ㅤ📃 CHAPITRE 52
Caius devint, selon Lahssen, une véritable mère poule. Lorsqu'il vit Céleste dans son lit le lendemain matin, il passa une bonne vingtaine de minutes à lui demander si elle allait bien, ne manquait de rien, n'avait pas besoin de quelque chose. Il la couvait presque, avait remercié le ciel de la retrouver si peu blessée, s'était un petit peu fâché après coup. Mais ce n'était pas grave, elle était là et vivante, c'était l'essentiel.
Il accompagna, ou plutôt porta, la jeune femme jusqu'à la chambre de Zeyn, laissa les deux amis se retrouver dans des chouinements secrets. Même le bras droit n'eut pas le droit de savoir si la noiraude avait oui ou non lâché sa petite larme en voyant son blond favori.
L'expédition ne fut plus mentionnée.
On célébra le peu de morts de cette sortie, comparé aux autres, la chance leur avait pour une fois souri mais ce fut tout. L'escouade n'avait pas à cœur de parler une nouvelle fois de cet événement, les deux blessés étaient suffisants pour le leur rappeler.
Céleste fut la première à quitter sa chambre de malade. On lui interdit quand même de retourner à l'entraînement, ce qui l'agaça. Ce n'était pas par envie de se battre mais plutôt parce qu'elle ne voulait pas rester sur le côté.
Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, les nouvelles recrues gagnèrent leurs chambres individuelles. Elles étaient un petit peu plus petites que les dortoirs où elles avaient toutes passées les derniers mois mais disposaient d'un lit plus grand, d'une véritable armoire et d'un bureau personnel. Cela fit râler Lahssen, qui devait apprendre maintenant trois nouveaux endroits pour récupérer ses morveux.
On réserva alors une journée pour laisser aux jeunes soldats de s'installer. La noiraude n'était pas la plus heureuse de se retrouver seule ; malgré tout, elle avait fini par s'habituer à la présence de Becca, avait cette routine de caler sa respiration sur la sienne pour s'endormir... Et elle se disait qu'ici, elle n'aurait que ses pensées pour seule compagnie. Mais aucune remarque ne fut faite, surtout quand elle vit son amie se réjouir d'avoir un coin enfin rien que pour elle.
La tête dans son placard, elle accrochait ses quelques robes et vêtements, rechange d'uniforme et accessoires. Même si elle était sortie en journée durant tout l'été, elle remarquait certaines affaires qui n'avaient pas été portées depuis un moment, peut-être parce qu'elles étaient destinées à la soirée.
Mais qui viendrait l'accompagner dans la nuit ? Elle ne le savait pas vraiment. Elle-même se demandait si elle le voudrait aller dehors. Ça lui coûtait de se le dire mais ces tenues allaient devoir rester rangées. Il n'y en avait que deux, ce n'était pas grand-chose, mais dans le vide de l'armoire, elle ne voyait que ça. Elle qui avait pris tant plaisir à faire ces robes avec ses camarades de promotion...
Le reste des affaires fut vite rangé. Dans l'un des tiroirs du bureau, les lettres de Cassandre. Un autre, des petits bibelots et livres récoltés avec le temps. Sur le meuble, ses affaires de broderie, celle qui n'était pas encore finie. Céleste n'avait pas grand-chose à part des vêtements et ça lui allait au final très bien.
Malgré son bras droit immobilisé dans une écharpe pour éviter qu'elle se fasse encore plus mal au poignet, elle avait réussi à tout mettre à sa place sans grands soucis.
Quand elle eut fini, elle sortit de sa chambre pour tenter de retrouver son escouade. Avec un peu de chance, ils étaient tous au même endroit, aidaient peut-être Zeyn ou Becca. Ce fut heureusement le cas ; la jeune femme aperçu les membres de son équipe assis sur le lit de l'adolescent. Lahssen pointa du doigt la noiraude quand elle entra dans la pièce, la traitant de « retardataire ».
« J'imagine que je suis la dernière à avoir fini de ranger mes affaires.
— En effet. C'est qu'on a fini par croire que tu t'étais endormie entre tes robes.
— Je l'ai envisagé. »
Le bras droit sourit en entendant la réponse, tout en se décalant pour laisser Céleste s'asseoir à ses côtés. À quatre sur le matelas, ils s'étaient mis en cercle et se regardaient tous dans le blanc des yeux. Seul Zeyn était assis sur une chaise, sa jambe plâtrée posée sur le lit entre Becca et Caius. Et maintenant ? La journée n'était pas terminée mais la fatigue tendait tout le monde.
« Bon. Qui connait un jeu de cartes ? Quelque chose de simple et non Lahssen, pas avec de l'argent.
— Pas drôle. »
L'adolescent se porta volontaire pour expliquer les règles d'un jeu qu'il avait appris aux Brigades d'entraînement, promis qu'aucune monnaie ne serait utilisée dans l'affaire. Ça contraria à moitié le bras droit mais il suivit tout de même le mouvement.
Les cinq jouèrent jusqu'au début de l'après-midi, ils furent trop pris dans leur occupation pour entendre leurs ventres grondants. Et puisqu'ils s'amusaient bien et que personne ne voulait arrêter de jouer, on décida de récupérer à manger dans le réfectoire pour déjeuner ici. Le chef d'escouade resta avec le grand blessé, demanda à ses équipiers de prendre quelque chose pour eux deux aussi.
Il y avait encore quelques soldats vers les cuisines, il fallut se faufiler un petit peu pour avoir de quoi se remplir l'estomac. Mais le trio trouva tout de même son bonheur. Ce n'était toujours rien de fantastique, seulement de quoi faire et tenir tout le reste de la journée.
Quand on commença à se lasser du jeu de cartes, on se mit à discuter de tout et de rien. Céleste et Lahssen faisaient tout de même une bataille dans leur coin, écoutaient en silence ce qu'il se disait à côté. Le bras droit avait soufflé dans sa barbe qu'ils se racontaient que des conneries, mais il s'amusait tout de même à entendre les histoires des trois. Il avait déjà entendu celles de Caius, la fois où il avait fini à moitié pendu dans les arbres à cause d'un équipement tridimensionnel défectueux, accordait alors plus d'attention à quand les deux recrues parlaient. Il arqua d'ailleurs un sourcil quand on mentionna le presqu'incendie qui avait eu lieu dans le dortoir des filles, darda son adversaire du regard quand il apprit qu'elle avait été actrice de cet événement.
« C'est vrai ?
— Je ne dirai rien, je te laisse faire tes déductions et demander aux futurs nouveaux. »
Clin d'œil, sourire en coin et as de cœur. Elle gagna la partie sur les râlements de Lahssen et les applaudissements légers de Becca. Le bras droit l'accusa de tricher, ce qu'elle réfuta totalement. Ce n'était pas son genre, elle était juste meilleure que lui et ils le savaient tous les deux.
Mauvais joueur, le soldat abandonna le jeu, croisa ses bras sur sa poitrine. Il bouda Céleste, se tourna vers son supérieur qui l'ignora royalement. Cela fit rire les trois autres et la plus âgée du trio posa sa tête sur l'épaule de son amie, ne pris pas part à la conversation qui continuait malgré tout. Elle acquiesçait seulement de temps en temps, se laissait aller aux légères gratouilles de sa camarade.
Soudain, quelqu'un se mit à toquer à la porte de la chambre. Les cinq sursautèrent en même temps et se demandèrent si c'était parce qu'ils faisaient trop de bruit. Ç'aurait été étonnant, surtout qu'il n'était même pas encore le soir. Caius se leva et alla ouvrir à un soldat, mi-agacé, mi-gêné.
« Est-ce qu'une Céleste Fosten est ici ?
— Je suis là.
— C'est pour toi. Tu pourras dire à ton ami qu'il peut directement envoyer ses lettres au lieu d'agresser les gens dans la rue ? »
Confuse, la jeune femme rejoignit le garçon et attrapa la lettre qu'il lui tendait. En voyant le nom écrit sur l'enveloppe, elle s'excusa et souffla qu'elle dirait à son correspondant la démarche à suivre pour la prochaine fois. Elle eut pour réponse un remerciement et il s'en alla comme il était venu. Finie la discussion banale, toute l'attention était dirigée sur la noiraude et sur qui lui avait écrit. Mais quand on remarqua sa main tremblante, aucune question ne fut posée. Céleste fourra la chose dans la poche arrière de son pantalon et repartit à sa place, contre Becca.
Et contrairement aux trois garçons, elle avait bien compris qui lui avait écrit, serra ses doigts entre les siens. Peu importe qu'il l'ait contactée, sache où elle se demeure, la noiraude était là pour son amie, demeurait à ses côtés. Ce n'était pas tant la peur qui remuait les entrailles de la jeune femme mais plutôt le fait de ne pas savoir ce que contenait cette lettre. Elle n'avait eu aucune nouvelle de Cassandre depuis un moment, se demandait s'il y avait un lien entre les deux. Seulement, elle ne pouvait pas la lire ici, était avec ses amis...
« Si tu as besoin, tu peux aller dans ta chambre pour voir.
— Je le ferai ce soir.
— Vas-y maintenant. »
Un peu hagarde, Céleste se releva et salua ses camarades. On lui sourit un peu tristement, comme si tout le monde se doutait de la mauvaise nouvelle qui dormait sur le papier. Becca souffla à son amie que si elle avait besoin, elle était là, et la plus âgée s'en alla en traînant les pieds.
L'enveloppe dans sa poche pesait une tonne, la rendait plus lourde que raison. Chaque pas jusqu'à sa chambre était devenu une torture et elle se fit violence pour ne pas retourner auprès de son escouade. La curiosité rongeait ses nerfs, elle devait savoir maintenant sinon elle en deviendrait trop amère.
La soldate ferma la porte derrière elle, se posa à son bureau sans rien dire. Elle n'avait pas d'ouvre-lettres, déchira à moitié le contenant et sortit une feuille simple pliée en trois.
Ses yeux parcourent les lignes et les tremblements de son corps s'apaisèrent alors qu'elle réalisait qu'on lui donnait de bonnes nouvelles concernant son aîné. Mais son souffle se coupa quand elle lut la suite ; elle avait la sensation qu'il lui chuchotait sa déception dans son oreille, l'accusait de tout, serrait son cou de culpabilité.
« ... Et quand bien même vous auriez décidé d'agir égoïstement, ce que je voudrai bien comprendre, je ne peux cacher ma peine d'avoir été abandonné par vous. Votre frère ne vous le dira jamais, sûrement par couardise et trop grande affection pour vous, mais au-delà d'être une véritable honte, vous avez déchu votre famille. Je sais et entends votre mésentente avec votre père mais ne me serais jamais douté que vous puissiez autant peiner Cassandre. J'imaginais qu'après la trahison de Claude, paix à son âme, vous vous seriez calmée et auriez décidé de faire honneur à votre nom. Je me suis visiblement trompé et vous avoue ma grande déception. Bien évidemment, je suis aussi meurtri de savoir que vous m'avez fui, sans même oser me parler de vos tourments. Ne me faisiez-vous donc pas confiance ? N'étions-nous pas amis ? J'espérais que vous me teniez en plus grande estime dans mon cœur car à vous, j'aurai soufflé toutes mes angoisses. Peut-être ai-je mal agi à votre égard et en suis navré. Je pensais être une bonne personne auprès de vous, souhaitais grandir et vieillir en tenant votre main. Je nourris toujours ce désir, même si nos chemins commencent lentement à se séparer.
Je ne peux vous faire croire mon pardon immédiat mais, croyez-le, je vous aime encore toujours. Je prie aussi pour que cette lettre vous arrive, que nous puissions réparer ce que vous avez brisé, reconstruire ce que nous avions commencé. Avant que nous nous éloignons définitivement... »
Céleste n'avait pas envie de croire que Connor ait pu un jour l'aimer. Mais il avait raison sur un point ; n'avait-il pas été un ami ? Certes, elle avait fini par ne plus réellement l'apprécier le temps passant, mais elle avait tout de même eu une affection pour lui. Elle aurait peut-être pu lui dire qu'elle voulait partir...
« Dans d'autres circonstances, j'aurai pu te dire de faire de lui un allié, plutôt qu'un ennemi, mais est-ce vraiment possible ? »
le retour de connor ??? ; j'espère qu'il vous avait manqué ! ;
à toutes les personnes qui se méfiaient de lui, manifestez-vous en commentaire je veux savoir qui n'a pas cru 2s à son joli sourire ;
dans tous les cas, céleste, rappelle-toi bien ce que t'as dit cassandre car comme j'aime le dire, c'est un outil surprise qui nous servira plus tard ;
on avance lentement mais sûrement dans l'histoire et je sais surtout qu'on approche de la fin du tome 1 (peut-être parce qu'une grosse ellipse est prévue mais chut) ;
n'hésitez pas à partager vos avis sur cette lettre et sur ce que pourrait faire notre mamie favorite !
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