ㅤ📃 CHAPITRE 3
Ce n'est que le lendemain que Kris essaya de retrouver ses camarades, tout en priant pour ne pas se perdre dans ce grand bâtiment qu'il ne connaissait pas. Heureusement, il entendit rapidement Jean, il avait été le premier à l'avoir aperçu et avait crié son nom, faisant sursauter Armin qui se tenait à côté de lui par la même occasion.
« T'avais disparu où ? On a un instant cru que tu y étais passé.
— Si seulement, ça t'aurait fait une belle jambe j'en suis sûr.
— Mais non le prends pas comme ça Kris, Jean était inquiet pour toi c'est tout !
— Ne t'en fais pas Sasha, tout le monde ici sait que la tête de cheval m'adore.
— Comment tu m'as appelé ?
— « Jean », pourquoi ? »
Sasha se mit à rire, suivit d'un pouffement de la part d'Armin. Après les révélations que le groupe d'adolescents avaient faites, et qu'ils n'avaient pas manqué de dévoiler à Kris, une blague ou deux n'étaient pas de refus. Tout le monde le savait, la situation allait bientôt s'aggraver et ils en avaient tous conscience.
« Où sont Christa et Mikasa ?
— C'est Historia, idiot. Et je sais pas où elle est. Pour Mikasa, elle est encore en train de se reposer, elle a manqué de se faire broyer les côtes.
— Merde. J'espère que ça va aller mieux pour elle. »
Le blond était d'ailleurs surpris de voir que ni Eren ou Armin n'étaient au chevet de l'asiatique. Il mit cela sur le compte qu'eux aussi ne pouvaient pas rester avec elle, tout comme il avait été interdit de rester dans la chambre de Céleste.
C'est sur ces pensées que Kris vit Conny arriver, plus dépité que jamais. Que lui était-il arrivé pour qu'il soit dans cet état ? Le blond se remémora soudainement que les titans qui les avaient attaqués à la forteresse étaient normalement passés par le village de l'adolescent, qu'il semblait s'être passé des choses étranges là-bas. Et quand l'adolescent au crâne rasé répéta les hypothèses qui avaient été faites, il ne sut quoi dire ; si tout était vrai, alors la mère du garçon était devenue une de ces créatures.
Le soldat posa une main maladroite sur l'épaule de son ami, l'invita à rester encore plus près du groupe. Il tentait vainement de le soutenir, ne comprenant absolument pas sa peine.
« Ça va ?
— On fait avec. »
Il aurait aimé pouvoir le consoler, lui qui rigolait presque tout le temps, mais il ne savait pas quoi lui dire. Finalement, il le lâcha, se laissa se pencher vers Sasha et vit quelques secondes plus tard Becca apparaître dans son champ de vision. Cette dernière l'avait aussi remarqué et fit un petit geste de la main pour lui demander de la rejoindre.
Il salua alors ses amis d'un au revoir rapide, avant de partir presque en courant vers la vétérane. Quand il arriva à sa hauteur, elle l'attrapa sans attendre, le regard fatigué et paniqué.
« Céleste est rentrée ? Elle est blessée ?
— Elle est dans une des chambres, actuellement...
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Je ne sais pas tout mais elle a été attrapée par un titan à un moment donné... Mais ne t'inquiète pas, je suis sûr que ça va aller ! »
Malgré l'optimisme dont Kris voulait faire preuve, la noiraude n'y croyait pas vraiment. Elle se détendit lorsqu'une infirmière arriva à leur niveau. C'était celle qui avait enregistré le nom du blond.
« Votre amie va s'en sortir. On la garde encore en observation, elle dort et a besoin de calme. Nous viendrons vous chercher lorsqu'elle se réveillera.
— On ne peut pas rester avec elle ?
— Navrée, il vaut mieux laisser les blessés se reposer pour le moment, le temps que tout se tasse. »
Le long soupir soulagé que poussa Becca fit sourire le blond. C'était déjà une bonne nouvelle de prise ; pour le moment, tout allait encore pour le mieux.
« Non mais quelle idiote. Tout ça parce qu'on a fini sur ce stupide mur de mes deux.
— Elle s'inquiétait pour nous... Tu aurais fait pareil.
— Bien évidemment. Bon, tu m'excuseras gamin mais je dois y retourner.
— Tu vas lui dire qu'elle est là ?
— Tu veux que je me fasse tuer ?
— Pourquoi Lahssen te tuerai ?
— Tu parlais de lui ?
— De qui d'autre ?
— Rien, laisse tomber...
— Mais est-ce qu'il est courant, au moins ? Je veux dire, il ne va pas s'inquiéter de ne pas la voir rentrer ?
— Le connaissant, il doit avoir compris qu'il s'est passé quelque chose. Mais tant que je ne vais pas le voir pour dire qu'elle est morte, il ne va pas s'inquiéter. Et puis s'il vient quand même, envoie-le-moi. Quoique... Garde-le pour toi, en fait. Je n'ai pas la force de le supporter.
— Parce que tu crois que je l'ai ? Je ne suis pas un messager, fais-le toi-même !
— Tu vas t'en sortir ! »
Becca s'en alla après avoir donné une tape sur l'épaule du garçon. C'était sûr que connaissant le grand brun, l'adolescent devait trouver l'énergie de l'affronter. Il n'allait pas le disputer, loin de là, mais quand il s'agissait de Céleste, il se tendait extrêmement vite.
Pourquoi était-il si attaché à elle, d'ailleurs ? Certes, il savait qu'ils venaient de la même escouade, avaient passé des années ensemble et vivaient même aujourd'hui tous les deux quand ils n'étaient pas en train d'enseigner aux Brigades d'Entraînement. Mais tout de même ! Le soldat avait toujours été l'homme le plus détaché et sarcastique qu'il connaisse, ce qui rendait la vétérane qui venait de s'enfuir absolument adorable. Et plus les années passaient, plus il devenait agaçant. Sauf avec la noiraude.
Kris passa une main sur son visage, épuisé. Une question le taraudait, désormais ; si la soldate n'avait pas peur de l'instructeur, qui l'inquiétait autant ? Elle avait tout de même dit que si elle parlait de la situation à quelqu'un, elle finirait six pieds sous terre. Et là, il se demandait bien qui en voudrait autant à la noiraude pour en venir à de telles extrémités.
Poings sur les hanches, il ne comprenait plus rien du tout. Il savait qu'elle était avant au Bataillon, donc peut-être qu'une ou deux personnes ici devait la connaître mais en quoi c'était un soucis ? Il comprenait malgré tout que dire que Céleste se trouvait ici était une mauvaise idée. Il n'avait seulement pas conscience que si on se comportait ainsi, c'était surtout pour éviter de subir des heures de remontrances acerbes, une tentative de meurtre et une colère éternelle.
C'était surtout Becca qui ne tenait pas à ce qu'on l'écorche vif sur la place publique et elle se contentait plutôt de savoir que son amie était sortie d'affaires. Au diable les autres qui auraient aimé apprendre qu'elle était tout simplement vivante. Mais dans son empressement, elle ne fit pas attention à qui se trouvait autour d'elle.
Et alors que Kris et elle avaient brièvement discuté, une autre personne avait écouté avec un intérêt tout trouvé les discussions qui s'étaient déroulées. Et alors qu'il avait pour intention de se vider un instant l'esprit, ses pas avaient trouvé un chemin tout autre.
Parfois, il se demandait ce qu'il devenait. Jamais il n'aurait cru être capable de faire cela mais la curiosité avait aujourd'hui pris le dessus. Il arriva à obtenir l'information qu'il voulait tant auprès d'une l'infirmière, malgré ses réticences visibles, et prit le premier escalier à droite, tout en faisant fi des presqu'insultes de sa jambe. Au diable la douleur, il avait besoin de réponses.
Tout paraissait irréel à ses yeux, complètement hors du temps. Pourquoi maintenant ? Aujourd'hui ? La Terre devait avoir arrêté de tourner droit, il n'y avait pas d'autres explications, le monde était à l'envers.
Était-ce au moins bien son nom qu'il avait entendu ? Oui, l'infirmière l'avait confirmé dans un bafouillement. Si cela se trouvait, on se moquait encore de lui. Après tout, elle n'avait pas essayé de l'arrêter, quand il avait pris le chemin vers la chambre de la blessée. Il ouvrit la porte sans toquer ou attendre quelques secondes, il savait parfaitement qu'elle dormait encore à l'heure actuelle.
Et il la vit.
Allongée dans un lit trop blanc pour elle, dans une pièce encore éclairée par la lumière du jour. Il régnait une ambiance pourtant lourde, comme si rien de vivant demeurait ici. Était-ce une salle de malade ou un lieu de recueillement ? Et maintenant, qu'est-ce qu'il pouvait faire à part la regarder ?
Il tira une chaise, s'approcha du lit, pencha sa tête. Céleste n'avait pas tant changé que ça, en quatre ans. Quoique, elle avait coupé ses cheveux, bien plus vulgairement qu'avant. Et elle avait des cernes à l'en faire pâlir, tiens. Se reposait-elle, au moins ? C'était ironique de sa part de penser ça mais un instant, il se demanda si ce n'était pas la première fois qu'elle dormait depuis un moment. À ce propos, elle ne semblait pas avoir le meilleur des sommeils. Les sourcils froncés, elle grognait des mots inaudibles, donnait l'air de cauchemarder. Et puis, il voyait facilement sa face rougie par la fièvre, n'avait pas besoin de prendre la peine de poser sa main sur son front pour constater sa température. Et puis, qu'est-ce qu'il pouvait y faire, si elle était mal à ce point ?
Il avait plutôt envie, en réalité, de la réveiller. De vérifier que c'était réellement elle, qu'elle avait toujours les mêmes yeux. Le même regard énervé.
« Je jure que si on s'est foutu de ma gueule, je fais manger une table à quelqu'un.
— Cassandre... ? »
les gens qui savent, savent ;
les gens qui ne savent pas, sauront ;
dans tous les cas, le prochain chapitre va être drôle
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