son ami, sans vraiment savoir quoi dire.

« Tu es très élégante.

— Tu trouves ?

— Bien plus que moi, en tout cas.

— Mais non, tu es très bien.

— Si j'avais su, j'aurai fait plus d'efforts. »

La jeune femme offrit un sourire timide. Maintenant qu'elle y était, elle était complètement perdue. Devait-elle tout de suite inviter Levi à danser ? Ou fallait-il plutôt s'asseoir et manger quelque chose ? Peut-être ne voulait-il tout simplement pas être là et... Allez ! Elle devait se secouer ! Elle n'allait tout de même pas rester là, les bras ballants, à attendre que quelque chose se passe !

« Je ne sais pas toi, mais je n'ai pas très faim. Tu veux marcher un petit peu ?

— Tu n'avais rien d'autre en tête ?

— Oh, on pourra aller danser tout à l'heure, si ça te dit. Tu as le droit de dire non, bien sûr mais...

— On verra. Je ne suis pas très à l'aise.

— Bien sûr ! Tant que tu ne disparais pas subitement parce que tu en avais marre.

— Jamais. »

Côte à côte, les deux noirauds s'avançaient désormais vers le cœur de la soirée, sans objectif précis en tête. Très vite, ils se mêlèrent tous les deux à la foule. Puisque les températures étaient agréables et le temps parfait, beaucoup de monde était sorti pour s'amuser. Ainsi, la jeune femme était de temps en temps bousculé, perdait parfois du regard son ami.

Jusqu'à ce qu'il attrape sa main, la tire jusqu'à lui, la garde à ses côtés tout le long de leur marche. Doigts liés, ils ne pouvaient maintenant plus se perdre et c'était le plus important. Comme d'habitude, la peau de Levi était froide, sèche. Mais ça allait parfaitement à Céleste.

Elle espérait seulement qu'il ne sente pas à travers sa paume son cœur qui battait de plus en plus fort, la fébrilité qui la prenait.

comment ça tu vas te déclarer céleste ? ; et tu le dis même pas aux copines ?? ; 

allez, on lui souhaite un bon courage, y'a aucune raison pour que ça se passe mal ! :D

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top