ㅤ📃 CHAPITRE 4

Céleste se sentait immensément grande, sur ce cheval. Et dans un danger constant. De temps en temps, elle se rappelait qu'elle pouvait tomber à n'importe quel moment, se briser une jambe et mourir de honte. Alors elle se convainquait qu'elle était une fière cavalière, que rien ne pouvait la faire chuter. Ça la galvanisait, lui donnait la force d'avancer avec les autres. Et la présence de Connor dans son dos la rassurait.

Le trajet était long et, malgré les biscuits ingérés plus tôt, la noiraude commençait à avoir sérieusement faim. Et soif, aussi. Surtout à cause du soleil qui la frappait. Heureusement, elle portait un chapeau, tout comme les autres cavaliers. C'était assez intelligent d'avoir pensé à en prendre, juste avant de partir.

« Vous allez bien ? »

Connor s'était mis à sa hauteur, profitant de l'élargissement de la route pour quitter l'arrière du groupe. L'adolescent regardait presque avec inquiétude Céleste, comme s'il craignait qu'elle ne s'évanouisse. Heureusement, il n'en était rien et la noiraude s'en sortait parfaitement. Cela semblait rassurer le garçon, qui se mit alors à lui parler, brisant le silence qui s'était installé dans tout le groupe.

« Je suis vraiment content que vous soyez venus. Vous allez voir, on va passer une super journée ! »

Connor était trop rayonnant pour elle et la noiraude se contenta de hocher la tête de haut en bas, affirmant alors ses paroles. Elle était heureuse de venir, sincèrement, mais aurait peut-être préféré que cela se passe dans d'autres conditions ? Et puis, elle se disait que cette sortie aurait pu faire plaisir à Becca. Avait-elle enfin répondu à son mot, justement ? Elle l'espérait !

Une demi-heure passa avant qu'ils n'arrivent tous à destination. Cassandre s'exclama en voyant l'immense lac devant eux et il sembla étonné de n'en avoir jamais entendu parlé, lui qui avait pourtant étudié plusieurs fois les cartes des environs. Céleste se mit à rire, tout en soufflant à son frère qu'encore maintenant, il pensait au travail et devait se reposer, ce qui fit pouffer aussi Connor. Cela eu finalement pour effet de vexer le plus âgé du trio, qui donna l'air de bouder pendant une dizaine de minutes

Le groupe passa le reste de la journée près du lac, mangeant des sandwichs faits avec soin. Le père de Connor s'était mis à distance des enfants, leur laissant tout le loisir de jouer entre eux et de discuter.

Assise au bord de l'eau, Céleste regardait Cassandre, qui avait arrêté de faire la tête, et Connor faire la course depuis plusieurs minutes, sans jamais se fatiguer. Un instant, elle se fit la réflexion que même si son frère ne semblait pas aimer le garçon, il faisait tout pour faire croire qu'ils étaient amis. Cette idée la fit un instant frissonner, même si elle savait parfaitement qu'en tant que futur héritier, il devait garder la face, même quand il n'aimait pas quelqu'un. Alors ça ne l'étonna pas, finalement, qu'ils jouent tous les deux de la sorte.

Au bout de quelques minutes, la noiraude quitta du regard les deux adolescents, se concentra sur le lac qui demeurait parfaitement lisse. Un instant, elle repensa à Claude, à la discussion qu'ils avaient eu bien avant qu'il ne s'en aille.

Il était venu vers elle, alors qu'elle devait aller se coucher, la mine sombre. Cela l'avait inquiétée, lui avait fait demander ce qu'il se passait pour que son frère, d'habitude si jovial, ait l'air d'aller à des funérailles. Et puis, jamais il n'avait employé avec sa petite sœur un ton aussi triste qu'à ce moment-là. Même quand il fallait être sérieux, il gardait constamment sa face souriante, une petite blague pour la détendre. La droiture, elle était pour Cassandre. Lui, il ne voulait pas se prendre la tête, surtout à son âge. Il avait toujours répété qu'ils étaient encore des enfants, que ce n'était pas le moment de se comporter comme des adultes. Et là, il avait perdu tout sourire, toute rassurance. La noiraude avait alors hoché la tête de haut en bas, déglutissant péniblement, repassant en boucle dans son esprit tout ce qui aurait pu le mettre en colère.

Ce soir-là, elle l'avait suivi jusque dans la bibliothèque, lieu qui accueillait tous les secrets et murmures de la fratrie Fosten. Cachés dans un coin, entre deux étagères, uniquement éclairés d'une bougie, ils avaient parlé.

Claude avait voulu savoir si Céleste pensait encore, parfois, à quitter la maison, à s'enrôler dans le Bataillon. Mais cette idée, la petite l'avait abandonnée depuis longtemps, avait décidé de faire une croix dessus, de ne plus y penser. Parce qu'elle ne voulait pas mourir, parce qu'elle ne voulait plus penser au fait de vivre sans ses frères.

Cela avait semblé l'émouvoir.

Mais lui, il ne pensait pas pareil. Du bout des lèvres, il souffla que lui, il y pensait, à partir. Qu'il y songeait de plus en plus.

Et Céleste avait failli crier qu'il ne devait pas partir, qu'il devait rester avec eux. Parce que sans lui, tout s'en irait, tout disparaîtrait. Parce que sans lui, ils ne pourraient s'en sortir, qu'ils s'étaient promis de vivre.

Claude avait confirmé ce fait, mais jamais il ne souffla qu'il abandonnait l'idée de partir pour toujours. Et ça, la noiraude ne s'en était rendu compte que trop tard.

« Céleste, tu vas bien ? »

Cassandre secouait l'épaule de sa petite-sœur avec douceur, la fit sortir de sa torpeur. La noiraude se rendit compte qu'elle avait froid au moment où elle croisa les yeux de son aîné. En voyant la tête qu'elle tirait, l'adolescent héla Connor. Ainsi, on finit par écourter la journée ; les Tinnend craignaient que la demoiselle ne tombe subitement malade. Cela arrangea bien la fratrie Fosten, qui repartit sans plaintes. Sur son cheval, Céleste avait retrouvé l'arrière du groupe, juste devant Connor. Comme à l'aller, il l'avait rejointe, lui demandant comment elle allait.

« Tout va bien, ne vous en faîtes pas.

- En êtes-vous sûre ? Vous m'avez l'air bien pâle depuis tout à l'heure.

- Je suis assez fatiguée, rien de mal. »

Connor hocha alors sa tête, n'insista pas plus. La demoiselle avait vraiment l'air épuisée, il ne voulait pas en ajouter une couche en la harcelant de questions intrusives.

Quand enfin ils arrivèrent au domaine Tinnend, Céleste sentit un nouveau poids se poser sur ses épaules. Comment allaient-ils rentrer ? Elle n'y avait pas pensé à ça, tient ! Elle paniqua quelques secondes, avant d'apercevoir le véhicule toujours au même endroit. Les chevaux et le cocher n'étaient juste plus là. Quilius annonça aux trois enfants qu'il allait faire préparer la calèche et qu'ils pouvaient rester là. De toute manière, ce n'étaient pas à eux de s'occuper des animaux, ils n'avaient qu'à attendre qu'on vienne les chercher.

Ils ne patientèrent pas très longtemps et n'eurent ainsi pas le temps de parler. Pire, un silence lourd s'était installé entre eux, que même le palefrenier sentit malgré lui. Céleste ne pouvait s'empêcher de rester près de Cassandre, tendue au maximum, alors qu'il tentait bon gré mal gré de la détendre. Connor, quant à lui, hésitait à venir voir les deux Fosten, semblait comprendre que l'héritier ne voulait pas de lui près de sa petite-sœur malade.

Les aurevoirs furent brefs, peut-être même un peu secs, le départ se fit aussitôt. Assis l'un à côté de l'autre, Céleste et Cassandre disaient au revoir de la main à leur hôte, enfoncés dans la banquette confortable de leur véhicule.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive, Cæl ? Tu es vraiment malade ? Ce n'est pas ton genre...

- Je ne sais pas. Je ne me sens juste pas bien. J'ai peut-être attrapé quelque chose ?

- Alors dès qu'on sera rentré, je demanderai à père d'appeler un médecin. »

La tête contre l'épaule de son frère, la noiraude repensait à nouveau à Claude, au moment où il avait soufflé à son aîné qu'il voulait partir. Elle se rappelait sa réponse, de son « Tu te fous de ma gueule ? », la première fois où elle l'avait entendu jurer. Et elle se souvenait d'à quel point elle avait essayé de calmer le jeu, d'à quel point elle avait essayé de faire en sorte que les choses s'arrangent entre les deux garçons. D'à quel point elle s'était battue pour que le fuyard dise qu'il ne le pensait pas réellement.

Mais elle n'avait pas réussi, visiblement.

Au bout d'une dizaine de minutes, la noiraude s'endormit, bercée par le mouvement de la calèche. Elle ne le sut qu'à son réveil mais elle passa le trajet allongée sur les jambes de Cassandre, sa veste sur elle pour qu'elle n'ait pas froid. Il faisait un froid de canard dans la calèche et la nuit était déjà tombée lorsque les deux Fosten arrivèrent chez-eux ; l'héritier s'était lui aussi visiblement assoupi, une main dans les cheveux de sa sœur, l'autre sur ses yeux. Il avait sûrement eu la lumière du coucher du soleil dans le visage...

Céleste se redressa, s'étira bon gré mal gré et se dit deux choses en même temps ; premièrement, elle devait arrêter de penser à Claude. Ça ne servait à rien de ressasser son départ et encore moins de se flageller. Elle devait arrêter de perdre son temps dans tout cela, elle avait fait peur à son frère aujourd'hui et il ne fallait plus que ça se répète.

La deuxième idée était qu'elle avait vraiment choppé quelque chose, la preuve étant son nez qui commençait déjà à couler. Dans un soupir, elle secoua l'épaule de son frère, le réveilla par la même occasion dans un sursaut.

« Sandre ?

- Cæl ?

- Je crois que j'ai attrapé un rhume.

- J'en étais sûr. »



t

in tin tin ! et une révélation, une !

eh oui, au départ, c'est céleste qui voulait partir ! surprise :D

vous êtes surpris.e.s (tsais c'est la révélation de l'année, ça va chambouler vos vies) ; en vrai, c'est un truc qui va revenir sur le tapis dans le futur donc j'espère que vous retiendrez cette information !

j'espère que ce chapitre vous a plu ! ça m'a rendu un peu triste de faire cette sortie à cheval aussi rapide mais que voulez-vous, il ne faut pas s'éterniser et avancer sur le plus intéressant... de toute manière, je sais que vous avez hâte de voir ce que je réserve à céleste et cassandre et ils ne sont pas au bout de leur peine !

je vous dis à vendredi <3

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