ㅤ📃 CHAPITRE 24

S'inscrire dans les brigades d'entraînement fut bien plus facile que ce que Céleste avait imaginé. Elle qui pensait qu'on viendrait lui poser des millions de questions, qu'elle devrait se justifier de tout et remplir allez savoir combien de papiers, on lui demanda seulement de signer à plusieurs endroits, de donner son nom et de suivre un instructeur qui allait lui donner son uniforme avant de l'emmener à son dortoir.

Apprendre qu'elle allait devoir cohabiter avec de parfaites inconnues pendant trois ans la rebuta quelque peu ; ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas envie de voir son intimité limitée à cause de toutes ces personnes mais, puisqu'elle n'avait jamais vécu par elle-même, elle ne savait pas comment s'occuper de ses affaires et avait peur d'avoir des soucis. Et si on finissait par la détester parce qu'elle ne faisait pas son lit et pliait mal ses vêtements ? Ce serait triste mais elle ne voulait pas oublier cette idée, la gardait au coin de sa tête. Au moins, elle se préparait...

On pris les mesures de la demoiselle, chercha dans les réserves de quoi l'habiller. On lui demanda si elle avait un haut ou s'il fallait qu'on lui donne une chemise, ce à quoi elle répondit qu'elle avait déjà quelque chose. Ce n'était qu'un de ses hauts de cavalière mais elle préférait avoir quelque chose à elle plutôt que prendre un vêtement de plus.

Lorsqu'elle eut pantalon, veste et sangles dans les bras, elle suivit l'instructeur vers son dortoir. Du coin de l'œil, elle voyait d'autres personnes arriver, certains déjà se promener totalement habillés.

Elle était cependant la première dans le lieu de vie qu'elle allait partager.

« Pose tes affaires sur un lit et habille toi. Quand tu auras tout enfilé, va sur le terrain plat. Si tu ne sais pas où c'est, demande à n'importe qui, on t'indiquera le chemin. Tu as jusqu'à seize heures pour te présenter. »

Il était encore tôt, Céleste avait tout son temps pour se préparer. L'heure de rendez-vous était très certainement pour que tout le monde ait le temps d'arriver et de se préparer.

La noiraude choisit un lit au hasard. Par sécurité, elle prit un des lits du dessous, préférant laisser la hauteur aux autres. Elle remarqua cependant qu'il s'agissait de matelas doubles et se douta qu'elle finirait par dormir avec quelqu'un.

« Quelle galère... »

Céleste s'installa sur le matelas, passa sa main sur son visage. Elle eut envie de pleurer, quelques secondes, mais retint rapidement ses larmes. N'importe qui pouvait surgir dans le dortoir et pleurer était la dernière chose à faire pour elle.

Alors, elle se décida à s'habiller en vitesse. Comme ça, elle irait découvrir le plus vite possible le campement.

Soudain, alors qu'elle avait enlevé son haut et allait enfiler sa chemise violette, la porte du dortoir s'ouvrit. La noiraude regarda les yeux grands ouverts l'adolescente qui venait de rentrer et se retrouva bête.

« Oh, pardon ! J'aurai dû toquer !

— Tu ne pouvais pas savoir que j'étais là, ne t'en fais pas. »

La petite rousse qui avait surgi referma en vitesse la porte et se dirigea à grands pas vers un lit opposé, les joues rouges. Céleste n'en tint pas rigueur, continua de mettre son nouveau haut. Elle regarda du coin de l'œil la nouvelle venue en faire de même et enfila bien vite son pantalon. Cependant, quand il fut le moment de mettre les sangles typiques de l'uniforme, elle se retrouva bien embêtée. Comment est-ce que ça fonctionnait ?

« Excuse moi, heu...

— Charly !

— Charly. Est-ce que tu sais comment on met ça ? »

Céleste devait vraiment avoir l'air dépassée puisqu'un sourire apparut sur le visage de son interlocutrice. Avec patience, la demoiselle lui expliqua comment fixer et serrer chacune des lanières de cuir, vérifia même avec attention que tout était bien attaché.

« Je ne t'ai même pas demandé ton nom !

— Céleste.

— Enchantée ! J'espère qu'on va finir par bien s'entendre. Je ne connais personne ici, alors j'espère qu'on va devenir amies !

— D'accord... ? »

Elle ne voulait pas être désagréable, loin de là, mais la noiraude ne savait pas vraiment comment traiter toutes ces informations. Est-ce que tout le monde allait être aussi aimable qu'elle ou cette petite rousse était l'exception ?

« Je vais y aller, j'ai envie de découvrir les environs. On se retrouve tout à l'heure ?

— Bien sûr ! Je vais rester ici encore un petit peu pour aider les autres, elles vont sûrement galérer comme toi ahah !

— Comment ça se fait que tu saches aussi bien mettre l'uniforme ?

— Mon père travaille dans la Garnison ! Il m'a montré comment faire ! »

Céleste esquissa un sourire, attrapa sa veste et sortit du dortoir en disant au revoir à Charly.

Maintenant qu'elle était dehors, elle se décida à marcher. Elle voulait découvrir les alentours, profiter du calme encore présent pour ne penser à rien d'autre que sa curiosité. Et, peut-être qu'elle allait trouver un endroit où se poser, oublier tout ce qu'il se passait depuis ce matin.

Après tout, sa vie avait fait un grand virage, elle ne pouvait que stresser pour la suite des événements.

Céleste jeta son dévolu sur un petit coin dans les bois environnants. Elle restait à l'orée de cette presque forêt, visible de tous au cas où, mais restait dans son coin et laissait le temps passer. À cet instant, elle regrettait de ne pas avoir pris de livre et cette simple pensée lui rappela son quotidien.

Une question lui vint alors à l'esprit : comment allait Levi ? Est-ce que dans trois ans, il allait être toujours là et lui montrer ce qu'il savait à propos de l'armée ? Il lui avait dit qu'il la soutiendrait mais était-ce vrai ? Et puis, serait-il heureux de la voir ? Il avait dit que c'était lui qui viendrait la voir et, finalement, elle s'en était allée. Peut-être qu'il allait se fâcher après elle et son comportement égoïste... Non ! Ce n'était pas son genre. Peu importe ses choix, elle savait qu'il finirait par les respecter. Tant qu'elle ne les regrettait pas.

Le temps passa au final bien plus vite que prévu. Céleste avait pris « plaisir » à regarder toutes les personnes qui passaient, les futurs soldats en uniforme qui commençaient déjà à se parler et se rencontrer.

Il fut alors bien vite l'heure d'aller sur le terrain dont l'instructeur avait parlé et, malgré la faim, la noiraude se dépêcha de suivre tout le monde.

Sur place, on les mit en rangées. Elle se retrouva au milieu de tout ce beau monde, perdue dans une foule d'inconnus. De là où elle était, elle ne voyait pas les cheveux roux de Charly et s'inquiétait de ne pas s'être rendue au bon endroit. Mais lorsqu'un homme en uniforme arriva et cria son nom et annonça à tout ce beau monde qu'ils étaient la 94ème brigade d'entraînements, un soupir de soulagement passa la barrière de ses lèvres. Elle n'était pas au mauvais endroit.

L'instructeur principal de leur promotion, Griffin, se dirigea vers la première ligne de recrues et hurla à tout le monde de faire le salut militaire. Dans un même mouvement, plus effrayés qu'autre chose, ils mirent tous leur poing sur leur cœur, attendant que quelque chose se passe.

Quand ceci fut fait, il se mit à marcher, le regard sévère.

Il allait et venait entre les nouvelles recrues, s'arrêtait souvent devant un adolescent tremblant et lui hurlait dessus, ordonnait qu'il révèle son nom dans les plus brefs délais, sans faillir ou vomir.

Il était passé devant elle, tient, l'avait toisé une seconde, sans rien dire de plus. Elle avait osé soutenir son regard, attendant qu'il crie mais rien ne venait. Elle qui pensait qu'elle serait comme tous les autres, agressée par cette voix forte, elle ne vit qu'un éclair mélancolique.

Est-ce que Griffin avait connu Claude ?

Cette question tourna en boucle dans sa tête, jusqu'à ce qu'elle se retrouve assise le soir même devant une infâme nourriture, sur un banc peu confortable. Les autres discutaient bruyamment, se liaient déjà d'amitié et elle ne comprenait pas comment ils faisaient. Y avait-il une solution miracle ? Un tour de passe-passe qu'on ne lui avait jamais révélé ? Après tout, ses seuls camarades se résumaient à sa famille et un grincheux, elle ne savait pas vraiment comment faire.

Soudain, on se plaça en face d'elle et une main se tendit devant ses yeux, presque trop brusquement pour elle.

« Qu'est-ce que...

— Quelle surprise de te trouver ici, j'ai la nette impression que nous allons devenir les meilleures amies du monde ! »

Céleste pouffa, amusée devant cet air presque trop jovial pour être honnête.

« Ce n'était pas déjà le cas ?

— On ne sait jamais, peut-être que tu as oublié. »

Ironiquement, la seule personne qui avait osé lui parler la connaissait depuis l'enfance. D'ailleurs, que faisait-elle là ? Déjà qu'elle avait disparu depuis de nombreux mois, Céleste était étonnée de la retrouver ici. Enfin... Elle était plutôt rassurée de la savoir en bonne santé, même si c'était pour se retrouver ici. Les questions, la noiraude les réservaient pour plus tard.

Elles se faisaient désormais face, se regardant droit dans les yeux, attendant de savoir qui allait parler en premier. Mais rien ne venait, elles ne faisaient que se scruter.

« Qu'est-ce que tu fais là ? J'ai fini par m'inquiéter...

— Écoute, je te pose pas de questions par rapport à ta présence ici et toi non plus ?

— D'accord. »

Elles n'avaient aucun secrets l'une pour l'autre, depuis des années, mais quand il fallait garder quelque chose, elles savaient rester discrètes. Céleste avait bien compris que Becca n'était pas là pour le plaisir et que si elle l'avait fait, c'était lié à ces mois sans réponse à ses lettres. Et de l'autre côté, la noiraude se doutait bien que son amie de toujours était là pour une unique raison. Elle se disait uniquement qu'elle avait agi sur le plus grand coup de tête de sa vie et qu'elle devait maintenant le regretter. Surtout quand se trouvait devant elles leur nouvelle nourriture.

« Tu suis les traces de Claude ?

— Toi aussi, j'imagine... »

L'adolescente soupira, plongea sa cuillère en bois dans l'étrange bouillie dans son assiette. Elle devait déjà penser à ses problèmes avant de s'occuper de ceux de son amie rongée par la colère. Allait-elle au Bataillon d'Exploration pour se faire tuer ? Pour détruire le monde ? Se venger d'allez savoir quoi. Et puis, à quoi bon se demander alors que Becca elle-même ne savait pas pourquoi elle voulait aller dans ce corps d'armée.

« Dis-moi, dans toute cette bande, qui viendra avec nous chez les explorateurs fous ?

— Moi je dis que le petit là-bas qui crie dans tous les sens. »

Elles pouffèrent en même temps, se détendant légèrement. Elles faisaient dès maintenant le plein d'énergie, ne serait-ce que pour pouvoir survivre à ces trois futures années. Rien qu'à l'idée qu'elles allaient devoir passer des heures à courir le lendemain, elles étaient fatiguées d'avance. Becca et Céleste n'avaient sûrement jamais fait de sport de toute leur vie, la future épreuve semblait déjà extrêmement compliquée.

Et ce fut le cas.

et c'est reparti pour un tour !

fini cassandre, place à becca, j'espère qu'elle vous a manqué !

on commence déjà à voir quelques soldats qui réapparaîtront peut-être plus tard et ça, c'est beau

et non, le « petit là-bas qui crie dans tous les sens » n'est pas eren, il est (légèrement) plus con et c'est ça qui est fun

j'espère que vous avez bien aimé ce premier chapitre de cette partie II, j'ai hâte de vous sortir la suite :D

place à l'armée (et aux expéditions que j'ai détesté écrire)

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