ㅤ📃 CHAPITRE 42
Le retour se fit dans le silence. Céleste avait pris le temps d'embrasser son frère, de lui promettre qu'elle reviendrait bientôt le voir, qu'elle était contente de l'avoir vu.
Mais alors qu'elle s'en allait vers la voiture, Cassandre lui attrapa la main, l'attira à part.
« Bénédict Cypress réside au sud de Sina, dans la caserne des Brigades Spéciales. Normalement, il doit encore y demeurer, il n'a pas quitté le métier. Pour le moment. Dès que tu peux, essaye de le trouver, je me charge du reste. »
Ça sonnait comme une information, pourtant elle savait parfaitement qu'il lui faisait une demande cachée ; il fallait qu'elle contacte le plus tôt possible.
« Je m'en chargerai, ne t'en fais pas. »
Finalement, elle s'en alla après l'avoir pris dans ses bras, monta dans le véhicule où l'attendait déjà son ami. Assis dans le carrosse, les deux instructeurs ne disaient rien. Pour quoi faire ? Le souffle de la soirée retombait, il ne restait désormais que la fatigue et la douleur aux pieds.
La tête posée sur l'épaule de Lahssen, la noiraude se sentait somnoler. Elle sentait son ami glisser sa main dans son dos, la poser sur son bras, la garder contre lui. Sa tempe désormais calée sur le haut du crâne de la mamie, il respirait tranquillement.
« C'était pas si terrible...
— Je suis désolée pour le comportement de mon père.
— Ne t'en fais pas, il a une belle repartie, ça change. Mais je ne promets pas de me tenir la prochaine fois.
— Je comprends, le contraire m'aurait étonnée.
— En réalité, ce qui me dérange le plus, ce n'est pas les insultes. C'est qu'elles correspondent parfaitement au nain.
— Lahssen !
— Quoi ? »
Même si elle ne se redressa pas, elle savait que le brun souriait fièrement.
« Je t'ai monopolisée, ce soir.
— Ce n'est pas grave.
— C'était très égoïste, en vrai. Au-delà du fait que je n'avais pas envie d'être tout seul, même si ton frère et son épouse sont très sympathiques, j'avais peur que tu aies des problèmes... Je t'avais dit que je t'aiderai, je ne voulais pas que tu affrontes ces idiots seule. Au final, je t'ai tout simplement empêché de parler à d'autres.
— Non, je comprends. Ça m'a touchée, en réalité. »
Peut-être que ça avait amenui ses chances de tisser des liens avec d'autres familles, qu'ils avaient gâché une partie de la soirée et leur plan final... Mais Céleste ne regrettait pas. Elle avait été en sécurité auprès de Lahssen et jamais il ne l'avait laissée, comme il l'avait promis.
« Seulement, tu ne pourras pas m'accompagner lorsque je reverrai mon père.
— Je m'en doute, j'étais bien trop beau pour lui. »
Le reste du trajet se passa dans le silence.
Lorsqu'ils arrivèrent à la maison, ils remercièrent chaudement leur chauffeur, le payèrent malgré ses refus catégoriques, rentrèrent directement. Tout en relâchant sa cravate, l'instructeur siffla qu'il avait eu l'impression d'avoir une laisse toute la soirée, qu'il avait plus que hâte de retrouver son pyjama. Cela fit rire son amie qui posait ses chaussures à l'entrée, passait une main dans ses cheveux pour retirer les quelques épingles qu'on y avait mis.
Les deux se saluèrent assez vite, partirent se coucher sans demander leur reste.
Malgré la fatigue, la noiraude ne dormit pas réellement longtemps. Allongée dans son lit, elle regardait son plafond, se demandait que faire, quoi faire. Elle savait que son père ne la contacterai pas de sitôt, tout comme Connor, se demandait alors si elle ne ferait pas mieux de trouver Bénédict.
Est-ce qu'elle y arriverait ? Peut-être qu'il valait mieux attendre qu'il vienne à elle... Non. Bientôt, elle allait retourner aux Brigades, il valait mieux tout régler maintenant. Et puis, ce n'était pas comme si Cassandre lui avait littéralement dit où il vivait.
Désormais debout, elle partit ouvrir ses volets, récupéra son uniforme dans son placard. Si elle récupérait aujourd'hui le noiraud, il fallait que sa venue soit « officielle ». Est-ce qu'elle devait réveiller Lahssen ? Non. Le connaissant, il finirait par railler Bénédict et ce n'était pas le moment.
Tout en descendant dans le salon, elle finit d'attacher ses cheveux rapidement. La caserne des Brigades Spéciales n'était pas trop loin, elle pouvait y être avant la fin de la matinée. Même s'ils n'allaient pas dans les bas-fonds aujourd'hui, ça serait déjà ça...
Céleste écrivit un mot pour son ami, le laissa sur la table à manger et partit chercher son cheval.
Puisqu'ils vivaient un peu loin de tout, ils laissaient les deux montures en « liberté » dans le champ à côté, ne les sollicitaient réellement que lorsqu'il fallait aller ailleurs ou aux Brigades d'Entraînement. C'était très arrangeant, ils n'avaient pas besoin de tout le temps de s'en occuper mais savaient qu'elles vivaient malgré tout correctement.
L'instructrice devait tout de même récupérer l'équipement dans la petite écurie qui servait aussi d'entrepôt d'affaires de jardinage.
Lorsqu'elle fut en selle, elle partit directement, ne s'attarda pas plus. Les choses ne pressaient pas encore réellement mais il fallait tout de même agir vite... Tout en prenant la route vers Sina, Céleste se rappela sa discussion avec Levi ; elle lui avait demandé de l'accompagner dans les bas-fonds, voulait profiter de sa connaissance des lieux pour la guider là-bas. Si elle rejoignait maintenant Bénédict et qu'ils allaient directement dans les souterrains, ils n'auraient pas le temps de chercher le caporal. Le détour était bien trop grand pour se le permettre et elle n'avait pas conscience du temps qu'ils allaient y passer.
Valait-il mieux alors voir le soldat ? Et s'ils ne descendaient pas ? Si elle dérangeait pour rien... Pourtant, malgré cette réflexion, la noiraude changea sa route, prit la direction du quartier général du Bataillon d'Exploration. Il était peut-être tôt mais elle savait qu'il était réveillé, le contraire aurait été plus qu'étonnant.
Et puis, au moins, il pourrait l'aider à rendre sa visite auprès de Bénédict plus crédible. Elle voulait dans tous les cas s'en convaincre. Sur le chemin, la femme se demanda tout de même si l'information de son frère était crédible ; est-ce qu'il était toujours membre des Brigades Spéciales ? Avec les récents événements et son affiliation à l'escouade de Kenny, il aurait mieux fait de disparaître dans la nature plutôt que rester dans sa caserne...
Lahssen aurait assurément dit qu'il s'agissait d'une « nouvelle angoisse inutile » et elle le lui aurait donné raison directement.
Lorsqu'elle arriva deux heures plus tard au quartier général, elle ne fut pas étonnée de voir au loin des soldats sur le terrain. Les vieilles habitudes avaient la peau dure et beaucoup appréciaient visiblement toujours courir dans la fraîcheur matinale... Presque aussitôt, la noiraude revit le visage de Caius, ses entraînements à l'aube, ses après-midi de liberté...
« 'Leste ! Qu'est-ce que tu fais là ? »
Alors qu'elle emmenait son cheval aux écuries, l'instructrice tomba nez à nez face à Kris. Légèrement écorché au visage, il revenir tout droit d'un des terrains.
« Tu viens voir Becca ?
— Non, Levi.
— Le caporal doit être retourné dans son bureau. Tu veux que je t'accompagne ?
— Si ça ne te dérange pas. »
Plus que content de voir l'instructrice, l'adolescent l'aida à installer sa monture dans un box vide, la conduit à l'intérieur du bâtiment principal. Lorsqu'elle avait quitté le Bataillon, elle avait appris qu'ils avaient déménagé dans une autre caserne, plus proche de Trost pour pouvoir descendre rapidement sur Shiganshina lors des expéditions ; visiblement, ils étaient retournés dans leur quartier général « historique ». Était-ce à cause d'Eren ?
Loin de la population, les lieux étaient idéaux pour des entraînements avec un garçon capable de se transformer en titan, il fallait le dire. Et puis, on évitait les curieux en restant ici, c'était rare que des civils se promènent par ici au hasard.
« Tu as repris le boulot ?
— Non, pas encore. La semaine prochaine, normalement. Lahssen est en arrêt avec moi. Et toi ? Tu as l'air d'avoir bien bougé ce matin.
— J'étais en entraînement avec le caporal, justement. Il veut qu'on soit au point pour l'expédition de reconquête. Il aimerait qu'on arrive à bien se coordonner avec Eren pour travailler avec lui sous sa forme titanesque. Vu qu'on risque d'affronter le Cuirassé et le Colossal...
— Je comprends, ne t'en fais pas. Ça va, pour les autres ? Jean doit râler à l'idée de travailler avec votre tête brûlée.
— À qui le dis-tu ! Il n'en loupe jamais une. Mais il fait son maximum aussi, il n'a pas envie de « servir à rien ». Du coup, je vais le retrouver cette après-midi. Bon, entre nous, il y a des chances que je serve plus de punching-ball qu'autre chose mais ça ne me dérange pas.
— Ne te laisse pas marcher sur les pieds comme ça, Kris.
— Oh, ne t'en fais pas, je lui rends les coups aussi. Et puis, Conny et Sasha vont nous retrouver, ça sera sympa.
— Vous êtes vraiment proches, tous les quatre. »
Le sourire du blond réchauffa le cœur de Céleste. Lorsqu'il était entré dans l'armée, elle avait eu peur qu'il ne s'attache à personne, finisse seul. Certes, il avait le même caractère extraverti que son frère mais il donnait moins facilement sa confiance, gardait un côté renfermé qui l'empêchait d'aller définitivement vers les autres. C'était Marco, à l'époque, qui s'était rapproché de lui et, de fil en aiguille, Kris avait fini par se retrouver avec de fidèles amis.
« C'est juste là. En vrai, je viens de me rendre compte que tu connaissais le chemin... Désolé, tu as dû croire que je te prenais pour une arriviste.
— Mais non, voyons. Et puis, ça me fait plaisir de passer du temps avec toi. Je viens rarement aux nouvelles, navrée.
— Rarement ? T'es une vraie mère poule avec moi. Peut-être que tu n'en as pas conscience mais tu étais toujours là durant les Brigades ! Et quand on était dans la nature durant le coup d'état, je savais que tu n'étais jamais trop loin de moi. Alors oui, peut-être que tu ne m'envoies pas des lettres ou quoi tous les jours seulement je sais qu'à la moindre chose, tu seras là pour m'aider. Je n'ai pas oublié quand tu es venue durant l'opération pour récupérer Eren et... Ah, c'est très autocentré de dire ça, je vais éviter...
— Non, tu as raison, j'étais en grande partie là ce jour-là parce que je savais que tu y étais et je refusais qu'il t'arrive quelque chose. Au final, c'est toi qui m'as sauvé la vie et ce pour la seconde fois. »
Lorsqu'elle vit l'ombre passer sur le visage du garçon, elle regretta sa dernière phrase. Mais les choses étaient ainsi et il ne pouvait rien y faire. Lentement, Céleste passa sa main sur son visage, évita soigneusement sa légère blessure.
« Ce qui est fait est fait, tu ne peux rien y changer. Ne te sens pas coupable, d'accord ?
— Merci...
— Allez, file maintenant. Il faut que tu nous soignes ça. Et que tu te laves, aussi.
— Ça va aller, avec le caporal ?
— Je gère très bien Lahssen, je n'aurai aucun mal. »
Kris rit un instant. Il prit tout de même le temps de prendre l'instructrice dans ses bras avant de s'enfuir rapidement dans le couloir, la laissant seule face à la porte. Tout en prenant une petite inspiration, elle toqua un coup, attendit une seconde, entra sans attendre le « entrez ».
Les yeux rivés sur des feuilles, il ne releva pas la tête lorsqu'elle referma derrière elle, se cala contre la porte.
« Je n'ai pas dit que vous aviez le droit de venir.
— Je dois encore m'annoncer ? Moi qui pensais avoir le droit de te trouver sans permission.
— Céleste ? »
potit chapitre de transition comme on aime ;
on revoit kris, bébou, tu nous as manqué mon loulou <3 ;
bénédict va faire son come-back, on t'a à l'oeil mon garçon ; c'est pas parce que connor est dans le viseur que tu ne peux pas y finir aussi :) ;
LEVI LE RETOUR ! ; allez ma caille, c'est ton time to shine, ne nous fais pas tourner en bourrique encore et encore, le slow burn a assez burné :D
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