ㅤ📃 CHAPITRE 17
Le temps passa, l’été arriva, s’écoula en silence. L’automne faisait déjà son entrée, soufflait son vent froid, soulevait les feuilles.
Et les Fosten se retrouvaient toujours, toutes les deux semaines. Cela faisait, en réalité, un moment qu’ils n’avaient pas été tous les quatre ensemble ; Cassandre et Claude avaient compris que Céleste et Levi ne passeraient pas leur temps avec eux et ils semblaient s’en contenter. Au moins, ils pouvaient rester tous les deux, parler d’allez savoir quoi, se promener dans les champs.
Il arrivait, de temps en temps, qu’ils ne se voient pas. C’était soit parce qu’ils avaient des entraînements auxquels ils ne pouvaient échapper, soit car il y avait une expédition. Dans ces moments-là, Céleste espérait que les deux soldats reviennent en vie de leur sortie sanglante, s’en sortent sans trop de blessures.
Avec le temps, elle avait fini par pardonner Claude et son départ. Mieux, elle lui écrivait de temps en temps, lui racontait quelques histoires qui devait le faire sourire. Mais ce n’était pas à lui qu’elle communiquait le plus.
En effet, la première fois que la noiraude avait offert du thé à Levi, elle lui avait glissé un mot pour qu’il utilise les feuilles au mieux. La seconde fois, c’était pour lui raconter une petite histoire qu’elle avait trouvé drôle et qu’elle avait voulu lui partager. À leur rencontre suivante, il lui annonça que son court récit avait été amusant et elle lui avait annoncé qu’elle pouvait lui envoyer d’autres de ses histoires par lettres, ce qu’il avait accepté en hochant simplement de la tête.
C’est ainsi qu’ils commencèrent à s’échanger des lettres, qui furent bien vite dépourvues de ce que Céleste avait promis. Non, c’étaient plutôt des discussions sur leurs quotidiens, des plaintes à propos des frères Fosten, d’autres banalités qui faisaient sourire la noiraude bien plus que ce qu’elle n’aurait imaginé. Non, jamais elle ne se serait doutée que le soldat arriverait à la faire attendre presque impatiemment un échange à propos de leurs vies de tous les jours. Non, il n’y avait en réalité rien d’intéressant à connaitre la vie de Levi, à savoir qu’il s’était battu pour que le dortoir où il était soit nettoyé correctement.
Peut-être, en réalité, qu’elle était heureuse de recevoir son courrier car celui de Becca se faisait presque inexistant et que celui de Connor ne parlait désormais que de mariage.
Au moins, en discutant avec Levi, Céleste avait l’impression d’être à ses côtés, de découvrir un petit peu plus son personnage, qui il était en dehors de leurs rencontres. Et cela la faisait sourire de voir qu’il était encore plus désagréable dans la vie de tous les jours, qu’elle avait le presque privilège qu’il ne l’agresse pas lorsqu’il lui parlait.
Cela lui faisait aussi oublier les préparations des fiançailles, les moyens mis en place par Charles-Henry pour que ses enfants soient mariés le plus vite possible. Sa priorité demeurait Cassandre, le plus vieux et important des deux, mais il n’oubliait pas Céleste. Il attendait sa majorité et le mariage de son fils pour enfin s’occuper de son cas.
Et ça, elle le savait parfaitement. Elle s’en plaignait un petit peu à Levi, se permettait uniquement avec lui de chouiner sur son sort, était reconnaissante qu’il l’écoute sans rechigner.
Cette fois encore, les deux noirauds s’étaient retrouvés seuls dans la résidence secondaire, les frères Fosten étant sortis se promener en forêt. Ils s’étaient installés sur les escaliers, chacun occupé à lire un livre, une gourde de thé entre eux. Le silence s’était installé entre eux après que la presqu’adulte ait râlé pendant plusieurs minutes et ils profitaient de leur tranquillité habituelle.
Seulement, leur paisibilité fut stoppé lorsqu’un éclair frappa dans le ciel. Aucun des deux n’avait peur des orages mais ce que celui-ci annonçait inquiétait la noiraude.
« Merde, ils vont avoir du mal à rentrer s’il commence à pleuvoir comme vache qui pisse.
— Le cheval de Cassandre a peur des orages, ils vont devoir s’abriter va savoir où et pour combien de temps…
— Vous devez rentrer à quelle heure, avec ton frère ?
— Avant la tombée de la nuit. Tu me diras, avec le temps qu’il fait, ça risque d’être compliqué…
— Ton père ne va pas vous emmerder ?
— Tu sais, il a beau être borné, il sait qu’il ne peut rien faire face à la pluie. Et si Cassandre ou moi tombons malade, je sais que ça l’embêtera plus que si nous rentrons en retard.
— Alors attendons tes frères. »
Céleste, en réalité, aurait pu rentrer si le servant qui les chaperonnait à chaque fois était dans les parages. Mais ce dernier avait pris l’habitude de partir vaquer à ses occupations et de ne rejoindre la fratrie que sur le retour, pour donner l’air qu’il ne les avait pas quitté d’une semelle. Ainsi, la noiraude s’était plusieurs fois retrouvée seule ici avec Levi et si ça ne la dérangeait absolument pas habituellement, elle était bien embêtée aujourd’hui.
Sans servant, elle ne pouvait pas rentrer comme si de rien n’était, elle devait être accompagnée de quelqu’un. Surtout qu’elle était fiancée, maintenant. Certes, elle était seule dans une maison « abandonnée » avec un homme mais cela ne comptait pas. Seul le regard de son père avait de l’importance, le reste n’était rien.
« Il va faire sombre et froid. Autant repartir vers le salon, en bas, il doit y avoir de quoi nous réchauffer.
— J’ai un doute, ça fait un moment que la cheminée n’a pas été utilisée et qu’il n’y a plus de bois ici-bas.
— C’est vrai. Qu’est-ce que tu veux faire, alors ?
— Je ne sais pas. »
Les deux noirauds descendirent alors tout de même dans le fameux salon, en se disant qu’ils verraient tout de suite arriver Cassandre et Claude.
Céleste espérait qu’ils arrivent assez rapidement et que tout aille bien pour eux sur le retour, ce n’était pas le moment d’avoir un accident.
Levi et elle s’installèrent sur les dernières marches des escaliers et profitèrent de ce qu’il restait de lumière pour continuer leur lecture. Malheureusement, plus le temps passait et plus le ciel s’assombrissait. Finalement, il fut impossible de continuer à lire et la demoiselle comprit que rentrer chez elle serait difficile avec un tel temps. Elle le voyait bien, l’orage était déchaîné et le vent sifflait contre les fenêtres heureusement fermées.
Il demeurait tout de même un courant d’air qui sifflait sur les jambes des deux, les faisant frissonner de froid.
« Quel temps de merde. Il n’y a pas de quoi se couvrir, ici ?
— Peut-être mais j’ai peur de l’état des couvertures… Avec un peu de chance, on peut en trouver une qui tienne la route…
— Écoute, essaye de trouver quelque chose, je vais tenter de trouver des allumettes, on ne voit plus rien ici. »
Ils se séparèrent ainsi quelques minutes et lorsqu’ils se retrouvèrent, ils avaient tous les deux trouvés leur bonheur. Levi accepta de poser sur ses jambes la couverture que Céleste lui avait dégotée et il remarqua d’ailleurs qu’elle lui avait donné celle qui semblait la plus propre. Ce détail le toucha, alors qu’elle se dirigeait vers l’une des fenêtres pour tenter de voir quelque chose.
Où étaient les garçons ?
« Honnêtement, vu le temps qu’il fait, ils ne seront pas ici avant une ou deux heures. Le mieux est de les attendre.
— Heureusement qu’on a de la lumière, on va pouvoir lire et discuter tranquillement ! »
Malgré l’inquiétude, la jeune fille gardait un sourire optimiste. Elle ne voulait pas trop s’inquiéter pour ses aînés, ils allaient s’en sortir, elle le savait parfaitement.
Comme annoncé, Levi et Céleste passèrent le temps suivant à continuer leurs livres. Le temps passa bien plus que prévu et le soldat remarqua bien vite, malgré l’orage qui grondait toujours, que la nuit s’était imposée depuis un moment.
« Céleste, il est quelle… »
Le noiraud se tourna vers la jeune fille tout en posant sa question.
« … heure. »
Mais il comprit qu’elle n’allait pas lui répondre lorsqu’il vit sa tête posée sur la rambarde des escaliers, son livre encore ouvert sur ses jambes. La noiraude s’était endormie assise, n’avait même pas pris le temps de finir sa lecture. Levi soupira, hésita à réveiller la noiraude avant de la tirer vers elle ; vu la position dans laquelle elle dormait, c’est-à-dire son cou tordu dans un angle intéressant, il se doutait qu’elle allait finir avec des douleurs inutiles. Alors, même si ce n’était pas nécessaire, il posa sa tête sur son épaule, lui servit d’accoudoir pour qu’elle soit un peu plus à l’aise.
Bras croisés sur sa poitrine, il attendit ainsi que Claude et Cassandre rentrent.
Cela arriva un certain temps après et le soldat ne fut pas surpris de voir les deux jeunes hommes complètement trempés. Derrière eux, le fameux servant qui devait les avoir retrouvés en chemin.
« Elle dort ?
— À ton avis. »
Levi n’avait pas voulu parler agressivement à Cassandre, il n’avait rien demandé et s’était pris une douche froide vu l’état de ses vêtements, mais il n’avait pas apprécié le ton qui avait été employé, la méfiance dans son regard. Qu’est-ce qu’il s’imaginait ? Déjà que Claude lui avait fait des remarques sur sa proximité avec la demoiselle, il n’avait pas envie que lui aussi se fasse des idées à son propos et croit qu’il était attiré par elle.
Certes, elle était jolie, avait du répondant et son esprit était intéressant, mais Levi savait où était sa place et ce n’était pas celle-là.
Cassandre récupéra sa sœur sans dommages et la garda près de lui sur le retour. Fort heureusement, il avait arrêté de pleuvoir et la fratrie Fosten put rentrer sans d'autres problèmes, bien qu’entourée par la nuit noire.
Claude et Levi restèrent derrière quelques minutes. Le noiraud voulait laisser à son camarade le temps de souffler et de se remettre de sa soirée passée sous la pluie. Mais il regretta au final de lui avoir laissé de l’espace puisque celui-ci lui parla en boucle.
« Et du coup, vous avez fait quoi ?
— On a lu.
— C’est tout ?
— Qu’est-ce que tu veux qu’il y ai d’autres, Claude ? On vous a attendu, elle s’est endormie, j’ai veillé. Voilà. Je ne sais pas ce que tu espères en m’accablant de questions, en me demandant en boucle ce que je fais avec ta sœur mais il faut que tu comprennes qu’il n’y a rien entre nous et qu’il n’y aura jamais rien.
— Je suis curieux, c’est tout. »
Oh, Levi se doutait bien ce que voulait dire cette curiosité. Mais il s’en moquait.
Même s’il pouvait aimer Céleste, ce qui n’était pas le cas, il n’en avait pas le droit. La garder comme amie était suffisant.
vous vous rappelez quand je disais que j'adorais ce duo ? bah je vous le redis ;
céleste qui dort sur l'épaule de levi ?? qui l'aurait cru ?? (je vous réserve encore plus et vous n'allez pas m'en empêcher) ;
claude qui fait des sous-entendus ? oui, totalement et je n'ai honte de rien ;
honnêtement savoir que les deux ne font rien à part lire et boire du thé, c'est incroyable ;
j'espère que ce chapitre vous a plu ! on continue sur le "filler" mais ça fait du bien, profitez en, c'est un conseil
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