ㅤ📃 CHAPITRE 34

Cassandre passa le reste de la journée avec les deux instructeurs. Puisqu'ils avaient parlé de tous les points « importants », il ne leur restait plus qu'à profiter du reste de la journée. Lahssen avait fini par se détendre auprès de l'héritier Fosten, se montrer plus « gentil » avec lui. Lorsque le noiraud s'était penché sur le potager pour voir ce qui poussait, c'était terminé.

Quand on lançait le brun sur son jardinage, c'était terminé. Il parlait avec entrain, montrait au noble tout ce qu'il pouvait, disait tout ce qu'il savait. Céleste regardait les deux avec un sourire tranquille, restait assise sur sa chaise.

Parfois, elle croisait le regard de son ami, lui offrait un sourire tranquille. Ce n'était pas une scène qu'elle aurait imaginée mais elle était si naturelle qu'elle avait l'impression qu'elle devait avoir lieu.

Lorsqu'il fut l'heure de se quitter, on resta un moment à l'entrée. Le frère et la sœur se prirent une nouvelle fois dans leurs bras, se promirent de se tenir au courant, de se revoir vite. Un serrage de main plus tard avec le maître des lieux et il était parti dans la voiture qui l'avait emmenée.

« Quelle journée.

— À qui le dis-tu...

— J'espère que ça t'a aidée à voir plus clair, en tout cas. Par contre, va falloir m'expliquer cette histoire avec... Bénédict. Parce que de ce que j'ai compris, il n'était au départ pas un allié.

— Quand je disais qu'il faisait son poids, c'est peut-être parce qu'il m'est tombé dessus. Littéralement.

— Il a trébuché en marchant dans la rue, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?

— Non. Il faisait parti de l'équipe que nous avons dû affronter deux fois. Au départ, je ne comprenais pas vraiment pourquoi il me gardait en vie mais maintenant... Il m'a sauvé la vie, enfin il a fait plutôt en sorte de, donc je lui dois un service. De toute manière, il me l'avait dit, je vais avoir besoin de lui par rapport à cette histoire de trafic.

— Savoir que dans ta famille, il n'y a que Becca qui tienne la route me fait plutôt peur.

— Mais non, il y a toi aussi.

— Est-ce que j'ai l'air rassuré ? »

Les deux se mirent à rire presque aussitôt alors que le brun fermait la porte.

« Bon, j'ai tout de même une question, pourquoi ton frère a fait autant de mystère avec l'ancien fiancé ? Je veux dire, à moins que vous ne deviez vous marier d'ici la prochaine aube...

— Parce que le contrat de fiançailles est toujours fonctionnel. On doit agir vite si on ne veut pas que je finisse dans une impasse.

— Mais il ne s'est pas trouvé quelqu'un, lui aussi ?

— Il paraît que non. De toute manière, puisqu'il n'y a jamais eu annulation du mariage et que je suis officiellement vivante, il vaut mieux qu'il ne soit pas marié sinon cette relation deviendrait aussitôt illégale. Il y gagnerait plus à arrêter toute cette merde.

— Donc il faut aussi le voir ? Je croyais que tu ne devais pas faire « grand-chose ».

— C'est moi qui le veux. J'ai un peu causé cette situation, il vaudrait mieux que j'essaye de calmer les choses. Et puis, si on monte dans Sina, il y a de fortes chances qu'on puisse croiser Bénédict. Je ne sais pas vraiment quand est-ce qu'il aimerait qu'on se revoie mais le plus tôt serait le mieux, pour lui comme pour moi.

— Après, je ne pense pas que venir non annoncé chez quelqu'un avec qui les relations sont si tendues soit une bonne idée. Mais envoyer une lettre non plus ne serait peut-être pas une bonne idée.

— En effet, il faut d'abord avoir une rencontre « publique ». Généralement, c'est une soirée, un bal, quelque chose du genre... Et connaissant mon père et la situation, ça risque de nous tomber sur le coin du nez très rapidement.

Nous ?

— Lahssen, voyons, tu as dit que tu m'accompagnerais jusqu'au bout du monde. Est-ce que venir à une soirée mondaine serait plus loin que ça ?

— Franchement, je me le demande. »

La grimace du brun en disait beaucoup sur son avis. Il n'était absolument pas tenté par ce genre d'événements mais s'il fallait bien accompagner son amie, il n'allait pas se rétracter.

La soirée passa tranquillement.

Puis une journée complète, deux, trois.

Puisque Lahssen avait lui aussi posé un congé, il resta tranquille à la maison avec son amie. Ils ne bougèrent pas beaucoup, restèrent tous les deux à ne rien faire. Certes, en réalité, ils s'occupèrent surtout du jardin, profitèrent de la chaleur qui revenait totalement.

Un matin, cependant, Céleste fut réveillée par le chant de l'instructeur. Cette fois encore, il s'était réveillé à l'aube, avait passé tout le début de la journée à préparer un gâteau, tenait dans ses mains une petite bougie et un paquet mal emballé.

« Joyeux anniversaire, mamie. »

Et comme à chaque fois, elle soufflait sur la petite flamme, faisait un vœu, attendait que le brun ouvre les volets avant de s'occuper de son cadeau.

« Tu vas voir, cette année, ce n'est pas un livre. Je sais, tu adores ça, mais j'ai trouvé le truc parfait cette année. Tu vas adorer, j'en suis certain.

— Laisse-moi voir ça... Oh, non, Lahssen, il ne fallait pas... »

Dans ses mains, une boîte sombre peu travaillée. Mais à l'intérieur ? C'était peut-être le matériel « basique » pourtant, c'était énorme.

« Ça fait un moment que j'ai cette idée, je suis tombé dessus la dernière fois en allant à Trost. Je me suis dit que y'avait pas mieux. Bon, il n'est pas aussi fourni que celui que tu avais au Bataillon, j'espère que tu me pardonneras.

— C'est... C'est parfait. »

Ce n'étaient peut-être que quelques aiguilles, des fils colorés et des tissus clairs pourtant il n'y avait à cet instant-là rien de plus beau pour elle. Tout en caressant lentement le matériel à broderie, elle renifla bruyamment.

« Si tu pleures, je récupère tout.

— Non, non, je ne pleurerai pas. Merci infiniment. C'est incroyable.

— Ce n'est rien, mamie.

— Pas pour moi. »

Dans d'autres circonstances, ça ne l'aurait pas autant touchée. Mais dans le contexte actuel, elle sentait, elle savait que ce simple objet allait avoir de l'importance. Pas tant pour ce qu'il était mais pour ce qu'il représentait ; une amitié, un temps passé, une affection.

« Bon, je te préviens, il y a de fortes chances que Becky vienne te voir aujourd'hui. La connaissant, elle va aussi ramener le criquet. Ils ne manqueraient pour rien au monde le jour de la naissance de notre mamie préférée.

— Pourquoi tu m'annonces ça comme une mauvaise chose ?

— Je ne sais pas, pour le coup je suis content de savoir qu'ils seront là. Après, je t'avoue que si on peut éviter de parler des sujets qui fâchent, ça me ferait plaisir. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, tiens. Matinaux, les facteurs des riches. »

Lahssen sortit de la poche de son pantalon une enveloppe. Plutôt fine, légèrement décorée, elle était scellée par une cire rouge marquée d'une tête de cerf. L'expéditeur n'avait même pas eu besoin d'écrire son nom sur le papier, ce simple symbole le disait clairement.

La noiraude se pencha vers sa table de chevet, posa son cadeau dessus, ouvrit le tiroir et en tira un couteau.

« Pourquoi tu as ça ?

— C'est au cas où.

— Au cas où quoi ? Il n'y a personne dans le coin, tu as peur de te faire attaquer par un fantôme ou quoi ?!

— Écoute, ça me rassure, c'est tout. Toi tu as ta peluche et je ne te raille pas sur ça.

— Ne mêle pas Framboise à ça. »

Tout en passant la lame dans un des plis de l'enveloppe, elle écouta le brun continuer à lui dire qu'elle était paranoïaque, que comparer son doudou à un couteau n'était pas du tout similaire et qu'elle devait d'ailleurs en prendre un aussi si elle avait peur la nuit, au lieu d'avoir une arme près d'elle.

Lorsqu'elle sentit une invitation pliée en trois, il se tut. Finalement, il s'installa à côté d'elle sur le lit, lu la lettre avec attention.

« La famille Fosten a l'immense honneur de solliciter la présence de Mademoiselle Fosten et Monsieur Willis à sa soirée organisée à la demeure principale des Fosten. Vous êtes invités à vous présenter le sept mai huit-cent-cinquante à partir de vingt heures.

Nous vous prions de ne pas répondre à cette invitation si vous l'acceptez et de vous présenter à l'heure annoncée.

Une tenue correcte est exigée.

Nous vous souhaitons une très agréable journée et nous réjouissons à l'idée de vous recevoir.

PS : une voiture vous sera envoyée durant l'après-midi pour vous aider et vous emmener sur place. »

Et si Céleste n'était pas étonnée par les formulations, les enluminures autour de cette minuscule invitation, les détails sur les lettres, elle voyait bien la moue de Lahssen.

« Très fascinant qu'ils aient bien écrit mon nom de famille. Étonnant, aussi, que je sois invité.

— Vu le post-scriptum, c'est Cassandre qui s'en est occupé.

— Ça ne change pas mon propos.

— Tu crois vraiment que mon frère ne t'aurait pas laissé venir alors que tu avais une tête de chien de garde lorsque tu l'as rencontré ? Il savait que dans tous les cas tu serais venu, donc autant que ça soit officiel.

— La prochaine fois, j'aboie directement, ça sera plus simple.

— Pitié, non. »

Les deux se levèrent. La noiraude rangea ce qui lui avait servi de coupe papier dans son tiroir, descendit avec son ami dans le salon. L'odeur d'un gâteau encore chaud flottait dans l'immense pièce à vivre, réveilla le ventre de l'instructrice. Elle se dirigea alors vers la cuisine, regarda ce que le brun avait préparé depuis son réveil.

« C'est que tu t'es fait plaisir.

— Tu crois quoi, je vais aussi manger.

— Et tu as prévu de quoi nourrir dix-sept personnes ? Becca et Kris ne « risquent » pas de venir, ils vont bientôt arriver.

— Oui, j'avoue. Je lui ai demandé de ramener le merdeux quand je suis venu te récupérer. »

Alors qu'elle regardait dans la marmite les légumes continuer à mijoter, elle sentit l'instructeur poser son menton sur le haut de sa tête, jeter un œil sur son plat.

« Va falloir acheter des vêtements.

— Tu es en train de dire que tu n'as rien à te mettre ?

— Bien sûr que si. Seulement, j'ai vu comment ton frère était habillé et, très honnêtement, je n'ai pas envie de ressembler à un trop grand pauvre à cette soirée. J'en aurai assurément l'air, l'inverse m'étonnerait, et j'aimerai limiter les pots cassés. »

Il n'y avait pas de moquerie dans sa voix, seulement une pensée sincère. Lahssen n'était pas du genre à faire réellement attention à son apparence, à comment les gens le voyaient, ce qu'on pouvait penser de lui. Seulement, il allait se présenter avec son amie au bras et cet événement était important pour elle.

Alors, pour que tout se passe bien pour elle, il devait faire l'effort. 

wae wae joyeux anniversaire mamie, ça te fait quoi ? ; 50 ans ? ;

nan je déconne, 31 ;

on a une invitation à une soirée, z'avez intérêt à vous faire tout beau tout propre les deux ; 

et lahssen, LAHSSEN, on t'a à l'oeil ; ok, tu es là pour leste ; ok, tu plantes ses fleurs prefs ; mais là, le cadeau personnalisé ? ; levi, go get your girl parce que là ça chauffe pour ta fesse mon ami ; 

ET BECCA ET KRIS LE RETOUR ??? ; OMG MES BEBES REVENEZ !!

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