ㅤ📃 CHAPITRE 26
Il y avait cependant des jours où rien n'allait comme prévu et où Céleste se demandait si elle allait vraiment s'en sortir. Des fois où l'entraînement était beaucoup trop rude, son corps trop ankylosé, ses paupières trop lourdes. Mais il fallait quand même pousser, tirer sur la corde jusqu'à ce qu'elle se rompe. Et ne surtout pas craquer.
Parfois, une recrue pleurait dans le dortoir des filles, disait qu'elle n'allait pas y arriver, que c'était foutu. Il fallait alors l'entourer au possible, l'encourager, la soutenir plus que tout... Mais il était tout de même arrivé, une fois, que l'une d'elle décide à la fin de tout quitter, de ne jamais revenir. Les autres espéraient simplement qu'elle était rentrée dans de bonnes conditions, ait été correctement accueillie par sa famille.
Cela affectait toujours le moral de voir quelqu'un poser un genou à terre mais Céleste avait appris à servir de béquille, à aider à se relever bon gré mal gré. Et même si elle forçait parfois le trait, faisait clairement comprendre qu'elle n'était pas à l'aise dans ce genre de situations, elle continuait de se battre.
Alors, quand vint le jour du repos, qu'on proposa à tout ce beau monde deux jours de permission, tout le monde souffla de soulagement. Et si certains avaient prévu de dormir pendant tout ce temps, d'autres s'étaient plutôt dit que ce serait une bonne idée de sortir boire un verre en ville, changer d'air.
On s'organisa alors pour partir en groupe, ne pas se retrouver isolé dans la rue à des heures incongrues, surtout saoul.
Céleste accepta d'accompagner, à contre cœur, Becca et Zeyn. Puisque les deux comptaient oublier leur soirée dans l'alcool, elle avait décidé de les suivre pour s'assurer qu'ils ne fassent pas de bêtises. Au final, cela fut inutile puisqu'ils furent bien plus sages que prévu.
Cela était dû au fait qu'une des recrues leur avait demandé s'ils étaient partants pour, le lendemain, s'entraîner et profiter de la permission pour travailler précisément certaines lacunes. Et même si Zeyn ne voulait rien faire de ces deux journées, il accepta parce qu'il savait parfaitement qu'il avait des difficultés et qu'il devait s'en occuper avant les prochains examens. L'aînée du trio décida de venir aussi, plus pour assister qu'autre chose et sa cadette refusa poliment, elle voulait dormir.
La soirée se finit tranquillement et la nuit fut pour une fois reposante. Ne pas se réveiller à l'aube mais plus tard dans la mâtinée était rare et les recrues profitaient de cette occasion pour recharger leurs batteries. Quand serait la prochaine permission, si ce n'était l'année prochaine ? Et tout le monde le sentait, des exercices de plus en plus durs allaient sortir le bout de leur nez et ce n'était qu'une question de temps avant que quelqu'un ne se brise la jambe.
« Céleste, tu peux refaire l'assaillante ?
— Bien sûr. Dis-moi où me mettre. »
La noiraude servait de punching-ball depuis le début de la journée et avait été plus mise au sol ce matin que depuis qu'elle était arrivée dans les brigades d'entraînement. Et même si elle aidait ses camarades de promotion, son dos ne la remerciait pas et elle grimaçait à chaque fois qu'elle tombait. Bien sûr, elle ne se plaignait pas trop, ne voulait pas qu'on culpabilise. Enfin, on voyait bien qu'elle ne passait pas forcément un bon moment et seule Charly eut la courtoisie de demander une pause, que la mamie se repose un peu.
C'est ainsi que Céleste put passer le reste de son après midi à regarder les autres s'entraîner, tout en aidant autant qu'elle le pouvait.
Au final, sortir pour s'entraîner n'avait pas été une si mauvaise idée. Même si la mamie ne souffrait pas vraiment de lacunes, elle avait quand même pu s'améliorer auprès de ses camarades de promotion et cela lui faisait plaisir de sortir.
Sur le chemin du retour, la dizaine de cadets marchaient dans le silence, faisaient tout pour ne pas attirer l'attention. Ils se séparèrent en deux groupes, l'un de filles l'autre de garçons, pour pouvoir rejoindre leurs cabanons. Menant la marche, la noiraude voyait au loin la porte de leur dortoir. Étonnement, Becca n'était pas là pour les accueillir alors qu'elle pensait la voir pour partir ensuite manger.
« Bah, elle est où ?
— Peut-être qu'elle est partie aux toilettes ?
— Sûrement. Je vais essayer de voir où elle est.
— Ne prends pas trop de temps, c'est le moment de dîner.
— Gardez nous une assiette, au cas où. »
Finalement, l'heure de manger n'était pas encore là pour Céleste.
Elle s'élança d'un pas rapide dans le camp, cherchant du regard malgré le début de pénombre son amie. Où diable était-elle allée ? Un mauvais pressentiment l'avait pris et la crainte que quelque chose de grave ne se soit passé lui tordait le ventre.
Peut-être qu'elle se faisait du soucis pour rien, que ce n'était que la fatigue de la journée qui jouaient sur ses nerfs, qu'il n'y avait rien. Si cela se trouvait, Becca était tout simplement partie manger avant tout le monde...
« Qu'est-ce que tu fais là ? T'es pas partie manger ? »
Alors qu'elle allait vers les toilettes, Céleste tomba nez à nez avec Zeyn. Elle n'avait pas beaucoup parlé au garçon, aujourd'hui, il s'était entraîné avec d'autres personnes un peu plus loin.
« Je cherche Becca, je pensais qu'elle serait là mais non. Elle doit être partie au réfectoire, alors.
— Ça m'étonnerait, j'en viens et personne ne m'a insulté. Bon après je n'ai pas vu grand-chose à l'intérieur mais elle m'aurait tout de suite vu et...
— D'accord, merci. Je vais continuer à la chercher, va manger.
— Tu sais, c'est une grande fille. Si elle a décidé de faire une balade dans le camp, c'est son problème.
— Je sais pas, Zeyn, quelque chose m'inquiète. »
C'était un mauvais pressentiment qui avait du mal à disparaître. Et le blond avait beau ne pas comprendre pourquoi elle s'en faisait autant, il n'avait pas le cœur de la contredire. Peut-être que c'était une intuition féminine à la con ou qu'elle allait bientôt saigner, il ne savait pas, mais ne pas aller dans son sens n'était pas une bonne idée. Alors il haussa ses épaules et lui offrit un grand sourire.
« Tu veux qu'on la cherche tous les deux ?
— Ça ne te dérange pas ?
— Je préfère rester avec toi plutôt que partir manger et te savoir toute seule à chercher l'autre énervée. »
Les deux amis se mirent alors en route, regardaient à droite et à gauche pour essayer de retrouver la disparue. Et la boule dans le ventre de Céleste ne partait pas. Finalement, elle était heureuse que son ami ait décidé de l'accompagner, quelque chose lui faisait dire qu'elle avait besoin de sa présence ce soir.
« Tu comptes faire quoi demain, au fait ? J'ai l'impression que les autres vont continuer à s'entraîner mais je suis trop fatigué pour suivre le mouvement...
— Je pensais faire une promenade en ville, j'ai envie de marcher un peu. Et toi ?
— Dormir me semble être une bonne option, pour le moment. En tout cas, merci d'avoir bien voulu faire l'assaillante presque toute la journée, ça pas dû être facile.
— Oh, tu sais, ça m'a permis de travailler ma garde aussi. »
Du coin de l'œil, Céleste voyait une ombre se mouvoir dans les bois. Elle avait l'impression que quelque chose les observait et ça l'inquiétait plus que de raison...
« Regarde ! Elle est là ! »
L'exclamation du blond fit sursauter la noiraude. Elle vit alors son amie qui se dirigeait vers eux à grands pas, le sourire aux lèvres.
« Tu étais où ? La mamie se faisait un sang d'encre !
— Désolée, j'étais partie me promener, j'avais besoin de prendre l'air. Tout va bien, Céleste ?
— Oui, ne t'en fais pas. Je m'étais juste inquiétée...
— Désolée, j'aurais dû te laisser un mot.
— Ce n'est pas grave, le principal est que tu ailles bien. »
La plus âgée du trio prit son amie dans ses bras, comme pour s'assurer que c'était elle, que tout allait bien.
« Bon, on va manger ? »
Sur le retour, Céleste garda cette même sensation étrange, continuait à se demander ce qui n'allait pas. Elle avait retrouvé Becca, ce n'était pas normal qu'elle se sente mal comme ça. Mais elle cacha bien vite son sentiment en voyant que ses deux camarades commençaient à s'inquiéter à la voir ainsi. Ça ne valait pas le coup de les laisser se faire du mouron pour elle alors qu'au fond, elle ne savait même pas pourquoi elle se sentait comme ça.
Elle se tut alors toute la soirée et se sentit finalement mieux lorsqu'ils arrivèrent tous les trois aux dortoirs des deux noiraudes. En effet, devant la porte du bâtiment, le poids dans sa poitrine se calma et elle eut l'impression d'enfin correctement respirer.
Céleste et Becca souhaitèrent une bonne nuit à Zeyn qui repartait dans l'autre sens pour lui aussi se coucher et entrèrent dans leur dortoir. À l'intérieur, une partie des jeunes filles dormaient déjà et elles se mirent en pyjama en faisant le moins de bruit possible.
« Tu es sûre que ça va ?
— Ne t'inquiète pas. Ça va passer.
— Si tu as besoin, on peut aller à l'infirmerie. Il vaut mieux vérifier...
— Je pense juste que je suis fatiguée, j'ai eu une rude journée d'entraînements je te rappelle. Si ça ne va toujours pas demain, je te laisserai me traîner par la peau des fesses s'il le faut. »
Cette déclaration sembla apaiser la plus jeune puisque celle-ci s'endormit peu de temps après. Bien sûr, Céleste resta éveillée plus longtemps. Ce n'était pas parce qu'elle n'allait pas bien, au contraire.
Elle était inquiète que cette sensation ait disparu aussi subitement, alors qu'elle l'avait totalement envahi des heures plus tôt. Elle lui faisait d'ailleurs pensé à ce qu'elle avait ressenti le jour de la mort de Claude. Bien qu'il y avait un gouffre entre ces deux instants, la douleur n'ayant pas été présente cette fois, elle sentait qu'il y avait quelque chose en rapport mais elle n'arrivait pas à savoir quoi.
Elle se demanda alors si ce n'était pas Cassandre, si quelque chose de grave ne lui était pas arrivé mais une voix dans sa tête lui hurlait que ce n'était pas ça, qu'il y avait autre chose, qu'il lui manquait seulement une clé. Et seul le temps pouvait lui apporter la réponse, elle le savait parfaitement.
Rester figée sur cette information n'allait pas l'aider à avancer, au contraire, et elle devait faire comme si de rien n'était avant de pouvoir s'y concentrer à nouveau. Peut-être que c'était pour son bien qu'elle n'avait pas encore accès à toutes les informations mais elle se demandait alors bien pourquoi...
Céleste s'endormit finalement sans s'en rendre compte, la tête embuée de questions en tous genres, certaines dont elle avait un semblant de réponse, d'autres qui devenaient de plus en plus floues à mesure qu'elle essayait de les triturer.
Mais une chose se déroula bien, ce soir-là ; ce fut le début de ses cauchemars.
on continue avec les brigades d'entraînement !
en vrai, j'aime beaucoup cette partie, je la trouve très intéressante et en même temps assez "relaxante" dans le sens où il se passe des choses mais ce n'est pas la grosse bagarre aha
et puis, le trio ?? je les aime tellement, tous les trois - que ce soit les surnoms (mamie pour céleste ahaha) ou tout simplement leur manière d'interagir <3 - j'ai hâte de continuer à vous les montrer, ils sont incroyables aha
et si vous vous dîtes que ça commence à sentir le faisan eh ben vous avez mis le doigt sur quelque chose mais pas sur quoi vous pensez
à mercredi aha
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