ㅤ📃 CHAPITRE 55

Le cœur de Céleste s'était soulagé. Il était toujours lourd dans sa poitrine mais un peu de son poids avait disparu. Cela avait assurément été grâce à Becca mais aussi aux journées remplies qui l'empêchaient de penser à autre chose. En une semaine, une grande partie des soldats avaient saisi le fonctionnement de la lance foudroyante et on commençait à organiser sans attendre l'expédition de reconquête.

Le cas du procès n'était jamais revenu. L'instructrice avait tout bonnement refusé d'en parler avec qui que ce soit et seule son amie avait eu le droit à une conversation ; même Levi n'avait su ce qu'elle en pensait, avait dû se contenter d'une place de « soutien ». Il l'avait accepté, non sans une légère plainte, mais il avait compris qu'elle voulait simplement tirer un trait sur tout ça.

Ou juste ne pas remuer encore plus la merde alors que rien n'était incertain, qu'elle ne savait pas où elle pouvait encore aller et que l'inquiétude devait être tue le temps de.

Il s'était alors contenté de rester à ses côtés le soir, calmer les cauchemars qui étaient revenus au milieu de la semaine. Et il en avait assez. Voir Céleste ainsi, le regard plus que vague, l'esprit encombré et le souffle lent lui brisait le cœur ; être incapable de faire quoi que ce soit pour l'aider le peinait encore plus. Surtout quand il savait que Becca était capable d'y arriver et qu'il était certain que Lahssen y serait parvenu aussi.

De quoi était-il alors capable ? Lui qui pensait que ce temps leur aurait permis d'effacer leurs dernières distances se retrouvait encore plus éloigné d'elle. L'instructrice disparaissait petit à petit alors qu'elle se faisait ronger par des doutes.

Alors, il avait fini comme elle ; il s'était enfermé dans une boucle pour ne pas se concentrer sur tout ça, s'était consacré aux aides pour les bas-fonds. Même s'il ne pouvait aider Céleste, il pouvait au moins tenter de le faire auprès des gamins des souterrains. D'ailleurs, quand il lui avait dit, c'était à peu près la seule fois où elle s'était soudainement exprimée, réellement heureuse qu'il s'implique dans une telle entreprise.

L'éclat dans ses yeux lui avait fait comprendre que son état n'était que passager, qu'elle finirait par aller mieux, qu'il devait simplement lui donner le temps, l'espace...

Mais il sut que le point de rupture était arrivé le dernier jour de la semaine, quand une invitation vint à eux.

Alors qu'ils profitaient de leur jour de repos, largement mérité, Levi et Céleste avaient été demandés dans le bureau d'Erwin le plus rapidement possible. Cela avait légèrement agacé la noiraude qui avait prévu de sortir en ville pour se changer les idées mais elle s'était pliée à la demande, était allée retrouver le Major avec le caporal.

Lorsqu'ils arrivèrent dans la grande pièce, ils furent surpris d'y voir les adolescents mais aussi Hanji et ce qu'il restait encore de son escouade, c'est-à-dire Becca et Moblit.

« Je vois que tout le monde est là.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Rien de grave, ne vous en faîtes pas. »

D'ordinaire, la noiraude se serait inquiétée malgré tout. Mais le sourire tranquille du grand blond la rassurait un peu et elle s'avança, intriguée. Droit devant son bureau, Erwin se retourna légèrement, attrapa un papier et le montra à tout le monde.

« Tu sais qu'on ne peut pas lire, d'ici ?

— Notre nouvelle reine nous invite à une soirée au palais royal la semaine prochaine.

— Tout le Bataillon ?

— Non, Hanji, seulement nous. »

Céleste entendit Becca murmurer que c'était leur « récompense » pour avoir aidé la demoiselle à monter sur le trône et même si elle captait totalement son ironie, elle savait aussi qu'elle n'avait pas tort.

« J'espère que je ne vous l'apprends pas mais une tenue correcte est exigée. Ne vous ruinez pas dans des nouveaux vêtements mais ne venez pas dans vos habits hors uniforme, ça serait de mauvais goût. »

Du coin de l'œil, l'instructrice regarda ses anciens élèves et remarqua presque aussitôt Kris qui donnait un léger coup dans les côtes de Conny, lui intimait de ne pas venir à cette soirée comme un idiot. Aussitôt, elle imagina l'adolescent au crâne rasé avec des plumes sur le haut du crâne et se força à réfréner son sourire moqueur.

Le Major expliqua encore plusieurs minutes les conditions de la soirée et elle ressemblait en tous points à celle qui avait été organisée par son père bien plus tôt ; la même heure d'arrivée, les carrosses qui viendraient les chercher... Quand il eut fini, il donna congé aux soldats, demanda à Céleste de rester juste deux minutes.

Désormais seule face à Erwin, elle se demanda ce qu'il pouvait bien lui vouloir, s'inquiéta un instant que ça soit à propos des apprentissages. Est-ce qu'il y avait un problème ? Il aurait appelé les autres instructeurs, normalement et...

« J'ai déjà demandé à tes trois collègues et ils ont refusé. Ne te sens ainsi pas obligée d'accepter ce que je vais te proposer, je veux que ça soit un choix fait en ton âme et conscience.

— Ne vous en faîtes pas. Que se passe-t-il ?

— Avec les avancées de la lance foudroyante, je peux clairement affirmer que nous ferons notre expédition de reconquête dans un mois. Il va nous falloir du monde et je pense que tu vois où je veux en venir. Avant que tu ne me formules ta réponse, sache que Hanji serait plus que ravix de t'accueillir à nouveau dans son escouade. »

Retourner réellement dans le Bataillon ? Participer à la reconquête de Shiganshina ? Céleste savait parfaitement que si elle acceptait, personne ne comprendrait réellement.

« Ne te sacrifie pas pour nous venger. »

Ce n'était pas une vengeance. C'était une revanche. Elle avait tout perdu le jour où ils avaient tenté de récupérer ce territoire...

« Je suis des vôtres.

— Tu m'en vois ravi Bien, tout est bon pour moi, tu peux y aller. Sauf si tu as besoin d'autre chose ?

— Non, tout est bon, merci. »

L'instructrice sortit du bureau après avoir salué le Major. Désormais seule dans le couloir, elle se stoppa une seconde, prit plusieurs fois sa respiration. Elle n'allait pas rentrer de sitôt chez elle.

Était-ce vraiment ça le plus important ? Elle venait d'accepter une mission plus que dangereuse, avait maintenant mis sa vie sur la balance et pouvait mourir durant cette expédition. Est-ce que ça valait vraiment le coup de tout arrêter là ? Avait-elle seulement le droit de changer d'avis, maintenant qu'elle avait accepté ?

Le doute la pris. Pourquoi avait-elle dit « oui » ? Pourquoi est-ce que...

« Erwin t'a invitée à participer à l'expédition de reconquête, n'est-ce pas ? »

Céleste releva sa tête. Elle était allée machinalement dans la chambre de Levi, se retrouvait maintenant face à lui. Comme à chaque fois qu'il lui parlait depuis le début de la semaine, le soldat employait une voix plus douce que d'habitude, presque inquiète.

« Il l'avait déjà fait avec mes collègues, il devait le faire. C'est étrange qu'il ait mis autant de temps, d'ailleurs.

— Et qu'est-ce que tu lui as dit ?

— Je pense que tu le sais déjà. »

Et même s'il ne répondit pas tout de suite, elle vit aussitôt dans ses yeux la faible désapprobation. Le caporal soupira.

« Soyons honnêtes, le contraire m'aurait étonné. Mais ça ne veut pas dire que ça m'enchante.

— Tu sais que je suis capable de le faire.

— Je n'ai jamais dit le contraire. Ça ne m'empêche pas de m'inquiéter pour toi, Céleste.

— Je ne vais pas mourir.

— C'est maintenant que je suis inquiet. »

Aussitôt, elle détourna le regard. Elle ne voulait pas croiser ses yeux clairs, ses questions, son affection. Ça lui faisait trop mal d'être incapable de lui dire tout ce qui lui pesait sur le cœur et elle savait que si elle soutenait son regard, elle finirait à ses pieds à pleurer, à lui supplier de la pardonner pour son silence.

« Je ne veux pas que tu sois forcée à me parler, tu fais ce que tu veux. Mais je vois comment tu es et-

— Ce n'est rien.

— Si. Il y a quelque chose, je le vois bien.

— Non, Levi. Il n'y a, factuellement, rien. C'est juste moi qui perds les pédales, qui crois qu'il y a quelque chose qui m'attend et je... Dès que je te parle de tout, tout devient réel, bien trop, et je ne veux pas te surcharger alors que tu en fais déjà tant et... »

Les mains qui prirent son visage en coupe stoppèrent ses paroles. Comme ça, elle ne pouvait ignorer ses yeux et ce qu'ils criaient. Et la manière dont ils l'hypnotisaient.

« Si ça t'affecte, c'est important. Peu importe que ça soit un fantôme, un fantasme ou un cauchemar. Tant que ça t'affecte, ce n'est pas rien. Pas pour moi. Je veux t'aider, je veux que tu saches que tu peux me parler.

— Tu as beaucoup à faire.

— Peut-être, oui. Et ? J'aurai toujours le temps pour toi. Toujours. »

Elle avait le droit de parler. Elle avait le droit de se confier. Elle avait le droit.

Pourtant, malgré tout, rien ne venait. Et ça l'angoissait ; jamais elle n'avait incapable à ce point de parler au noiraud. « Heureusement », il le voyait très bien, ne s'impatientait d'ailleurs pas, gardait sa posture trop douce pour être naturelle. Il ne voulait pas la brusquer dans son état et elle lui en était reconnaissante mais... C'était quand il la secouait dans tous les sens qu'elle reprenait ses esprits.

« Je crois que c'est simplement moi qui me fais des idées.

— Non. Pas de ça. Pas avec moi.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre ? Je n'ai pas d'autres justifications.

— Tu es dans cet état depuis notre retour du procès. On dirait que tu attends quelque chose comme un lapin qui vient de se faire attraper ! Qu'est-ce qui te fait autant peur, Céleste ? »

La réponse résonnait dans son esprit, frappait sa tête pour la forcer à parler.

« Connor. »

L'éclair dans les yeux de Levi la fit frissonner. Il fallait le dire, elle n'avait très certainement pas donné la réponse qu'il attendait ou dont il aurait pu se douter et ce simple nom était annonciateur de tout.

« Il n'a rien fait. C'est juste que... J'ai vu la tête de mon père au procès et la manière dont m'a parlé Connor lorsque je l'ai vu à la soirée chez ma famille... Quelque chose ne sonne pas « bien » et j'ai peur qu'il se soit passé quelque chose. J'en avais parlé avec Becca mais elle n'avait pas l'air de s'inquiéter du coup je... Ah, c'est totalement idiot.

— Factuellement, qu'est-ce qu'il aurait pu faire ?

— Je ne sais pas et c'est ça qui me tend. Mais je te jure, Levi, si tu avais vu les yeux de mon père et ceux de Connor... Ils ont fait quelque chose ! Et si ce n'est pas le cas, ils auront alors réussi à me faire perdre pied. »

Sa tête se baissa ; le caporal la releva aussitôt, la força à le regarder.

« Peut-être que tu as raison, peut-être que tu as tort. On n'en sait rien. Tout ce dont je suis certain, c'est que tu n'as pas à subir ça seule. Demain, je dois retourner en ville pour gérer les fonds pour le projet d'orphelinat d'Historia. J'irai voir ton frère, je lui demanderai ce qu'il sait.

— Quoi ? Non, tu n'es pas obligé de-

— Regarde-moi droit dans les yeux et dis-moi sans trembler des genoux que ton frère ne sait rien. Voilà, c'est bien ce que je pensais. Laisse-moi t'aider Céleste, merde.

— Il va s'inquiéter.

— Qu'il s'inquiète, je m'en moque. Je ferai le nécessaire pour que tu aies le fin mot de cette histoire. Surtout si ça t'aide à enfin dormir. »

mes chapitres favoris arrivent, c'est parti let's go ; 

ignorons céleste qui va faire l'expédition de reconquête, bisous

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