ㅤ📃 CHAPITRE 25

Déjà, il avait fallu se lever presqu'aux aurores. Et si c'était compliqué, avoir dormi en plus aux côtés de Becca qui bougeait énormément dans son sommeil avait rendu les quelques heures de repos de Céleste minimes.

Et puis, à peine réveillé, les filles du dortoir avaient dû se préparer en quatrième vitesse, manger rapidement quelque chose, avant d'aller courir avec les autres sur le terrain d'entraînement.

Prête à cracher ses poumons après une trentaine de minutes, Céleste avait l'impression qu'elle allait mourir à n'importe quel moment. D'autres se trouvaient dans la même situation qu'elle, ce qui la rassurait presque. Au moins, elle n'était pas seule dans sa galère.

« Une petite vieille comme ça, c'est même pas capable de tenir quelques minutes ?

— C'est toi qui parles ? Tu viens de vomir. »

Une main pressant son point de côté, la noiraude s'était tournée vers le « petit là-bas » de la veille. Lui aussi ne faisait plus trop le fier, tiens. Les cheveux collés sur son front, il était rouge comme une tomate, essuyait sa bouche maladroitement. Prise de pitié, elle lui lança la gourde d'eau qui se trouvait près d'elle, qu'il se rince au moins un peu.

Le garçon la remercia, but une gorgée rapide.

« Comment tu t'appelles ?

— Zeyn. Et toi ?

— Céleste. Enchantée, gamin. »

Elle lui aurait bien serré la main mais avec ce qui pouvait rester de vomi sur ses doigts, Céleste n'en avait pas vraiment franchement envie. Alors elle hocha simplement sa tête vers le blond, qui faisait déjà presque sa taille, et s'étira bon gré mal gré. Visiblement, trois quarts des nouvelles recrues avaient abandonné et leur instructeur général rappelait les derniers pour qu'ils reviennent. Le fameux Zeyn rendit la gourde à la presqu'adulte, avant de partir rejoindre un petit duo qui venait d'arrêter de courir.

« Et merci pour l'eau, mamie. »

La noiraude ne s'en offusqua même pas. Elle se sentait malgré elle soulagée d'avoir déjà parlé à quelqu'un d'autre. On tapa sur son épaule.

« Tu as survécu ? Je t'ai jamais vue aussi rouge de ma vie.

— Tu t'es regardée deux secondes ? »

Becca haussa ses épaules, signe évident que non, et essuya du revers de la main la sueur qui coulait sur son front. Elle détestait déjà ces entraînements alors qu'elle n'avait rien fait à part courir. Et si c'était comme ça maintenant, qu'est-ce que ça serait dans quelques jours ?

L'instructeur se mit à crier après les recrues de la 94ème brigade d'entraînement, leur rappelant que s'ils n'arrivaient déjà pas à courir plus de cinq minutes, ils pouvaient déjà partir. Ils étaient à l'armée, ici, pas dans un salon de thé et il fallait qu'ils soient un minimum forts pour pouvoir passer à l'apprentissage de l'équipement tridimensionnel.

Céleste grinça des dents, la douleur dans ses côtes s'atténuant à mesure qu'elle retrouvait son souffle. Il avait raison ; il fallait qu'elle charbonne plus que tout pour s'en sortir. Elle voulait faire ses preuves. Alors quand ils reprirent l'entraînement, une motivation nouvelle l'avait prise et elle entraîna avec elle Becca, la mettant au défi de se hisser plus haut qu'elle dans le classement final. La noiraude l'accepta dans un « oui » plein d'entrain, se remettant elle aussi à courir.

C'était plus par égo qu'autre chose, en réalité. La plus jeune se fichait bien d'être première, elle voulait aller dans le Bataillon. Mais à partir du moment où son aînée avait déclaré que c'était une compétition entre elles, plus rien ne l'arrêta. Elle avait un nouveau but et un moyen très efficace de montrer à Céleste qu'elle était supérieure à elle. Au moins sur ce point-là.

La journée fut remplie de course d'endurance pour tester les recrues et pousser les plus faibles à tout de suite s'en aller. Quand arriva enfin le moment du dîner, Céleste fut heureuse de pouvoir s'asseoir. Elle avait mal de partout et ne souhaitait qu'une chose ; se doucher. Et dormir, aussi.

Mais c'était sans compter sur les bavards qui l'entouraient...

« Mais du coup, vous faîtes pas parties de la même famille ? Non, je veux pas le croire, c'est impossible. »

Stupéfait, Zeyn regardait les deux amies en passant son regard d'un visage à l'autre. Céleste l'avait présenté à Becca, un peu plus par politesse qu'autre chose, et le jeune blond avait directement demandé si elles étaient jumelles. S'il n'avait pas fait de remarques sur le physique de la « mamie », il s'était exclamé en voyant la seconde future soldate.

« Pour la troisième fois, non.

— Mais vous vous êtes regardées au moins ?

— Et toi tu l'as vue ta gueule ? »

Il en devenait lourd. Becca avait abandonné depuis longtemps ses manière et la politesse, était allongée sur sa table, soupirait de désespoir, tandis que Céleste niait fermement. Oui, c'était vrai, elles avaient la même apparence, les mêmes yeux si atypiques, la même manière de se comporter... Mais ce n'était dû qu'au hasard ou parce qu'elles avaient grandi toutes les deux. Rien de plus. Et si elles étaient de la même famille, elles devraient le savoir, non ? Alors pourquoi demandait-il sans arrêt ?

Finalement, il laissa tomber, acceptant que la plus vieille soit bien plus têtue qu'un âne et s'excusa même du dérangement. Mais alors que les deux amies pensaient qu'il allait partir, il resta à sa place, à côté d'elles, commençait même à manger son plat qui devenait froid.

« Qu'est-ce que tu fais encore là ? Tu vas pas rejoindre tes amis ?

— Vous êtes aussi mes amies.

— Non, pas que je sache. »

Pourtant, il avait dit la vérité. À peine le lendemain, quand il fallut s'entraîner en groupe, il s'était rejoint à elles. D'abord par dépit, puis par envie, les trois formèrent rapidement un trio. Désormais, ils s'encourageaient, se poussaient et quand il fallut enfin passer l'épreuve de l'équipement tridimensionnel, personne ne cria plus fort que Zeyn. Il avait montré toute sa joie en voyant que Becca avait presque un talent inné pour ça et avait applaudi quand Céleste arriva après quelques petits défaillements à se tenir droite.

Ils y arrivaient enfin, à se dire qu'ils pouvaient s'en sortir vivants de cet endroit.

Très vite, Becca montra ses capacités et se fit remarquer. Elle avait seulement du mal quand il s'agissait des cours techniques et n'avait pas un bon esprit d'équipe, sauf quand il s'agissait de ses deux amis. Oui, elle comptait désormais Zeyn dans ses amis, puisque seul lui voulait travailler avec elle quand Céleste partait avec quelqu'un d'autre.

Eux, justement, n'étaient pas aussi bons. C'était pour cette raison que, le soir venu, ils s'éclipsaient avec d'autres pour tenter de s'entraîner. En général, ça finissait surtout par des rires et des réprimandes par les instructeurs. Surtout des courses poursuite, en réalité. Heureusement, au bout d'un moment, ils finirent par s'organiser et trouver un moyen pour ne pas se faire attraper et Becca, un peu malgré elle, se décida à les couvrir, devenant automatiquement la préférée aux yeux de beaucoup de monde.

Au fond, ça lui plaisait bien.

La première année fut la plus difficile. Les deux suivantes filèrent comme des flèches. Petit à petit, le trio tira son épingle du jeu et Céleste se trouva un talent dans l'équipement tridimensionnel, malgré ses difficultés premières. Le fait de pouvoir voler fut une libération pour la jeune femme, la plus belle chose qu'elle ait vécu de sa vie.

Et même si elle avait aujourd'hui des marques rouges sur tout son corps à cause des sangles de son uniforme, elle ne regrettait absolument rien.

Un sentiment de fierté suivait assidûment Céleste, l'accompagnait dans chacune de ses tâches et épreuves. Il l'aidait à garder sa tête haute, à ne pas oublier d'où elle venait et pourquoi elle était là ; survivre, tenir, rentrer à la maison... Et la pensée de Cassandre qui l'attendait à la maison la poussait à se battre deux fois plus, à redoubler d'ardeur.

Elle n'avait pas eu le courage d'en parler à Becca, de lui avouer toute la vérité. Peut-être que garder ce secret pour elle lui faisait plaisir, le rendait encore un petit peu accessible. Après tout, Céleste ne voulait pas se voiler la face, elle savait bien qu'elle finirait peut-être un jour par mourir sur le champ de bataille, à rejoindre plutôt Claude. Mais si elle ne disait à voix haute, si elle se l'avouait réellement, cela voulait dire rendre cette possibilité réelle.

Et ce n'était pas concevable pour la jeune femme.

La noiraude avait promis de revenir aux côtés de Cassandre, ce n'était pas pour échouer un jour parce qu'elle n'était pas assez forte. Non, il fallait toujours redoubler d'ardeur et de courage, combattre tous les obstacles qui se présentaient à elle, garder la tête haute et ne jamais renoncer.

C'était pour cela qu'elle était toujours parmi ceux qui s'entraînaient le plus, donnaient à chaque fois toute leur énergie pour réussir les exercices et se corrigeaient à chaque erreur remarquée. Car il fallait y arriver.

« Vous savez de quoi je rêve ? De vacances. On les mérite, je trouve.

— Si tu voulais te la couler douce, Zeyn, ce n'est pas ici qu'il fallait venir.

— Non mais, Becca, ne déforme pas mes mots. Je dis juste qu'on devrait avoir le droit de se reposer un petit peu, ça fait des semaines qu'on se tue à l'entraînement, j'ai besoin d'une vraie nuit de sommeil maintenant.

— C'est surtout que tu es un fainéant, avoue-le. »

Et même si Céleste n'oubliait pas d'où elle venait et où elle devait arriver, elle aimait s'asseoir chaque jour à table pour regarder ses deux amis se disputer gentiment, écouter leurs piques et grossièretés. Car, malgré tout, la noiraude essayait de se rappeler qu'elle ne faisait pas tout cela pour un seul objectif futur mais aussi pour profiter de cette liberté qu'elle avait enfin eu. Puisque rien n'était certain pour elle, il fallait bien qu'elle profite de tous ces instants, ne regrette aucun moments.

Qu'elle puisse un jour rentrer chez elle la tête pleine de bons souvenirs, heureuse d'avoir fait ça, de s'en être allée.

je vous présente le trio d'enfer, céleste, becca et zeyn ! méfiez vous, ils sont bêtes

plus sérieusement, je suis heureuse que mon couillon soit enfin là, il m'a un peu manqué ; oui, zeyn est mon favori et rien ne pourra me faire changer d'avis (si)

les brigades d'entraînement avancent, on n'y restera pas trop longtemps donc profitez en bien parce qu'après ça chauffera un max aha

j'espère que vous avez passé un bon moment, on se dit à dimanche tout le monde !

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