ㅤ📃 CHAPITRE 15
Faire confiance avait très certainement été la bonne solution. Même si cela voulait dire que les évènements s'enchaînèrent à une vitesse incroyable, que Céleste finit par ne plus rien réellement comprendre.
Le groupe de soldats s'était installé dans une sorte d'ancien fort près d'une falaise. Bien plus isolé, il semblait avoir été utilisé à l'époque pour garder des prisonniers et l'instructrice s'était rendu compte avec une certaine amertume que les cellules présentes n'allaient pas être décoratives.
C'était, à ses yeux, un plan beaucoup trop ambitieux pour qu'il ne marche réellement. Pourtant, elle n'avait rien dit lorsque Levi avait annoncé qu'il avait passé un marché avec Dimo Reeves, comptait « livrer » Eren et Historia contre son aide.
Les autres n'eurent pas réellement le temps de digérer cette information ; à peine le caporal eut-il finit d'expliquer ce qu'il s'était passé qu'il annonça directement après qu'ils devaient récupérer un colis. Enfin, Céleste se rendit bien vite compte qu'il ressemblait assez fortement à deux hommes des Brigades Spéciales quand elle accompagna Levi et Hanji sous l'orage.
Qu'est-ce qu'ils avaient en tête ?
Elle ne voulait pas savoir, en réalité. Quelque chose à l'arrière de sa tête lui disait que ce n'était ni moral, ni bienveillant. Et elle maudit Becca quand elle posa la question. Le simple « on veut des réponses, on agit » que le vétéran prononça la secoua. Il n'y avait aucune lueur mauvaise dans ses yeux mais elle avait compris ce qui allait bientôt se passer.
Très vite, les deux soldads disparurent avec leurs prisonniers, laissèrent seuls les autres dans une pièce à peine éclairée ; ce qui restait de l'escouade de læ scientifique était parti monter la garde, avait confié les adolescents aux deux noiraudes.
Assises près de la seule table, elles n'osaient pas se regarder. Ce silence de mort pouvait éclater à n'importe quel moment, être remplacé par ce que tout le monde redoutait. Fallait-il réellement en arriver là ? Céleste n'en était pas convaincue. Elle aurait aimé que les choses soient différentes, que l'on puisse passer par d'autres chemins et...
« Ils n'ont pas hésité avec le révérend. Ils font toujours tout pour avoir ce qu'ils veulent. C'est notre tour.
— Au point de nous mettre à leur niveau ?
— On se bat à armes égales. »
Becca n'avait pas tort. Mais ça n'empêchait pas le faire que l'instructrice regrettait qu'ils en soient arrivés à de telles mesures.
Soudain, un long cri de douleur se fit entendre. Tout le monde sursauta brusquement, attendit un autre son. Ce dernier ne se fit pas attendre et très vite la pièce fut remplie des hurlements d'un des prisonniers.
« Ils ont commencé. »
La voix de Jean couvrait à peine ce qu'il se déroulait au sous-sol. Le visage dans la paume de sa main, il tremblait légèrement. Le pauvre n'avait pas eu le temps de se reposer et après son enlèvement alors qu'il servait de doublure, il devait être épuisé.
« Et moi qui croyais que nous affrontions les titans... Je ne sais même plus qui est notre ennemi, maintenant. Mais qu'est-ce qu'on fait là ? »
Cette question, tout le monde se l'était posée. Depuis quand l'ennemi n'était plus les monstres dehors mais les hommes ici ? Ce n'était peut-être pas si étonnant quand on savait que certains pouvaient désormais se transformer en ces créatures... Et puis, ce n'était pas le Bataillon qui avait lancé les hostilités en premier ; ce n'était qu'un simple retour de flamme qu'on subissait malgré tout.
« Nous fomentons un coup d'état. Rien qu'à partir de cette idée-là, il fallait comprendre que nous allions nous retourner contre d'autres humains. »
Le souffle qu'avait poussé Céleste calma un instant les tremblements de Jean. Et les siens, d'ailleurs. Parce qu'à cet instant précis, au moment même où elle annonça ce qu'ils savaient pourtant tous... Elle comprit pourquoi Erwin avait insisté pour qu'elle reste. Oh, elle s'en était doutée, s'était seulement laissé faire parce qu'elle n'avait rien d'autre mais maintenant, tout était limpide.
Pourquoi il fallait renouer le contact avec Cassandre, lui suggérer de mettre ses affaires en ordre, préparer un terrain de contacts de confiance. Si le Major voulait renverser l'ordre actuel, il allait avoir besoin d'une base solide, de nouvelles ficelles à tirer ; et la famille Fosten était bien placée pour l'y aider. Seulement, il fallait attendre un quelque chose qui puisse faire tenir le tout, rendre cette affaire la plus légitime possible.
« N'empêche, nous sommes maintenant des criminels. Que se passera-t-il si nous échouons ?
— Nous serons tous pendus sur la place publique, Sasha. Ni plus, ni moins. »
Est-ce que le jeu en valait réellement la chandelle ?
« C'est parce que nous essayons de changer un système en place depuis plus de cent ans. Notre plan est sans précédent... Mais comment arriverons-nous à rallier le peuple à notre cause ? Nous pourrions nous servir des attaques répétées des titans à notre avantage : si nous parvenons à blâmer le gouvernement pour ça, ça pourrait marcher. »
Armin s'était exprimé soudainement, le regard malgré tout rivé sur le bois de la table. Son intervention intrigua tout le monde et même Becca qui s'était avachie sur sa chaise s'était redressée pour mieux l'écouter.
« Le seul problème est que cela mettrait le peuple en danger et que des vies seraient perdues. J'imagine que nous n'avons pas le choix cependant, si c'est pour le bien de l'humanité... Après, nous pouvons aussi provoquer un accident et rejeter la faute sur la monarchie ou les Brigades Spéciales. Le Bataillon d'Exploration serait alors vu comme les sauveurs. Je suis sûr qu'il serait facile de tromper tout le monde... »
Dans le regard froid du blond, l'instructrice ne voyait qu'Erwin et sa capacité à faire de grands sacrifices pour le bien de tous. Pour atteindre ses objectifs. Cette idée la terrifia. Heureusement, elle ne semblait pas être la seule puisque tout le monde se raidit en entendant l'adolescent parler. Lorsque ce dernier remarqua les visages choqués de ses camarades, il ne put s'empêcher de souffler un « je plaisante » crispé.
« Tu sais, tu es vraiment bizarre depuis ce qu'il t'est arrivé avec ce pervers.
— Non, Armin a toujours été doué pour improviser des plans lugubres.
— Je ne me rappelle pas l'avoir élevé comme ça. »
La remarque de Mikasa détendit légèrement tout le monde. C'était très certainement la première fois qu'elle s'exprimait et le fait qu'elle tente une pointe d'humour était le bienvenu. Ça permettait au moins d'oublier les cris qui se faisaient encore entendre...
« Mais... Nous sommes déjà des criminels. Notre ennemi actuel n'est pas quelqu'un que nous devons tuer pour éviter qu'il ne nous dévore. Ce sont nos ennemis car nos idées sont différentes ou bien parce qu'ils appartiennent à un autre corps d'armée que nous. À partir de maintenant, nous devrons peut-être tuer quelqu'un juste pour ça... Nous ne sommes plus de bonnes personnes, désormais. »
Cela faisait un moment que les deux adultes ici ne se considéraient plus comme de bonnes personnes. Et elles savaient que la grande majorité des adolescents présents pensaient pareil. Mais l'affirmer à voix haute, c'était différent.
« Même si nous ne tuons pas, nous manipulons, nous mentons, nous jouons. Nous faisons tout pour survivre, même si cela veut dire faire mal à quelqu'un... Le plus important, c'est de faire entendre sa voix et agir. Se battre. Nous vivons dans un monde où la moindre erreur peut être fatale et où, aujourd'hui, il faut montrer les dents. Ce n'est pas agréable, je sais, mais c'est comme ça. La seule chose que je peux vous dire, c'est que vous devez rester fidèle envers qui vous êtes. »
Becca avait parlé d'une voix lente tout en regardant à tour de rôle les adolescents. Que pouvait-elle dire d'autre ? Elle ne voulait pas les rassurer, seulement énoncer ce qu'elle pensait. Perdue, elle se tourna vers Céleste. En la voyant simplement hocher sa tête de haut en bas, elle fut rassurée ; elle n'avait pas dit n'importe quoi.
« Après, vous devez garder à l'esprit que vous allez très certainement devoir vous salir les mains. Je sais que cette idée n'est pas reluisante et si on pouvait ne pas arriver à de telles extrémités, on le ferait. Je ne peux pas vous dire que ça n'arrivera pas car je suis au même stade que vous... Seulement, vous pouvez être certains que nous ferons en sorte de vous alléger. Enfin, moi je dis ça pour moi, je ne sais pas du tout ce qu'en pensent les autres ! J'imagine quand même que votre instructrice favorite vous protégera mais-
— Peut-être, oui. J'ai appris à ces gamins à faire confiance à leurs supérieurs. Et aussi à leur bon sens. On ne sera pas toujours là pour vous secourir mais tant qu'on le pourra, on le fera.
— C'est donc pour ça que tu es là. Pour leur sauver les miches.
— Ça serait pratique, n'est-ce pas. »
Céleste souffla du nez en voyant Eren lever les yeux au ciel. Personne n'était réellement dupe, l'instructrice n'étaient pas présente parce qu'elle allait les sauver d'une mort certaine. Elle l'était parce que c'était une figure de confiance, qu'ils pouvaient plus aisément se reposer sur elle, se sentir en sécurité. Parce qu'ils avaient besoin d'une stabilité, même minime, qu'elle les connaissait assez.
Et tout simplement parce que le Major lui avait accordé sa confiance, qu'elle n'était pas là pour rien mais pour remplir un autre but. Que si elle était ici, c'était surtout pour l'éloigner des autres soldats et pouvoir l'avoir à portée de main le plus rapidement possible.
Malgré l' « interrogatoire » qui avait toujours lieu au sous-sol, les deux noiraudes envoyèrent les adolescents dormir. Ils devaient se reposer un minimum, ne serait-ce que pour rattraper le manque de sommeil des jours derniers. Et c'était aussi en prévision des prochains qui s'annonçaient déjà mouvementés.
Lorsque les deux noiraudes furent seules, elles ne surent quoi dire. Les autres membres de l'escouade de Hanji était soit en bas avec ellui et Levi, soit en train de monter la garde à l'étage. Finalement, Becca décida de retrouver saon cheff d'escouade alors que Céleste prenait les escaliers pour retrouver les autres.
Sur le chemin, elle tomba nez à nez avec Kris. L'adolescent la regarda de longues secondes avant de soupirer ; le sommeil ne venait pas et il voulait voir la noiraude pour lui parler.
« Quand est-ce que tu rentres ?
— Quoi ?
— Pourquoi est-ce que tu es encore ici ? Ça n'a pas de sens. Lahssen doit se faire un sang d'encre et même... Tu n'as rien à faire là. Tu pourrais te faire tuer.
— Tout comme toi.
— C'est mon travail.
— Et le mien. Je suis présente parce qu'on a besoin de moi, parce qu'Erwin me l'a demandé et qu'il faut qu'il m'ait à portée. Je le suis aussi parce que tu es là.
— Je ne veux pas que tu risques ta vie à cause d'une promesse, 'Leste.
— J'ai promis à ta mère de prendre soin de toi jusqu'à ce que tu rentres dans le Bataillon d'Exploration. C'est chose faite. C'est une promesse envers moi-même que je tente de tenir, aujourd'hui. Je tiens à toi en tant que personne, Kris. Je sais que tu aimerais que je pose les armes et reste tranquille... Je peux t'assurer que je le ferai quand cette histoire de coup d'état sera terminée. »
Un instant, le soldat la regarda sans rien dire. Est-ce qu'elle faisait référence à ce qu'il s'était passé deux ans plus tôt ? Dans tous les cas, ses paroles le rassuraient et il finit par poser sa tête sur l'épaule de Céleste.
les choses s'enchaînent, les idées se mêlent ; le mystère de pourquoi cassandre a été contacté n'est plus et vous savez tout autant que moi qu'il va être plus utile que prévu ;
levi et hanji s'amusent avec leur prisonnier qui va bientôt leur faire des révélations très intéressantes alors que les autres attendent patiemment que tout se passe... ;
pour le moment, céleste (et becca) ont une position très passive mais ça va bientôt changer ;
en attendant, nous savons toustes que le prochain chapitre sera riche en révélations !
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