ㅤ📃 CHAPITRE 57

Céleste était restée silencieuse face à son frère. Ça ne servait à rien de lui cacher à lui cette décision, elle l'avait déjà fait pour Lahssen.

« Oui. Je sais que ce n'est pas ma décision la plus intelligente mais... Je sais pas...

— Tu regrettes d'avoir accepté ?

— C'est pas ça. C'est juste que quand j'ai dit « oui », j'avais la sensation de reprendre la main sur ce qu'il s'est passé il y a quatre ans mais maintenant... De toute manière, c'est trop tard pour me retirer, je ne suis pas lâche à ce point.

— Tant que tu n'y meurs pas, vas-y.

— Je ne comptais pas mourir.

— Je sais. »

Tout en attrapant la main de sa sœur, Cassandre se dirigea vers l'un des canapés du salon, s'était installé avec elle sans rien dire de plus. Dans le calme de la grande pièce, ils ne savaient pas vraiment quoi se dire. Ou en tout cas rien qui ne puisse entraîner une discussion importante.

« Je suis heureux que tu sois là. J'ai eu un peu peur que tu ne viennes pas du tout.

— Vraiment ?

— Je me suis dit que tu n'aurais pas eu envie de venir ici.

— C'est sûr que ce n'est pas la chose la plus simple mais c'est chez « toi », maintenant, ça change tout.

— C'est chez « nous », Céleste. C'est tout autant ta maison que la mienne, tu peux venir ici quand tu veux.

— Merci, Sandre. »

Main dans la main, ils se souriaient sans vraiment rien se dire de plus. Seulement, l'instructrice voyait bien sur le visage de son frère une question en suspens, cette envie terrible de lui demander, cette retenue qu'il s'imposait.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu tires une de ces têtes.

— Ne t'en fais pas, je suis juste trop curieux et ce n'est pas bien. Ne t'occupe pas de ça.

— Allez, crache le morceau, qu'est-ce qu'il t'arrive. Promis, je ne t'enverrai pas chier.

— Je me demande juste ce que tu deviens, c'est tout. Et puis-

— Ah, mon amour, ne commence pas à embêter ta sœur ! Tu avais promis de ne rien demander ! »

Aussitôt, Cassandre pinça ses lèvres alors que Serena glissait à son niveau, le disputait avec un sourire à peine dissimulé. Le noiraud leva ses yeux au ciel, embrassa le poignet de la blonde en murmurant qu'elle avait raison.

« Ton frère est d'une indélicatesse quand il s'y met.

— Ça ne m'embêtait pas, tu sais.

— Je sais ! Mais je le connais, il allait encore t'en demander trop et ça m'agace. Tu n'as pas à tenir des comptes, encore moins à cette tête dure.

— Je resterai sage amour, je le jure. »

La maîtresse des lieux ne pouvait rester fâchée trop longtemps ; aussitôt elle retrouvait sa tranquillité naturelle, posait sa tête contre l'épaule de son époux.

« Céleste ! Un tasse de thé te ferait plaisir ?

— Pourquoi pas, oui.

— Alors quand moi je te propose, c'est non, mais quand c'est Serena, tu dis oui ?

— Ta manière de me demander sonnait plutôt comme une invitation à boire.

— Je ne suis pas un ivrogne ! »

Tout en levant ses bras en l'air, l'aîné se défit de l'étreinte de la blonde, embrassa sa joue.

« Allez, je vais m'occupe de faire vos boissons. Installez-vous en attendant. »

Et il s'en alla en rouspétant, laissa les deux femmes pouffer ensemble. Lorsque Cassandre disparut définitivement, elles étaient déjà posées dans les canapés à côté, ne savaient pas encore quoi se dire.

Céleste sentait sur elle le même regard que son frère lui avait porté plus tôt, quoique plus retenu, se demandait vraiment ce qu'il y avait de si intéressant à son propos.

« Tu as été si courageuse. »

La main qui se posa sur les siennes la fit sursauter ; Serena s'était approchée d'elle, lui offrait un de ses sourires doux.

« Tout ce que tu as fait, depuis les dernières semaines... C'était... incroyable.

— Je n'ai fait que suivre le cours des choses et...

— Non, non, ne minimise pas. Tu as fait tant de choses, avec tant de force. Je n'ai pu faire quoi que ce soit pour vous aider et toi... Je suis admirative. Je l'ai toujours été, à vrai dire. Tu as suivi la vie que tu voulais dès le départ, tout en prête à aider ta famille à n'importe quel moment. Et quand l'univers entier s'est retourné contre toi, tu es restée là.

— Crois-moi, il ne reste pas grand-chose, maintenant.

— Pourquoi ?

— Regarde-moi. »

Dans les yeux bleutés de son interlocutrice, Céleste ne voyait aucun jugement. Il n'y avait que son immense paisibilité, son calme si naturel, si tranquille, qu'elle s'apaisait sans même s'en rendre compte. Pourtant, elle captait aussi cette tristesse, cette peine ; la femme n'était pas aveugle, voyait bien que dans ces améthystes-là, il manquait quelque chose.

« Tu es bien plus que ton malheur.

— Sûrement, oui. Mais ça ne l'efface pas.

— Ça ne le fera jamais. Seulement, ça ne veut pas dire que tu dois te définir uniquement par lui. J'ai vu avec ton frère à quel point votre héritage était un lourd fardeau et je me doute bien de toute la douleur que tu as dû endurer à cause de cela. Des blessures infligées par ton père, par ses décisions. Ça ne partira jamais, je le sais... Seulement, tu as tellement d'autres choses qui te définissent. »

Ces paroles, elle avait l'impression de les avoir entendues tant et tant de fois qu'elles coulaient sur elle. Mais la manière dont Serena le disait, la tendresse qu'elle mettait dans ses mots, ça la touchait un peu plus que de raison.

« Et aujourd'hui, je souhaite de tout mon cœur que tu trouveras le bonheur. Je ne sais réellement ce qui pourrait te l'apporter, je ne veux pas te forcer ma vision des choses, mais j'y prie. »

Comment pourrait-elle être heureuse ? Plusieurs idées se soufflaient à son esprit mais elle les balayait d'un mouvement de main ; elle n'y avait pas encore droit.

« Allez, je ne vais pas plus t'embêter. J'ai fait promettre à ton frère de ne pas te déranger, je ne vais pas le faire à sa place.

— Vraiment, ça ne m'embête pas de ré-

— Non, non, j'insiste.

— Merci... »

Peut-être que ça ne la dérangeait pas, mais Céleste n'avait pas forcément envie de souffler ses idées. Elle ne savait même pas si elle avait le droit d'y croire, il valait mieux ne pas les révéler. Elles deviendraient trop réelles.

« Mesdames ! Votre thé ! J'espère que vous ne vous êtes pas trop languies de moi.

— Non, mon amour, nous savons survivre sans toi.

— Moi qui pensais être indispensable, mon monde s'écroule. »

Cassandre posa sur une petite table basse à côté un plateau. Il entreprit aussitôt de remplir les trois tasses, puis d'en tendre deux vers les femmes assises.

« Parlons peu, parlons bien, parlons de demain soir. Cæl, je sais que tu ne comptes pas diriger la maison avec moi mais c'est tout de même « important » que tu te présentes à mes côtés. Tu n'es pas personne, après tout.

— Je laisse la place de dame Fosten à Serena avec plaisir. Mais je viendrai tout de même avec toi pour ton entrée en tant que nouveau chef de la famille, ne t'en fais pas. »

Et elle se revoyait, bien des années plus tôt, face à son frère, devant l'entrée du camp des Brigades d'Entraînement. Elle sentait encore ses mains sur ses joues mouillées, le baiser sur son front.

« Lorsque viendra le temps de rentrer, tu le feras par la grande porte, regarderas les autres et t'installeras à mes côtés. Car ta place est près de moi, pas de cet idiot qui savait tout de leurs manigances et les a usées à son profit. »

Ils l'avaient fait.

« Il faut quand même que tu aies conscience que s'il m'arrive quelque chose, c'est toi qui devras prendre la tête de la famille. Ceos est encore trop jeune pour s'en occuper et même si nous disparaissons sa majorité passée, il ne sera pas encore prêt. Je ferai tout pour qu'il le soit, bien évidemment, mais nous ne sommes jamais trop prudents.

— D'accord.

— À ce propos, il faudra que tu signes des documents l'attestant, pour que tout soit officiel. Rassure-toi, on ne compte pas mourir maintenant mais c'est simplement pour assurer nos arrières. »

Céleste hocha lentement sa tête. Que son aîné ait réfléchi à ça ne l'étonnait pas mais elle se serait bien passée de ces deux minutes. Seulement, le simple « assurer nos arrières » lança un frisson long dans son dos ; elle reconnaissait parfaitement ce froncement de sourcils léger, ce regard appuyé sur elle.

« Est-ce que je dois m'inquiéter de quelque chose en particulier ?

— Je te l'ai dit, tout est sous contrôle, Cæl.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Ne me laisse pas dans l'ombre, Cassandre. »

Un instant, elle crut qu'il lui dirait qu'il n'y avait rien. Mais il soupira, passa un instant sa main sur son visage.

« Père a placé Connor en tant qu'héritier de la famille.

— Quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je m'en suis rendu compte quand j'ai... légalisé l'existence de Bénédict. En le reconnaissant comme le fils de père, il était automatiquement devenu héritier, au-dessus de moi d'ailleurs. Il n'en voulait pas, alors on a fait les démarches pour qu'il refuse ses droits et que ce soit moi qui prenne la succession. C'est à ce moment là que j'ai découvert pour Connor.

— Mais... Il n'est pas un né Fosten, il ne peut pas...

— Ça a été malgré tout acté. Je cherche encore comment.

— Du coup, si tu ne peux plus rester à la tête de la famille...

— Et que tu ne peux pas la prendre, c'est lui qui l'aura. »

Elle le savait. Il y avait quelque chose. Aussitôt, Céleste voyait au-dessus de Cassandre une épée de Damoclès.

« Amène-moi ces papiers. »

À l'heure actuelle, elle ne savait aucunement ce que gagnait Connor à prendre la tête des Fosten. Tout ce qu'elle voyait, c'était qu'une plus grande menace que son père planait désormais.

« Ne t'en fais pas, ça sera rapidement réglé. Connor n'évolue pas sans surveillance et je doute qu'il nous attaque directement, ça serait bien trop... évident. Mais comme je te l'ai dit, on assure simplement nos arrières. »

Malgré l'esquisse d'un sourire de la part de son aîné, elle ne pouvait que s'inquiéter. Mais, au moins, elle avait enfin une raison de le faire, le droit de se plaindre réellement... Même si elle n'en avait aucunement envie.

« Céleste. »

La main que Serena posa sur son épaule la surprit.

« Je sais que la situation peut s'avérer compliquée pour toi mais n'oublie pas ton bonheur, s'il te plaît. Certes, Connor représente un immense nuage dans le ciel mais ce n'est pas parce que le temps n'est pas au beau fixe que l'on n'a pas le droit de vivre. On prépare simplement un parapluie. Ne sacrifie pas ta paix pour mettre un terme à quelque chose qui disparaîtra sous un coup de vent.

— Ce n'est pas une simple bourrasque qui le fera partir.

—Alors nous serons l'ouragan. »

le bal, c'est le prochain chapitre et j'ai hâte, j'ai hâte !! ; ce tome 2 va faire 2x la taille du tome 1 mais vas-y, ça en fait plus pour vous <3 ; 

connor, mon reuf, t'es pire qu'un chewing-gum sur une chaussure, c'est insupportable ;

mais serena, MADAME ??? ; les termes, purée, l e s  t e r m e s !! ; c'est ça qu'on aime, c'est ça qu'on valide !! ;

céleste, ma puce, écoute cette femme, elle te dit la vérité, pitié, crois la !!

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