ㅤ📃 CHAPITRE 46

Levi et Céleste avaient arrêté de courir. Les sens aux aguets, ils avaient réussi à rejoindre le passage qu'ils avaient pris sans dommage, prirent les escaliers menant à la surface rapidement. Même si le cœur de la noiraude s'était calmé depuis un moment, elle entendait toujours sa pulsation dans ses oreilles. La seule chose nette dans son esprit était la main du caporal dans la sienne.

Comme une bouée au milieu du néant, elle la gardait les pieds sur terre, l'avait aidé à sortir de cet endroit.

Désormais à l'air libre, les deux soldats prirent le temps de respirer avant de récupérer leurs montures.

« Tu peux t'asseoir, je vais chercher les chevaux.

— Je suis pas une infirme, je peux-

— Tu trembles depuis tout à l'heure. Pose toi deux minutes. »

Son ton catégorique refusait toute opposition. De toute manière, au moment où Céleste se posa sur le sol, elle sentit son corps l'abandonner. Le regard hagard, elle sentait sa tête devenir de plus en plus lourde ; que devait-elle faire, maintenant ? D'accord, elle allait donner les registres à Erwin mais après ? Est-ce que ça suffisait à tout arranger ? Est-ce qu'elle avait fait sa part ?

Est-ce que ça lui suffisait ?

Elle comprenait mieux les paroles de Bénédict. Son père n'avait pas « tout » arrêté et il aurait très certainement appris, tôt ou tard, que ses enfants avaient le lien. Si elle était restée à la maison, il l'aurait découvert rapidement, elle en était certaine. Aurait-elle fini là-dessous ? Est-ce que Cassandre aurait dû y aller, lui aussi ? Combien de personnes l'aurait frôlée ? Combien de femmes son frère aurait-il dû prendre ?

« Tout ça pour ça... »

Pour une stupide malédiction, pour quelque chose qu'elle aurait bien aimé ne jamais avoir. Pour un supplice pire que la mort.

L'héritier ne savait pas tout ça ; sinon, il s'en serait occupé lui-même. L'instructrice le savait parfaitement, jamais il ne l'aurait mis dans cette situation s'il avait réellement vue sur tout. Il fallait qu'il soit au courant, qu'il prenne réellement conscience de cette pourriture sous leurs pieds.

Et ?

Allait-il faire quelque chose ? Son plan était parfaitement enclenché, Charles-Henry allait tomber à la fin, pourquoi aurait-il besoin d'escalader dans la violence ? Qu'est-ce qu'elle-même y gagnerait ? Peut-être était-ce simplement pour sa satisfaction personnelle. Pour faire souffrir cet homme comme ils avaient fait souffrir tous ces autres. Comme il l'avait fait souffrir elle.

Bénédict n'était pas le seul et Céleste était certaine d'une chose, le trafic s'était simplement « arrêté » parce qu'il n'avait plus qu'un seul fils à offrir, qu'il fallait sauver les meubles.

Lorsque Levi arriva à sa hauteur, elle attrapa sa main pour se relever, passa une main rapide sur ses fesses pour faire tomber l'herbe.

« On retourne au quartier général et je donne ça à Erwin.

— Ça me va. De toute manière, je dois me changer, j'ai laissé mes affaires dans la chambre de Becca. La pauvre, je ne lui ai donné aucune explications.

— Elle n'est pas idiote, elle finira par comprendre. »

Sans étonnement, le trajet se fit dans un silence de plomb. Céleste n'osait pas parler et elle savait que c'était le cas de son ami ; il avait beau ne pas avoir tout vu, il devait bien se douter de ce qu'il y avait eu dans cette cour... Seulement, il ne savait pas pourquoi et elle n'avait pas le cœur à tout lui expliquer.

Ce serait alors avouer les origines de sa famille, souffler à nouveau son affection. Peut-être qu'à un autre moment, elle aurait pu le faire, mais aujourd'hui, son esprit était tout sauf enclin à aimer.

Quand ils arrivèrent au quartier général, elle demanda au caporal d'emmener de suite les registres au major. Elle devait d'abord se changer, mettre une distance de plus avec les bas-fonds.

Assez tristement, Céleste découvrit que sa camarade n'était pas dans sa chambre. Elle avait juste plié son uniforme, l'avait laissé sur son bureau avec un petit mot. C'était simplement de quoi l'informer qu'elle était sortie en ville avec Hanji et Moblit, que c'était pour ça qu'elle ne serait pas là lorsqu'elle viendrait récupérer ses affaires.

Certes, elle fut peinée de ne pas pouvoir voir son amie mais ça lui faisait plaisir de voir qu'elle passait du temps avec d'autres. Même si elle remarquait qu'elle s'était plutôt rapprochée de læ scientifique...

Après avoir fini d'enfiler son uniforme, Céleste se dirigea directement vers le bureau d'Erwin. Elle fut étonnée de voir que Levi s'y trouvait encore, assis sur une chaise. Curieusement, il semblait agacé mais elle n'eut pas le temps de lui demander ce qu'il avait que le major s'adressa à elle.

« Charles-Henry Fosten a accepté de collaborer.

— Vraiment ? C'est étonnant.

— Ce que vous m'avez tous les deux emmené ne sera peut-être pas de grande utilité.

— Si. Contactez Cassandre, il saura quoi faire de tout ça.

— Je vois. Ce sera fait. Merci infiniment pour ta coopération, en tout cas.

— C'est normal... Tenez moi au courant s'il y a des changements de dernière minute, je le ferai aussi de mon côté. »

Les choses étaient-elles réellement si simples ? Le fait que son père ait changé d'avis aussi soudainement ne lui disait rien qui vaille. Qu'avait-il fait ? La noiraude le savait parfaitement, il n'avait pas cédé juste parce qu'elle lui avait parlé du lien... Ce n'était pas lui. Et elle le voyait parfaitement dans l'agacement de Levi, il n'y croyait pas non plus.

Erwin aussi n'était pas dupe mais il se contentait parfaitement de cette collaboration, tant que les conséquences n'affectaient pas l'armée. Malgré tout, il avait confiance en l'instructrice pour gérer les tensions en interne et avec cette nouvelle arme en main, il savait que tout pouvait basculer en leur faveur à n'importe quel moment.

« Avant que j'oublie, pourriez-vous me rendre un service ?

— Dis-moi.

— L'homme dont je vous ai parlé, Bénédict Cypress, si vous avez le moindre moyen de le libérer, faîtes le. Il a peut-être été notre ennemi récemment mais il nous a aidé, mon frère et moi, c'est la moindre des choses que nous l'aidons en retour.

— Je ferai ce que je peux.

— Merci. Dans ce cas, je vais rentrer chez-moi. »

Au moment où elle esquissa un pas vers la porte, le caporal se redressa sur sa chaise. Un instant, il la fixa sans ciller et elle lut la demande silencieuse. Un simple hochement de tête lui suffit comme réponse et elle partit.

Céleste attendit seulement quelques minutes près des deux montures ; Levi avait assurément senti sa précipitation, avait écourté sa discussion avec Erwin pour la retrouver le plus rapidement possible. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il se saisit directement des rênes de son cheval, prêt à partir.

« Tu sais que je peux rentrer par mes propres moyens ?

— Je sais, oui. Mais tu tires une sale tête depuis tout à l'heure, je n'ai pas envie que tu nous claques dans les mains sur le trajet.

— Je ne peux pas te promettre un accueil avec des fleurs.

— Si je sais bien quelque chose vis-à-vis de Lahssen, c'est qu'il n'aboie plus qu'il ne mord. »

La noiraude avait envie de lui dire qu'il avait raison. Seulement, le soldat était l'exception à cette règle mais il n'en avait visiblement pas conscience. Ou peut-être qu'il fermait sciemment les yeux dessus ? Dans tous les cas, elle s'en alla avec lui jusqu'à chez-elle, pria sur une partie du trajet que le brun ne soit pas à la maison.

Pour une fois, le ciel lui répondit favorablement.

Le cheval de l'instructeur n'était pas dans son champ et elle savait parfaitement ce que cela voulait dire : il était sorti en ville, n'allait pas rentrer avant que la nuit ne soit parfaitement installée. Certes, le soleil était déjà en train de se coucher mais elle connaissait par cœur son ami, il ne devait pas être encore prêt de rentrer.

Ainsi, Céleste invita Levi à entrer, juste au moins le temps de boire quelque chose. Lui qui avait crapahuté toute la journée avec elle, il méritait au moins une tasse de thé. Peut-être même deux.

« Mets toi à l'aise, je vais faire chauffer l'eau. »

Les yeux parcourant les rares décorations de la pièce à vivre, le vétéran s'installa sur une chaise, croisa ses bras sur la table. Quand la femme posa devant lui une tasse au liquide fumant, il reporta son attention sur elle.

Les tremblements s'étaient arrêtés et un masque d'une fausse tranquillité s'était installé sur son visage. Lui qui aurait pensé que tout serait tombé le seuil de la porte à peine dépassé, il était étonné de voir qu'elle restait toujours aussi... Lisse. Mais il savait parfaitement que quelque chose n'allait pas ; sinon, pourquoi éviterait-elle aussi soigneusement son regard ?

« Est-ce qu'on peut parler ?

— De ?

— De tout. Surtout de cette histoire de registres, de cour, de... De ta famille. Tu sais bien plus de choses que tu ne veux me faire entendre et je sais que tu as dissimulé des informations à Erwin. Peut-être que ça ne lui servira à rien mais-

— Je ne peux pas t'en parler, Levi. Pas à toi. »

Le léger craquement dans la voix de l'instructrice l'inquiéta. Qu'est-ce qui la pesait autant ?

« Tu sais que tu peux tout me dire. Je ne te jugerai pas Céleste, tu le sais.

— Ce n'est pas ça. Que ma famille ait participé à un trafic d'êtres humains, c'est une chose... Ça fait partie de mon « histoire » et j'ai décidé de mettre le nez dans la merde jusqu'au bout pour y mettre un fin. C'est les raisons qui font que je... Que j'hésite. Parce qu'elles me concernent directement aujourd'hui et que je sais que ça se retournera contre nous, tôt ou tard. Et je ne veux pas te mêler à ça. Je ne veux pas que tu sois en danger à cause de moi.

— Je ne comprends pas... En quoi tu serais la raison de quelque chose qui dure depuis des générations ? Ça n'a pas de sens.

— Je n'ai pas dit que j'étais la raison. J'ai dit que j'étais directement liée à elle. Et maintenant que mon père est au courant et qu'il a été, et être encore plus, acculé, je sais qu'il ne reculera pas. Il doit déjà être à l'heure actuelle en train d'agir. Ah... Je comprends mieux pourquoi Bénédict me disait de tout brûler, ça serait assurément plus simple. Ça vous éviterait à tous d'être en danger. »

L'idée même qu'il puisse être menacé par quelque chose tendait Levi. Et si la noiraude le répétait, ça voulait dire qu'elle le pensait définitivement, qu'elle avait même de bonnes raisons d'y croire. Finalement, il se leva, se mit à la hauteur de la femme, attrapa son menton entre ses doigts.

Qu'elle le regarde.

« Tu ne nous mets pas en danger, Céleste.

— Malheureusement, si. Ma simple existence vous-

— N'ose même pas finir ta phrase. En quoi ta présence ici nous menacerait ? Dis-moi.

— Parce que je t-... Je vous aime. Tous. Peut-être pas de la même manière, peut-être pas aussi intensément mais pour la simple raison qui est que je tiens à vous. »

Il avait parfaitement entendu le début de sa phrase, cette correction subtile. La situation avait beau être tendue, les termes demeuraient dans son esprit.

« Et je sais que de vous tous, c'est toi qui as le lien le plus fort. Parce que toi, tu as ma plus grande affection. »

"gngngn je m'appelle céleste et je déclare mes sentiments à levi pour la 3ème fois alors que j'ai dit que c'était à lui de le faire maintenant gngngngn"

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top