« T'es un grand garçon, arrête de pleurer !»

« Qu'est-c'que t'es grand ! »

« Waaaah ! T'es vachement fort ! »

Et puis en face, ma sœur :

« C'que t'es jolie ! »

« T'es si sage, c'est agréable ! »

« Allez, tu viens m'aider ? » [à préparer le repas]

Je n'ai pas cherché à comprendre. J'ai absorbé. J'ai construit des murs de ces phrases anodines, prononcées sans y penser, répétées depuis des générations, de l'aube froide jusqu'au soir humide et chaud, lourd. Des mots passés de parents en enfants, des idées transmises par phrases banales.

Je n'ai pas réfléchi, juste agi en fonction des limites et libertés imposées par ces quelques sentences.

Les contraintes ne sont venues qu'après. Puis le questionnement.

Qu'est-ce qu'un homme ? Quel homme suis-je ?

Je navigue à vue.