ㅤ📃 CHAPITRE 40

« Vous êtes ravissante. Il est certain que contrairement à d'autres, vous n'êtes pas une fleur sauvage prête à faner au moindre coup de vent. »

Calés près d'une fenêtre, Céleste et Connor avaient fini par se retrouver. Elle avait d'abord dû se défiler loin de l'attention de Lahssen, faire mine d'aller vers le buffet, attendre que l'homme la remarque et la retrouve ici.

Son verre à moitié vide en main, il gardait une certaine distance avec la noiraude ; elle n'arrivait seulement pas à savoir si c'était pour la mettre en confiance, ne pas trop l'acculer, ou pour ne pas attirer son ami qui discutait plus loin. Dans tous les cas, ça l'arrangeait plutôt bien.

Non loin, une sorte d'orchestre s'était installé, noyait les discussions dans une musique agréable. Si on n'était pas proche du duo, on ne pouvait entendre ce qu'il se racontait.

« Comment dois-je prendre vos paroles ?

— Bien, évidemment. Il ne me viendrait jamais à l'esprit de vous insulter, vous le savez parfaitement.

— Je peux le concevoir, en effet...

— Voyons, Céleste, pourquoi un tel air avec moi ? Craignez-vous quelque chose ? Ne sommes-nous pas amis ? »

Il y avait sur son visage une honnêteté qui la dérangeait. Quelque chose qui avait l'air si vrai et en même temps si faux qu'elle ne savait sur quel pied danser ; pourquoi avait-il une telle douceur alors qu'elle sentait dans sa voix une pointe salée ?

Le souvenir des dernières lettres qu'ils avaient échangé, bien des années plus tôt, demeurait encore dans son esprit et elle savait qu'il n'avait pas oublié non plus. Peut-être essayait-il de rattraper le coup, maintenant qu'ils étaient face à face ? Elle n'arrivait pas à déceler le moindre indice.

« Vous me semblez troublée. Puis-je faire quelque chose pour vous aider ?

— Vous avez assurément la réponse à cette question.

— Il est vrai que je me doute bien de la nature de votre angoisse. Seulement, et je pense que vous le comprendrez, j'aimerai que vous vous montriez honnête envers moi. Les lieux ne sont peut-être pas adéquats pour vous et, si c'est le cas, nous pouvons discuter ailleurs.

— Je préfèrerai rester ici, si vous ne voyez pas d'inconvénient.

— Est-ce pour que votre amant reste près de vous. Je comprends.

— Lahssen et moi n'entretenons qu'une relation purement amicale. Par ailleurs, il n'est pas la raison qui me pousse à demeurer dans ce salon. Je suis déjà la cible de suffisamment de rumeurs, tout comme le reste de ma famille, je n'ai pas envie d'en rajouter en m'isolant seule avec vous.

— N'y aurait-il rien de plus normal ? Après tout, vu qui nous sommes l'un pour l'autre...

— Connor, cessons de tourner autour du pot, voulez-vous ? Je ne sais quels sont vos désirs actuels mais il est certain que je ne peux répondre aux engagements passés durant notre enfance.

— Vous voulez donc bel et bien tout arrêter.

— Pour le bien de tous, surtout pour vous et moi, il le faut, en effet. »

Le sourire du noble s'effaça aussitôt. À quoi pensait-elle ? Céleste avait foncé directement, n'avait été aucunement diplomate. Mais elle ne voulait pas danser avec le châtain, lui faire croire à des mensonges, elle n'avait pas envie de se rabaisser à ces jeux-là. Il méritait la vérité et une fin nette.

Un instant, elle se demanda s'il n'allait pas défaillir ; lorsqu'une ombre fugace passa sur son visage, qu'il s'efforça à reprendre un air amical, elle sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Elle connaissait trop bien ce regard pour l'avoir vu dans les yeux de leurs pères respectifs.

« Je suis, il faut l'avouer, peu étonné que vous avanciez cette envie. Après tout ce temps, vous vous êtes réellement éloignée de moi et nos vies sont très différentes. Ce qui pourrait, cependant, être pour vous un frein ne l'est pas pour moi.

— Je pense que nous ne nous comprenons pas...

— Je vous assure que si, au contraire. Vous n'êtes plus la jeune femme qui m'a quitté et c'est tout à fait normal. Cependant, j'ai aujourd'hui devant moi une grande dame et même si vous n'êtes plus tout à fait correcte, vous êtes toujours une noble. Non, ne me dîtes pas que vous ne m'aimez pas, ce n'est pas cela que je recherche. Pourquoi réclamer une romance quand nous pouvons avoir de l'affection l'un pour l'autre ?

— Vous vous méprenez.

— Non, c'est vous qui n'acceptez pas les faits. Vous êtes déjà bien chanceuse que je n'ai mentionné à votre père l'écart de votre ami.

— Comment ça ? »

Aussitôt, la noiraude revit Cassandre dans son jardin. Elle entendait à nouveau sa confidence, le fait que l'homme en face d'elle avait vraisemblablement été forcé de « changer d'avis ».

« Ne faîtes pas l'innocente, je sais que votre frère vous en a parlé, il est incapable de tenir sa langue. Que ce rat ait agi de son plein gré est une chose mais nous savons aussi tous les deux qu'il ne l'a pas fait par soudaine pulsion. Je ne sais à quel point vous avez pleuré auprès de vos camarades à l'armée cependant je me doute des relations que vous entreteniez avec cet... animal.

— Vous vous faîtes clairement des idées, je n'ai-

— Ne continuons pas plus. Je vous ai entendue et je vous crois, soyez-en assurée. Vous n'êtes pas une personne malveillante, j'en suis convaincu depuis bien longtemps. Seulement, je dois vous le dire maintenant, je ne peux accepter votre requête. Premièrement car c'est là une affaire très complexe à mener mais aussi, tout simplement, car vous êtes à moi. Et comme bien des hommes, Céleste, quand je vois une splendide fleur, je désire la cueillir et la garder uniquement pour moi. »

C'était évident. Une tout autre réponse n'était pas possible. Connor demeurait le même et l'héritier Fosten l'avait dit : elle était la seule chose qu'il n'avait jamais pu acquérir, il n'allait pas la laisser partir aussitôt.

« Je sais que ce n'est pas la réponse que vous attendiez. Les choses sont cependant ainsi faites et vous avez un devoir envers votre famille.

— Peut-être. Seulement, je ne suis pas vôtre. Peut-être ai-je encore une dépendance à mon père, seulement-

— En effet... C'est pour ça que vous espérez tout annuler maintenant. Avant que Monsieur Fosten ne vienne vers moi pour que nous nous marions le plus tôt possible... À moins que je ne l'ai déjà fait ? Et même si nous ne sommes pas unis par des bagues, une cérémonie et une union, nous savons tous les deux que vous êtes mienne. Tout comme je suis vôtre. »

La dernière phrase du châtain avait été lentement murmurée. Un léger sourire flotta sur ses lèvres alors qu'il attrapa la main de Céleste.

« J'entends votre peine, ma chère. Vous avez goûté à une liberté factice pendant trop de temps et vous craignez tout perdre maintenant que vous êtes là. Rassurez-vous, je ne compte pas vous dérobez à votre ami et à vos désirs. N'est-ce pas là mon rôle de futur époux ? Vous soutenir.

— Pensez-vous honnêtement que je vais vous croire ?

— Vous le devez. Il y a douze ans, je me présentais à vous comme un allié, je ne compte pas retirer cette affirmation aujourd'hui. Votre réticence est parfaitement compréhensible, qui n'en aurait pas dans votre situation, mais elle ne doit pas totalement vous freiner.

— Connor, écoutez, je-

— Sinon, pourquoi n'aurais-je pas révélé à votre père que vous avez le lien ? »

Un instant, une seconde, le cœur de la noiraude s'arrêta. Une vague de froid la prit alors que son visage se décomposait lentement. Qu'avait-il dit ?

« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

— Non, n'essayez pas de me mentir. Vous n'y arriverez pas. Vos yeux ne peuvent cacher la vérité.

— Mais comment ?

— Hélas, le jour de la mort de votre frère. J'étais à vos côtés lorsqu'il est décédé. Lorsque je vous ai vu perdre pied, je me suis demandé ce qu'il vous arrivait. Lorsque vous avez appris qu'il n'était plus de ce monde, vous ne sembliez pas si surprise que ça. Les regards entendus avec votre frère ne vous pas aidé, par ailleurs... Il m'a été aisé de comprendre. Est-ce d'ailleurs à cause de cela que vous êtes partie ?

— Qui vous a parlé de ce don ? Vous n'êtes pas censé être au courant.

— Assurément. Seulement, vous oubliez que nos deux familles sont amies depuis des générations. Ce n'est pas la première fois que nous nous unissons de la sorte, il était de mon devoir de connaître votre héritage. Au cas où vous l'ayez... »

Est-ce que son frère savait ? Non, il le lui aurait dit. Pourquoi Connor dévoilait tout cela maintenant ? Il voulait gagner sa confiance, elle le savait mais est-ce que c'était tout ? Qu'est-ce qu'il gagnait réellement dans tout ça ? Elle ne voulait pas croire qu'il se battait de la sorte juste parce qu'il ne l'avait pas eue elle, c'était ridicule.

« Et je sais qu'aujourd'hui, vous complotez avec votre aîné pour faire tomber votre père. Vous espérez d'ailleurs le faire suffisamment tôt pour tout rompre entre nous. Vous comptez aussi faire disparaître une grande partie des membres de la noblesse dans la foulée.

— Je vois que vous êtes très bien informé.

— Il le faut, dans ce monde. Sachez que je ne compte rien dire.

— Qu'est-ce que vous attendez, en retour ?

— Céleste, voyons, arrêtez de me prendre pour ce que je ne suis pas. Je vous l'ai dit, ma famille a toujours été amie avec les Fosten et je resterai éternellement votre. Il est de mon simple devoir de vous épauler. »

Devant les sourcils froncés de l'instructrice, le châtain se rapprocha légèrement. Il jeta un regard derrière l'épaule de la noiraude, remarqua que Lahssen les avait repérés. Son sourire se fit plus grand ; qu'il vienne.

« Si vous le saviez depuis tout ce temps, pourquoi ne pas en avoir parlé ? Vous qui vouliez me récupérer... Je ne comprends pas.

— Je vous l'ai dit, je suis votre allié. Si j'avais fait ça, vous ne m'auriez plus jamais fait confiance et ce n'est pas quelque chose que je veux dans notre relation. Je l'avoue, j'ai été plutôt agressif dans nos dernies échanges mais je pense que vous pourrez me pardonner ce minuscule écart. J'aurai aimé vous rencontrer, vous parler en face-à-face mais on m'en a malheureusement empêché... Je savais que jamais vous ne seriez venue à moi, il fallait alors que je vous retrouve... Seulement, ce sont de véritables chiens de garde que vous avez et j'étais certain de ne pas pouvoir rentrer chez-moi si je venais. Et si je vous avais envoyé une nouvelle lettre, vous l'auriez malheureusement vu comme des menaces.

— Peut-être, en effet. Je pense que vous comprenez pourquoi, cependant.

— Je suis parfaitement conscient que mon comportement passé n'était pas correct avec vous et j'espère de tout cœur que nous pourrons passer au-delà de tout ça dans le futur. »

Lentement, son pouce caressait le dos de sa main. Il voyait parfaitement le doute s'insinuer dans l'esprit de Céleste, ses épaules s'abaisser petit à petit.

« Si cela peut vous rassurer, je ne ferai rien avec votre père. Je n'ai pas besoin de ça pour savoir que nos chemins vont se joindre bientôt.

— Vous êtes bien trop confiant.

— Non, je suis simplement réaliste. Regardez-vous... Douze ans que vous n'avez pas participé à de tels événements et vous vous tenez comme une reine. Je n'ai jamais vu une dame se tenir aussi droite et ferme, portant sans frayeur sa voix et ses idées. Vous êtes faites pour cette vie-là et vous le savez parfaitement. Peut-être que vous ne l'acceptez pas encore, ce que je conçois parfaitement, mais nous savons cependant tous les deux qu'entre votre frère et moi, ce n'est pas lui qui vous offrira la liberté que vous désirez. » 

https://youtu.be/oVO3M8X9ukM

POV, céleste quand elle voit que connor lâche 0% le morceau et qu'il va pas la laisser filer une deuxième fois ;

de toute manière, qui ici, qui, s'attendait à une autre réponse ? ; genre il allait dire, ok ma puce, on annule tout, bisous ??? ; non non non, il a attendu bien sagement son moment et maintenant il veut son cookie ;

après, monsieur a tout de même des arguments et-

lahssen, à l'aide mdr


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