ㅤ📃 CHAPITRE 41
« Ma tendre Cael,
C'est avec un bonheur certain que je lis ta lettre, tes aventures, que je comprends ce que tu deviens, qui tu deviens. Que j'apprends que tu as retrouvé Becca, t'es fait de nouveaux amis. Non. C'est un grand bonheur que j'éprouve. Te savoir aujourd'hui épanouie dans cette vie, heureuse dans ce quotidien qu'est le tient me comble. Car c'est tout ce que j'ai voulu et que je peux désormais voir que nous avons fait le bon choix.
Qu'en est-il de moi ? Qu'est-ce que je deviens ?
Que répondre à cette question. Que pourrai-je raconter ? Peu de choses, contrairement à toi, me sont arrivées durant ces trois années. Lorsqu'un quotidien s'installe chez nous, tu le sais, il reste longtemps. Même lorsque Charles-Henry n'est pas heureux.
Assurément, ton départ a créé quelques problèmes mais, tu me connais, j'ai tout arrangé. Enfin, de toute manière, il ne pouvait plus rien m'arriver donc il a bien fallu laisser couler. Et même si on a essayé de venir te chercher, tu es toujours dans l'armée donc ça ne s'est pas passé comme il le voulait.
Essayons de remonter le temps, veux-tu ?
J'ai revu de nombreuses fois Serena, depuis. Ah ! Je pourrais te parler d'elle tellement longtemps, si tu savais. Je pense être l'homme le plus chanceux du monde, ne serait-ce que par le fait que je sois avec elle. Je n'aurai jamais pu connaître femme plus admirable qu'elle et, si tu veux tout savoir, je pense que vous pourriez devenir d'excellentes amies.
C'est sûrement la femme la plus gentille que j'ai pu rencontrer, après toi. Tu me diras, « je ne suis pas gentille », mais je peux t'assurer que si. Et que cette femme t'égale presque. Jamais je n'ai pu douter de son affection ou me suis senti mal aimé à ses côtés et jamais je n'ai eu envie de renoncer à notre union, tant sa simple douceur me réchauffe le cœur. Te vanter sa beauté serait d'ailleurs idiot, je n'arriverai même pas à te décrire totalement, correctement, tout ce que je vois, ressens, quand mes yeux se posent sur elle. Outre tout cela, j'ai aujourd'hui à mes côtés une égale, une maîtresse qui pourrait gérer d'elle-même notre maison. Oh, elle a beau être la femme la plus bienveillante, elle n'en reste pas moins capable et directe.
Tu peux te moquer de moi, penser très fort que je suis devenu un homme complètement ramolli, qui ne pense désormais plus qu'à sa belle et rien d'autre. Je le suis peut-être, à vrai dire. Je pense que tu peux le comprendre, je n'ai jamais caché cette part de moi. J'espère chaque jour me réveiller et savoir que c'est celui où je vais la retrouver, pouvoir l'entendre à nouveau et discuter avec elle, jusqu'à en oublier tout ce qui a autour. Et combien de fois cela m'est-il arrivé ? D'être tant perdu dans nos retrouvailles que je finissais par ne même plus savoir comment je m'appelais...
Mais jamais Serena n'est arrivée t'occulter de mes pensées. Chaque jours, chaque heures, chaque minutes et secondes, je te garde en tête. Peut-être parce que j'ai peur de ne plus me souvenir de tes rires, ta voix, ta présence. Les murs de la maison ne portent aujourd'hui plus le bruit de nos courses, seulement de mes pas. Et cela fait bien longtemps que le piano n'a plus servi, abandonné dans une salle poussiéreuse. Ta chambre n'est plus, les quelques œuvres aussi. Il semblerait que père fasse tout pour t'effacer d'ici, faire comme si tu n'avais jamais été là.
Pourtant, tu demeures dans mon cœur. Constamment. Car si je ne me souviens pas de toi, tout cela n'aura servi à rien.
Toute l'affection que j'ai pour Serena et toute la rancune que j'ai pour père ne servent à rien si je ne les associe pas à toi. Car qu'est-ce qu'une vie si elle n'est pas faite avec ma petite sœur ? Si je ne peux pas réparer mes erreurs, arranger les choses, tenir ma promesse.
Je ne sais pas si demain tu voudras revenir à la maison, rentrer à mes côtés, mais je sais que j'œuvrerai pour que tu puisses le faire. Pour que si tu désires rebrousser chemin, tu aies les moyens de le faire, aucune crainte à avoir une porte de sortie.
Cette mission-là est d'autant plus ardue qu'aujourd'hui, j'organise mon mariage. À l'heure où j'écris cette lettre, nous sommes dans les derniers préparatifs. La cérémonie est annoncée pour bientôt, d'ici la fin du mois, et je ne sais pas si je dois être plus excité ou triste de le savoir.
Bien sûr, je suis l'homme le plus heureux du monde, de savoir que je vais enfin pouvoir vivre ma vie auprès de Serena, la voir tous les jours et rester à ses côtés. Mais ce bonheur est tout simplement entaché quand je sais que tu ne seras pas là pour le voir. Bien sûr, tu es officiellement invitée mais nous savons tous les deux que tu ne peux pas venir... On te refuserait l'entrée ou, pire !, t'empêcherai de repartir. Et ça, je ne peux pas.
Alors, je penserai à toi ce jour-là, prierai de tout mon cœur pour que tu ailles bien. Et vivrai pour nous deux.
Pour les autres nouvelles, sache que mère est guérie. Totalement, bien qu'elle soit encore un peu faible. Elle a été affectée par ton départ, oui, mais je sais qu'elle est soulagée que tu te sois enfuie. Peut-être savait-elle des choses que j'ignore encore aujourd'hui. Dans tous les cas, elle est retournée aux côtés de père, est désormais une deuxième mère pour ma tendre fiancée. C'est un petit étrange, de la voir aussi vivante, mais je préfère la savoir ainsi plutôt que malade et mourante dans son lit.
Il est un autre que j'aimerai dans cet état.
Comment répondre à ta lettre sans mentionner Connor ?
Je sais tes inquiétudes à son propos et je ne peux hélas t'assurer qu'il ne viendra pas à toi. Encore aujourd'hui, personne ne sait que tu t'es enrôlée dans l'armée, père garde le secret (plus par honte que pour te protéger, soyons d'accord). La rumeur raconte que tu es enfuie dans les bois et certains vicieux osent même chuchoter que tu t'en es allée avec un amant. Mais je sais que les Tinnend ne sont pas dupes et si les Brigades d'Entraînement t'offraient une certaine discrétion, tu finiras vite découverte en étant au Bataillon.
Il n'a pas vraiment changé mais on raconte bien des choses sur lui. Il paraît qu'il est comme son père, joueur et mesquin, mais qu'il a été grandement affecté par ta disparation. Je ne sais si c'est à cause d'un amour sincère ou par possessivité, même si tu connais déjà mon avis. Dans tous les cas, méfie-toi de cet homme.
Tout ce que je peux te dire, aussi, c'est qu'il te cherche. Il voudra sûrement te recontacter, vouloir renouer le contact avec toi. Prudence est mère de sûreté, tu le sais parfaitement. Reste sur tes gardes...
Dans d'autres circonstances, j'aurai pu te dire de faire de lui un allié, plutôt qu'un ennemi, mais est-ce vraiment possible ? Je te l'avoue, je n'ai pas envie que tu le fréquentes, que tu t'embarques dans une nouvelle histoire folle alors que je devais m'occuper de tout. Bien évidemment, tu restes maîtresse de tes actions mais je t'ai fait une promesse et je compte bien la tenir.
Malheureusement, il est difficile de savoir comment devenir le maître de la maison sans employer des moyens radicaux. Et je ne peux pas m'y soustraire. Malgré tout, il reste notre père et je refuse d'avoir son sang sur ses mains, sa mort sur ma conscience. Il faudrait alors le faire tomber d'une autre manière mais laquelle, sachant qu'il dispose d'un millier de ressources ?
J'ai bien des idées, des histoires sombres qui traînent dans notre famille depuis longtemps, mais nous savons tous les deux que c'est le genre d'enquête qui met du temps, surtout si je ne veux pas éveiller les soupçons. Surtout quand on sait que je vais bientôt devenir père.
Non, Serena n'est pas enceinte, rassure-toi. Je sais juste que ça n'arrivera pas dans quatre ans mais plutôt dans deux...
Enfin ! Que rajouter ? Contrairement à toi, je ne sais jamais vraiment quoi dire et j'ai toujours peur, en même temps, d'oublier des choses.
Je n'ose pas finir cette lettre mais je pense que je vais le faire. Alors, essayons de faire une conclusion digne de ce nom :
Céleste, rappelle-toi bien que peu de personnes sont aujourd'hui tes alliés. Tu peux faire aveuglément confiance à Becca et Levi, je sais qu'ils resteront à tes côtés. Ne la donne cependant pas à Connor, même si tu veux le rallier à ta cause. J'imagine que tu peux te reposer sur les membres de ton escouade mais reste sur tes gardes, s'il te plaît.
J'essaierai de te recontacter rapidement, de te revoir là où nous nous retrouvions avant avec Claude.
Et avant que j'oublie ! Même si tu ne pourras pas venir, je te donne tout de même un fairepart. Que tu saches malgré tout que tu es invitée à ce mariage, que je te garderai une place à mes côtés, que cela plaise ou non.
Aussi, tu retrouveras avec cette lettre bien moins conséquente que la tienne un présent. Rien de grandiose mais de quoi faire pour ton anniversaire qui est bientôt. Je me suis simplement dit que ça te ferait plaisir et je sais de source sûre que tu pourras l'utiliser là où tu es...
Je t'aime, petite sœur. Prends soin de toi et mange correctement.
Ton grand frère,
Sandre. »
Céleste regardait silencieusement les autres feuilles qui avaient été glissées dans cette enveloppe épaisse. Elle avait facilement reconnu les partitions que son frère lui avait envoyées, se rappelait vivement les moments où elles avaient été jouées.
Un sourire tendre s'était dessiné sur ses lèvres, alors qu'elle glissait dans ses affaires la lettre et le fairepart, gardant avec elle ce cadeau d'anniversaire un petit peu en avance. Cassandre pensait qu'il y avait un piano ici ? Alors elle allait le chercher et mettre à l'honneur ce cadeau.
Elle avait entendu des rumeurs sur une ancienne salle de musique, dans une aile du quartier général, mais pas grand monde ne semblait y aller vu qu'elle n'avait jamais trouvé les lieux. Mais si c'était le cas, elle se disait que ce serait un bon endroit pour passer du temps avec ses amis et, pourquoi pas, son escouade.
Cette mission, elle décida de la remettre à demain alors que Becca finissait de faire son lit pour s'y coucher. La journée avait déjà été riche en émotions et après une journée de cheval, la noiraude espérait elle aussi dormir. Elle souhaita une bonne nuit à son amie et s'en alla dans ses draps, la tête pleine des mots de Cassandre.
Tout allait bien se passer.
DES NOUVELLES DE CASSANDRE OMG (c'est pour toi Astre aha) ;
chapitre un petit peu "transitoire", vous verrez bientôt pourquoi ; dans tous les cas, ça fait plaisir de voir comment ça se passe du côté du frère, ça fait quand même un petit moment qu'on n'a pas entendu parler de lui ! (alors qu'il était, accessoirement, un personnage intéressant durant la partie I) ;
un de ces quatre, vous rencontrerez vraiment serena et vous verrez à quel point cette madame est une perle aha ; en tout cas, j'espère que vous avez bien tout noté de ce qui est mentionné dans cette lettre (wink wink) parce que...
bref je vous dis à vendredi tout le monde !
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