Chapitre 54
Un petit jean moulant, des bottes style santiag, une chemise à carreaux rouge et noire nouée sur un débardeur, et bien sûr un chapeau de paille style cow-boy. Voilà le déguisement que je me suis dégotée pour fêter cette nouvelle année chez mon américain. Sans mon américain.
Ce soir, je suis bien décidée à mettre de côté tout ce qui me préoccupe ces derniers temps. L'entretien que j'ai eu avec Valentin ne me lâche pas. Je ressasse tous les mots que je lui ai balancés, tous ceux que j'aurais dû lui dire aussi. Ses excuses, son étonnement face à l'ampleur qu'a pris la situation, son envie de renouer devant le mur que représente ma volonté ne fait qu'accroître la rancoeur que je porte à son égard. Je pensais que cette confrontation m'aurait permis de passer à autre chose maintenant que j'ai entendu ces excuses depuis trop longtemps espérées, que j'ai réussi à lui faire part du fardeau qu'il a posé sur mes épaules lorsqu'il m'a laissée choir sur ce lit quatre ans auparavant. Mais ce n'est pas le cas. Je ne lui pardonnerai jamais. Et j'ai l'impression que je n'en ai pas terminé avec lui.
Si seulement il était le seul à me tourmenter en ce moment. Ce qui me préoccupe encore davantage que cette rencontre avec le passé sont toutes les inquiétudes que j'ai par rapport à celui qui s'est envolé pour Los Angeles il y a de cela une semaine.
Depuis quelques jours, je n'ai pas droit à mon seul petit morceau d'amour quotidien. J'ai simplement reçu un ou deux textos, quelques mots sporadiques. Je ne comprends pas ce qui se passe. J'ai essayé plusieurs fois de l'appeler, lui envoyer quelques messages, sans pour autant le harceler. Je conçois qu'il est en train de gérer des moments difficiles avec sa famille. Enfin... Ne sachant pas de quoi il en découle, je ne peux qu'imaginer la gravité de la situation. Je ne suis certainement pas sa priorité. Mais cette absence, ce silence m'altère chaque jour un peu plus. J'ai l'impression de ne pas avoir droit à ma dose indispensable, telle une droguée ne pouvant plus se passer de son shoot d'héroïne. Je suis intoxiquée, il n'y a plus de doute.
Aujourd'hui, dernier jour de l'année, j'espère plus que les jours précédents un appel de sa part. Rien qu'une petite pensée. Quelque chose pour me rassurer. C'est absurde de me sentir aussi dépendante de lui. Pathétique.
Je me pose tant de questions face à son mutisme. Lui a-t-il fallu une toute petite semaine seulement pour m'oublier ? Y a-t-il quelqu'un, là-bas, qu'il aime davantage que moi et qui le retient de me rassurer ? Est-ce qu'il a bien l'intention de revenir ? Et s'il n'avait plus l'envie de repartir ?
Encore plus intriguant que cela sont mes nouvelles réponses à son sujet. Son absence m'a donné tout le loisir de fureter sur le net pour en apprendre plus sur son passé. Mais je ne veux pas y penser ce soir. J'oublie tout cela pour les dernières heures de l'année.
Cara et Martin prévoient une grosse fête et m'ont proposé d'inviter qui je veux. Je n'ai donc pas lésiné de ce côté-ci. Axel et Hugo sont bien entendu les premiers sur ma liste, Charline passera aussi sûrement faire un tour avec son copain, et même... Morgane.
Il est temps de revoir ma position quant à mon amie et son acte intrusif dans ma vie sentimentale lorsqu'elle a décidé de pousser Kyle dans mes bras. Et puis, lorsque je compare ce qu'elle a fait à ce que Valentin me demande de pardonner, je crois qu'il est impossible de ne pas relativiser. Alors j'ai pris sur moi. Et, quand j'ai reçu un petit sms de Joyeux Noël de sa part, je me suis dit que c'était peut-être l'occasion de faire à mon tour un pas vers elle. Je lui ai donc proposé de passer à la soirée des colocs endiablés. Un peu surprise par mon invitation, elle a tout de même accepté.
J'ai passé l'après-midi à aider mes amis et préparer tout ce qu'il faut chez Kyle, Cara et Martin. C'est incroyable à quel point je me sens proche d'eux aujourd'hui, ne les connaissant pourtant seulement depuis quelques mois. Il faut dire que je passe à peu près tous les week-ends en leur compagnie, ainsi qu'une partie de la semaine. Enfin... Je passais...
Entre deux coups de mains, je décide d'aller me réfugier dans l'antre de mon amoureux. Sa chambre, égale à elle-même, est en bazar total, comme d'habitude. Il n'a même pas pris la peine de ranger un minimum avant son départ. Je m'assieds au bord du lit, m'imprégnant du lieu. Juste le temps pour Martin de m'apercevoir sur le pas de la porte et me lancer :
— Ah ouais. T'es accro à ce point-là. Si j'étais Cara, je rajouterais "so pathetic!". Mais t'as de la chance, ce n'est que moi.
Je glousse. Lorsqu'il s'avance dans la pièce et que j'entrevoie la tenue qu'il a choisie pour ce soir, je me retiens de lâcher un fou-rire : il est seulement vêtu d'un caleçon léopard et porte des chaussettes dans ses claquettes, que je sais être ses chaussons, une canette de coca dans une main, l'autre posée sur sa hanche.
— Original, dis-moi, lui affirmé-je. Tu as donc décidé de te déguiser en gros beauf ?
A ces mots, il fait mine d'avoir été touché en plein coeur en portant sa main sur sa poitrine et gémissant plaintivement.
— Alors ça, c'est un coup bas cow-boy ! Joder, ça se voit pas ?
Il écarte ses bras de son corps et fait un tour sur lui-même.
— Il faut m'imaginer sans les chaussettes.
Voyant mon air sceptique il me fait signe du doigt de patienter quelques instant, sort de la chambre pour revenir avec une batte de baseball, et refait son petit numéro de mannequin pour saucisson.
— Non, je vois toujours pas, désolée. Gros beauf... américain ?
— T'es mauvaise... Tarzan, Alice ! Tarzan !
J'éclate de rire. Quel tarzan il fait !
— OK, OK, Tarzan, je vois. Mais il aurait pas plutôt une lance qu'un gourdin ?
Il roule des yeux avant de ronchonner :
— C'est presque pareil.
— Pffff, Tout ça pour te balader à poil toute la soirée.
— Eh, attends, ça, c'est du cent pour cent naturel, lance-t-il en gonflant la poitrine et faisant un geste de la main vers son torse plutôt svelte recouvert d'un duvet brun. Alors c'est peut-être pas les tablettes de ton américain. Mais les miennes n'ont même pas besoin de sport pour être entretenues !
Après avoir ri de plus belle, je me lève pour sortir de la chambre alors que Cara ferme la porte de la sienne. Elle, a choisi un déguisement de super héros supra sexy.
— Wow Cara, t'es canon !
— Thanks Honey. J'ai choisi Wonder Woman à cause de toi. A force de me dire que j'en suis une... J'avais envie de tester.
— Ouais. Je dirais plutôt Wonderbra moi, balance Martin avec un regard insistant sur le décolleté de l'anglaise.
J'avoue que celui-ci est sacrément échancré.
— Dit le mec qui se balade à poil with a nut hugger [moule bite], ironise Cara avec un sourire narquois. And What is this ? [qu'est-ce que c'est ?] demande-t-elle en tirant sur le caleçon de notre Tarzan. Homme des cavernes ?
— Ah les filles ! Comme dirait Kyle, vous êtes de vraies bitchs. Je suis Tarzan ! C'est vachement plus sexy qu'un homme des cavernes quand même !
Après cela, je vais dans la cuisine, pour disposer un tas de bières haut comme moi dans le frigo (un vrai jeu de tétris afin d'en caler le plus possible). Lorsque j'ai presque terminé, mon téléphone posé sur la table se met en mouvement. J'essuie rapidement mes doigts glacés sur un torchon qui traîne sur le plan de travail, pour attraper le petit objet dans lequel repose tous mes espoirs, et enfin... Kyle.
Je réponds à la hâte avant que ça ne cesse de vibrer, bredouillant un "allô" pathétique, osant à peine montrer ma joie. J'ai trop peur de ce qui m'attend.
— Hey.
Ce premier mot entendu depuis quelques jours me soulagent tant que j'en soupire amplement.
— Salut !
— Désolé, j'ai pas pu t'appeler ces derniers jours.
Il a cependant une drôle de voix. Sans conteste, ce n'est pas la grande forme.
— Pas grave. Tant que tu ne m'as pas encore oubliée, répliqué-je sans réfléchir.
Que je suis nulle ! Voilà que je joue la fille emmerdante.
— Non, non, bien sûr que non. Tu me manques Alice.
— Est-ce que ça va ? Tu n'as pas l'air... dans ton assiette.
— Ca va, ca va. C'est pas la folle ambiance ici. C'est tout.
Je ne sais quoi dire. Il ne veut pas se livrer à moi. Et je sais maintenant des choses que je devrais ignorer. J'ai mille questions à lui poser, mais ce n'est pas le moment. Il soupire et je lui souffle simplement :
— Je suis là si tu as besoin, tu le sais.
Après un instant, il affirme :
— Oui, je sais. Merci.
Pas de je t'aime. Pas de baby, babe, love.
— Tu es où là ? me demande-t-il.
— Chez toi. Cara et Martin font une grosse fiesta.
— Et ils m'attendent même pas !
— Disons que la soirée du nouvel an, c'est compliqué à décaler comme date.
Il rigole et je suis contente de sentir son humeur un peu allégée.
— Ouais, on fera un deuxième round quand je rentrerai. J'aurais même pas le plaisir de te voir danser ce soir.
— Moi aussi j'aurais préféré que tu sois là. Reviens vite s'il te plait.
— Je vais essayer.
— Tu fais quoi ce soir ?
— Il y a une grosse soirée chez un pote. Je vais sûrement aller y faire un tour. Mais bon, tu seras sûrement couchée quand je commencerai à faire la fête.
En effet, neuf heures de décalage entre Los Angeles et Paris... C'est le matin chez lui.
— OK. Bon... Amuse-toi bien alors.
— Toi aussi, babe. J'essaie de t'appeler demain.
On termine cette discussion bien trop cordialement. Après avoir raccroché, je fixe mon téléphone quelques minutes, espérant peut-être qu'il me rappelle, qu'il me dise "désolé mon amour, je t'aime, j'ai tellement envie de te serrer dans mes bras, d'être avec toi, pour ce dernier jour de cette année merveilleuse où on s'est rencontrés". J'abuse ? Oui sans doute. Je secoue alors la tête afin de retirer toutes ces idées saugrenues de ma caboche bien trop accro à cet américain, et retourne à mon jeu de tétris avec les bières dans le frigo.
— Alors, tu t'en sors ou c'est trop d'alcool pour tes yeux de biche ?
Je me retourne vers Cara, qui est fin prête pour accueillir ses invités. Je ne comprends pas pourquoi elle n'a pas de copain. Cette fille est une bombe. A mon goût, elle dissimule bien trop sa beauté naturelle sous une couche épaisse de maquillage. Mais les garçons sont du genre à aimer ça, je crois ?
— Ouais, ça y est, dis-je en plaçant bancalement la dernière bière du carton. J'ai fait une petite pause à cause de Kyle.
— Ah ! I see [je vois]. Un cas d'urgence, isn't it [n'est-ce pas] ?
Je pouffe tandis que l'interphone se fait entendre. Les premiers invités sont sur le point de venir tout chambouler dans l'appartement. Entrent alors Captain America, Dracula, suivis d'une nana disco, d'une licorne déjà délurée avant même le début des festivités, de Gandalf ou Merlin... dur à dire... et j'en passe. Je m'impatiente de plus en plus de voir arriver Axel et Hugo. Et de leur présenter enfin Cara et Martin dont je leur parle sans cesse.
En attendant, je m'improvise serveuse en proposant à Walter White et Michael Jackson une petite bière. Ça, je sais qu'il y en a. Les gens sont plutôt sympas, certains déjà bien pompettes. Ça promet... Ça parle dans plein de langues différentes, et je n'en reviens pas de ne pas vouloir partir en courant. Je serais plus à l'aise avec mes amis dans les parages, mais je crois que Kyle a su me montrer le bon côté des soirées. Et puis, c'est une ambiance différente de celles fréquentées seulement par des parisiens. Presque tout le monde ici a eu à s'adapter à sa nouvelle vie en arrivant en France. Ils ont tous connu des débuts où ils se sentaient sûrement un peu seuls, et il y a certainement un soutien mutuel pour cette raison. Quelque chose de plus sincère dans les relations en tout cas. Je pense qu'Axel et Hugo apprécieront eux aussi cette ambiance.
En parlant du loup... Alors que Martin toujours dans son slip léopard ouvre la porte pour la énième fois de la soirée, j'aperçois enfin mes deux amis. Axel est habillé en footballeur, je crois, ses cheveux châtains parfaitement décoiffés, et son acolyte porte simplement un tee-shirt Superman en dessous d'une chemise blanche ouverte, sur un jean noir tout simple. Je me dirige droit vers eux alors que je suis surprise de voir notre Tarzan, déjà bien amoché, prendre dans ses bras Hugo, puis Axel encore plus affectueusement. Un instant, je me demande s'ils se connaissent.
— Alors c'est toi Axel ? Alice nous saoule tout le temps à ton propos. "Axel ceci, Axel cela", tente-t-il de m'imiter. Enfin... Quand elle ne parle pas de Kyle, hein. Ravi de faire enfin ta connaissance. Moi c'est Martin.
— Hé !
Je lance une petite tape sur l'épaule de mon espagnol préféré, me rend compte de la tête de mes deux amis embarrassés par le geste de tendresse un peu trop démonstratif qu'a eu Martin envers eux, et embrasse à mon tour les deux nouveaux arrivants. Au passage, je chuchote tout près de l'oreille d'Axel :
— Il est très tactile, surtout quand il est bourré.
Je m'accroche au bras de mes deux nouveaux compagnons pour les emmener faire un petit tour du propriétaire. Nous passons dans la cuisine déposer la bouteille qu'ils ont emmenée, où une contre soirée s'est déjà organisée avec un groupe de fumeurs en train de faire une sorte de hola version pochtron, renversant au passage un verre ou deux sans même s'en apercevoir. Ils sont du genre comme moi, ces deux-là, pas tellement à l'aise lorsque nous sommes plus de dix au mètre carré. Alors je les sors vite fait de l'aquarium de nicotine et autre fumée illicite pour nous diriger dans le salon.
J'aperçois Cara près du canapé, en pleine discussion avec un grand baraqué, mat, cheveux très courts, habillé en rugbyman. Il ne la regarde pas comme si elle était une simple interlocutrice. Il faut dire qu'on ne peut pas regarder notre Wonder Woman comme ça. Je m'approche d'elle pour lui présenter enfin mes deux compères. Et dès qu'elle m'aperçoit, elle congédie le beau gosse en deux temps trois mouvements pour se diriger vers moi.
— Je parie que ce sont eux, tes copains du club d'échec.
Je rigole. Axel et Hugo sont un peu déroutés et ne comprennent pas la référence. Mais c'est un petit jeu entre Cara et moi. Elle essaie de me trouver toutes les activités paraissant le plus rasoir possible. Et je dois dire qu'elle arrive encore à se surpasser et en trouver de nouvelles presque toutes les semaines. Je souris aux deux garçons pour les rassurer quant au ton de la conversation engagée par Cara.
— Ouais, en personne, dis-je. Mais ils ont oublié leurs mocassins à la maison.
— C'est interdit ici, de toute manière.
Elle se met à pointer du doigt le tee-shirt de Hugo, le regard sévère.
— Dis-moi, tu appelles ça un déguisement ?
L'intéressé ne sait plus où se mettre, comme toujours d'une timidité maladive.
— Euh... eh bien, je n'avais que ça.
— OK. Bon. On va dire que tu es Clark Kent en train de se changer en superman. Un clark Kent black. Hmmm... Encore plus sexy.
Après un petit clin d'oeil, elle tourne les talons nous laissant en plan. Hugo n'ose pas réagir, scrutant avec attention la belle anglaise alors qu'elle part à la rencontre de ses autres invités.
Plus tard dans la soirée, tandis que le niveau sonore nous oblige à crier pour parler, Charline arrive avec son copain, Kaïs, un grand type excessivement drôle. Puis Morgane déguisée en pom-pom girl. Lorsqu'elle aperçoit notre petit groupe, elle se dirige timidement vers nous, évitant de peu Gandalf en train de sauter de la table basse tel un déluré, et Mario Bross qui roule des pelles comme jamais à un viking. Une fois que la belle brune s'est jointe à nous, un petit froid nous englobe tout à coup. Mais j'essaie rapidement de la mettre à l'aise. Après tout, si je l'ai faite venir, c'est bien pour passer l'éponge, non ?
— C'est chouette que tu sois venue. Sympa ton costume. Viens, je vais te présenter un peu tout le monde.
Comme c'est étrange d'entendre cette phrase sortir de ma bouche, et non de la sienne comme à l'accoutumée. Oui, j'ai réussi en quelques mois à comptabiliser plus de deux amis à mon panel. Et quand j'y réfléchis, je dois avouer que malgré tout, cette personne devant moi en est un poil responsable. Sans son intervention, Kyle ne serait sans doute pas entré dans ma vie, ainsi donc qu'une partie des personnes qui m'entourent ce soir.
Alors je crois que malgré la rancune qui restera toujours un peu entachée sur la toile de fond de notre relation, je suis heureuse de la retrouver. Notre connivence ne sera plus jamais la même, altérée par son geste de façon permanente, une ombre inamovible au tableau de notre amitié. Mais les choses peuvent nettement s'améliorer et je crois que nous pouvons passer de nouveau ces moments ensemble comme on les appréciait auparavant.
Tout le monde boit un peu trop, même mes deux joueurs d'échec se laissent aller à goûter autre chose que notre tisane de mémé habituelle. Axel bourré, c'est pas souvent mais très marrant à voir. Surtout lorsqu'il nous enlace, Hugo et moi, en nous disant à quel point il nous aime.
C'est un peu compliqué de gérer les différents groupes, mais au final, pour une fois, j'apprécie y butiner durant les heures qui s'écoulent. Morgane se fait rapidement sa petite place dans la fête, jouant un numéro de cheerleader au grand rugbyman, et celui-ci a l'air assez réceptif d'après les oeillades qu'il lance à son postérieur dépassant de sa mini mini jupe.
La seule ombre au tableau ? Bien sûr, l'absence de Kyle me laisse un goût de mélancolie. Que j'aurais aimé l'embrasser sur les douze coups de minuits, imaginant toutes les promesses que cette nouvelle année nous ferait entrevoir, toutes les résolutions qu'on aurait pu choisir à deux.
Lorsque l'heure de se crier les meilleurs voeux approche, Martin arrive avec un grand saladier rempli de raisin. Je ne sais comment ce dernier ne s'est pas encore retrouvé par terre au vu de l'état pitoyable de notre hôte.
— Allez les amis, on prend douze grains, chacun à avaler sur les douze coups de l'horloge.
Enfin... Ça, c'est la traduction de ce que j'ai cru comprendre lorsqu'il a baragouiné à mon oreille des tas de mots en désordre, dans un français à la sauce espagnole, son haleine chargée à bloc de ce qui s'apparenterait à la moitié du stock de bière que j'ai placé dans ce fichu frigo, plus quelques bouteilles d'alcool fort. Il tente de nous expliquer comme il peut que cette tradition hispanique est le plus efficace des porte-bonheurs pour la nouvelle année. Une fois sa petite tournée de raisins terminée, il allume la télévision, et trouve une chaîne où sont diffusées des images de la place de la Puerta del Sol à Madrid, où la grande horloge va donner le rythme.
Les douze coups sonnent, les grains de raisins sont avalés à peu près comme il faut, malgré le dernier qui m'échappe des doigts, roule sur le sol et que je rattrape de justesse avant qu'il ne soit piétiné. Et c'est Axel que je retrouve dans mes bras, comme à chaque début d'année depuis toujours. Mon ancre, arrimant mon petit coeur à ce que j'ai là, ici et maintenant.
Après ? Après... Je bois beaucoup trop, crie comme une hystérique, danse debout sur le canapé avec Cléopâtre et Pocahontas, vire deux ou trois fois des couples improbables tels que Sailor Moon et Monsieur Patate (ou un truc qui lui ressemble en tout cas) en train de se peloter dans ma chambre (enfin... celle de Kyle, mais c'est presque la mienne du coup, non ?), et puis Morgane finit par décorer la salle de bain d'une belle couleur dégueuli, comme d'hab, pendant que notre Tarzan espagnol cuve dans la baignoire en n'omettant pas de terminer sa bouteille de vodka, Hugo a disparu je ne sais où et Axel a l'air de très très bien s'entendre avec Harry Potter. Enfin, tout ça, c'est seulement la partie dont je me souviens...
Hello à tous,
Mille excuses pour ce mois de silence. Sachez que je bosse beaucoup sur la suite, et que le premier brouillon de la fin de ce tome est posé. Le premier brouillon, hein, donc il y a encore du boulot!
Bisous et un grand merci pour votre patience ❤
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