Chapitre 13

ALICE

   Assise devant l'une des grandes tables de la bibliothèque de la fac, je mâchonne un stylo, plus absorbée par ce gars devant le rayon Art, dont le cou semble cassé en deux tellement sa tête est penchée sur le livre qu'il tient entre les mains, que par la page internet ouverte sur mon ordinateur.

— Tu sais... commence Axel, si je ne voulais pas te parler de Lauriane, c'est qu'elle m'a demandé de garder notre relation pour nous.

Je me retourne, agacée par la réflexion de mon meilleur ami. Je le sais, ce mec est une tombe. Quand on lui dit de garder un secret, même l'autre moitié de son cerveau risque de ne pas être au courant. Mais mince, on est si proche que c'en est frustrant, parfois.

— Ça fait combien de temps que ça dure, avec elle ? je chuchote.

— Depuis... réfléchit-il en se grattant le front, depuis le début de mon stage au musée...

Eh ben... Des mois qu'il me cache ça ! Je me pince l'arête du nez, pour éviter de m'énerver.

— D'accord... Bon... Juste, promets-moi que tu ne t'obliges à rien.

— Alice. Je te l'ai répété un million de fois, à peu près. Je ne m'oblige à rien.

Il y a déjà plus d'une semaine que j'ai surpris Axel et sa boss dans l'ascenseur. Et depuis, il n'a fait que semer des indices de temps en temps à propos de cette affaire, en m'évitant au maximum.

— Comprends-moi, je suis surprise, c'est tout. Après tes dernières relations sentimentales, je pensais que... Enfin que t'étais...

— Tourné vers les mecs, finit-il pour moi. Je sais... Quand je t'ai parlé de ça, ce soir-là, je n'ai pas été clair avec toi. Je... J'ai juste voulu te faire comprendre que j'étais différent, et que j'avais du mal à accepter cette part de moi. Certains hommes m'attirent. Mais certaines femmes aussi.

— D'accord, je comprends...

Même si j'avoue être pas mal déroutée par ses révélations. Et puis, il faut dire qu'il a l'air de ne jamais choisir la facilité.

— Mais... Mais, elle a quel âge, cette femme ? osé-je enfin demander.

Il se racle la gorge.

— Trente-deux ans.

Wow, onze ans d'écart ! Rien que ça.

J'essaie de paraître neutre. Mais ça me fait bizarre, quand même.

— Et, enfin... ça te dérange pas, cette différence-là ?

Il me regarde comme si je venais de déclarer que la terre était plate.

— Non, ça ne me dérange pas. Pourquoi ça devrait me déranger ?

— Mais...

— Écoute, arrête un peu, s'il te plaît. Pour une fois que je me sens vraiment bien avec quelqu'un, ne va pas tout gâcher...

OK. Au moins c'est clair. Je reprends alors le travail assidu que je venais d'entreprendre avant cette discussion : le mâchonnement de mon stylo ; jusqu'à ce que je me décide à confier à Axel ce qui me pèse depuis trop longtemps sur la conscience.

— Faut que je t'avoue un truc... J'ai... J'ai lu un de tes messages, il y a quelques semaines de ça... Un message où quelqu'un te faisait du chantage.

Sa tête pivote d'un coup sec, et je me demande un bref instant s'il ne s'est pas provoqué un torticolis à cause de moi. Tourné ainsi, je peux parfaitement voir l'air offusqué qui se colle sur son visage.

— T'es sérieuse !

— Chhhh... Moins fort, dis-je en regardant autour de moi.

Les quelques personnes attablées non loin de nous, nous lancent déjà des regards hostiles.

— Je suis désolée, je m'inquiétais pour toi... Et...J'ai pensé que... Que ton chef pourrait te faire du...

— Tu te fais des films toute seule, là ! De un, Lauriane n'a rien à voir avec ces messages. J'avoue que j'ai... comme qui dirait... (il se racle de nouveau la gorge avant de poursuivre) brouillé les pistes, quoi.

— Pfff, brouillé les pistes avec moi ? Mais à quoi bon, franchement ? Comme si j'allais répéter au premier venu tes histoires.

— Laurianne m'a demandé de n'en parler à personne, insiste-t-il en détachant les syllabes, comme s'il me prenait pour une demeurée. On s'est déjà fait remarquer, je voulais surtout pas qu'elle ait des problèmes à cause de moi. Du coup, j'ai préféré te dire que je devais bosser super tard, plutôt que...

— Plutôt que tu te tapais ta boss trentenaire !

— Chhhht !! Mais t'es folle ou quoi ! dit-il en regardant autour de lui.

— Et les messages, alors ?

— C'est pas elle qui a envoyé ces messages, je te dis ! C'est un gars qui nous a... surpris. Et qui a voulu s'en servir contre nous.

J'écarquille les yeux de stupeur, pendant que de son côté, Axel commence à s'agiter.

— Je suis super déçu, Alice. T'as pas à fouiller dans mon téléphone, merde ! Du coup, je vais changer mon mot de passe direct.

Il s'empare de son téléphone, mais je dépose délicatement ma main sur son bras.

— Je suis désolée, OK ? Je te promets que ça se reproduira plus. Mais comprends moi. T'étais... vraiment pas bien à ce moment-là. J'étais super inquiète, et Hugo aussi d'ailleurs. Et tu voulais rien nous dire...

Il se calme un peu, pose son smartphone sur la table, et soupire.

— Tu sais que j'aime bien régler mes problèmes tout seul.

— Et tu sais que des fois, c'est pas la meilleure solution de se sentir seul pour régler certains problèmes...

Il me regarde, fronce les sourcils, évaluant certainement si ça vaut le coup ou non de me pardonner cette maladresse. Il me balance un petit coup de coude dans les côtes, avant de dire sur un ton espiègle :

— Allez, c'est bon, t'es pardonnée.

Ce mec est autant secret que magnanime, et heureusement pour moi.

— Du coup... Et ce gars, alors ? Ce gars qui vous a menacés ?

Il se tourne de nouveau vers moi tout en pinçant la bouche. Eh oui ! Va falloir passer au gril, maintenant.

— T'es trop curieuse, ça me rend dingue, là.

Je lui sors mon expression de cocker triste, ce qui le fait abdiquer.

— Bon... Pour résumer cette loooongue histoire, Lauriane l'a convoqué. Elle avait pas mal de choses sur lui, et elle l'a menacé de le virer. Il a arrêté son petit jeu. Pour l'instant en tout cas. C'est bon, t'es contente ?

J'esquisse un sourire que je n'arrive pas à dissimuler.

— Oui...

— Maintenant j'aimerais bien que tu me racontes ce qui te tracasse. Parce que de nous deux, je crois bien que c'est toi qui aurais besoin d'aide en ce moment, vu la tête que tu tires à longueur de journée.

Ah d'accord... Le petit malin. Ça m'étonnait qu'il se confie tout à coup aussi facilement. Il espère juste me faire parler en retour.

Au fond, il a raison. Je lui demande de s'expliquer alors qu'il ne sait rien de ce qui se passe par rapport à Kyle...

Depuis que j'ai vu mon ex petit ami et qu'on a mis un terme à ce qui restait de nous, il y a déjà une semaine, mon moral s'est dégradé à une vitesse vertigineuse. Comme si cette ultime entrevue avec celui que j'ai trop aimé m'avait précipitée du haut d'une falaise. L'important c'est pas la chute, il paraît... J'ai très peur de l'atterrissage.

Ce rendez-vous avait pourtant pour objectif de me soulager, m'enlever l'enclume que je me trimbale depuis des mois à la place du cœur, me permettre de remonter la pente plutôt que de la dévaler.

Je me rappelle encore mes derniers entretiens avec Valentin. Quand je lui ai craché la vérité, et raconté ce que j'ai vécu au lycée et les années suivantes par sa faute, ça m'avait tant soulagée.

Et même si je l'ai ensuite revu quelques fois dans le cadre de son projet de lutte contre le harcèlement, ça ne m'évoque maintenant qu'une simple amertume. Du mépris, peut-être aussi. Mais je me sens fière d'avoir enfin réussi à repousser les blocages qu'il avait engendrés.

Pourquoi est-ce si différent avec Kyle ? Peut-être parce que c'est plus frais ? Ou alors parce que je refuse la situation, que cette histoire ne doit pas se terminer ainsi ? Est-ce la réaction de Kyle qui m'a déroutée à ce point ? J'ai été prise au dépourvu quand il a décidé de ne plus m'écrire. Je m'attendais à quoi, au juste ? A ce qu'il me court après ? Raté...

J'aimerais tant tourner la page et dépasser tout cela. J'ai perdu mes rêves, et celui que je pensais être l'amour d'une vie en est le responsable. Ce n'est pas aussi simple que de jeter un objet inutile à la poubelle. Et puis... Est-ce que je le souhaite vraiment, tourner cette page ?

Axel a raison, j'ai sérieusement besoin d'aide...

Mon téléphone sonne et me fait sursauter. J'attrape mon sac, trifouille dedans jusqu'à trouver l'objet dérangeant, pour l'éteindre rapidement. Je regarde une nouvelle fois autour de moi comme une voleuse. Loupé ; mes voisins n'ont pas l'air d'apprécier Agnès Obel, que j'ai choisie en sonnerie.

Je vérifie mon écran. Un numéro inconnu. Une vibration. Un message. Que j'écoute.

"Mademoiselle Chapelier, ici la responsable du service d'échange universitaire. Rappelez-moi rapidement, c'est urgent, s'il vous plaît."

Je panique. La responsable des échanges universitaires qui me contacte directement, ça ne sent pas bon...

— Je reviens, lancé-je à Axel en me levant d'un coup et me précipitant vers l'entrée de la bibliothèque pour rappeler le numéro.

— Miss Chapelier, je suis vraiment désolée, j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer.

Je ferme les yeux et appréhende ce que je risque d'entendre dans les secondes à venir.

— Il y a un changement de dernière minute. L'université de Seattle... qui devait vous accueillir à la rentrée prochaine, a finalement décidé pour cette année de diminuer le nombre d'étudiants européens qu'elle accueillera... pour des raisons internes. Vous ne pourrez pas rejoindre leurs bancs en septembre, I'm sorry.

— Oh.

Comment exprimer ce que je ressens. Décidément, il faut croire que ce rêve-là n'a pas sa place dans ma réalité. Je m'étais préparée à cette année aux Etats-Unis, je me sentais prête et j'avais tellement hâte de vivre enfin cette aventure. Et on m'annonce que ce projet s'écroule encore une fois.

Devant mon manque de réaction, mon interlocutrice finit par reprendre la parole.

— Mais j'ai trouvé une solution. Comme nous sommes déjà fin avril, vous comprendrez que j'ai agi dans l'urgence. J'ai ressorti votre dossier de l'an dernier. Vous aviez choisi la Californie et l'université de Long Beach en premier vœu, c'est bien ça ?

Sans attendre ma réponse, elle poursuit :

— Après avoir vérifié qu'il y avait un cursus de journalisme sur ce campus, j'ai candidaté pour vous là-bas. Et vous avez eu de la chance ! La demande a été acceptée. Donc vous partirez pour Long Beach en septembre et non pour Seattle.

Mon cœur tambourine à cent à l'heure tandis que je m'accroche à mon téléphone à m'en faire une crampe aux doigts.

— Quoi ? Mais je ne...

Qu'est-ce que je peux lui dire ? Que je ne peux pas ? J'ai du mal à respirer. Comment le destin fait-il pour jouer avec mes sentiments ainsi ? Cette femme me propose un pacte avec le diable que je ne suis pas certaine de pouvoir accepter malgré ma motivation et mon exaltation pour ce projet de voyage.

Je croiserai forcément Kyle là-bas. Avant son départ pour Paris. Et à son retour, six mois plus tard.

— Juste un petit changement de climat, mais je suis certaine que vous allez adorer la Californ...

— Je ne peux pas y aller, je la coupe.

Un silence me répond, et puis :

— Je vous demande pardon ?

Sa voix est plus sèche que la bouche d'un assoiffé en plein désert. J'imagine qu'elle s'est démenée pour m'avoir cette place, et je lui déclare que je n'en veux pas. La tête me tourne. Comment prendre une décision en un quart de seconde ? Il faut que je réfléchisse.

— Je... Est-ce que je peux vous rappeler dans une petite heure, s'il vous plaît ? J'ai... une urgence à régler... et mon téléphone va couper...

— Euh... d'acco...
Je ne la laisse pas terminer avant de la remercier et lui raccrocher au nez.

Sonnée, je reste sans bouger un long moment, incapable de lâcher mon smartphone, ni même de m'asseoir.

Je pourrais presque éclater de rire devant le comique de la situation. L'université de Long Beach ! Les Etats-Unis comptent cinquante États, des milliers de villes, des centaines d'universités, et il faut que je me retrouve à Long Beach ! D'accord, je sais bien que c'est à cause de ce fichu dossier qu'on a élaboré l'an dernier avec Kyle. D'accord, Kyle sera une bonne partie de l'année prochaine à Paris. Mais maintenant, je dois faire quoi, moi ? Quelle décision je dois prendre ? Renoncer à mon rêve ou prendre le risque qu'il vire au cauchemar ? Dans les deux cas, à Paris ou à Long Beach, Kyle fera forcément partie de ma vie...

Je ne peux même pas en parler à Axel, étant donné qu'il n'est toujours pas au courant de ma décision de partir de l'autre côté de l'Atlantique. Et je sais d'avance ce qu'il me fera si je lui explique la situation. Il me bâillonnera et m'attachera au radiateur de notre salon jusqu'au mois de septembre pour être certain que je ne parte pas.

Je remonte quatre à quatre les escaliers pour récupérer mes affaires à l'étage, annonce à Axel que j'ai une urgence à régler, et pars en courant vers chez nous. Lorsque j'ouvre notre porte d'entrée, je tombe sur mon deuxième colocataire.

— Hugo... dis-je d'un ton aussi soulagé que désespéré.

Je me dirige vers lui comme une furie et ne prends même pas le temps de retirer ma veste.

— J'ai besoin de toi !

Mon ami lève un sourcil, se demandant certainement à quelle sauce il va être mangé. Vu ma tête...

— Ne me demande pas de te servir de cobaye pour ton crumble aux poires. Je le ferai pas deux fois, Alice, je suis désolé, mais vaut mieux arrêter les dégâts en matière de cuisin...

— Non, non ! En fait... Je... Je dois te parler d'un truc important.

— Tant que tu décides pas de devenir chef gastronomique...

— J'ai accepté de partir aux Etats-Unis.

Le sourire de mon colocataire s'estompe un poil. Mais pas tant que ça, restant figé un instant. Ses yeux s'ouvrent de façon disproportionnée, ses sourcils se relèvent sous la surprise, mais le reste de son visage semble bienveillant.

— Oh.

— Oh ? C'est tout ?

— Oh. Super ? tente-t-il.

— Je sais pas, à toi de me le dire... Je... Je sais plus...

Je cache mon visage dans mes mains.

— On en a déjà parlé. Tu veux le faire depuis trop longtemps, alors fais-le. Du coup tu pars à Seattle, comme c'était prévu l'an dernier ?

— Ben... C'est là que j'ai besoin de ton aide... Si je pars, c'est pas à Seattle...

— Bah n'importe où, je suppose que ça sera génial. Enfin, sauf en...

— En Californie.

— Oui, voilà. Sauf en Californie.

— Non, je veux dire que je pars en Californie. A Long Beach.

Je vois maintenant ses sourcils se rapprocher, ses yeux encore plus expressifs que tout à l'heure.

— A Long Beach, c'est pas là où habite...

— Si ! je le coupe. Si... Ils ont repris mon ancien dossier, et je te passe les détails, mais ils m'envoient là-bas. Et je sais pas quoi faire...Kyle n'y sera pas tout le temps, à cause de ses travaux d'intérêt général qu'il doit faire ici, mais si je le croise...

Je gémis désespérément. Il soupire, sûrement embêté de me conseiller sur un truc pareil.

— Hmm... J'avoue que c'est compliqué, débute-t-il. Comment tu vois les choses depuis que... Enfin... que tu l'as vu ?

Comment je vois les choses depuis que j'ai vu Kyle... Voyons... C'est juste encore plus le bordel dans ma tête. Je ne dors plus, il habite mes pensées à chaque insomnie, et comme si ça ne suffisait pas, s'immisce dans mes rêves le peu d'heures où j'arrive à me reposer.

Au lieu de répondre la vérité, je regarde le plafond et hoche la tête, une moue feignant la réflexion se dessinant sur ma bouche, pour me convaincre des mots que je suis sur le point de prononcer :

— Écoute, ça va. J'avance.

Il me regarde avec suspicion.

— T'avances. OK. Alors c'est quoi, le problème ? Si t'es clean avec tout ça ?

A mon tour de soupirer.

— Bon, d'accord, je suis encore plus embrouillée qu'avant. C'est n'importe quoi, dis-je en cachant une nouvelle fois mon visage dans mes mains.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? C'est juste la rancœur envers lui qui te lâche pas ? Ou tu penses avoir encore des sentiments ?

J'expire ce qui me reste d'air en fermant les yeux. Je n'ai pas le droit d'avoir des sentiments pour lui. Je ne réponds pas et me contente de secouer la tête comme si je pouvais me persuader que je ne ressens plus rien pour mon bourreau. Le regard de mon ami pèse sur moi.

— Tu sais, selon moi, y a deux solutions. Soit tu penses être passée à autre chose, et... Bon... Long Beach c'est grand. Tu le croiseras peut-être une ou deux fois, et puis le reste du temps tu pourras faire ta vie.

— J'angoisserais de le croiser, tu sais bien. Et je saurais que tout ce que je vis, je le vis chez lui.

— Si tu estimes que cette angoisse va te pourrir ton voyage, alors t'as ta réponse. Mais je crois que ce serait dommage de te priver de ça. Si vraiment t'es passée à autre chose, ce serait une belle revanche. Tu montrerais à tout le monde que t'es plus forte que ça.

Je le regarde d'un air suppliant.

— Mais si je le suis pas, assez forte, Hugo ? Qu'est-ce que je fais, si je le suis pas ?

Dis-moi, je t'en prie. Prends la décision à ma place...

— Est-ce que tu vas pas le regretter, si t'y vas pas ? Tu peux peut-être postuler l'an prochain ?

— Non, c'est pas possible. Pas l'année de validation de ma licence. Je vais bosser pour le concours de l'école de journalisme. Non, c'est ma dernière chance de partir étudier là-bas. Et ta deuxième solution, alors ?

— Ah. Oui... ben si tu penses que t'es pas passée à autre chose... C'est peut-être le moyen de régler tout ça.

Il regarde vers la porte d'entrée, comme pour vérifier qu'Axel ne va pas débouler pour lui casser la figure. Je baisse les yeux sur le tapis et mes épaules s'affaissent un peu plus. Je suis déçue. J'attendais une solution miracle, mais il n'y en a pas. Au bout d'un moment sans que ni lui ni moi ne sachions quoi ajouter, je décide de changer de sujet.

— Et toi alors ? Comment ça va, avec Cara ? lui demandé-je en retirant enfin ma veste.

Il prend le temps d'inspirer profondément avant de me répondre.

— Oh. C'est... compliqué.

Je lui lance un regard interrogateur. Je ne vois pas vraiment ce qui peut clocher entre eux. Cara est folle de lui, malgré les craintes dont elle m'a fait part. Et lui est certainement l'homme le plus facile à vivre que je connaisse.

— On a du mal à se comprendre. On a des habitudes de vie trop différentes, des rêves différents aussi. Il rigole avant d'ajouter :

— Je crois que je suis son exact opposé, et vice versa. Comment ça peut coller ?

— Justement, vous pouvez vous apporter beaucoup. Chacun, vous allez évoluer avec l'autre.

— Je sais pas. J'ai du mal à accepter son style de vie. J'avoue, c'est con, mais bon... Et elle, elle supporte pas que je sois aussi... planplan comme elle dit. On n'a vraiment pas les mêmes habitudes.

— C'est peut-être un temps d'adaptation ?

— Peut-être... dit-il d'un air peu convaincu.

Il ajoute après quelques minutes de réflexion :

— Ma famille... Elle accepterait jamais Cara.

A mon tour de me figer sur place. Je suis choquée par sa remarque. Qu'est-ce que sa famille a avoir là-dedans ? Leur relation débute à peine.

— Ma famille n'accepterait pas Kyle non plus, et alors ?

D'un geste d'affolement, je plaque mes mains sur ma bouche. Qu'est-ce que je viens de dire, là ? Hugo se tourne vers moi d'un coup. Il semblerait qu'il a bien entendu... Je le cherche des yeux, horrifiée par mes propres mots.

— Désolée, je sais pas d'où ça sort.

Ses deux pupilles sombres sont braqués sur les miennes, avant d'esquisser un sourire en coin.

— Moi je sais, Alice. Va à Long Beach et règle ta situation.

Je n'ai pas le temps d'y penser que le bruit de la porte d'entrée se fait entendre. Je panique, deviens toute rouge, et respire beaucoup trop vite. Il ne faut pas qu'Axel soit au courant. Pas encore. C'est trop tôt.

Hugo et moi échangeons un regard complice, et il comprend ma détresse. Il se dirige vers mon meilleur ami pour me laisser le temps de reprendre mon souffle. J'entends quelques échanges de mots, et une fois que je me sens prête, je passe le pas de la porte de la cuisine.

J'esquisse un sourire, qui disparaît quand je vois le regard que me lance Axel, et le papier d'acceptation de mon échange qu'il tient dans la main. Dans la précipitation, j'ai dû oublier ma pochette à la bibliothèque.

— Pourquoi tu m'as rien dit ? Si tu pars là-bas, ne daigne même plus m'adresser la parole !

Il traverse le couloir en trombe et claque la porte de sa chambre.

Bon... J'aurais aimé qu'il l'apprenne autrement... Surtout qu'il ne sait pas encore que ma destination n'est plus Seattle. Comment le convaincre que c'est une bonne idée alors que je n'en suis pas persuadée moi-même...


*****

Hey ! Comment allez-vous ? Pas trop dur le confinement de votre côté ? 

Bon... J'avais promis des explications par rapport à Axel, donc les voici : en fait, j'ai du mal à m'approprier ce personnage depuis quelque temps. Pour tout vous dire, ça fait des mois que j'hésite à faire un groooos changement sur le tome 1 : je voudrais modifier la révélation d'Axel et son coming out. J'avoue que le meilleur ami gay est un cliché avec lequel j'ai de plus en plus de mal, tant on le voit partout et que ça ne représente pas forcément la réalité. Bref, comme c'est quand même pas rien de changer ça, bah j'ai traîné, et traîné... Et je me suis enfin décidée ! J'ai commencé à faire les changements en off, et modifierai sur Wattpad une fois que tous les chapitres concernés seront ready. Donc, en attendant, voici, disons... Une version de transition, histoire que je puisse imaginer Axel autrement, et que pour vous, ça ne vous chamboule pas toute l'histoire que vous avez lue... Voilà... N'hésitez pas à me dire si cette modif vous ennuie, vous perturbe, ou si vous comprenez... Si ça reste cohérent pour vous ?

Et alors vous, c'est quoi les clichés avec lesquels vous avez du mal ? Et ceux que vous adorez ??? Perso je suis super fan de certains, comme les futurs amoureux qui ne peuvent pas se supporter au départ 😋 (Je crois que certaines d'entre vous comprendrons une des raisons pour laquelle j'adooore leur histoire 😍)

Mais revenons à nos moutons parisiens et américains !

Que pensez-vous de ce changement de destination de dernière minute pour le voyage d'Alice ? On dirait bien que d'une façon ou d'une autre, nos deux loulous vont finir par se recroiser...

Et de sa petite bourde en fin de chapitre ? Je crois que ça en dit long sur ses sentiments, quand même, non ?

Et Hugo en mode confident, vous likez ?

Son histoire avec Cara, vous en pensez quoi ?

Sinon, je fais pas mal de changements sur le tome 1, en ce moment. Si vous voulez un p'tit moment choupinou cute, en ces temps Kylice difficiles, je serais ravie d'avoir votre avis sur le chapitre 6 du premier tome 😊

Enfin la zik ! Agnes Obel, the Curse : la sonnerie de tel d'Alice 😋Je suis trop fan de ce morceau 😍

Cheers les rêveu.r.se.s ❤️


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