ㅤ📃 CHAPITRE 56

« Cæl,

J'espère que cette lettre te trouve en bonne santé et que tes journées sont agréables.

Comme tu dois le savoir, Sa Majesté la reine organise une rencontre à la fin de la semaine. Cela sera le moment idéal pour l'introduire réellement dans la société noble mais aussi mettre toutes les maisons au même niveau à propos des récents événements.

En cette occasion, il me sera « demandé » de me présenter réellement en tant que nouveau guide de notre famille. Je souhaite, cependant, faire cette intronisation avec toi à mes côtés. Tu es ma sœur et tu as tout autant ta place que moi en tant que chef des Fosten.

Si cela te convient, car tu n'es aucunement obligée d'accepter, viens à la maison le matin du bal. Nous aurons ainsi tout le temps de nous préparer, de nous retrouver et de discuter. Cela me ferait grandement plaisir de t'avoir à mes côtés et j'espère de tout cœur que cela te ferait tout autant plaisir.

D'ailleurs, cela me permettrait aussi d'enfin te présenter mes enfants et je pense que rien que cet argument est suffisant pour que tu viennes à la maison le plus tôt possible. Ils ont tous les trois hâte de te rencontrer et Serena est plus qu'impatiente de te revoir.

Tu n'es pas obligée de me répondre, sache que ta chambre sera préparée quoi qu'il arrive pour toi et que tu seras, éternellement, la bienvenue parmi nous.

Je t'embrasse et te dis à très vite,

Sandre.

PS : J'ai vu Levi il y a deux jours, il m'a posé des questions à propos de Connor et de père. Ne t'inquiète pas à ce propos, Céleste, tout est sous contrôle, tu n'as rien à craindre. »

Cette lettre, Céleste l'avait lue la veille. Elle avait profité d'une après-midi d'accalmie pour rapidement rentrer chez-elle récupérer les vêtements qu'elle avait porté à la soirée de son père, était restée un moment pour passer un petit temps avec Lahssen qui ne travaillait pas ce jour-là, avait récupéré dans la foulée ce que son frère lui avait envoyé.

Sans l'ombre d'un doute, elle avait accepté cette invitation, faisait d'ailleurs ses « affaires » pour aller le retrouver. Certes, le bal n'était que le lendemain mais elle avait envie de passer la soirée avec sa famille et... Ah, ici, elle étouffait un peu, il fallait le dire.

Les journées se ressemblaient peut-être un peu trop et peu importe ce qu'elle faisait, elle avait toujours l'impression d'être « surveillée », de ne pas être totalement seule. Elle savait que ça avait un rapport direct avec la situation actuelle mais le fait qu'elle puisse sortir et changer totalement de décor lui convenait parfaitement.

Bien sûr, il avait fallu s'arranger avec Erwin pour qu'elle puisse partir et ce dernier accepta à condition qu'elle s'en aille après les entraînements. Puisque la journée où le bal allait avoir lieu était de base une journée de repos, elle était libre de faire ce qu'elle voulait.

Ainsi, la noiraude avait passé l'après-midi dans le bois avec ses anciens élèves, les avait regardés maîtriser de plus en plus leur lance foudroyante, les avait félicités pour les progrès fulgurants. De toute manière, ce n'était pas très étonnant venant d'eux, ils étaient tout sauf incompétents.

Elle avait alors fait ses affaires l'esprit à peu près serein, contente des efforts des adolescents. Ils savaient que leur rôle dans cette expédition allait être plus que grand alors ils mettaient constamment les bouchées doubles, s'entraînaient d'arrache-pied, se plaignaient un petit peu moins que d'habitude.

Céleste était partie dès qu'elle en avait eu l'occasion ; après un « à demain » lâché rapidement à Becca puis Levi, elle avait attrapé son cheval, avait galopé jusqu'à la maison qui était maintenant celle de Cassandre.

Il n'y avait plus de « la maison de père », « la maison d'enfance » ou quoi que ce soit du genre ; c'était la demeure de son frère, à lui seul, et ça changeait toute la vision qu'elle pouvait avoir sur cette grande bâtisse.

Le temps d'arriver à destination, la nuit était déjà en train de tomber et Céleste arriva devant la porte d'entrée sans vraiment savoir quoi faire. Sa monture était juste derrière, attendait patiemment la suite et elle n'osait même pas toquer.

Finalement, elle resta bien une bonne minute debout avant de taper deux coups secs. Plusieurs secondes passèrent avant que des pas rapides ne se fassent entendre ; lorsque la porte s'ouvrit, Céleste fronça ses sourcils lorsqu'un petit garçon se présenta à elle.

Tout aussi confus qu'elle, il la fixa en silence avant de se mettre à sourire de toutes ses dents.

Presque aussitôt, l'instructrice se dit que cet enfant avait hérité du sourire de son père et son cœur se réchauffa.

« Ceos ! Combien de fois je t'ai dit de- Céleste ! »

Serena était arrivée en courant, visiblement « habituée » au fait que son fils ouvre la porte sans attendre. Mais son agacement disparut à l'instant où elle vit la noiraude au seuil.

« Cassandre m'a dit de venir demain mais je pouvais arriver dès ce soir alors me voilà. J'espère que ça ne dérange pas.

— Absolument pas, c'est un plaisir. Viens, entre, entre. Tu as mangé ?

— Du tout.

— Parfait, on allait se mettre à table.

— Ah, attends, j'ai mon cheval dehors, j'en fait quoi ?

— Je vais demander à quelqu'un de l'emmener à l'écurie, ne t'en fais pas. Et toi ! Petit malin, j'en ai assez de te voir ouvrir la porte sans permission ! »

Le garçon s'enfuit presque aussitôt en voyant sa mère bondir à moitié vers lui, son amusement caché derrière un masque autoritaire. Lorsque les deux femmes furent seules, la blonde se mit à soupirer.

« Je te jure, des fois il me rend chèvre.

— C'est votre grand, c'est ça ?

— Exact. Les filles sont, elles, à table.

— Il me fait penser à Claude.

— Cassandre me dit la même chose ! Ils ont la même énergie inépuisable selon lui. C'est sûr que je préfère ça à un enfant triste mais il y a des jours où j'aimerai qu'il soit immobile. Ne serait-ce que pour ses cours.

— S'il est comme Claude, il finira par se poser, ne t'en fais pas.

— Je l'espère... Enfin, tu n'es pas là pour discuter enfants ! Tu peux poser tes affaires ici, on va les monter dans ta chambre. Tu as fait bonne route ? »

Après avoir laisser son sac et sa veste sur une chaise vers l'entrée, la noiraude suivit la désormais maîtresse de maison dans les couloirs avant d'entrer dans la salle à manger. Tout en discutant avec elle, elle croisa le regard de son frère qui avait l'air d'attendre impatiemment de pouvoir enfin manger. Quand il la vit, il se leva dans un bond rapide, se précipita presque vers sa sœur.

Céleste ouvrit légèrement ses bras avec un sourire et embrassa son aîné en pouffant alors qu'il la serrait contre lui avec force.

« On ne t'attendait pas avant demain !

— Si tu veux, je peux repartir.

— Oh, non, reste ! Qu'est-ce que ça me fait plaisir de te voir. Comment vas-tu ?

— Je vais bien, merci. Et toi ?

— Je suis plus qu'heureux. Ah, si tu savais comme ça me fait plaisir de te voir. »

Un instant, il regarda ses traits, inspecta son visage un peu plus fatigué que quand ils s'étaient quittés. Cependant, il ne fit aucune réflexion, se tourna plutôt vers les trois enfants (Ceos était vite venu s'asseoir à table en fuyant Serena), poussa un petit peu l'instructrice vers eux.

« Je vous présente Céleste Fosten, votre tante. Elle va rester avec nous jusqu'à demain soir, elle nous accompagne avec votre mère au bal de la reine. Cæl, je pense que tu as déjà vu mon grand mais pas les petites, Cassiopée et Calypso.

— C'est un plaisir. »

Ah, c'était plus « gênant » qu'elle ne l'aurait pensé. La femme avait plus l'habitude des adolescents, de la répartie soudaine de Kris, elle n'avait que trop peu fréquenté d'enfants, surtout aussi jeunes. Est-ce qu'elle était vraiment à sa place, ici ?

Lorsque Calypso, seule blonde de cette fratrie aux cheveux de jais, se leva de table pour s'approcher d'elle et lui tendre sa petite main en guise de salutations, elle se détendit. La noiraude se mit à son niveau, lui offrit une poignée de main rapide avant de sourire.

À peine l'enfant eut-elle attrapé Céleste qu'elle la tira vers la table. Tout en échangeant un regard intrigué à son frère, elle suivit sa nièce, finit par s'installer à côté d'elle alors qu'elle reprenait sa place sans rien ajouter de plus.

Serena s'installa en face d'elle, à la droite de Cassandre, et lorsqu'elle croisa le regard de la noiraude, elle se mit à sourire. Du bout des lèvres, elle se mit à murmurer, faisait tout pour que les enfants ne l'entendent pas.

« Elle t'a adoptée, ça y est. »

Si c'était réellement le cas, elle était plus que satisfaite ; l'instructrice ne pouvait pas rêver mieux.

Maintenant que tout le monde était installé, on put enfin se servir à manger. Pendant un temps, seul le bruit des couverts domina la salle mais Ceos mit un terme au silence en se tournant vers Céleste.

« C'est vrai que vous êtes soldate au Bataillon d'Exploration ?

— Jeune homme, ce n'est pas comme ça qu'on s'adresse à un adulte.

— Désolé...

— Ce n'est pas grave, Sandre. Si tu veux savoir, Ceos, je l'ai été, oui.

— Et plus maintenant ?

— Aujourd'hui, je suis instructrice aux Brigades d'Entrainement. Je travaille actuellement avec le Bataillon pour les aider sur un projet et... Mais c'est tout.

— Et c'est comment ? »

Il lui faisait trop penser à Claude. L'éclat dans ses yeux, cette curiosité soudaine, ce léger sourire qui pouvait s'étendre à tout moment. Céleste voyait du coin de l'œil son frère se tendre, commencer à ouvrir sa bouche pour mettre fin à la conversation.

« C'est ce que c'est. Mais ce n'est aucunement un lieu de rêve ou de merveille. Ne t'en fais pas, tu auras tout le temps du monde pour découvrir l'armée. Concentre-toi pour le moment sur ce que tu as ici. »

Le petit la regarda en silence, pas franchement convaincu par l'argumentaire. Mais il hocha malgré tout sa tête de haut en bas, reprit son dîner comme si de rien n'était.

Le reste du repas se passa bien plus tranquillement ; les jumelles, contrairement à leur aîné, étaient plus que calmes. Elles tentèrent, à la fin du dîner, d'entraîner Céleste avec elle dans leur chambre pour qu'elle joue avec elles mais Serena les arrêta, c'était bientôt l'heure de dormir. La noiraude promis alors aux deux petites de passer du temps avec elles le lendemain et elles s'enfuirent se coucher en rigolant.

Le temps que les trois enfants soient mis au lit par leurs parents, elle était restée dans le salon, regardait l'extérieur. La pleine lune dans le ciel éclairait légèrement le jardin, lui donnait une vision sur la terre qui avait accueilli tous ses jeux d'enfants.

« C'est bon, les monstres sont au lit. J'espère que tu ne t'es pas ennuyée.

— Absolument pas. D'ailleurs, où est mère ?

— Elle est allée chez les parents de Serena le temps qu'on s'installe ici. Elle va revenir demain.

— Elle va rester vivre ici ?

— C'est sa maison. Elle n'a nulle part d'autre où aller, ce serait cruel de la mettre à la porte.

— Que tu dises le contraire m'aurait étonnée. »

Cassandre souffla un coup avant de se mettre au niveau de sa sœur.

« Tu veux boire quelque chose ?

— Non, c'est bon pour moi.

— D'accord. »

Un instant, l'aîné sembla vouloir dire quelque chose. Il se retint malgré tout, laissa sa cadette s'interroger. Puis, tout en perdant son sourire, il parla enfin.

« Tuvas participer à l'expédition de reconquête, n'est-ce pas ? »

ptdrrr je sais pas écrire des enfants, je suis désolée pour ce carnage </3

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