ㅤ📃 CHAPITRE 58
« Je dois dire que je suis très contente de t'avoir pris cette robe, elle te va extrêmement bien. »
Les doigts passant dans les cheveux de Céleste, Serena fixait les dernières boucles et le chignon qu'elle venait de faire. La blonde s'était presque jetée sur sa belle-sœur pour se charger de sa coupe et son maquillage, avait passé toute l'après-midi à coiffer des cheveux régulièrement oubliés.
« Merci de t'occuper ainsi de moi.
— Tu me fais penser à ma grande-sœur. Elle a les mêmes cheveux que toi...
— Tu la revois souvent ?
— Plus trop depuis qu'elle est redevenue mère. Elle est très occupée. Mais je sais qu'elle est heureuse alors ça me suffit. Et puis, je suis heureuse parce que j'ai une nouvelle sœur, aujourd'hui.
— Tu es trop gentille.
— Peut-être. Mais c'est mieux d'être ainsi que d'être mauvaise. »
Dans le miroir face à elle, l'instructrice ne se reconnaissait pas vraiment. La dernière fois qu'elle s'était beaucoup apprêtée, elle s'était déjà trouvée « belle » mais là ? La femme dans son dos l'avait transformée. Sous ses yeux, c'était la Céleste noble, celle qui était restée à la maison au lieu de s'enfuir à l'armée, qui ne manquait de rien.
« J'espère que ça te plaît, en tout cas.
— C'est... Parfait. Je ne réalise pas vraiment...
— C'est parce que tu n'as pas l'habitude de te voir ainsi. Mais crois-moi, tu es réellement une belle femme. Vous tenez ça de votre mère, je n'ai jamais vu personne de plus élégant.
— Ça... Je suis la pire enfant, je n'ai jamais pris de nouvelles d'elle.
— Alors tu vas pouvoir le faire avant de partir, elle va bientôt arriver. »
Serena vérifia une dernière fois le maquillage de la noiraude, sourit franchement.
« Voilà ! Mon travail est fini et je ne suis pas peu fière. Viens, on va retrouver ton frère avant qu'il ne se plaigne trop de notre absence. »
Attrapant la main tendue devant elle, Céleste se leva, jeta un dernier coup d'œil dans la glace. Elle avait envie de fixer dans son esprit cette apparence-là, cette beauté simple qu'elle aurait aimée avoir sans artifice. Ce visage qui n'était pas le sien mais qui était bien plus agréable.
Quand elles furent dans le hall d'entrée, l'instructrice remarqua aussitôt la femme entourée par trois enfants, tirée sur le côté par les jumelles qui l'emmenaient déjà jouer.
« Mère ? »
Presque aussitôt, l'appelée se retourna, se sépara des jeunes près d'elle, marcha rapidement vers Céleste. Malgré ses cheveux devenus cendre, eux qui étaient autrefois d'un chocolat profond, elle gardait les même yeux bruns, l'air fatigué qui ne la quittait jamais. Du bout des doigts, Frieda toucha la joue poudrée.
« Ma fille. »
Comme elle s'en était doutée, la noiraude n'était pas accablée d'une soudaine mélancolie face à cette mère qu'elle ne connaissait pas réellement. Combien de fois l'avait-elle réellement vu ? Lui avait parlé ? Elles n'avaient jamais eu ne serait-ce que les discussions inhérentes à sa condition, celles qui concernaient son futur. Ses règles, c'était sa gouvernante de l'époque qui lui avait expliqué ; le sexe, elle l'avait appris en écoutant tous ces soldats ivres (ou non).
Quelle importance avait Frieda Fosten, pour elle, à part une absence, un faux manque dans son cœur ?
« Comme tu as grandi. Tu es si belle.
— Merci. »
Il y avait cette gêne entre elles, ce silence presque pesant qu'elles n'arrivaient à crever. Chacune avait des choses à dire mais elles se retenaient. Peut-être que le jour où elles auront plus de temps...
« Je suis contente de te voir, Céleste.
— Merci. Moi aussi.
— Je sais que je n'ai pas été présente à tes côtés et j'espère qu'un jour, tu me le pardonneras.
— Vous n'avez pas besoin de demander mon pardon, je n'ai jamais été fâchée après vous. Vous êtes tout autant que nous victime des mêmes personnes et il aurait été idiot de croire que vous pouviez y faire réellement quelque chose. Rassurez-vous, je n'ai jamais ressenti quelconque colère à votre égard. »
Elle aurait aimé avoir le temps maintenant. Raconter à cette femme qu'elle ne connaissait pas ce qu'elle avait vécu, les gens qu'elle avait connu. Mais il était plutôt l'heure de s'enfuir, Cassandre l'appelait pour y aller alors que Serena embrassait ses enfants, leur promettait de ne pas rentrer trop tard.
« Je vous reverrai vite, je vous le promets. »
Et elle s'enfuit, monta rapidement dans le carrosse qui les attendait devant la demeure. Assise face à son frère et son épouse, elle n'osait piper mot. Pourtant, elle qui aurait apprécié un peu de calme, le noiraud s'exclama.
« Dans tous les cas, je dois dire que vous allez être les plus belles.
— Tu es jaloux de notre beauté, Sandre ?
— Totalement ! Enfin, je ne me plains pas trop car l'une d'entre elle est mienne. »
Céleste leva aussitôt les yeux au ciel. Si Becca avait été là, elle se serait amusée depuis longtemps à se moquer des marques d'affection entre les deux.
Le reste du trajet se passa dans une bonne ambiance agréable ; même s'il ne fut pas très long, l'instructrice passa un réel bon moment. Sa journée entière avait été « parfaite », en réalité, elle s'était reposée avec sa famille, était prête à retourner au Bataillon revigorée.
Quand ils arrivèrent devant le palais, Cassandre fut le premier à descendre pour aider Serena, puis sa sœur. La première avait avancé vers un soldat pour trouver sa route, laissant seuls les deux Fosten. Presque aussitôt, l'aîné se pencha vers sa sœur.
« Je sais que la dernière fois que le sujet a été abordé, tu ne voulais pas t'y attarder...
— Sandre, s'il te plaît.
— Ne te ferme pas, pitié, écoute-moi avant que me femme vienne me tirer les oreilles parce que je t'en parle. Quand nous nous sommes revus, chez toi, tu m'as dit que Levi ne t'aimait pas.
— Oui, c'est ce que je t'ai dit.
— Est-ce que tu y crois réellement ? »
Interdite, Céleste ne répondit pas. La réponse venait d'elle-même dans son esprit mais est-ce qu'elle avait le droit de la souffler ?
« Parce que moi, tout ce que je vois, c'est la manière dont il t'a attendue à la sortie du palais de justice. Comment il m'a demandé des informations concernant Connor, juste pour t'apaiser l'esprit. Et je ne serai pas étonné que s'il est déjà arrivé, il te cherche du regard dans toute la salle, n'attend que ton arrivée.
— Je ne suis pas prête, Sandre.
— Tu dis ça parce que c'est la vérité ou parce que tu as tellement peur de ce qu'il se passe au-dessus de nous que tu préfères te « protéger » ? Ça fait trop longtemps que tu attends, Cæl, pense à toi. Sois égoïste. »
Serena l'avait dit hier, non ? Elle avait le droit au bonheur... Et elle n'avait plus le droit de se cacher derrière le fait que le caporal ne l'aimait pas, tout était sous son nez depuis trop longtemps pour qu'elle l'ignore encore. Alors quoi ? Est-ce que voulait dire qu'elle devait courir droit vers lui, l'embrasser et lui crier ses sentiments ?
Ça, elle n'en avait pas le courage.
Elle se tourna vers son frère pour lui répondre mais il l'avait déjà quittée, avait retrouvé sa femme qui les attendait.
Finalement, elle dû ravaler ses paroles, s'avança avec le couple jusqu'à l'intérieur du palais. Bien qu'il fut encore tôt, la salle de réception était déjà remplie. Sobrement décorée, on retrouvait malgré tout un joli buffet près des fenêtres et la musique se faisait entendre au-dessus des voix, donnait au tout une sensation « intimiste » agréable.
Très vite, un soldat invita le trio à le suivre ; comme Cassandre l'avait dit, il fallait se présenter à la reine, s'incliner face à elle en tant que nouveau visage de la famille Fosten.
« Majesté. »
Face à l'adolescente habillée tout de blanc, Céleste fit une révérence, ne releva ses yeux que lorsqu'on lui demanda. Silencieuse, elle laissa son frère se présenter à elle puis désigner les deux femmes à ses côtés. En entendant le nom de son ancienne instructrice, Historia esquissa un sourire, la remercia pour son aide pour son couronnement et lui souffla d'ailleurs que les autres étaient déjà là, devaient se trouver à l'opposée du banquet pour que Sasha ne soit pas trop tentée.
En entendant l'information, la noiraude prit presque aussitôt congé du couple et de la reine. Elle aurait aimé passé plus de temps avec eux mais elle voulait, sans réel étonnement, retrouver les autres.
Fendant la foule, elle finit par voir sans soucis les têtes de Jean et Kris. Quand elle arriva à leur hauteur, le grand blond se tourna aussitôt vers elle, surpris.
« 'Leste ! Tu es là !
— Tu pensais vraiment que je ne viendrai pas ? »
Le garçon pouffa.
« Où sont les autres ?
— Conny occupe Sasha. Armin et Mikasa sont partis avec l'autre suicidaire dans les jardins.
— Et vous deux, vous restez là sans rien faire ?
— On est tranquille, ici. »
Jean n'avait pas tort. Ils étaient un petit peu à l'abri de tout, au calme et au frais.
« Becca est avec Hanji au buffet, si tu les cherches.
— J'irai voir, alors. »
Certes, ce n'était pas elleux qu'elle voulait en particulier mais il était vrai qu'elle avait aussi envie de voir son amie. Céleste finit par prendre congé des deux amis, non sans avoir pris un instant dans ses bras Kris, et replongea dans la foule. En réalité, elle avait préféré longer les murs plutôt que s'élancer sur la piste de danse, prête à déranger tout le monde.
Au loin, elle vit non sans mal les deux qu'elle souhaitait voir, se faufilait parmi les invités qui ne se décalaient aucunement sous son passage. Seulement, l'un de ses pas mourut à l'instant où elle sentit une main se poser sur son avant-bras.
Un instant effrayée à l'idée que ce soit Connor, elle se retourna vivement, calma aussitôt son cœur quand elle croisa les yeux clairs de Levi.
« Tu es là ! »
Calmer ? Les mots de son frère revenaient par vague dans son esprit alors qu'elle regardait comment le caporal était habillé, son élégance indéniable.
« Tu es splendide. Ça te va très bien, les costumes.
— Merci.
— Comment vas-tu ? J'étais en train de rejoindre Hanji et Becca, tu veux venir avec moi ?
— Tu as l'air d'aller mieux.
— Ça m'a fait du bien de revoir ma famille. »
Il ne la relança pas. Il regardait plutôt avec attention les détails de sa robe, avait l'air de dessiner dans son esprit la tenue.
« Tu sais, tu m'as un peu manqué. »
Elle ne s'était pas attendue à ce que sa voix soit aussi douce, presque murmure, mais c'était ainsi. La surprise se lu un instant sur le visage de Levi avant qu'il ne se mette à souffler du nez.
Une nouvelle fois, il ne lui répondit pas, continua finalement son inspection minutieuse.
« Tout va bien ? J'ai quelque chose sur ma robe ?
— Non, non.
— Alors qu'est-ce qu'il y a ? »
Elle aurait aimé être seule au monde avec lui, qu'il n'y ait personne d'autre, qu'ils soient loin des gens, du bruit, de tout.
« Je ne t'ai jamais vue habillée ainsi. Ou en tout cas pas avec autant d'attention.
— Est-ce grave ?
— Non. Ça me confirme simplement que tu es la plus belle femme que j'ai rencontré de ma vie. »
QUE LIS-JE ???? QUE VOIS-JE ????
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