ㅤ📃 CHAPITRE 50
« NE RESTEZ PAS LÀ ! »
Quand est-ce que l'expédition avait dérapé ?
Glissant sur le sol avec son équipement, la bruine gelant petit à petit ses membres, Céleste sentait son cœur battre la chamade. La fumée autour d'elle l'empêchait de voir ce qu'il se passait, elle n'entendait que les bruits de galop, les cris, la terre qui tremblait, ne discernait que le titan qu'elle avait fait tomber.
Tout allait encore bien, quelques heures plus tôt...
Le Bataillon d'Exploration avait repéré une forêt, l'avait cartographiée et ils s'étaient installés sur les immenses branches des arbres géants. Le Soleil commençant à se coucher, ils avaient décidé de s'y installer pour la nuit, heureux de voir qu'il y avait si peu de pertes pour une fois.
La noiraude avait retrouvé son escouade, ils avaient décidé de faire des roulements pour monter la garde au cas où durant la nuit. Et si elle n'avait pas été très à l'aise aussi loin du sol, elle avait suivi le mouvement sans trop râler. Les choses s'étaient cependant compliquées le lendemain matin quand ils furent réveillés par le grondement sourd d'un orage.
On hésita longtemps à s'il valait mieux tout de suite rentrer avant qu'ils ne soient pris dans la tempête ou s'il fallait continuer malgré tout, espérer que la pluie se calme avant qu'elle ne les atteigne. Caius avait soufflé qu'il préférait qu'ils retournent vers les murs mais l'ordre de continuer fut annoncé. Cependant, il fut bien vite révoqué quand tous virent que l'averse avançait bien plus vite que prévu vers eux et qu'elle semblait s'intensifier. Rapidement, le Major Shardiz ordonna à tout le monde de rebrousser chemin ; ils avaient au moins une mise à jour sur le carte, il était plus intelligent de ne pas se mettre en danger. Le matin étant déjà bien levé, les titans recommençaient à s'agiter et ce n'était pas une bonne idée d'être pris entre les créatures et la mauvaise météo.
Le chef d'escouade se fit rapidement comprendre : les cinq ne devaient en aucun cas se perdre de vue. Il connaissait ce genre d'orage, savait qu'il s'accompagnait souvent d'un brouillard, craignait de perdre l'un des subordonnés. Mais ce qui ne devait pas arriver eut lieu et le chaos vite pris place.
On essaya malgré tout de maintenir la formation, de s'organiser le plus possible. Les gestes de Caius furent salvateurs, il put communiquer avec son équipe sans grands soucis, leur donner des ordres rapides et efficaces.
Pourtant, des titans réussirent à se frayer un chemin parmi les soldats, à effrayer tous ceux qui essayaient simplement de s'en sortir.
La panique fut générale pour beaucoup et si certains se lancèrent dans la bataille, d'autres abandonnèrent vite et firent tout leur possible pour sauver leur vie, conscients que c'était un combat perdu d'avance.
Becca faisait parti des courageuse et elle affronta le danger quand il le fallu, malgré les réprimandes de Caius. Mais lorsqu'elle disparut derrière la fumée, Lahssen se précipita à sa suite, allant chercher la noiraude.
Le désormais trio continua sa route, rejoignit le gros du groupe mais le brouillard se levait de plus en plus, rendait aveugles tout le monde. Très vite, la confusion fut reine et tous se séparèrent sans le vouloir, se perdirent dans l'immense plaine, sans vraiment savoir où aller.
Céleste se retrouva isolée avec Zeyn, le gardait le plus possible à ses côtés, cherchait d'autres soldats aussi perdus qu'elle. Avec ce temps, impossible d'utiliser un fumigène et elle espérait juste ne pas tomber sur un titan caché dans la brume. L'averse n'était pas encore là mais il commençait un petit peu à pleuvoir, limitant la concentration de la jeune femme.
Malheureusement, les monstres les trouvèrent bien vite et il fallut combattre. Malgré leur inexpérience, les deux soldats s'en sortirent bon gré mal gré face à leur assaillant et la noiraude réussit à trancher sa nuque sans trop de dommages. Cependant, les hurlements autour d'elle lui faisaient comprendre que la fuite était bien trop compliquée, qu'il allait falloir combattre plusieurs titans.
Mais la jeune femme gardait en son esprit une priorité absolue, ne pas perdre Zeyn. Le garçon tremblait de plus en plus sur son cheval et elle craignait qu'il ne s'évanouisse de peur. Ou qu'il vomisse sur sa monture. Peut-être les deux.
On continuait de crier à tout le monde de partir, de rejoindre le reste du Bataillon qui avait avancé. En deux expéditions, elle avait réussi à chaque fois à perdre le gros des troupes.
Il fallait désormais slalomer entre les cadavres au sol, humains comme monstrueux, éviter les soldats qui combattaient et rester attentifs aux titan qui chutaient car on coupait leurs talons pour mieux les abattre. Lorsque ça arrivait, un grand souffle faisait trembler le sol, inquiétait les montures qui ne savaient plus où donner de la tête.
« ATTENTION ! »
Trop tard, Céleste eut juste le temps de voir une masse difforme se vautrer contre Zeyn, les chevilles tranchées par un soldat. Le blond disparut dans une bourrasque et la douleur presque instantanée dans ses jambes la fit chuter de son cheval.
Allongée au sol, la noiraude ne sentait dans tout son côté droit qu'une souffrance sourde qui lui coupa le souffle.
Il n'avait fallu qu'une seule seconde pour que tout s'écroule, pour qu'elle finisse au sol et perde son ami.
« Non. Non. Non. Pas toi. Pas maintenant. Pas comme ça. Pas ça. Pitié. »
Grattant la terre sous ses doigts, il lui fallut une force colossale pour pousser un hurlement. Terreur, déchirement. Son corps entier lançait et quand elle réussit à se soulever, tout se mit à tanguer autour d'elle. Où était Zeyn. Elle marcha de deux pas, manqua la chute, regarda tout autour d'elle.
Elle devait se dépêcher, le retrouver le plus vite possible. C'était son rôle. Elle n'avait pas le droit de le laisser là, de rentrer sans lui. On lui avait dit de prendre soin de lui... C'était son rôle. Elle était sa putain de mamie, ils s'étaient promis de rester en vie tous ensemble.
Le titan qui avait envoyé son ami paître était en train de fumer, une gerbe de sang autour de ce qui restait de sa tête. Un instant, elle paniqua avant de voir une touffe de cheveux noirs. Ils n'étaient pas à son ami. Ce n'était pas lui.
Personne autour. Elle était seule.
Céleste hurla le nom du soldat, priant pour que sa voix dépasse celles des autres. Elle devait le retrouver. Elle n'avait pas le droit de le perdre lui aussi, pas quand elle sentait toute sa douleur.
Ce n'était pas comme Claude. Elle ne ressentait pas cette coupure dans son ventre, le sang lui remonter dans la gorge. Cette fois, elle avait l'impression qu'on martelait en boucle ses jambes et bras, tentait de l'étouffer à même le sol, de l'asphyxier.
Elle traîna son corps engourdi jusqu'à un cadavre de cheval et vit celui qu'elle recherchait quelques mètres plus loin. Il lui fallut alors une force surhumaine pour courir jusqu'à lui, vérifier qu'il respirait encore.
Les yeux à moitié clos, du sang sur toute la face, l'adolescent regardait la noiraude, tentait de lui dire quelque chose.
« Ma... mie... ?
— T'inquiète pas. Ça va aller. D'accord ? Tu as mal où ? »
Elle savait où était sa douleur mais voulait qu'il le dise. Elle devait être sûre de ne pas se tromper. Zeyn posa une main tremblante sur sa poitrine puis murmura le mot « jambe ». Les dents de Céleste grincèrent alors qu'elle guettait les alentours. Le garçon avait sûrement quelque chose de cassé, n'allait sûrement plus pouvoir marcher avant d'avoir les soins nécessaires. Pour certains, il était désormais un poids mort, surtout dans un tel endroit, mais l'abandonner n'était pas une option.
Malgré son poids et sa fatigue, la jeune femme souleva malgré tout le blond, chercha sa jument du regard. Elle n'était pas très loin, il fallait seulement la rejoindre le plus vite possible. Lentement mais sûrement, ils partirent vers la monture. Le plus jeune avait tenté de marcher mais avait fini porté par son aînée. Traîner ici était une mauvaise idée.
« À droite... »
Céleste ne s'était jamais estimée comme quelqu'un de chanceuse. Mais elle espérait que pour cette fois, le ciel serait de son côté, lui permettrait de sauver cette vie-là. Pourtant, le destin marchait droit vers eux, sous la forme d'une bête de plusieurs mètres.
Et elle savait que cette fois, elle n'arriverait pas à trancher sa nuque.
Malgré tout, elle laissa Zeyn glisser au sol, lui lança un regard puis un autre vers sa monture.
« Rejoins mon cheval. J'arrive.
— Quoi ?
— Traîne toi par terre s'il le faut, je m'en moque. Mais va vers mon putain de cheval. Tu peux ne pas monter en selle, je nous ferai grimper. Je ne veux plus te voir ici, c'est tout. »
La pluie battait désormais avec force, aveuglant parfois la noiraude. Le corps encore tremblant, elle dégaina ses larmes, défia le titan d'avancer encore. Elle savait que sa jument était entraînée à se baisser pour que les personnes au sol puissent la monter, elle s'était amusée à le tester durant les entraînements. Et elle espérait qu'elle le ferait pour le blond, qu'il puisse s'enfuir.
Ici, il n'y avait pas de prises en hauteur, seule la créature demeurait face à elle. Et comme elle l'avait fait avec son ami, elle devait passer par ses jambes, remonter dans son dos, trancher sa nuque avant qu'elle ne les mange. Dans d'autres circonstances, elle se serait sentie confiante mais là ? Sous l'orage et sans aucune force, elle espérait seulement...
« CELESTE ! VIENS !
— VA-T'EN ! »
Fuir n'était ici pas une option, ils le savaient tous les deux. Le temps qu'elle le rejoigne, ils étaient rattrapés et c'en était fini d'eux.
Malgré sa vision de plus en plus floue, la noiraude discernait une ombre familière devant elle, face au titan. Et alors qu'elle se mettait en place pour utiliser son équipement, la silhouette de Claude l'englobait, lui donnait une poussée qu'elle ne connaissait pas. Elle se lança entre les jambes de la créature, sentit l'eau fouetter son visage, remonta le plus vite possible pour atteindre le point désiré. Son corps hurlait petit à petit, la douleur qui l'avait saisi ne disparaissait toujours pas et elle s'étonnait de déployer autant d'énergie alors que tout semblait l'abandonner.
Son objectif était droit devant elle, la forçait à ignorer les spirales noires qui dansaient de plus en plus dans son champ de vision, les bourdonnements qui se propageaient dans son oreille, la voix qui sifflait près d'elle.
« Frappe. Venge-moi. »
Pourquoi entendait-elle son frère et le blond en même temps, pourquoi elle ne le voyait plus alors qu'il était il y a deux secondes en selle ?
Elle abattit ses lames dans le vide, manquant d'un bon mètre sa cible, glapit de surprise. Le titan commençait à se retourner, l'avait senti approcher.
Et dans un élan de désespoir, Céleste tenta à nouveau sa chance.
je pense qu'on ne pouvait pas faire mieux pour le symbolique chapitre 50 ;
si vous vous demandez ce qu'il se passe et si vous êtes totalement paumés, ne vous en faîtes pas, c'est normal ; vous comprendrez en temps et en heure et ça risque d'être drôle ;
je l'avais dit sur la note d'autrice précédente, "jokes on you céleste, t'as cru que ton expédition allait bien se passer ?" et fallait me croire ;
maintenant, la question est "qui va mourir" et je pense que tout le monde à sa réponse, préparez-vous pour le prochain chapitre parce que ça va être drôle, je peux vous l'assurer :D ;
d'ailleurs, à l'heure où je vous parle, vous pouvez lire sur mon compte instagram un extrait du chapitre 51 (@ydaure) et vous allez voir, c'est super marrant (non) ;
je vous dis à très vite :)
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