ㅤ📃 CHAPITRE 33
Les trois adultes discutèrent encore un moment. Puisqu'ils avaient tout abordé tout de suite, ils purent s'enfoncer dans les détails, préparer sans soucis tout ce qu'il y avait à faire. Si Cassandre s'occupait en priorité des dossiers sur les familles de la noblesse pour le grand nettoyage annoncé par Erwin, Céleste allait se pencher sur cette histoire de trafic. Toutes les informations qu'elle récupèrerait étaient bonnes et l'héritier Fosten allait ensuite les utiliser pour faire tomber Charles-Henry.
Sur le papier, elle n'avait que ça à faire. Mais elle savait parfaitement qu'elle allait devoir jouer sur un autre tableau ; son frère n'avait pas mentionné Connor pour rien. Seulement, il n'avait pas l'air de vouloir en parler et elle était certaine que c'était à cause de Lahssen.
Le brun ne comprenait pas, ou ne voulait pas, quand le noiraud l'invitait à les laisser discuter seuls et il était resté bien sagement à table pendant toute la discussion. Finalement, quand l'horloge sonna midi et qu'il capta pour la cinquième fois le regard réprobateur de son amie, il s'avoua vaincu.
« Vous avez faim ? Je vais me charger du repas. D'ailleurs, si vous voulez, on peut manger dans le jardin, le temps est assez beau pour qu'on puisse le faire.
— On va faire ça, oui. Tu viens ? »
Le « merci » murmuré du bout des lèvres suffit à Lahssen. Lui qui aurait aimé continuer à rester avec eux (surtout pour emmerder cet invité surprise), il savait qu'il fallait laisser les deux tranquilles. Il n'aimait pas vraiment tous ces secrets autour de ce qui devait être un ex-fiancé et le simple fait qu'on veuille le mettre à part, alors qu'il avait entendu tout le reste, ne lui disait rien qui vaille.
Et il avait très certainement raison.
Désormais assis sur les chaises du jardin, les deux Fosten regardaient sans un mot le potager. Une gêne tenace s'était installée dans la poitrine de Céleste et elle n'arrivait pas à la faire disparaître. Qu'est-ce que son frère avait de si important à lui dire, à tel point que son ami n'avait pas le droit de l'entendre ?
Pourtant, une autre question lui vint, fut murmurée lentement.
« Si tu as le lien, ça veut dire que tu savais déjà pour il y a trois ans... ?
— Oui.
— Alors... Pourquoi tu n'es pas venu ? Tu avais la confirmation que j'étais vivante...
— Parce que je savais que ça aurait empiré les choses. Si ça avait été involontaire ou une blessure d'expédition, peut-être que je serai venu. Mais j'ai tout de suite compris ce qu'il s'était passé et je savais que c'était intentionnel. Tu es partie parce que tu ne voulais pas rentrer à la maison... Je ne voulais pas t'imposer mon retour alors que tu étais dans une telle situation.
— Je vois...
— Cependant, Cæl, j'ai toujours regretté ne pas être venu. Ton ami a raison, je n'ai pas assuré. Quand tu es partie, j'ai essayé de faire les choses rapidement, pour que tu rentres vite à la maison. Et tout s'est enchaîné... Au début, j'ai culpabilisé. Je m'étais marié, envisageais déjà de fonder ma famille alors que toi, tu étais à l'armée, risquais ta vie... Mais la situation m'allait aussi un peu. Pas que je ne voulais pas te voir, bien au contraire, seulement je sentais bien dans tes lettres que ta vie dans le Bataillon te convenait. Que si je te faisais rentrer, tu ne serais pas heureuse.
— À un moment, j'ai fini par être d'accord avec toi. Ma vie au Bataillon était celle que je voulais. Pourtant, je voulais aussi rentrer. Rester avec toi. Au-delà de cette promesse, c'était aussi parce que tu me manquais, parce que je voulais te retrouver. Au final, ça nous aura pris plus de temps que prévu...
— Je te demande pardon. Tout aurait pu être radicalement différent si j'avais fait les choses correctement.
— Non, ne t'excuse pas. Ce n'est pas sur ça que j'ai fini par être en colère contre toi. »
Il sut en croisant le regard de sa cadette ce qu'elle voulait dire. Peut-être parce qu'il avait eu cette conversation avec l'autre parti ? Parce que c'était sûr que ça allait finir comme ça.
« Je ne pensais pas que ça dégénèrerait de cette manière.
— C'est étonnant que tu n'aies pas prévu. Tu étais tout de même certain que je l'aimais, quand je suis partie. Ne fais pas cette tête, je t'ai vu avec Claude, vous en étiez convaincu.
— C'est vrai. Je ne m'étais seulement jamais dit qu'il puisse tomber amoureux de toi.
— Levi ne m'aime pas, Cassandre.
— C'est ce qu'il t'a dit ? »
Céleste hocha sa tête de droite à gauche. Mais avant même que son frère ne parle à nouveau, elle le coupa.
« Ça ne change rien. Dans tous les cas, cette histoire est passée, je n'ai plus envie de me battre sur ce sujet. Non, ce qui m'intéresse, là, c'est de comprendre ce qu'il se passe avec Connor. Et pourquoi Lahssen n'a pas le droit de prendre part à la conversation.
— Je n'avais pas envie qu'il me saute à la gorge, il était déjà prêt à le faire tout à l'heure.
— C'est si merdique que ça ?
— Pour lui, oui. Pour toi, bientôt.
— Je te jure que si tu me parles encore de mariage...
— Malheureusement, je vais encore te parler de mariage. Non, tu ne dois pas l'épouser, rassure-toi. Mais tu sais que ça va revenir sur le tapis. Ton séjour à l'armée a tout bloqué pour lui et il a, pendant un long moment, parfaitement refuser de signer une annulation du contrat. De toute manière, sans toi, ça n'aurait pas été possible.
— Pourquoi ne pas m'avoir demandé de venir, alors ? Je l'aurai signé avec plaisir.
— Parce que père le refusait aussi. Même si tu es une adulte aujourd'hui, tout avait été mis en ordre avant. Quand tu étais encore sous sa tutelle et dépendait de lui. Ce simple fait lui donne le mot final.
— Et il n'y a pas de moyen de changer ça, j'imagine.
— Il faut le faire chuter avant que Connor ne réclame son droit. Si l'autorité familiale me revient et qu'il n'a pas agi, on pourra tout annuler directement. Mais si on l'a après, je ne pourrai rien faire.
— Et en douze ans, il n'a pas eu le temps de changer d'avis ?
— Bien sûr que si. À un moment, il nous a demandé une annulation, était même prêt à venir directement te chercher à l'armée avec le contrat pour que tu le signes sur place. Mais père a refusé et il n'a pas eu le temps de le convaincre, ses parents sont morts peu de temps après. La succession a duré un moment et lorsqu'il a tout réglé, tu disparaissais. Mais en quatre ans, il n'a jamais retrouvé personne.
— Il a changé d'avis aussi soudainement ? C'est étonnant.
— Crois-moi, je n'y ai jamais cru. J'avais plutôt l'impression qu'il avait eu une... discussion très houleuse avec quelqu'un. Mais je n'ai jamais su qui. »
Le simple coup d'œil dans sa direction lui arracha un frisson lent. Cassandre ne la tenait pas responsable de ça mais il lui faisait malgré tout comprendre qu'elle avait eu un rôle dans tout ça. Que quelqu'un avait agi dans l'ombre.
« Je suis là. »
Elle revoyait encore la scène se jouer sous ses yeux. Son genou à terre, ses mains dans les siennes, son assurance... Était-ce réellement ça ? Lui ?
« Je ne te crois pas.
— Tu lui demanderas toi-même. Personnellement, je n'ai jamais eu de réponses. Enfin... Dans tous les cas, quand il te reverra, il y a des chances qu'il reparte là-dedans. Pas qu'il t'aime mais c'est un homme qui a toujours eu ce qu'il voulait et toi, tu es ce qu'il n'a jamais eu. Il y a de très fortes chances qu'il ait déjà contacté père pour te récupérer, maintenant qu'il sait que tu es vivante.
— Il va tomber sur un os, alors.
— Tu lui reviens de droit, Cæl. Tu restes, malgré tout, une femme de la noblesse, ta vie ne t'appartiendra jamais réellement.
— On verra. Occupe-toi le plus rapidement possible de père, je me chargerai de lui.
— Non, c'est à moi de le faire. C'est moi qui ai créé toute cette situation, à l'origine.
— Ne t'en fais pas. Ce sera juste le temps de le retarder. Que tu puisses le stopper définitivement. »
Céleste essaya de lui offrir un sourire qui se voulait rassurant. Pourtant, elle savait qu'il ne marchait pas totalement ; son frère n'était pas dupe et craignait qu'elle ne s'immisce dans des choses trop grandes pour elle. La noiraude s'était seulement fait une promesse très simple.
Quoi qu'il arrive, jamais elle ne retournerait au bras de Connor.
« De toute manière, on se reverra souvent pour régler tout cela. Tu pourras te reposer sur moi sans soucis.
— J'espère bien ! Et puis, je compte rencontrer tes enfants, je suis certaine qu'ils te ressemblent parfaitement.
— Mon portrait craché. Enfin, les petites te ressemblent aussi beaucoup. Ce n'était pas difficile mais ça me fait toujours rire.
— Deux mômes du coup ?
— Non, trois. Un grand et deux jumelles.
— Merveilleux.
— Est-ce que j'ai le droit de venir ou est-ce que je laisse la bouffe sur le feu pour que ça ne refroidisse pas ? »
Lahssen avait entrouvert la porte puis glissé sa tête vers l'extérieur. Derrière lui, une odeur de nourriture flottait, réveilla les ventres des deux noirauds.
« On a fini.
— Parfait parce que je meurs de faim. Mamie, tu peux récupérer une chaise dans le salon ? Que je puisse m'asseoir quelque part.
— Je te fais ça tout de suite. Merci. »
Céleste partit rapidement récupérer une chaise pour son ami. Lorsqu'elle retourna dans la jardin, elle remarqua que Cassandre avait disparu. Son inquiétude disparut lorsqu'elle l'entendit discuter avec l'instructeur, le vit revenir avec deux assiettes pleines dans les mains.
« Tu fais le service ?
— J'allais pas rester les pieds sous la table alors que vous m'avez accueilli. C'est la moindre des choses.
— Merci. »
Tout en posant les plats, l'héritier Fosten ne lâcha pas sa sœur du regard, se mit droit devant elle quand il eut les mains vides. Un simple mouvement vers elle lui fit comprendre et elle le prit dans ses bras, enfonça son visage contre son épaule. La noiraude le sentait frotter son dos, la garder contre lui le plus longtemps possible.
« Tu m'as manqué. Même si tu ne rentres pas à la maison, à la fin... Il ne faut plus qu'on se sépare encore aussi longtemps.
— Ne t'en fais pas. Je ne comptais plus disparaître de la sorte, de toute manière.
— J'espère bien ! »
Et même si Lahssen était arrivé, avait fini de mettre la table, regardait les deux s'embrasser, Céleste restait contre son frère. Accrochée à sa veste sombre, elle voulait juste enregistrer parfaitement la sensation. Qu'elle ne l'oublie plus jamais.
alors, connor, on va tout de suite mettre les choses au clair : c'est même pas la peine d'essayer ;
visiblement, y'en a déjà un qui t'as soulevé (qui ? QUI ???), on peut le refaire easy, lahssen il a besoin de mordre quelqu'un, il peut s'en occuper oklm ;
et becca en entendra parler.
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