ㅤ📃 CHAPITRE 5
Céleste s'était plusieurs fois demandé ce qu'elle ferait si elle revoyait un jour Levi. Et dès qu'elle y pensait, elle s'imaginait noyée sous les remontrances. Jamais elle n'aurait imaginé qu'il se montre ainsi avec elle ; même s'il y avait une tension lourde autour d'eux, elle avait malgré tout l'impression d'être revenue dans le passé. D'être revenue au temps où ils parlaient clairement, qu'il n'y avait autour d'eux que les vérités.
« Qu'est-ce que ça peut te faire...
— Comprends moi, s'il te plaît. La dernière fois que je t'ai vu, tu-
— Les gens changent, Levi.
— Est-ce que je devais l'attendre d'une morte ? »
La pique la fit tiquer. Mais elle la méritait un petit peu. Levi se pencha encore un peu vers elle, tout ouïe. Il attendait qu'elle réponde à ses questions. Lentement, elle s'humidifia les lèvres.
« Et n'essaye pas de me mentir, de me dire que tu es différente, je ne te croirai pas. Je te connais, Céleste. Ou en tout cas je le pense.
— Qu'est-ce que ça peut te faire... Peu importe que j'ai peur de ne plus être assez, d'oublier mes amis, de sombrer... Ça n'a pas réellement d'importance, ici. »
Sa voix soufflait ses mots, son esprit lui envoyait par vagues son incapacité à prendre soin d'elle-même, des autres, de ce qui restait en vie. Et parfois, quand elle repensait à leurs rires dans l'ancienne salle de musique, leurs rêves qu'ils ne pouvaient accomplir, elle se rappelait ses propres mensonges, ses fautes. Céleste ne pouvait plus que se dire qu'elle méritait ce délai de vie, trop écrasée par un devoir de mémoire qu'elle n'avait su honorer, accablée par son incapacité à obéir au dernier ordre qu'on lui avait donné.
Elle n'avait désormais plus rien pour se remémorer leur existence, leur présence.
Regardant toujours Levi droit dans les yeux, déjà depuis trop longtemps pour elle, Céleste remarquait qu'il était de plus en plus tendu, irrité par ce qu'elle déclarait. Après tout, si elle n'avait jamais fait tout cela, tout aurait été différent et jamais il n'aurait eu à essuyer une nouvelle perte. Pourtant, elle avait envie de lui dire qu'elle avait aussi eu peur de l'oublier. Qu'il eût hanté ses songes, ses cauchemars, s'y était déformé. Il était tantôt une protection, tantôt un monstre prêt à l'achever.
Il eut un flottement, comme s'il attendait une réponse de plus, comme s'il n'était pas satisfait. Quelle pensée traversait son esprit à l'heure actuelle ? Quel trouble le prenait ? Levi lâcha son menton, s'enfonçant dans sa chaise.
« Peut-être qu'aujourd'hui, je n'ai que ça. Des regrets. J'ai beau être reconnaissante d'avoir survécu, un peu contente de te revoir maintenant... Je continue à me dire que je ne le mérite pas... »
Pourquoi dès qu'elle était face à Levi, sa langue se déliait et ses mots sortaient ? Elle ne pouvait tout retenir quand elle était sous son regard froid, il finissait toujours par entendre ses pensées. Lorsque sa voix s'éteignit enfin, elle vit que le soldat détendait légèrement ses épaules. Peut-être qu'il la croyait...
« La dernière fois que je t'ai vu, tu n'as pas eu le courage de me dire que tu survivrais. Je ne sais pas ce que tu as vécu, là-bas, durant ces quatre ans. Je ne sais même pas ce qu'il s'est réellement passé pour que je te retrouve comme ça. Mais une chose est sûre : ton escouade n'a pas disparu pour rien. Et elle n'est pas une excuse pour que tu t'apitoies sur ton sort. Qu'est-ce que tu crois ? Tout le monde souffre, ici. On a signé en connaissance de cause, on était au courant qu'on risquait tous de crever sur le chemin, pour des bouffons qui se pissent dessus rien qu'à l'idée de se retrouver face à des titans. Quoi ? Tu penses que mourir ramèneras tes amis à la vie ? Il y a encore Becca et Lahssen, que je sache. Pleurer encore et toujours ne servira à rien, Céleste. Tu dois vivre, maintenant. Pour toi. Sinon tous ces sacrifices auront été inutiles. Et tu peux me croire, tant que je respire, je t'interdis de clamser.
— Tu essayes de me faire encore une fois la morale ? Tu crois que je n'étais déjà pas au courant de tout ça ? Que je me suis enfoncée dans cette merde sans être au courant des conséquences ? Tu penses qu'aujourd'hui encore, je ne suis toujours pas consciente du danger ? Que j'ai agi sans réfléchir, que je n'ai pas conscience que je n'ai plus le droit de mourir ? Mais les choses sont comme elles sont, Levi, et je ne peux pas avancer. Je ne suis pas comme toi, je ne peux pas faire fi de mes sentiments, continuer à vivre comme si de rien n'était. Faire semblant d'être forte...
—Parce que tu crois que c'est simple pour moi ? Que ça ne m'a rien fait, quand on m'a dit que tu avais péri durant une expédition, alors que j'étais censé prendre soin de toi ?
— Et encore aujourd'hui, c'est cette promesse qui revient. Alors quoi ? Tout ça, tout ce que tu as dit, c'est réellement pour éviter que je me jette par la fenêtre dès que tu partiras ? C'est une amie que tu as pleurée, il y a quatre ans, ou seulement un serment qui ne pouvait plus tenir ? »
Une larme roula sur sa joue. Elle n'avait pas envie de penser ce qu'elle disait mais était enveloppée par l'impression d'être revenue en arrière, à l'époque où elle s'était enflammée et où tout avait explosé. Si seulement elle n'avait rien su ; elle aurait pu continuer de se convaincre qu'elle comptait à ses yeux.
« Tu sais quoi ? Tu vas te reposer encore un peu. On en reparlera quand tu seras plus tranquille.
— Si tu as quelque chose à me dire, fais le main-
— Pour l'amour du ciel, Céleste, ferme-la. »
Sa bouche se scella d'elle-même et elle pinça ses lèvres. Même si elle voulait encore continuer cette discussion qui tournait lentement mais sûrement au vinaigre, elle savait aussi qu'il n'avait pas tort. Elle avait ignoré son corps douloureux et son esprit réclamait quelques heures de sommeil, juste de quoi faire.
La belle affaire ! L'insomniaque notoire lui demandait de dormir, alors que lui-même en était incapable. Céleste se demandait s'il allait chercher une infirmière ou la laisser seule. Elle n'avait pas envie de l'être...
« Demande lui de rester ? »
Hors de question. Elle en mourait certes d'envie, plus pour ne pas être seule qu'autre chose, mais elle était certaine qu'au moment où elle s'endormira, il partira sans y penser à deux fois. Qu'est-ce qui le retenait ici, de toute manière ?
Pourtant, il croisait ses bras sur sa poitrine, droit sur sa chaise, semblant attendre qu'elle ne chute dans les bras de Morphée. Restait-il ? Elle y croyait de plus en plus, était rassurée à cette idée.
« Quelque chose ne va pas ?
— Tu fais encore tes cauchemars. »
Elle ne répondit pas. Le fallait-il ? En plus de Claude, s'étaient rajoutés les fantômes de son escouade. Et il le savait parfaitement. Il n'avait même pas besoin de confirmation, utilisait même tout cela comme une raison de plus pour rester ici à la veiller. Seulement, il espérait qu'elle lui rétorque que non, qu'elle avait réussi à vaincre tout cela. Mais en ne la voyant pas réagir, il sut qu'il avait raison.
Et comprendre que le caporal saisissait à quel point elle était blessée effrayait Céleste.
« Je peux rester seule, ne t'en fais pas. »
Il avait levé ses yeux au ciel, sans rien ajouter de plus. Elle le connaissait encore suffisamment pour savoir que si elle insistait, il viendrait à lui ordonner de dormir. Quitte à l'assommer ?
Se forçant malgré elle, Céleste ferma ses paupières. Le sommeil venait, elle sentait déjà son esprit devenir de plus en plus faible et réclamer le repos. Mais, elle avait l'impression de ne pas y arriver, à dormir profondément.
Pourtant, elle sombra bien vite, ses pensées toujours tournées vers leur discussion.
« Quoi, tu l'aimes encore ? »
Peut-être. Était-ce une surprise ? C'était sa faute, après tout. Elle n'aurait jamais dû nourrir son esprit de rêves illusoires toutes ces années, d'un espoir trop beau, trop grand. Se leurrer tout ce temps avait fait qu'elle avait mangé un mur aujourd'hui, avait regoûté à son goût amer pour la seconde fois. Et elle n'avait pas hésité à répliquer, à cracher sur ce visage si loyal. Si juste.
Céleste aurait aimé haïr Levi. Le détester plus que de raison, lui en vouloir éternellement pour tout ce qu'il s'était passé. Mais elle n'y arrivait pas, elle en était incapable et elle avait l'impression qu'il le savait parfaitement. N'importe qui pouvait le deviner de toute manière, ce n'était pas bien difficile d'arriver à cette conclusion. Pourtant, elle avait bien réussi à maudire son nom une ou deux fois, à lui rejeter totalement la faute dessus. Mais malgré tout, le souvenir qu'elle avait de Levi finissait toujours par lui faire changer d'avis.
Pensait-il la même chose ? Ou avait-il finir par l'abhorrer ? Peut-être qu'il préférait qu'elle soit morte, en dépit de tout ce qu'il avait dit. Peut-être qu'il aurait tout simplement préféré qu'elle reste dans son coin, évite de remuer la merde qui pourrissait là une nouvelle fois. Ses pensées devenaient de plus en plus confuses et elle ne voyait pas de réponses valables. Pire, elle finissait par s'endormir, se rendant compte que même après tout ce temps, sa simple présence calmait tout son être.
« Idiote. Je te laisserai plus jamais seule. Tu peux dormir en paix. »
Il ne sut si elle avait entendu ses mots. Peut-être s'était-elle endormie avant ? Tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle ait quelques minutes de répit. Le soldat l'avait très bien compris, Céleste s'était torturée l'esprit pendant quatre ans, sans accroches possibles. Mais de ce qu'il avait aussi saisi, elle avait pu attraper la main de quelqu'un.
Quelqu'un qui s'était bien amusé à lui cacher la vérité durant tout ce temps et qu'il ira voir quand il le pourra.
Lentement, il reprit la compresse qu'il avait posé sur son front, la replongea dans l'eau et la remit sur sa peau. Il ne savait pas si la fièvre de Céleste était revenue mais il voulait être sûr que la noiraude soit tranquille. En voyant qu'elle ne réagissait pas et que son souffle était devenu lent, il sut qu'elle s'était endormie. De toute manière, après tout ce temps, il savait parfaitement quand elle avait définitivement plongée.
« Et même si je suis en colère contre toi... Encore un peu... Je suis soulagé de voir que tu es en vie. Vraiment... »
Elle pouvait le transpercer une nouvelle fois dans le cœur, le quitter à nouveau aussi violemment qu'elle l'avait fait... Tant qu'elle revenait à la fin, ça lui allait. Et même si elle l'avait tourmenté en disparaissant ainsi, il était apaisé de voir qu'elle était toujours vivante. Qu'elle était toujours là.
unl pote m'avait fait ce meme y'a vla longtemps et jpense y'a rien de plus vrai ;
ce chapitre est mon chapitre préféré (pour le moment) et vraiment je wah snif ouin ;
mes enfants, mes bébés, mes gamins ; me croyez-vous si je vous dis que dans ce tome, leur relation va aller légèrement plus vite ? ; peut-être ;
premier degré, ça me touche de les voir ainsi et de voir que, malgré tout, y'a encore un semblant de relation entre eux ; je ne sais pas encore où ça va mener (si.) mais j'ai hâte de vous y emmener et de démêler tout ça ! ; ce tome va peut-être recouvrir tout ce qui reste de manga mais aussi et surtout toutes les problématiques qui ont été mises en place durant le tome 1 ;
et ça, c'est beau ;
sinon, heu, on aurait pu s'attendre à pire comme retrouvailles ! ; au final, la dispute aura été de courte durée mais si vous pensez que vous n'aurez que ça, vous avez tort !
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