ㅤ📃 CHAPITRE 48

Levi avait suivi Céleste à l'étage, s'était assis sans un mot sur son lit. Lorsqu'elle ferma la porte derrière eux, elle passa sa main sur son visage, soupira avec force.

« Tu n'es pas obligée.

— Si. Lahssen a raison. J'étais totalement obnubilée à l'idée de comprendre mon père et savoir à quel point vous étiez en danger que je me suis éloignée du principal. J'aurai dû te parler de ça dès le départ.

— Cette histoire de « lien » ? »

Le simple hochement de tête lui suffit comme réponse. À petits pas, la noiraude s'installa aux côtés du soldat, frotta ses cuisses, sembla chercher ses mots. Lentement, elle lui expliqua tout. Le lien, le trafic, le plan de Cassandre.

De plus en plus tendue, l'instructrice avait fini par baisser les yeux sur ses doigts, par ne plus oser relever la tête pour regarder l'homme en face d'elle. Lorsque la main de Levi se posa sur l'une des siennes, elle retint son souffle.

« Je comprends mieux, maintenant. »

Pourquoi l'aîné des Fosten avait tant insisté pour qu'il reste à ses côtés, pourquoi elle avait été tant touchée par la mort de ses coéquipiers, pourquoi elle était effrayée à ce point aujourd'hui. Une larme tomba sur sa peau, le surprit.

« Désolée, c'est complètement stupide... Je... Je ne veux pas vous perdre... Et j'ai tellement peur que vous soyez en danger à cause de moi... J'aurai dû y réfléchir avant...

— Il aurait fini par le savoir, tu le sais. Va savoir comment mais c'est ainsi. Tu as pris les devants et ça, c'était déjà bien. Pourquoi viendrait-il te faire du mal, maintenant ? Il n'y gagnerait rien.

— Mais il sait qu'il va bientôt tomber, qu'on a tellement remué la merde qu'il n'aura pas d'autres choix que de lâcher. Comme tu l'as dit, il n'y gagnerait rien... À première vue. Je suis certaine qu'il a fait quelque chose et ça va finir par se retourner contre nous et-

— Céleste, Céleste, calme-toi. »

Il redressa son visage, planta ses yeux dans les siens. Du pouce, il essuya les larmes qui avaient coulé sur ses joues, se plaça réellement en face d'elle.

« Tu deviens paranoïaque.

— Mais comment tu veux que je réagisse ?! Comment ?! Je dois encore et toujours me battre, espérer qu'il n'arrive rien à personne, continuer à agir sans cette menace constamment. Et je prie, tout le temps, tout le temps qu'il ne vous arrive rien... Cassandre avait raison, je n'aurai jamais dû lui dire, j'aurai dû attendre et... à quoi bon de toute manière ? Connor est déjà au courant, ça doit sûrement être lui qui le lui a dit... Tout ça pour quoi, d'ailleurs ? »

Elle revoyait ce sourire satisfait, l'entendait à nouveau parler, lui assurer qu'il était son ami ici. Visiblement, il avait menti. Pourquoi s'en étonnait-elle ?

« Il ne nous arrivera rien.

— Tu ne peux-

— Céleste. Il ne nous arrivera rien. Becca et Lahssen sont des forces de la nature, votre merdeux, là, il doit très certainement être surveillé par l'hargneuse et moi... Je pense que je vais m'en sortir.

— Je ne veux plus perdre les gens que j'aime. Et quand je vois de quoi ma famille a été capable pendant tant d'années...Qu'est-ce qui m'assure votre sécurité ?! »

Voir Céleste ainsi lui brisait littéralement le cœur. Elle n'explosait pas encore en sanglots mais le craquement de sa voix ne le dupait pas. Lorsqu'il ouvrit un peu ses bras, elle s'y laissa tomber, tenta de reprendre sa respiration contre lui. Maladroitement, il se mit à frotter son dos, tenta de savoir comment l'aider.

« Tu as peur, c'est normal. Mais tu n'es pas seule. On fera ce qu'il faut. Même si ça prend du temps, on y arrivera.

— Je ne veux pas vous imposer ça...

— Céleste, je t'ai juré de ne pas t'abandonner.

— Peut-être, seulement ça ne veut pas dire que tu dois m'aider...

— Demander à faire partie à nouveau de ta vie, c'était aussi accepter ça. Si je refuse de t'accompagner maintenant, à quoi ça sert ? Tu me laisses revenir, non ? Alors laisse-moi jouer un rôle. »

Le visage toujours contre son épaule, la noiraude restait accrochée à lui. La sensation d'être devenue une enfant l'énervait mais elle n'avait pas envie d'être forte ; dans ces bras-là, elle avait l'impression qu'elle pouvait tout laisser tomber, qu'elle avait le droit d'être la plus faible possible. Qu'elle serait toujours protégée.

« Merci... »

Le « c'est normal » soufflé lui suffit.

Ils restèrent dans cette étreinte longtemps. Le fameux orage annoncé par l'instructeur avait éclaté entre temps, s'écrasait en grosses gouttes sur la vitre de la chambre. Un instant, Levi se demanda où en était Lahssen mais il n'avait pas envie de mettre le sujet sur la table. Il voulait seulement garder Céleste contre lui, la laisser calmer ses tremblements et se reposer. Elle avait beau dire, la journée avait été longue, les émotions bien trop fortes et les découvertes encore plus. Elle pouvait se lâcher ici.

La joue posée contre le haut de son crâne, il ne savait quoi dire désormais. Devait-il rester silencieux ? Tenter de parler d'autre chose ? Continuer sur ce sujet ?

« Levi... Dis-moi...

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Est-ce que c'est à cause de toi si Connor a, au moins un temps, « changé d'avis » ?

— Ah, ça. »

Il se revoyait encore, des années plus tôt, face au noble.

« Je n'ai fait que lui demander d'arrêter de te menacer. »

D'accord, ça avait peut-être été assez « violent » mais tout de même, il ne l'avait pas battu à mort.

« Il y a cinq ans, tu m'avais « protégée » face à un groupe d'hommes alcoolisés. Enfin, tu les avais empêchés de venir.

— Je m'en rappelle, oui.

— Comme quoi, tu avais déjà cette manie depuis bien longtemps.

— Est-ce que j'aurai dû ne rien faire ?

— Grâce à toi, j'ai été tranquille. Je ne peux qu'être reconnaissante.

— Mais ?

— Mais aujourd'hui, tu ne pourras le refaire, malheureusement. Ça m'aurait bien arrangé, je l'avoue...

— Il veut à nouveau t'épouser ?

— Pour lui, je suis sienne et il est mien. Ni plus, ni moins. Non, je ne veux pas le tuer, il-

— Et si tu épouses quelqu'un d'autre avant lui ? »

Céleste se redressa en un bond. Dans les yeux de Levi, elle essayait de comprendre ce qu'il entendait par là mais n'y voyait qu'une question honnête, une curiosité simple.

« Je ne peux pas. Tant que le contrat n'est pas annulé, je ne peux que me marier à lui. Si me marier avant aurait pu empêcher tout ça d'arriver, je l'aurai fait depuis bien longtemps, crois-moi. »

Comme elle l'avait fait avant, le caporal tendit sa main vers la mèche au milieu de son front, la dégagea de son visage pour la regarder avec attention. À quoi pensait-il ?

« « Épouse qui tu veux car je n'ai pu le faire avant. », non ? Si tu avais eu le droit, si cela avait pu te sauver...

— Jamais je ne me serai mariée avec toi pour me sortir des griffes d'un autre. Cette phrase, ce n'était pas en référence à ça... C'était parce que je le désirais réellement, sans arrière-pensée, sans objectif plus lointain que celui d'être tienne. »

Et si elle pouvait, encore aujourd'hui, s'unir à lui, elle le ferait sans hésiter.

« Et aujourd'hui ? Que veux-tu ? Est-ce que ton avis a changé ? Est-ce que tu veux retourner aux côtés de Connor ?

— Ce n'est pas lui que je veux. »

Les doigts du soldat glissèrent à nouveau contre la joue de la noiraude, s'arrêtèrent soudainement ; l'instant aurait pu durer une éternité si Lahssen n'avait pas toqué à la porte. Il n'entra pas dans la chambre mais le simple rappel de sa présence suffit à Levi pour se reculer, faire retomber son élan.

« Je vais me coucher les jeunes. La bouffe est dans la cuisine. Ne faîtes rien, pitié, je suis à côté. Bonne nuit. »

Lorsqu'ils entendirent une porte s'ouvrir puis se fermer, ils surent que l'instructeur était désormais dans sa chambre. Ne restait désormais plus que le bruit de l'orage, les battements lourds de leurs deux cœurs.

Céleste souffla un coup, comme si elle reprenait sa respiration, se mit à chuchoter.

« Tu as faim ? On peut descendre manger, si tu veux.

— On peut, oui.

— Tout va bien ?

— Je n'avais pas envie d'être interrompu. Pas encore. »

Il en avait assez. Levi reprit la main de l'instructrice dans la sienne, planta ses yeux sur les deux améthystes brillantes.

« Pas quand tu me laisses enfin voir ce qu'il se passe dans ta tête. »

Pas quand il avait enfin le droit de contempler ce qui la composait réellement, ce qui avait dormi en silence dans son cœur toutes ces années. Les pièces du puzzle qu'était Céleste s'emboîtaient.

« Je sais que tu as peur. De nous perdre mais aussi de te perdre toi-même. Je sais aussi que ce que tu attends de moi, je ne peux pas te l'offrir maintenant car les choses sont ce qu'elles sont actuellement et ça compliquerait très certainement tout. Mais... Je veux être dans ta vie. Être un allié et pouvoir me tenir à tes côtés. Tout à l'heure, tu as dit que tu ne voulais plus perdre les personnes que tu aimes. C'est la même chose pour moi : je ne peux plus te perdre. »

Sa voix était devenue un murmure alors qu'ils s'étaient rapprochés, avaient leurs visages de temps en temps illuminés par un éclair soudain. Les mains froides de Levi réchauffaient malgré tout Céleste tandis qu'elle sentait son cœur se serrer, attendre avec impatience les paroles du caporal.

Seulement, rien ne venait et elle sentait qu'il attendait une réponse, juste quelque chose. Juste un souffle, une poussée dans un sens ou l'autre.

« Levi, le fait est que tu n'as jamais quitté ma vie. Depuis le jour de notre rencontre, tu en fais partie. Durant ces autre ans, tu as toujours eu ta place dans mes pensées, une présence à mes côtés que je n'ai jamais voulu disparaître. Et aujourd'hui, alors que je sais que tu as gardé mes affaires avec autant de soin, que tu te tiens avec moi maintenant et que tu souhaites toujours m'accompagner... Pourquoi est-ce que je refuserai ta présence ? »

Il sentait son souffle s'échouer sur son visage. Avait-il le droit de réduire le peu de distance encore entre eux ? Petit à petit, il grignota l'espace entre eux, finit par coller son front contre le sien. À qui appartenait ce cœur qui battait si fort ? Il n'arrivait plus à savoir.

Mais quand il se rapprocha encore un peu plus, il sentit les doigts de la noiraude se poser sur ses lèvres.

« Ne m'embrasse pas. »

Il avait eu sa réponse.

Muet, Levi attendit sans bouger, espérait une « explication ».

« Tu l'as dit toi-même : tu ne peux m'offrir maintenant ce que je désire. Si tu me laisses t'aimer, je veux que ça soit inconditionnel, sans que je ne craigne une retenue de ta part ou un retournement de situation. Je veux que tu me dises que c'est réciproque, que ça le restera. Peut-être que c'est déjà le cas, en réalité, mais mon cœur me demande d'attendre.

— Comment ça ?

— Je veux avoir le droit d'être tienne, totalement. De pouvoir te choisir sans avoir à prier pour que rien de mal n'arrive. Et je suis désolée de te repousser ainsi mais je dois être honnête avec toi. »

Du bout des lèvres, Levi embrassa légèrement les doigts, finit par se reculer. Ça n'avait pas le goût d'une séparation, plutôt d'une promesse.

« C'est à moi de te demander pardon, pour avoir « menti » toutes ces années. Parce que la vérité, c'est qu'on sait tous les deux que de nous, il y a plus qu'une amitié ou un simple baiser qui n'aurait pas dû exister. Parce que je ressens plus qu'une affection pour toi et que ce baiser, tu le sais, je ne le regrette pas. Et même si j'ai dit que je m'en foutais de cette lettre, je l'utilise encore aujourd'hui. Parce que je veux que tu saches que je ne peux aimer, ou me marier, avec quelqu'un d'autre. Quand tu es partie, il y a quatre ans... Ce n'est pas une amie que j'ai perdue, c'est toi. Celle que j'attendais dans mon bureau tous les soirs, celle qui m'accompagnait, celle qui me faisait dire que ce n'était pas grave si tout s'effondrait demain tant que tu étais là. Celle pour qui ça valait aussi le coup de se battre. T'aimer, Céleste, c'est accepter de prendre le temps. Si j'ai des sentiments pour toi, c'est parce que j'en ai parfaitement conscience et que ça me va. Et si demain tu me demandes d'attendre ou de me battre pour arriver au but, je ferai les deux sans hésiter. »


VOUS ARRÊTEZ TOUT CE QUE VOUS FAITES, VOUS STOPPEZ TOUT, VOUS RETENEZ VOTRE SOUFFLE, ON Y EST ;

LE SLOW BURN QUI BURN SLOW IL A ARRETE DE BURN ET DE SLOW OMG ; 

https://youtu.be/0qgET1Zhpb8

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