ㅤ📃 CHAPITRE 60

Il fallut une journée entière pour que Lahssen puisse récupérer et emmener toutes ses affaires. Le soldat avait été aidé par ses camarades, même s'il n'y avait pas grand-chose à déménager. Dans d'autres circonstances, Becca se serait amusée à se moquer des vêtements du brun mais elle était restée bien silencieuse pendant tout ce rangement. Et qui pouvait lui reprocher ce mutisme ? Personne d'autre n'osait émettre un son et seuls des regards mélancoliques étaient échangés.

Toutes les possessions rentrèrent dans trois sacs de voyage, ce qui était un peu trop pour tenir sur un seul cheval. En tout cas selon le jeune homme qui fixait un peu tout le monde à tour de rôle.

« J'ai compris. Je vais t'accompagner. »

La plus jeune noiraude avait parlé en soupirant mais Céleste connaissait cet air ; elle voulait rester, malgré tout, encore un petit peu avec Lahssen et finir ensuite seule pour être tranquille. Loin de tout le monde.

« Moi qui pensais que tu me mettrais tout de suite à la porte.

— Je veux être sûre que tu t'en ailles bien, c'est tout. »

Lahssen leva ses yeux au ciel, amusé malgré tout. Lui aussi comprenait ce que Becca voulait faire et ça lui allait parfaitement. Finalement, il se releva et passa sa main dans ses cheveux mal coiffés.

« Bon, avant toute chose, il faut que j'aille dire au revoir au major.

— Et il faut aussi officialiser la montée de grade de notre mamie. On va tout faire en même temps. Vous trois, est-ce que vous pouvez en profiter pour tout descendre aux écuries et préparer les chevaux ?

— C'est comme si c'était fait ! »

Zeyn attrapa sans attendre les mains de ses deux camarades et les tira presque dehors, laissant seuls les plus âgés de l'escouade. Ils restèrent silencieux quelques secondes à se lancer des regards presque gênés. Ce fut Caius qui se dirigea vers la porte en premier. Sans un mot, il invita ses camarades à le suivre dans le couloir.

La marche jusqu'au bureau Keith Shardiz se fit sans un mot. Que dire, quoi faire, de toute manière ? Mais quand ils arrivèrent devant leur supérieur, mains derrière le dos après avoir posé leur poing sur leur cœur, il fallut parler. Le chef de l'escouade se lança, la voix curieusement tremblante.

« Major, nous sommes ici pour valider le transfert de mon bras droit Lahssen Wills aux brigades d'entraînement et la prise de fonction de Céleste Fosten à sa place.

— C'est rare qu'un soldat quitte le bataillon autrement qu'entre quatre planches. Félicitations pour cette évolution. Aussi pour votre mariage, j'ai eu ouïe dire de ça aussi.

— Merci monsieur.

— Je vous laisse signer les derniers papiers et j'imagine que vous allez y aller. »

Le brun hocha lentement sa tête et s'installa pour finir ce qu'il restait de paperasse.

« Quant à vous, votre nouveau poste va vous demander un plus grand investissement. Vous n'êtes pas demandée dans les réunions pour les expéditions mais vous pourriez tout de même y être appelée. Vous êtes aussi, maintenant, habilitée à remplir plusieurs documents à la place de votre chef d'escouade.

— Bien. »

Céleste comprenait un petit peu mieux pourquoi elle avait fini avec ce rôle. Pas que Becca ou Zeyn n'étaient pas capables de le faire mais elle avait, aussi maigre soit-elle, une expérience dans le domaine administratif.

Lorsque Lahssen eut fini avec ce qui lui restait, le trio salua le major et sortit de la pièce sans en demander plus. Debout dans le couloir, ils ne savaient pas vraiment quoi faire. Que dire.

« Bon. On va aller retrouver les autres... »

L'éraillement dans la voix du désormais ancien bras droit eut finalement raison de la retenue qu'essayait de garder le chef d'escouade. Le geste de Caius fut direct ; il attrapa le soldat dans ses bras, dans une embrassade que seule la noiraude eut le droit de voir. Ce n'était pas quelque chose d'étonnant venant du grand blond mais constater que le jeune homme enlaçait en retour son ami l'était.

« Je sais, je sais, je vais vous manquer. »

Et puisqu'on y était, Lahssen tendit sa main vers la jeune femme. Elle s'en saisit sans hésiter, le cœur battant la chamade et les yeux piquants.

« Vous savez, si on ne va tout de suite aux écuries, on risque d'avoir nos jeunes sur le dos.

— Tu as raison mamie. Mais avant, faut que je vous dise quelque chose à tous les deux.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Même si je pars, vous savez que vous pourrez toujours compter sur moi ? Peu importe ce qui arrive, qui il faut frapper ou quel cadavre on doit cacher. Ou s'il faut lever un gamin de bon matin. Je serai toujours prêt à répondre à l'appel, même si j'aurai un peu, beaucoup, de chemin à faire. Et ma porte restera ouverte.

— Quelle grandeur d'âme.

— Je ne rigole pas ! Céleste, ça fait cinq ans qu'on se connaît ! Caius, huit ! Et vous pensez que je vais partir sans rien dire, en coupant tous les ponts ? Non. J'espère que vous n'aurez plus jamais besoin de moi parce que ça voudrait dire que des malheurs vous sont arrivés mais si ça doit se passer ainsi, je ne resterai pas les bras croisés sans rien dire. Je le ferai même pour Jorj alors vous imaginez bien les moyens que je mettrai en place pour aider des gens comme vous. »

La certitude qu'il avait dans sa voix rassura les deux soldats. Le chef d'escouade posa ses mains sur les épaules du brun et lui offrit un immense sourire. Il n'y ajouta cependant aucunes paroles, juste un hochement de tête tranquille.

Le trio rejoignit vite les soldats qui attendaient depuis tout à l'heure aux écuries. Tout avait été préparé et les trois avaient passé le reste de leur temps à discuter.

« Messieurs, madame, mes affaires sont-elles prêtes ?

— Tout est emballé avec un joli petit nœud et des bisous.

— Mais quel travail de qualité, vous aurez un pourboire. »

Devant eux, il avait retrouvé ton son flegme naturel. Becca et Zeyn n'étaient cependant pas dupes, ils étaient eux aussi proches du jeune homme, voyaient ses yeux brillants.

« J'imagine qu'il est l'heure d'y aller. Ne vous attendez pas à un discours, j'en ai fait un à mon mariage et c'était terriblement gênant.

— Donc tu ne nous diras pas à quel point tu nous aimes ?

— Je vous laisserai seulement ces mots : survivez jusqu'aux prochaines fois où nous pourrons tous boire un verre ensemble. Et si ça ne vous suffit pas, vous pouvez toujours lire ceci.

— Le fourbe avait tout prévu. »

Le sourire malicieux de Lahssen était revenu et il s'agrandit quand il sortit de l'un de ses sacs cinq enveloppes.

« J'avoue, j'avoue, j'aurai dû les donner plus tôt mais vous me connaissez, je suis un grand timide.

— Quoi, tu voulais nous les envoyer ?

— Tu as tout compris morveux. Mais bon, rien que pour la tête effarée de Becky, ça valait le coup.

— Il n'y a que Hanji qui a le droit de m'appeler comme ça, trou du cul. »

Le brun ébouriffa les cheveux de la jeune femme tout en se moquant de ses vociférations féroces. Tout en évitant les coups de dents, il distribua le courrier.

« Allez, venez tous dans mes bras. Profitez, profitez. »

La dernière fois qu'ils s'étaient tous pris dans leurs bras, c'était au retour de la première expédition du trio. Lahssen était cependant resté en retrait mais il avait cette fois-ci prit les devants. Serrée entre la poitrine du brun et la tête de Becca posée sur la sienne, elle ne savait pas à qui appartenait les mains qu'elle tenait, qui frottait son dos avec lenteur. Tout ce dont elle était sûre, c'était qu'elle était contente d'être avec eux tous, ici. Dans cette paix.

Mais il fallut se séparer et c'est le cœur lourd que tout le monde vit l'ancien bras droit s'en aller, suivit de près par la noiraude. Bras dessus, bras dessous avec Zeyn, elle le laissait chouiner contre elle. Et même s'il la dépassait aujourd'hui d'au moins deux bonnes têtes, il était aujourd'hui redevenu l'adolescent de seize ans qui revenait de l'extérieur.

Caius fut le dernier à quitter les écuries. Désireux de rester seul, il somma ses subordonnés d'aller se reposer et leur annonça qu'ils se reverraient au dîner. Peut-être aussi plus tard, dans la salle de musique.

Les deux garçons décidèrent de rester tous les deux pour le reste de la journée. Céleste finit alors avec pour unique compagnie la lettre de Lahssen. Assise sur son lit, elle mit un temps à ouvrir l'enveloppe. Elle craignait un peu de lire ce qu'elle avait à offrir. Finalement, elle se lança.

« Étrangement, j'ai l'impression que tu vas être le mot le plus simple à écrire. Je ne dis pas que c'est parce que je n'ai rien à te dire mais parce que je sais précisément quoi t'écrire.

Comme je l'ai dit à Zeyn et Becca, vous avez très certainement été les meilleurs camarades qu'on ait pu me donner. Bon, j'avoue que je n'inclue pas Jorj mais c'est parce que je ne le connais pas. Même si c'est un très chouette gamin.

Mais de vous trois, tu seras toujours ma préférée. On ne l'aurait peut-être pas dit parce que je passais plus de temps avec l'autre morveuse et ça peut être vrai. Pourtant, j'ai le plus d'affection pour toi. Pas comme je pourrai l'avoir pour Caius mais comme je pourrai l'avoir pour un membre de ma famille. Une petite sœur, peut-être.

Je n'ai jamais pris le temps de vraiment comprendre ce que tu faisais ici. J'ai juste suivi le mouvement et j'ai longtemps cru que tu étais là par lubie. On a souvent eu des nobles venus ici pour voir autre chose que leur richesse et pas rébellion. Je le pense encore un petit peu, je dois te le dire, mais nous savons tous maintenant qu'il y a toujours eu autre chose.

Enfin, ce n'est pas de ça dont j'ai envie de te parler. Je veux plutôt te demander de te rappeler de quelque chose que je vais sûrement te souffler aujourd'hui.

Peu importe ce qui arrive, je ferai toujours mon possible pour t'aider. S'il faut t'ouvrir une porte, te tendre une main ou se charger d'un ancien fiancé stupide, je serai là. Tant que ça peut t'aider et te soutenir, ça me suffit.

La seule chose que je désire aujourd'hui, c'est que tu sois heureuse. De toutes les personnes que j'ai rencontrées, tu es très certainement celle avec le cœur le plus éclatant que je connaisse. Légèrement fébrile et tremblant mais aussi brillant que le soleil. Et les rares vrais sourires que tu nous as offert faisaient partis des plus beaux que j'ai eu le droit de voir (après ceux d'Ophélie, navré mais c'est la plus belle). Je ne sais pas ce qui pourrait te rendre joyeuse toute ta vie mais j'espère de tout mon cœur que tu te battras pour avoir cette vie.

Celle où tu souriras chaque jours et où tu n'auras le droit qu'à l'affection et la joie.

C'est tout ce que je te souhaite.

Lahssen. »

Et pour la première fois depuis un long moment, Céleste laissa couler ses larmes. Mais, contrairement à d'habitude, il n'y avait aucune tristesse. Seulement la sensation d'avoir été embrassée sur le front et consolée par un frère. 

POUAH LE CHAPITRE ROH HEIN JE ??? (tsais la meuf qui sait plus quoi dire dans ses notes d'autrices) ; 

nan en vrai, plus sérieusement ;

maintenant que Lahssen est parti, je vous le dis, les chapitres vont vite s'enchaîner ; on approche, mine de rien, de la fin du tome 1 et si vous connaissez vos dates, vous savez ce qui va bientôt arriver :D

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top