ㅤ📃 CHAPITRE 49

Céleste et Levi étaient restés sans bouger pendant de longues minutes. Après une telle déclaration, elle n'avait pas su quoi dire, avait gardé ses épaules tendues pendant une durée indéterminée.

Finalement, elle avait retrouvé ses esprits lorsqu'il avait attrapé sa main, lui avait demandé s'ils pouvaient manger maintenant. Elle ne savait pas vraiment si c'était parce qu'il avait réellement faim ou parce qu'il sentait sa gêne mais, dans tous les cas, il ne l'avait pas lâchée.

Et même si leur repas avait eu le temps de devenir froid, ce n'était pas grave ; le plus important, c'était qu'elle était avec lui, que le brouillard s'était désormais levé. Ce n'était peut-être pas totalement fini mais elle voyait désormais plus clair et son esprit s'était allégé.

Lorsqu'ils furent de retour dans la chambre de l'instructrice, ils reprirent place sur son lit. La lanterne sur la table de chevet de la femme avait été allumée, leur permettait enfin de se voir correctement.

La tête posée sur l'épaule du soldat, Céleste regardait droit devant elle, n'osait toujours pas parler. Ils avaient mangé dans un silence presque lourd et maintenant qu'ils étaient à nouveau ici, elle hésitait.

« Quand tu es entrée dans les Brigades d'Entraînement, Cassandre est venu me voir. Enfin... Il m'a écrit pour me demander de nous rencontrer et nous nous sommes vus par la suite. C'est à ce moment-là qu'il m'a demandé de rester à tes côtés. Au départ, il voulait simplement que je garde, de temps en temps, un œil sur toi. J'avais refusé, à la base. Pour moi, si tu venais ici, c'était bien parce que tu étais capable de te garder en vie, que tu « savais » ce que tu faisais.

— Qu'est-ce qui t'a poussé à accepter ?

— Ton frère avait le même regard que Claude. Et que toi, parfois. Vous avez, lorsque vous arrive, une détermination et un désespoir, c'est fascinant. Il m'a dit qu'il le savait parfaitement mais qu'il ne pouvait se résoudre à ne rien faire, à te laisser seule sans agir. Il avait déjà perdu son frère, il ne voulait pas répéter la même erreur. Je me rends compte, maintenant, qu'il devait aussi y avoir la peur de ressentir à nouveau ce fameux lien... En réalité, j'ai attendu ton arrivée au Bataillon avant de lui dire « oui ». Je crois que j'avais besoin de te revoir avant... Quand tu m'as demandé si nous étions toujours amis, j'ai réalisé que je pouvais « utiliser » cette promesse envers ton frère pour rester près de toi. Ça me donnait une raison supplémentaire. »

Elle peinait à garder une respiration calme.

« Je sais que j'ai mal agi. Oui, ton frère m'avait demandé de ne pas nourrir tes sentiments envers moi car il était certain que ce n'était pas réciproque. Il avait raison, au départ.

— « Au départ » ?

— Oui, au départ. »

Et contre lui, elle retint un soupir. Elle voulait en savoir plus ! Mais aucune information supplémentaire n'arriva et elle dû accepter cette simple information, se contenter de ces déclarations.

Céleste resta sans bouger près de Levi. Elle voulait rester proche de lui, ne pas s'éloigner... Enveloppée par sa chaleur, elle se sentait enfin partir. La journée avait été bien trop riche en émotions pour elle et maintenant qu'elle était parfaitement en sécurité, son corps demandait le repos.

Peut-être que le noiraud le sentit ; tout en passant sa main dans le dos de l'instructrice, il s'allongea sur le lit, entraîna la femme avec lui. Gardant sa tête sur son épaule, il laissait sa main la maintenir contre lui, ne la lâchait pas. Ça avait beau ne pas être la position la plus confortable, tant qu'elle était bien, il s'en moquait. Il voulait juste qu'elle dorme pour de vrai.

Lentement, il se rendit compte qu'il s'endormait aussi, posa sa joue sur le haut du crâne de Céleste.

Là, il était bien.

Le lendemain, Levi fut le premier à se réveiller. L'orage avait laissé place à un matin brumeux, à des gazouillis d'oiseaux. L'esprit engourdi, il mit plusieurs secondes avant de se lever, resta un temps à regarder l'instructrice encore endormie. Il avait envie de rester avec elle, de ne pas rentrer... Mais il ne devait pas s'absenter trop longtemps, surtout alors que l'opération de reconquête approchait à grands pas.

Du bout des doigts, il caressa la joue de la noiraude. Il n'avait pas envie de partir comme un voleur, de la laisser se réveiller seule. Alors quand elle ouvrit à moitié ses yeux, murmura son nom, il se pencha vers elle.

« Je vais rentrer au quartier général. Ne t'en fais pas, on va vite se revoir.

— Tu reviens... ?

— Quand tu veux. Et toi aussi, d'accord ? Repose-toi, il est encore tôt. »

Elle émit un long grondement en guise de réponse, enfonça finalement son visage dans le lit. Ils avaient dormi au centre, n'avaient pas pris le temps de se glisser dans la couette ou quoi que ce soit. Le soldat attrapa le rebord de la couverture, la tira bon gré mal gré jusqu'à la femme, la recouvrit comme il le pouvait.

Quand ce fut fait, il sortit à pas de loup de la chambre, descendit les escaliers aussi silencieusement que possible. Il ne savait pas si Lahssen dormait encore et il n'avait pas envie de tomber sur l-

« Bien dormi ? »

Assis sur une chaise, l'instructeur regardait avec une sorte de sourire satisfait le caporal, portait à ses lèvres une tasse de thé.

« Oui.

— Tu m'en vois rassuré. Je ne te demande pas si tu as aimé la décoration de notre chambre d'amis.

— Je la verrai la prochaine fois.

— J'en ai entendu des conneries, dans ma vie, mais celle là est excellente. Dis-moi, tu comptes continuer de tourner autour de mon amie comme une mouche à merde encore longtemps ?

— Depuis quand ça te regarde ?

— Je sais pas, peut-être depuis que je l'ai vue pleurer plusieurs fois à cause de toi. Ou peut-être parce qu'à mes yeux, tu ne la mérites absolument pas et qu'elle a le droit à bien mieux qu'un con qui sait toujours pas ce qu'il veut au bout de quatorze ans.

— Tu m'as l'air très certain.

— Ne me lance pas ce regard, j'en ai déjà suffisamment avec Becky. Écoute, tu auras beau lui dire que tu as des sentiments pour elle, tant que tu ne lui diras pas clairement que tu l'aimes et ne seras pas en relation avec elle, je n'y croirai pas.

— Ce genre de choses ne te regarde pas. Ma relation avec Céleste ne concerne que nous, justement, et tu n'as pas à mettre ton nez dedans.

— Soyons clairs deux minutes. »

Levi regarda Lahssen se lever, se mettre face à lui, le regarder avec un dédain qui existait depuis des années.

« Je connais Céleste. Tu auras beau lui dire que tu as des sentiments pour elle, que tu es l'homme le plus heureux du monde à ses côtés, ça ne l'empêchera pas de se sacrifier pour les autres. Si tu ne lui dis pas clairement que tu l'aimes, que tu veux être avec elle, peut-être même l'épouser... Elle ne pensera qu'au bien commun. Mais au moment où tu lui demanderas d'être tienne, tout le reste ira se faire foutre. Et ça, ça m'énerve. Tu as un pouvoir sur elle que tu n'arrives même pas à mesurer, tu as fait durer pendant quatorze ans cet amour et aujourd'hui, il faut que tu te décides. Parce que là-bas, il y a Connor qui la veut et même si je la préfèrerai avec toi plutôt que ce sac à merde, je sais aussi qu'elle peut craquer à n'importe quel moment.

— Elle ne veut pas retourner avec lui.

— Eh, oh, mon cœur, on parle de Céleste Fosten, la femme qui a été capable de se fiancer avec lui juste pour prouver à son frère qu'il avait fait de la merde et qui a dévoilé à son père son héritage juste pour qu'il collabore avec vous. Si demain elle doit épouser l'autre con parce que ça nous sauve les miches, tu sais tout autant que moi qu'elle le fera. »

Il y avait eu aucun haussement de ton, seulement des faits simples. Le grand brun avait raison, tout pouvait chavirer à n'importe quel moment.

« Je veux que Céleste pense à son bonheur avant nous. Même si ça engendre des difficultés. Alors peut-être qu'elle ne te le demandera pas mais moi je le fais : bats-toi pour elle. Si tu la veux réellement, fais en sorte que ça arrive.

— Je ne comptais pas faire autre chose. Je n'avais pas besoin d'un stupide chien de garde pour me dire quoi faire.

— Je pensais que si, justement, c'est bien ton genre. Est-ce qu'au moins maintenant tu sais ce que tu ressens pour elle ? Que tu ne la fasses pas encore espérer pour rien, ça serait bien. Fin, je veux dire, si tu n'es toujours pas capable de tomber amoureux d'elle, il s'agirait peut-être de laisser les autres fai- Eh ! »

Levi avait attrapé le col de Lahssen. Il savait qu'il parlait seulement pour l'agacer, jamais l'instructeur ne laisserait son amie dans une telle situation mais il répondait malgré tout à la provocation.

« J'aime Céleste. Peut-être que j'ai mal agi mais j'avais toujours à cœur sa sécurité et son bonheur.

— C'est sûr que tu l'as bien montré.

— Je ne te dirai pas que je l'épouserai, ça ne regarde qu'elle et moi. Mais je ne compte pas la laisser se sacrifier. Que Connor vienne ou d'autres encore, ils auront le même accueil.

— Tu lui as dit, au moins ? Si ça se trouve, elle dort encore en pensant n'être que ton amie.

— Réfléchis deux minutes au lieu de te continuer à être un con. Tu penses sincèrement que je risquerai encore de la perdre ? »

Presque aussitôt, le brun retrouva son sourire, leva les yeux au ciel.

« Je savais que sous cette carapace de connard insensible se cachait un petit cœur. »

Cet air satisfait, Levi le détestait. Le poing toujours serré autour de son col, il n'avait pas envie de le lâcher, voulait plutôt tout le contraire.

« Enfin... Si c'était moi, je te crierai bien que c'est trop tard. Tu mérites de ramper à ses pieds.

— C'est ça qui est fantastique, tu n'es pas Céleste.

— Peut-être. Mais je sais aussi que tant que tu ne feras pas de réel pas vers elle, ça sera mort. Je me répète, peut-être ? C'est normal, t'as la tête tellement dure que j'hésite à te faire rentrer l'information à coup de marteau.

— De nous deux, c'est toi qui es dur de la feuille. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « tout ça ne te regarde pas » ?

— Ça ne me regardera plus quand elle viendra me dire que tu la rends heureuse et qu'elle a enfin le droit de t'aimer. »

Ces paroles, il les avait entendues dans la soirée. Combien de fois Céleste avait-elle dit ce genre de choses ? Ses doigts lâchèrent le col, retombèrent le long de son corps. Lahssen avait raison, il arrivait bien tard pour quelqu'un qui affirmait l'aimer. Mais il savait tout autant qu'il n'avait plus le droit de faire machine arrière. Le soldat devait assumer.

« Allez, dégage, maintenant. Ton maître aux gros sourcils doit t'appeler. »

L'instructeur semblait pourtant vouloir rajouter quelque chose. Il pinça d'ailleurs ses lèvres.

« Quoi, encore ?

— Si tu as l'occasion de péter la gueule de Connor, avant moi je précise, ne te gêne pas. »

le face à face tant attendu entre lahssen et levi omg, depuis le temps qu'on l'attendait !! ;

lahssen qui lâche les termes, les vrais, les sûrs, il n'a pas notre temps, ça c'est sûr ! ;

en vrai, très envie de soutenir levi mais lahssen a raison, le loulou arrive bien tard et un peu comme une fleur ; et puis, il défend sa bestie, il a le droit, go rock star ! ;

en espérant que les choses s'améliorent quand même et que leste ne nous fasse pas une bêtise entre temps...

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