ㅤ📃 CHAPITRE 35
« COMMENT ÇA, DISPARUS ?! OÙ EST MON ESCOUADE, MAJOR ?! »
Lahssen n'avait entendu Caius hurler. Surtout lorsqu'une expédition se déroulait mal. Il l'avait déjà vu en colère, s'était rendu compte de toute l'anxiété qui pouvait le prendre lorsqu'ils échappaient de peu à la mort mais jamais, jamais, il ne se serait douté qu'il puisse réagir de la sorte. Surtout pour trois petits jeunes qu'ils ne connaissaient pas tant que ça.
Mais lorsque le vétéran avait réalisé qu'ils n'étaient pas revenus, alors que le Bataillon battait en retraite vers les Murs, il avait vu rouge. Il avait profité d'un nouvel arrêt pour tracer la route la plus sûre pour éclater et se montrer en spectacle. Et si le bras droit était souvent d'humeur à en rajouter, il ne disait cette fois rien, regardait la scène se produire et défiait quiconque le voulait à essayer de faire taire son supérieur. Il était prêt à les mettre au sol.
Car, qu'il le veuille ou non, il tenait quand même un minimum à ce trio de bouffons et ne voulait pas qu'ils meurent parce que leur Major n'avait pas voulu attendre cinq minutes de plus leur retour. En plus, il en était sûr, ils avaient fini par se retrouver. Et ils les avaient manqués de près, il le savait.
« Caius, on ne va pas rebrousser chemin pour tes recrues, ce serait de la folie.
— Alors je reste ici. Je refuse de les laisser ici sans ressources.
— Ne sois pas déraisonnable, tu vas te faire tuer.
— Parce que tu crois que seuls, ils vont s'en sortir ?! »
Certains hochaient leur tête en signe d'approbation, tandis que d'autres commençaient à s'agiter. Il fallait agir vite et penser au bien de tous.
« C'est étonnant de ne pas t'entendre, Lahssen. D'habitude, tu rajoutes toujours ton grain de sel.
— Tout le monde est sous tension, ce serait de la connerie de mettre une couche de plus. Et toi ? Tu aimes souvent dire ce que tu penses dans ce type de situations, Erwin.
— Comme toi, je sais quand me taire. Ce n'est pas à moi d'argumenter, ce n'est pas mon escouade qui est dans la nature. »
La remarque du vétéran fit tiquer le brun. L'invitait-il, malgré tout, à prendre la parole ? Sûrement. Le bras droit scruta le grand blond à ses côtés, renifla bruyamment et s'avança jusqu'à son chef d'escouade.
« Major, on va rester ici avec Caius et on va chercher les gamins. Si on ne les trouve pas, on rentrera.
— Comme si j'allais vous laisser dans la nature.
— On se débrouillera pour rentrer, vous en faîtes pas. Au pire, on escaladera le Mur et on reviendra à pied. »
Lahssen était prêt à argumenter. À sa droite, son aîné commençait à se calmer. C'était bon signe. Et si le Major était une véritable tête de mule, il l'était encore plus.
« Ce ne sera pas la peine, regardez à l'est ! »
Peut-être que c'était un coup du sort mais on venait de remarquer un groupe de soldats qui galopait vers le Bataillon. Par chance, ils n'étaient pas poursuivis par des Titans. Il suffit d'un coup d'œil pour remarquer la tête blonde de Zeyn, deux pour reconnaître Céleste et Becca. Ils revenaient avec d'autres disparus, entraînant plusieurs soupirs de soulagement.
Lahssen fut, surprenamment, le premier à courir vers les nouveaux venus. Lorsqu'il arriva à la hauteur des trois membres de son escouade, il s'exclama d'un rire nerveux.
« Putain si on m'avait dit que vous étiez aussi increvables, je me serai pas autant décarcassé pour éviter à la gosse de combattre des titans !
— Moi aussi je suis heureuse de te revoir. »
On fit des premiers soins sommaires pour les blessés présents et le départ fut aussitôt annoncé. Dans le mouvement général, les trois bleus n'eurent même pas le temps de voir leur chef d'escouade qui avait été alpagué par le Major. Avait-il des ennuis ? Ils n'en savaient rien.
Le retour se fit dans le silence le plus complet et lorsqu'ils arrivèrent aux Murs, Céleste fut étonné que le soleil n'était toujours pas sur le point de se coucher. Elle qui avait eu l'impression d'avoir passé toute la journée à cheval, dans ce tourbillon incompréhensible, réalisait que seulement quelques heures s'étaient passées depuis le début de l'expédition. Elle le savait, c'était assez régulier qu'ils rentrent bien plus tôt que prévu mais elle ne le comprenait que maintenant.
Sans étonnement, le Bataillon subit à son retour une multitude de reproches. À quoi servaient ces expéditions, tout cet argent dépensé, s'ils ne sortaient que trois heures et se faisaient tous tuer ? Et si la noiraude crut qu'elle se ferait bien plus ébranler par les cris autour d'elle, ces derniers se murent rapidement en son décalé, trop lointain pour qu'elle ne le comprenne. Mais il tourna longtemps dans sa tête, tout le long du trajet jusqu'au quartier général.
Elle se rendit finalement compte de sa léthargie quand, à peine descendue de son cheval, elle se fit tirer sur un côté par une main et se retrouva dans une embrassade générale. Coincée entre Becca et Lahssen, Céleste se laissait embrasser par Caius qui remerciait le ciel de lui avoir donné une escouade aussi résistante.
« Demain, je ne veux pas vous voir sur le terrain d'entraînement. Sortez, buvez, dormez, faîtes ce que vous voulez mais le premier que vois faire ne serait-ce qu'un échauffement, je me débrouille pour qu'il se casse une jambe. Reposez-vous, pitié.
— Même moi ?
— Surtout toi, Lahssen. Et merci. D'être encore en vie.
— Comme si on allait mourir dès notre première sortie. Pas quand ces deux-là courent partout pour me retrouver. »
Qu'est-ce qu'était la peur et la crainte quand on se faisait étreindre de la sorte ? Céleste avait l'impression de respirer à nouveau alors qu'elle attrapait les bras qui s'offraient à elle, serrait le plus fort possible contre elle cette équipe tremblante. Pourquoi était-elle aussi secouée alors qu'au final, rien de grave ne s'était passé pour elle et eux tous ? C'était incompréhensible mais peu importe, elle acceptait ces sentiments étranges, les rassemblait près de sa poitrine, remerciait le ciel de lui avoir laissé la vie sauve.
« Allez vous en maintenant, je ne veux plus vous voir. »
Caius stoppa l'embrassade générale aussi subitement qu'il ne l'avait commencée, tout en levant ses yeux au ciel. Le vétéran salua ses cadets, leur rappela ses ordres et s'en alla d'un pas rapide vers le quartier général, suivi au pas par son bras droit. Allait-il parler au Major ? Faire allez savoir quelle paperasse ? Dormir ? Personne n'en savait trop rien et c'était sûrement pour le mieux.
« Je vais aussi y aller. »
Poings serrés, Zeyn n'osait pas regarder ses deux amies. Il mordait l'intérieur de ses joues, de plus en plus violemment, et tapait du pied droit sur le sol. Et si Becca aurait habituellement relevé son stress, elle se tut cette fois-ci. Pire, elle posa sa main sur l'épaule de l'adolescent, l'obligea à les regarder.
« Tu n'as pas à te cacher.
— Et de quoi j'aurai peur ? »
Pourtant, plus la noiraude le forçait à garder la tête haute, plus son visage tremblait.
« Qu'est-ce qu'il ne va pas ? »
Là, au milieu de tous les soldats qui s'affairaient, le blond s'écroula au sol. Ses jambes semblaient ne plus avoir la force de le soutenir, avaient finalement lâché prise. On regarda un instant le garçon qui était tombé mais en voyant ses deux camarades s'occuper de lui, on ignora l'incident. Il valait mieux, à vrai dire.
« Il ne s'est rien passé, aujourd'hui. On va bien. On n'est pas blessé. Mais... Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de n'avoir servi à rien ? Pourquoi est-ce que j'ai la sensation qu'avec ou sans moi, les choses seraient restées les mêmes ? Il a fallu que Céleste me tire pour que je quitte le champ de bataille, sinon je serai resté là, les bras ballants à regarder tout le monde se faire tuer ! Et quand on était au plus mal, j'ai tout de suite abandonné et, et...
— Calme toi. Écoute-moi, regarde-moi, Zeyn. Sans toi, on serait resté avec Caius avec les autres soldats et on ne serait jamais allés chercher Becca et Lahssen. Tu as peur, c'est normal. Mais, entre nous, c'est toi qui as eu le plus de courage. Je ne pensais qu'à une seule chose : retrouver mon amie et me tirer d'ici. Alors que toi, tête de mule, tu voulais retourner auprès de notre équipe, l'aider face aux titans. Tout en sachant pertinemment qu'on n'aurait été d'aucune utilité. Alors, même si on n'a rien gagné aujourd'hui, rappelle-toi qu'on est vivants. Qu'on est ensemble. »
Céleste s'était accroupie face à son ami, tout en plantant ses yeux dans les siens. Avec toute la douceur du monde, elle s'était saisie de son visage, avait fini par plaquer son front contre celui du blond. Qu'importe les questions des autres qui la voyaient faire, elle voulait voir l'adolescent s'apaiser, se rassurer.
« Tout va bien, d'accord ?
— Oui... »
Ils restèrent là, au milieu de tout, pendant plusieurs minutes, avant de se décider de se lever. Ils finirent alors par marcher plusieurs minutes, par s'éloigner du tumulte du Bataillon. Ils avaient besoin d'air frais, d'un moment calme pour ne plus penser à rien. Alors, à l'ombre de quelques arbres, les trois soldats s'installèrent en silence, regardèrent les nuages filer dans le ciel. Ils ne se dirent rien durant tout ce temps, trop concentrés à regarder l'azur, à le voir se dorer de plus en plus. Et lorsqu'il fit trop sombre, que les étoiles commencèrent à apparaître, ils se dirent qu'il était temps pour eux de bouger.
Un instant, ils se demandèrent s'il ne valait pas mieux aller manger mais aucun d'eux n'avaient faim. En réalité, leur estomac avait été noué depuis bien longtemps et l'idée même de boire de l'eau les rebutait. Alors ils partirent se coucher sans rien dire de plus. Certes, une douche n'aurait pas été de refus mais aucun des membres du trio n'avait la force nécessaire pour se traîner jusqu'aux bains. Tant pis, leurs camarades de dortoir sentiront leur transpiration, ça arrivait.
On accompagna d'abord Zeyn à sa chambre. Et puisque personne ne semblait toujours vouloir parler, personne ne se souhaita bonne nuit. On préféra plutôt se prendre dans les bras, embrasser les fronts et décoiffer les cheveux blonds.
Dans le couloir désert vers leurs lits, Becca et Céleste avaient fini par se prendre par la main. Et si la paume de la plus âgée était relativement chaude, celle de sa cadette était d'un glacial rare. Mais ça ne dérangeait pas la première, qui acceptait volontiers cette fraîcheur. De toute manière, elle préférait subir cela que ne plus pouvoir le faire du tout.
Cette pensée était absolument inimaginable.
et c'est fini pour la première expédition ! ;
sans étonnement, aucun des membres de l'escouade n'est mort, ça aurait été trop rapide à mon goût (alors que faire sauter tout le monde pour la prochaine, ça, ça fait plaisir) ;
j'espère que vous avez bien profités de voir caius énervé, ça ne risque pas d'arriver à nouveau ! ;
maintenant, on retourne à la "routine", jusqu'à la prochaine sortie, et donc les chapitres que j'ai préféré écrire (le prochain, d'ailleurs, je l'ai vraiment aimé :D) ;
en tout cas, j'aime énormément ce groupe, je le répète ahah <33
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